Enceinte de 2 mois- mon copain ne veut pas que je garde l’enfant. Est-ce qu’en avortant je commets un meurtre ? Dieu me le pardonnera ? [Estelle]

Chère Estelle,
Est-ce un meurtre ? Voilà qui revient à nous demander si un embryon de 2 mois est un être humain. Il me semble que, comme chrétiens, nous sommes naturellement conduits à considérer que cela est le cas, puisque nous croyons que Dieu est à l’origine de toute vie humaine, qu’il désire et accompagne depuis son origine (Psaume 139, Jérémie 1/5). Dans une société où l’on cherche sans cesse à poser des critères quant à la valeur de la vie humaine ( temps depuis la conception, intelligence, âge, autonomie, fait d’être apprécié ou attendu par les autres) je trouve vital de considérer que toute vie humaine compte pour Dieu. De mon point de vue, un embryon est donc un humain. Lorsque nous avortons, nous tuons un humain. Lorsque nous disons le contraire, nous nous inventons des histoires pour éviter de regarder les choses en face.
Est-ce que Dieu peut le pardonner ? Il y a le péché et il y a le pardon. La Bible montre que des meurtriers ont été pardonnés. Ainsi en est-il de David, qui a fait tuer le mari de sa maîtresse afin que ce dernier ne découvre pas sa faute. (2 Samuel 11 et 12, Psaume 51). Le pardon est promis à ceux qui se repentent, car Dieu, en Christ a pris sur lui le péché du monde (Jean 1/19). Il est donc important de dire à celles qui regrettent un avortement qu’en Christ, Dieu leur accorde pardon et liberté, pour ce péché là, comme pour tous les autres.
Est-ce que le fait que Dieu pardonne est une raison pour faire ce qui n’est pas juste ? Paul répond à cette question en Romains 6/1 : « Que dire maintenant ? Persisterons-nous dans le péché pour que la grâce abonde ? Loin de là ! Puisque nous sommes morts pour le péché, comment pourrions-nous vivre encore dans le péché ? ». Si nous croyons en l’amour de Dieu, si nous lui faisons confiance, nous sommes invités à chercher à lui obéir en faisant ce qui est juste.
-Doit-on laisser les autres décider de ce que nous devons faire ? Vous parlez ici de votre copain. Visiblement, c’est lui qui ne veut pas garder l’enfant. Il est triste qu’il ne souhaite pas assumer ses responsabilités. La décision d’avorter ou non demeure la vôtre. Je crois que cet aspect est très important à considérer, car on parle beaucoup de l’avortement en termes de liberté de la femme, alors que nombreuses sont celles qui ont recourt à ce geste sous la pression de leur copain ou de leurs parents.
En définitive, je vous encourage à considérer l’amour de Dieu pour vous et à le recevoir dans la confiance, au milieu de cette situation difficile. Ce qui est dit dans le Psaume 139 vaut aussi pour vous, maintenant. Qu’il vous conduise !

Mariés depuis plus de 30 ans- je ne ressens plus de désir physique pour ma femme ni elle pour moi. Elle ne semble pas en souffrir. Je ne ferais de mal à personne en satisfaisant mes besoins avec une autre. Si je lui reste attaché est-ce un péché ? [Dominique]

Je ne suis pas sûr de comprendre exactement de quoi vous parlez, Dominique : de votre désir ou de vos besoins ? Pour ce qui me concerne, s’il y a bien une personne à qui je peux faire part de mes besoins, après Dieu, c’est ma femme ! Il me semble qu’il vous faudrait regarder plus profondément en vous ce qui fait que vous pensez avoir encore des besoins d’ordre sexuel sans plus éprouver de désir pour votre femme, qui est la partenaire que Dieu vous a donné pour vous combler sur ce plan. Vous me dites que votre femme « semble » ne pas en souffrir. Mais en avez-vous déjà vraiment parlé avec elle ? Êtes-vous franchement sûr que vous ne feriez de mal à personne en satisfaisant vos besoins avec une autre. Cette autre, serait-elle heureuse de savoir qu’elle est là dans votre vie pour satisfaire vos besoins ? Pensez-vous que vous pourriez vraiment rester attaché à votre épouse en vous liant sexuellement à une autre ? D’autant plus que la sexualité est sans doute un des moyens les plus forts pour rester attacher à son conjoint. Il n’y a pas que le couscous dans la vie !

Certains prédicateurs prétendent ressusciter des morts car Jésus nous permet de faire les mêmes œuvres que lui. Qu’en penser ? [Augustinus]

Le Seigneur est souverain. Si pour que l’annonce de son royaume progresse, la résurrection d’un mort s’opère par sa grâce, je crois qu’Il peut le faire. Le danger est de penser que c’est tel ou tel prédicateur qui en a le « pouvoir », « l’autorité », alors que c’est une œuvre de Dieu, ou encore qu’une communauté où de tels miracles ne se produisent pas ne serait pas vraiment chrétienne. Si on affirme qu’un miracle s’est produit mais que cela a pour effet d’orienter le regard vers la personne par qui il s’est produit et pas vers le Christ, je crois qu’il faut se méfier.

Que choisir entre la guerre juste (Calvin et Bèze) ou les pacifistes (Trocmé- Lasserre- Brousson- Schweitzer) ? Le NT est-il ambigu ? [David]

Je crois que c’est surtout notre vie, marquée par le péché, qui est ambiguë. Dieu, en Jésus-Christ, est venue mettre la clarté de son esprit dans nos ambiguïtés. Cela étant dit, je crois qu’à la lumière du Nouveau Testament, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de guerre juste. Il n’y a aucune « bonne raison » de tuer quelqu’un, même dans la guerre. Un général s’est d’ailleurs récemment exprimé sur la question : https://www.youtube.com/watch?v=sOZTgyiD-Zg

Une fois que l’on a dit cela, il faut aussi se rappeler que Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ à cause de la dureté de notre cœur (Matthieu 19.8). Il ne justifie aucune des choses que cette dureté nous amène à commettre, mais il fait avec pour le tourner en bien, si nous ouvrons notre cœur à son action. Mais il ne me paraît pas possible de raisonner trop dans l’abstrait face à des questions aussi difficiles.

Comment on accompagne quelqu’un qui parle toujours à une personne morte et qui ne peut pas entendre que c’est un choix de mort ? [Léa]

Vous avez certainement partagé vos convictions avec cette personne et vous lui avez certainement donné des arguments bibliques. Elle ne les entend pas. Vous avez fait votre part et c’est maintenant le moment de constater que Dieu seul, par son Esprit, peut ouvrir les cœurs. Persévérez dans la prière et tenez-vous prête à échanger de nouveau avec cette personne si l’occasion se présentait. Croyez-moi, les ressources de Dieu sont immenses !

Le péché- parvenu à son plein développement- a pour fruit la mort (Jacques 1:15). Les gens meurent du fait du péché ? [Lucia]

Partons d’un verset plus explicite. Romains 5/12 dit cela : « Le péché est entré dans le monde à cause d’un seul homme, Adam, et le péché a amené la mort. ».
Nous voilà donc ramenés à l’histoire du premier couple humain, Adam et Eve. Dans les chapitres 2 et 3 de la Genèse, nous apprenons qu’ils vivent heureux et à jamais dans le jardin d’Eden, recevant de Dieu ce dont ils ont besoin dans une relation parfaite. Malheureusement, trompé par le serpent, l’humain se met à penser que ce que Dieu lui donne n’est pas suffisant. Il veut plus. Il veut être comme un dieu. Il mange alors du fruit du seul arbre que Dieu lui avait interdit. Il dit ainsi à Dieu qu’il préfère mener sa propre vie, indépendamment de lui. Ainsi est entré le péché dans le monde, et avec lui, la mort (Genèse 2/15-17, 3/4,3/19, 3/22).
Depuis, il y a quelque chose qui nous conduit à vouloir faire notre vie sans Dieu en nous prenant nous-mêmes pour des dieux, chacun poursuivant ce qu’il pense bon ou mauvais, avec toutes les conséquences négatives que nous connaissons bien. Nous sommes pécheurs. Et comme toutes ces choses que nous poursuivons en dehors de Dieu ne font pas vivre, coupés de la source de la vraie vie, de Dieu, nous mourrons. Là est la condition de tous les humains depuis Adam.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car Jésus-Christ est venu nous réconcilier avec le Père. En lui, la vie éternelle nous est rendue.
« Car le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur ». Romains 6/23

Est-ce un péché de vouloir être célèbre ? [Daniel]

Le livre de la Genèse nous parle d’hommes qui ont voulu devenir célèbres, les hommes de Babel (Genèse ch.11,1 à 9). Ils voulaient laisser une trace indélébile dans l’histoire et la mémoire, éviter d’être dispersés, inconnus à tout jamais, disparus en quelque sorte. Par un projet grandiose, une tour qui toucherait le ciel, ils voulaient littéralement « se faire un nom ». Vouloir être célèbre, c’est tenter d’exister en forçant l’admiration des autres.

Dans la Bible, le nom c’est la personne elle-même. Vouloir se faire un nom, c’est donc vouloir se forger et se donner sa propre identité. En quelque sorte se faire l’artisan de sa propre vie, et refuser de la recevoir de l’Autre. N’est-ce pas cela, le péché, un refus de Dieu ? Si le projet de Babel réussissait, tous les hommes se fondraient dans une même culture, une même langue, un même moule… projet totalitaire qui transformerait l’humanité en une fourmilière d’êtres anonymes. Ce succès serait donc finalement un échec !

La réponse de Dieu à la tentative humaine de Babel, c’est l’appel d’Abram, à qui Dieu promet : « je rendrai ton nom grand » (= je te rendrai célèbre, Genèse 12,2). En obéissant à la voix de Dieu, Abram est devenu Abraham, père d’une multitude. En laissant Dieu nous conduire, par la foi, nous trouverons notre vraie place, une place unique, puisque chacun d’entre nous est connu et aimé personnellement du Seigneur, quels que soient ses talents, ses capacités et ses oeuvres. Et alors, nous n’aurons plus rien à prouver…

Est-ce que la mort ça fait mal ? [Angélique]

Tout dépend du mal dont vous parlez ! En mourant on cesse de souffrir dans son corps puisqu’il redevient poussière. Déjà un philosophe de l’antiquité, Lucrèce, rappelait que notre corps n’est qu’un agrégat d’atomes que la mort disloque, et qu’un cadavre ne peut plus rien éprouver.

Mais la mort nous fait mal en nous séparant des êtres que nous aimons, qu’il s’agisse de notre propre trépas ou du leur. La mort fait mal, elle est un mal en ce sens qu’elle n’est pas le projet de Dieu pour sa création. En effet, selon la Genèse, l’être humain n’a été créé ni mortel ni immortel en soi, mais appelé à vivre par le souffle du Dieu vivant. La mort est notre ennemie. Je conteste ce texte parfois lu aux enterrements : « la mort n’est rien, je suis seulement passé dans la pièce à côté »… C’est un mensonge. La mort, ce n’est pas rien ! Le Christ a confié à ses proches sa tristesse à l’idée de devoir mourir, il a pleuré sur la tombe de son ami Lazare.

Face à ce mal qui nous menace tous, la seule espérance ne consiste pas à l’atténuer, à le relativiser, mais à le savoir vaincu par la résurrection de Jésus-Christ, gage et promesse de la nôtre. La mort n’a pas le dernier mot.

Si les prières restent parfois sans réponse même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom du Christ- quelle assurance avons-nous que Dieu pardonne nos péchés lorsque nous le lui demandons ? [Jacques]

Cette assurance s’appelle Jésus-Christ. Il est venu, il a enseigné, il est mort et ressuscité pour assurer de la miséricorde et du pardon de Dieu à celles et ceux qui mettent leur foi en Lui. Il n’est pas venu pour répondre à toutes nos prières, quand bien même elles sont les mieux intentionnées. Pour citer un moine du mont Athos : « Si Dieu ne nous aimait pas, il exaucerait toutes nos prières ».

Mon père vient de mourir. Beaucoup de chrétiens sincères priaient pour lui. Comment pouvons-nous comprendre Matt 18:19 quand il y a échec ? [DL] ?

La question que vous posez est particulièrement délicate, car des situations comme celles que vous décrivez peuvent être de nature à mettre en cause notre foi. Je partagerai donc avec vous simplement ma lecture personnelle du passage biblique que vous citez. Depuis le verset 15 du chapitre 18 de l’évangile de Matthieu, Jésus parle de la réconciliation en cas de conflit. Cela me paraît essentiel à rappeler, car le verset que vous citez est souvent sorti de son contexte, ce qui ne permet pas de l’entendre pour ce qu’il dit. On en parle pour s’encourager quand on n’est pas nombreux lors d’un culte, ou pour affirmer que Dieu exécutera forcément ce que des personnes se mettent juste d’accord pour Lui demander. Cette question du pardon et de la réconciliation est pourtant essentielle dans la vie spirituelle : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » (Matthieu 6. 14-15). Je ne veux bien sûr pas dire que la prière que vous avez adressée n’a pas été exaucée parce que vous auriez des conflits que vous n’avez pas réglé (je n’en sais rien en fait), mais que l’expérience difficile que vous avez traversé ne vient pas remettre en cause cette parole du Christ.