Est-ce que la mort ça fait mal ? [Angélique]

Tout dépend du mal dont vous parlez ! En mourant on cesse de souffrir dans son corps puisqu’il redevient poussière. Déjà un philosophe de l’antiquité, Lucrèce, rappelait que notre corps n’est qu’un agrégat d’atomes que la mort disloque, et qu’un cadavre ne peut plus rien éprouver.

Mais la mort nous fait mal en nous séparant des êtres que nous aimons, qu’il s’agisse de notre propre trépas ou du leur. La mort fait mal, elle est un mal en ce sens qu’elle n’est pas le projet de Dieu pour sa création. En effet, selon la Genèse, l’être humain n’a été créé ni mortel ni immortel en soi, mais appelé à vivre par le souffle du Dieu vivant. La mort est notre ennemie. Je conteste ce texte parfois lu aux enterrements : « la mort n’est rien, je suis seulement passé dans la pièce à côté »… C’est un mensonge. La mort, ce n’est pas rien ! Le Christ a confié à ses proches sa tristesse à l’idée de devoir mourir, il a pleuré sur la tombe de son ami Lazare.

Face à ce mal qui nous menace tous, la seule espérance ne consiste pas à l’atténuer, à le relativiser, mais à le savoir vaincu par la résurrection de Jésus-Christ, gage et promesse de la nôtre. La mort n’a pas le dernier mot.

Si les prières restent parfois sans réponse même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom du Christ- quelle assurance avons-nous que Dieu pardonne nos péchés lorsque nous le lui demandons ? [Jacques]

Cette assurance s’appelle Jésus-Christ. Il est venu, il a enseigné, il est mort et ressuscité pour assurer de la miséricorde et du pardon de Dieu à celles et ceux qui mettent leur foi en Lui. Il n’est pas venu pour répondre à toutes nos prières, quand bien même elles sont les mieux intentionnées. Pour citer un moine du mont Athos : « Si Dieu ne nous aimait pas, il exaucerait toutes nos prières ».

Mon père vient de mourir. Beaucoup de chrétiens sincères priaient pour lui. Comment pouvons-nous comprendre Matt 18:19 quand il y a échec ? [DL] ?

La question que vous posez est particulièrement délicate, car des situations comme celles que vous décrivez peuvent être de nature à mettre en cause notre foi. Je partagerai donc avec vous simplement ma lecture personnelle du passage biblique que vous citez. Depuis le verset 15 du chapitre 18 de l’évangile de Matthieu, Jésus parle de la réconciliation en cas de conflit. Cela me paraît essentiel à rappeler, car le verset que vous citez est souvent sorti de son contexte, ce qui ne permet pas de l’entendre pour ce qu’il dit. On en parle pour s’encourager quand on n’est pas nombreux lors d’un culte, ou pour affirmer que Dieu exécutera forcément ce que des personnes se mettent juste d’accord pour Lui demander. Cette question du pardon et de la réconciliation est pourtant essentielle dans la vie spirituelle : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » (Matthieu 6. 14-15). Je ne veux bien sûr pas dire que la prière que vous avez adressée n’a pas été exaucée parce que vous auriez des conflits que vous n’avez pas réglé (je n’en sais rien en fait), mais que l’expérience difficile que vous avez traversé ne vient pas remettre en cause cette parole du Christ.

On m’a enseigné que bénir c’est « dire le bien ». Donc maudire c’est dire du mal ? [Ludo]

L’étymologie même de bénir, c’est « dire le bien » : bénédiction vient de bene (bien) et dicere (dire).
Maintenant vue la difficulté de comprendre ce qui est vraiment bien et ce qui est vraiment mal dans pas mal de situations, parfois c’est compliqué de trancher en mode tout-blanc-tout-noir.

Le livre de la Genèse nous raconte en son troisième chapitre que l’humain a voulu manger du fruit de l’arbre qui « permet de connaître ce qui est bien et ce qui est mal ». C’était le nom de cet arbre.
Ce désir de maîtriser le bien et le mal a été stimulé par le serpent, figure diabolique, afin d’éloigner l’humain de Dieu. La Genèse nous exprime donc que la recherche obsessionnelle de ce qui est bien et mal est la condition de l’humain sans Dieu, l’humain qui s’est éloigné de Dieu, qui a voulu être intelligent avec le serpent plutôt que vigilant avec Dieu.

Maudire, c’est donc « dire du mal », mais plus précisément encore, c’est « mal dire ». Cela signifie que l’on dit les choses autrement que comme Dieu (seul capable de dire les choses de façon parfaitement juste). C’est donc plus fin que juste prononcer des paroles mauvaises, ça concerne aussi les paroles imprécises, ambiguës, ambivalentes, approximatives, au sens où elle ne sont pas ajustées avec la parole qui sort de la bouche de Dieu.

Pourquoi certains chrétiens ne regardent que les questions morales dans leur choix pré-électoral ? [Caro]

Effectivement, une partie des électeurs chrétiens accordent beaucoup d’importance à des critères comportementaux, moraux ou éthiques pour choisir pour qui ils voteront. Et les candidats le savent bien : se positionner contre l’avortement, contre le mariage gay, contre la polygamie de certains, a un fort potentiel de séduction à l’égard de certains chrétiens, qui font de ces sujets des enjeux premiers.

C’est assez étonnant quand le ministère de Jésus proposait une toute autre posture, aider une femme (en Jean 8) à sortir de sa logique d’adultère plutôt que de la condamner, contribuer à réintégrer des exclus (en Luc 17) plutôt que de les stigmatiser, choisir le pardon plutôt que la condamnation (Jean 3,16-17).

Ce sont sur d’autres sujets éthiques que Jésus s’est fortement positionné. A la suite du Premier Testament, il plaçait la question de l’équité et de la justice au tout premier plan, à la fois côté politique, mais aussi en matière de justice économique. Sa préoccupation pour la liberté, la justice des jugements rendus, ou le soin aux plus petits était bien plus forte que ses préoccupations strictement morales.

Bref pour Jésus, la justice, le droit des plus faibles et l’équité économique étaient des sujets plus essentiels pour faire des choix que les questions comportementales ou de morale personnelle.

Dieu a-t-il envoyé son Fils en connaissance du fait qu’il allait être crucifié ? Autrement dit Jésus était-il prédestiné à la croix ? [Jed]

Cher Jed, merci pour cette question très importante. Je vous propose de relire ce petit passage de la lettre aux Colossiens, 1. 15-20, dans lequel je glisse quelques commentaires :

« Le Fils (Jésus-Christ, donc) est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. 16 En effet, c’est en lui que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, souverainetés, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. (Donc le Fils, comme le Père et ‘Esprit Saint, existent de toute éternité) 17 Il existe avant toutes choses et tout subsiste en lui. 18 Il est la tête du corps qu’est l’Église; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. 19 En effet, Dieu (le Père) a voulu que toute sa plénitude habite en lui. 20 Il a voulu par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix. »

Cette dernière phrase, en tenant compte de ce qui est écrit précédemment, me semble clairement dire que le Fils était prédestiné à la croix. Cette prédestination n’a rien d’arbitraire, c’est par amour que le monde a été créé et par amour que le salut offert en Jésus-Christ devait passer par la croix pour se réaliser.

Est-ce qu’on est obligés de croire à un enfer qui sera un étang de feu et de souffre ? [Amina]

Permettez-moi tout d’abord Amina de rappeler qu’on n’est jamais « obligé » de croire à quoi que ce soit, la foi est toujours un acte libre d’adhésion. Sans doute vouliez-vous dire : est-ce que notre fidélité à ce que nous dit la Bible nous contraint à recevoir ce qu’elle dit de l’enfer ?

Rappelons que le mot est dérivé du latin inferna, désignant les « régions inférieures », Dans l’Ancien Testament, descendre au séjour des morts ou Sheol est redouté car il est le lieu d’où le Dieu vivant est absent, où il ne peut plus être loué ni adoré. Quoique le Psaume 139,8 évoque une espérance à ce sujet ! Et nous savons qu’en Christ Dieu nous a rejoint même dans notre mort.

L’enfer dont vous parlez, Jésus en parle en l’appelant « la Géhenne ». Mot dérivé de Gé-Hinnom, une vallée de Jérusalem où s’étaient pratiqués des cultes idolâtres, et où l’on brûlait les détritus, les cadavres d’animaux et les corps des suppliciés. Ce lieu sinistre a donc servi à évoquer le sort post-mortem réservé aux pécheurs (lire Matthieu 5,29s et 10,28). Quant à « l’étang de feu et de soufre », dont parle l’Apocalypse (21,8), l’expression fait certainement allusion à la destruction de Sodome (Genèse 19,24) et de tout le mal que cette ville représentait. La parabole de Lazare et du riche (Luc 16) évoque aussi une flamme brûlante (v.24).

Il s’agit clairement d’une image, comme l’Apocalypse et l’enseignement de Jésus (dans les paraboles notamment) en regorgent. Ces images suppléent au fait que nous ne pouvons pas saisir, dans notre condition présente, ce qu’est l’au-delà, la vie éternelle, etc.

Donc, l’Ecriture ne nous contraint pas à croire à des condamnés rôtissant pour toujours dans des chaudrons, entourés de démons qui surveillent la cuisson du bout de leurs tridents ! Certes, les images bibliques sont fortes, mais c’est pour nous mettre en garde : L’enfer, c’est être séparé de Dieu, et c’est ce que l’Apocalypse appelle la « seconde mort », une mort définitive en quelque sorte. En ce sens, beaucoup d’humains vivent déjà en enfer de leur vivant ! C’est ce que Jésus nous raconte avec le sort du riche, dans la parabole de Luc 16 : il vit finalement dans sa mort la solitude dans laquelle sa richesse l’enfermait de son vivant, l’empêchant de partager avec le pauvre Lazare. Mais en cette vie ici-bas, dès aujourd’hui, le Seigneur peut nous délivrer de cet enfer, nous ressusciter. C’est la bonne nouvelle de l’Evangile.

Que veut dire « se séduire soi-même » en 1 Jean 1,8 ?

Le début de la première épître de Jean concerne le rapport à la vérité, et la façon dont le chrétien peut se replacer dans la justice de Dieu en étant réaliste quant à ce qu’il vit vraiment intérieurement.
Dans ce registre, Jean insiste sur l’illusion que nous pouvons avoir d’être « sans péché ». Au sens du classique « Moi, Monsieur, je n’ai pas tué, je n’ai pas volé ». Se mentir à soi-même est une illusion. C’est ce que Jésus a pointé en maximisant les dix commandements dans son Sermon sur la montagne, et en montrant qu’une parole pouvait être un meurtre, qu’un regard pouvait être un adultère. Jésus ne voulais pas dire qu’il fallait lapider les gens pour un regard (ce qui pourrait être le désir de certains extrémistes), mais il veut nous aider à creuser toujours plus profond du côté des racines de notre péché.

Le péché est un acte. Mais il est plus profondément un projet, et plus profondément encore une intention, et plus profondément une frustration…
Se séduire soi-même c’est donc imaginer que notre gestion des apparences, notre image sociale de personne « bien sur soi », suffit à ne pas être un pécheur. Quelle hypocrisie ! Et c’est vraiment une séduction où nous sommes dans un marché de dupes, car nous créons un mensonge et nous croyons au mensonge qu’on a créé. Bref, c’est de la bonne conscience pour pas cher, et c’est ce qu’on appelle, techniquement la « mauvaise-foi ».

Pourquoi dans l’AT- Dieu ordonne à son peuple de tuer- massacrer même d’autres peuples ? Ont-ils eu l’occasion de connaître Dieu ? [Elykia

Cette question sur la violence de Dieu dans l’Ancien Testament a déjà été posée à l’équipe de 1001questions.fr. Ce n’est pas étonnant, elle préoccupe beaucoup de lecteurs de la Bible. Tapez « violence » dans la case de recherche et vous retrouverez des réponses, les 30 et 31 janvier 2019. Voici quelques éléments en complément :

Au risque de choquer, il faut d’abord rappeler que Dieu est souverain et n’a pas de comptes à rendre à l’être humain. On peut -et on doit- lutter pour les droits de l’Homme, à commencer par le respect de la vie humaine ! Mais il s’agit des devoirs des humains envers leurs semblables. C’est nous qui avons des devoirs envers Dieu, et non le contraire. Dieu n’a pas à se justifier d’être le Dieu Saint et d’avoir en horreur le péché de sa créature. Cette « sainte horreur » s’exprime notamment à travers le récit de la conquête de la Terre promise, où, effectivement le Seigneur ordonne la destruction entière de villes et de leurs populations (par exemple Jéricho en Josué ch.6, v.17). Israël, peuple choisi, se voit appelé, à travers ces récits historiques, à se garder de toute contamination de l’idolâtrie des peuples cananéens.

Je me rappelle que certains étaient choqués de lire, sur un mur, du côté gauche de la chaire d’un des temples où j’officiais autrefois : « le salaire du péché, c’est la mort ». C’est pourtant biblique ! (Romains 6,23). Nous ne vivons et n’échappons au néant que par l’amour de Dieu, sa libre décision. C’est un cadeau, une faveur, et pas un dû.

Oui, pour répondre à votre deuxième question, tout être humain a l’occasion de connaître Dieu. On peut même dire, avec Paul, que ce que l’on peut connaître de Dieu, sa gloire de créateur, est manifeste (relisez Romains ch.1, versets 18 et suivants). Un athée, au sens propre, cela n’existe pas. Chaque homme sait au fond de lui-même qui est Dieu, mais il le rejette, le refuse, s’enfermant dans son mensonge. Le péché, fondamentalement, c’est cela. Refuser Dieu et se forger d’autres dieux que lui, les idoles qui encombrent nos esprits et nos coeurs. Et cela nous barre le chemin vers Dieu, source de notre vie.

Bien entendu, il ne nous est pas demandé d’exterminer les pécheurs autour de nous ! (sinon il faudrait commencer par nous-mêmes…). La vraie « guerre sainte » se mène contre le péché, et non pas contre le pécheur. Sur le mur du temple dont je parlais, à droite de la chaire, était écrite la suite du verset de Romains ch. 6 : « mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ ». Toute les Ecritures sont tournées vers Jésus-Christ, c’est lui le dernier mot de Dieu sur le péché et le mal pour tout être humain qui se repent et croit. Il est à rappeler que cette universalité du Salut offert à tout homme en Jésus-Christ est déjà présente, en germe, comme une promesse, dans l’Ancien Testament.

Quelques exemples entre beaucoup d’autres : à Jéricho, Rahab la prostituée a été épargnée, elle et sa famille, pour avoir mis sa confiance dans le Dieu d’Israël (elle figure d’ailleurs dans la généalogie de Jésus, lire Matthieu ch.1, v. 5. Malgré l’interdiction faite aux israélites des mariages avec les femmes étrangères, toujours pour éviter la contagion des religions païennes, Booz, petit-fils de Rahab, épousera Ruth, qui venait pourtant de Moab !). Et au psaume 87, on lit que Jérusalem est finalement la vraie patrie de tout être humain. Ceux qui se disputent cette ville aujourd’hui devraient méditer ce psaume, mais c’est une autre histoire…

Pourquoi l’argent serait-il l’unique racine de tous les maux ? [Anne]

Vous évoquez un verset de 1 Timothée 6,10.
Mais il ne dit pas que l’argent est la racine de tous les maux, mais que c’est l’Amour de l’Argent qui est la racine de tous les maux.
Bref, c’est dans notre rapport à l’argent que peut se nicher le péché.
Car pour ce qui est de l’argent (monétaire ou métallique) ou de l’or, ils appartiennent à Dieu d’après Aggée 2,8 dans le Premier Testament.

Beaucoup de choses ne sont pas intrinsèquement mauvaises mais c’est notre rapport à elles qui peut le devenir. A nous de considérer si nous sommes bien calés, et comme on le dit de façon proverbiale, que l’argent reste un bon serviteur, car sinon il risque de devenir un mauvais maître !

Maintenant, on peut agrée au fait qu’il soit racine de la quasi totalité des maux en référence aux dix commandements :

  1. Il peut prendre la place de Dieu
  2. Il est un attribut visible de pouvoir
  3. Il peut être objet d’idolâtrie
  4. Il peut nous faire travailler le dimanche 😉
  5. Il peut nous faire laisser dépérir nos parents
  6. Il occasionne beaucoup de meurtres
  7. Il est le coeur de la problématique du vol
  8. Il contribue à l’adultère
  9. Il nous pousse à mentir
  10. Il est la base de la convoitise…