L’échec dépend-il toujours du péché ? [Ordiana]

Bonne question. La Bible ne parle pas vraiment d’échec, comme nous en parlons aujourd’hui. Aujourd’hui, échouer, c’est ne pas réussir à atteindre les objectifs que nous nous étions fixés…je crois que la notion contemporaine d’échec n’est pas vraiment biblique.
En effet, dans la Bible, ce n’est pas nous qui fixons notre objectif, mais Dieu. Et son objectif ultime, c’est notre salut. (Jean 3/16).
Si nous comptons sur Dieu, si nous recevons le pardon et la vie qu’il nous donne en Christ, nous ne pouvons pas être en échec. Nous avançons simplement vers notre avenir. Ce qui nous paraît être des échecs, des déceptions, ne son que des épreuves à traverser dans la confiance, la fidélité et l’espérance (Voir Hébreux 12). Oui, il en est ainsi : que je loupe mon permis, mes études, mon gâteau au chocolat, que je ne réussisse pas à élever mes enfants dans la foi, ou que je ne trouve pas de mari, en Christ, l’amour de Dieu qui fait vivre toujours est pour moi, l’objectif de ma vie est donc rempli et le péché ne pourra rien y faire (Romains 8/31-39).

L’échec dans la Bible, c’est le rejet de la grâce que Dieu veut me faire en Christ. C’est essayer de me sauver par mes propres moyens, en croyant qu’avoir une belle maison, un beau jardin, un beau mari avec un chien, de belles idées, un bon job ou je ne sais quoi suffit à nous faire vivre. Il est alors là, en effet, question du péché, comme le dit l’étymologie hébraïque d’un mot qui signifie péché, nous manquons notre cible : la vie avec Dieu, toujours. (Jean 3/17-19; Jean 14/6)

Les protestants ont-ils une liberté de conscience leur permettant d’être en désaccord avec un pasteur ? [Daniel]

Voici ce que Dieu nous dit par la bouche de Jérémie « Les pasteurs sont abrutis, ils ne cherchent pas le Seigneur, c’est pourquoi, ils sont sans compétence et le troupeau est à l’abandon » (Jérémie 10/21).

Jérémie désigne ici les chefs du peuple d’Israël et non ceux que nous appelons pasteur dans les églises, aujourd’hui, certes. Mais il dit quelque chose de fort : bien conduire les autres, c’est les conduire selon le Seigneur, en le cherchant Lui et sa Parole.

Ainsi, les pasteurs, comme les autres peuvent déraper. Ils dérapent quand ils s’éloignent de la Parole de Dieu. C’est ainsi que  ceux qui ne sont pas pasteurs sont invités à les reprendre. C’est cet attachement à la Parole qui a permis à Martin Luther de refuser de se soumettre au pape en acceptant une théologie qui n’avait pas ses racines dans la Bible. Il a alors prononcé cette parole célèbre qui illustre ce qui est souvent appelé la « liberté de conscience protestante » :  Ainsi a-t-il déclaré : « Ma conscience est captive de la Parole de Dieu ».

Considérons cependant avec reconnaissance le travail de ceux qui ont été formés et appelés au ministère de pasteur. Prenons garde de ne pas les reprendre par pure rébellion, sur nos propres idées et principes mais bien sur la base de la Parole, dans la recherche du Seigneur, l’écoute de l’Esprit et la suivance de Jésus, le seul Bon Berger (Psaume 23, Jean 10). Ainsi, la Bible, quand elle met à jour l’infidélité des conducteurs du peuple, met aussi à jour l’infidélité du peuple  qui est tout aussi soumis au péché et à l’erreur que ses pasteurs. Ainsi, Ézéchiel 34/1-15 parle de l’infidélité des bergers et Ézéchiel 34/17-30 de celle des brebis, en concluant par « Vous êtes mon troupeau, le troupeau de mon pâturage, vous les hommes, moi, je suis votre Dieu ».

Bref, pasteur ou non, conscients de nos limites, nous devons nous aider les uns les autres à chercher notre Bon Berger et sa volonté.

Pourquoi faut-il encore dire à chaque fois « Que la grâce soit avec vous » alors que nous sommes déjà sous la grâce ? [Mima]

Ce phrase vient de la Bible. Elle est écrite par Paul, qui termine souvent ainsi les lettres qu’il rédige pour les communautés chrétiennes des premiers temps de l’Eglise. Si on regarde la lettre aux Romains, où cette expression est utilisée à deux reprises, nous pouvons entrevoir deux raisons à l’emploi de ces mots.
*Romains 16/20 : L’expression est utilisée, comme à d’autres endroits, juste après avoir évoqué un danger pour l’Eglise, ici, ceux qui égarent les gens en s’opposant à l’enseignement reçu. Je pense que Paul donne indique, par cette expression, que la solution pour sortir de ce problème doit se trouver auprès du Dieu qui fait grâce. Il nous est important de nous rappeler cela, alors que nous sommes si souvent tentés de chercher la réponse à nos problèmes dans nos propres forces. Il s’agit donc d’une invitation à nous souvenir que le grâce de Dieu est là, pour nous et en même temps qu’un appel à y avoir recours.
*Romains 16/24. L’expression est répétée ici après les salutations que Paul et son secrétaire adressent aux membres de la communauté de Rome. Elle exprime tout le bien qu’ils souhaitent à la communauté, ainsi que le fait qu’il reconnait que ce bien ne peut venir que de Dieu. C’est un peu comme s’il confiait à Dieu la communauté à laquelle il s’adresse.

Pour résumer, répéter cette phrase encore et encore signifie : Seigneur, nous reconnaissons la grâce qui nous est faite en Jésus et même si nous avons parfois du mal à l’accueillir, à compter sur elle, nous reconnaissons que en avons terriblement besoin. Bon programme pour un culte,  non ?

Que faut-il changer- quand un pays va mal ? Le peuple ou son dirigeant ? [Dod]

Dans l’Ancien Testament, la raison qui conduit le peuple de Dieu à aller mal est la désobéissance. Ainsi, les problèmes politiques et sociaux adviennent quand le peuple se détourne de Dieu pour suivre ses faux dieux, idoles, désirs, principes. Ainsi, Jérémie 5/23 : « Ce peuple a un coeur rebelle et désobéissant ». Les dirigeants qui conduisent mal le peuple, sont tout aussi impliqués que ceux qui les suivent ou les attaquent pour établir un autre pouvoir humain à leur place. Cela vient du péché, cette inclinaison humaine qui veut que nous voulions faire aller les choses selon nous-mêmes, en nous prenant pour des dieux, qui forcément, vont se tromper et se disputer, chacun allant selon une dynamique qu’il croit juste. Au problème du cœur qui ne cherche pas Dieu, une solution cardiaque doit être trouvée. Ainsi, Dieu promet-il en Jérémie 31/33 : « Je mettrai ma loi à l’intérieur d’eux, je l’écrirai sur leur coeur, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. » (Voir aussi Ezéchiel 36/26). La solution pour changer un pays ne vient pas de ce que nous ferions de l’extérieur. Il ne vient ni de la politique, ni de la guerre, ni d’une morale imposée. Il vient de ce qu’il se produit à l’intérieur du coeur des gens. Il vient de ce que Dieu peut produire en nous pour nous donner de cesser de poursuivre nos politiques illusoires pour nous laisser conduire par Dieu. Ainsi, au lieu de nous demander comment changer les autres, les pays et ses dirigeants, nous devrions d’abord laisser Dieu changer nos propres coeurs en nous convertissant chaque jour, en nous détournant chaque jour de notre manière humaine de vivre selon le péché, pour apprendre à aimer Dieu et notre prochain, dans le concret de nos vies. Nous devons aussi, dans cette perspective, prier pour que ce changement se produise dans le coeur de ceux qui nous entourent, et en particulier dans le coeur de nos dirigeant.

La question n’est donc pas : « Que faire pour changer le mal en bien ? »  mais « qui peut changer le mal en bien ? ». La réponse est Dieu, en Christ, par son Esprit. Le chemin le voici : « Convertissez-vous et croyez en l’Evangile ! » Marc 1/14

1 Timothée 2:1-4
« J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. »

Luc 17:34 sonne comme un cauchemar avec les familles divisées et un envoyé en enfer. Qu’est-ce que ça veut dire ? [Marguerite]

Je ne sais pas pour vous, Marguerite, mais ce qui me met le plus mal à l’aise quand j’ai un cauchemar, c’est l’impression d’assister à une scène menaçante, pénible, sans pouvoir réagir, rester prisonnier d’une réalité qui m’enferme. Et alors le réveil sonne comme une libération : « ouf ! ce n’était qu’un rêve ». Les paroles de Jésus concernant son retour et le jugement, à la fin des temps, ont pour but précisément de nous tenir éveillés, de nous mettre en garde. Il est urgent de nous préparer au retour du Maître, qui nous surprendra tous. Le verset que vous citez fait partie de ces paroles (« deux personnes seront dans le même lit, l’une sera prise (sous-entendu dans le Royaume de Dieu), l’autre laissée ».

Ce texte nous dit que l’appartenance à la famille de Dieu va au-delà des solidarités humaines les plus étroites (comme celle de la famille). Elle dépend non seulement de l’appel de Dieu, mais de la réponse que je lui donne aujourd’hui, dans la foi, quelles que soient mes origines, mes liens et mes relations. Un peu plus loin dans le même évangile, Jésus pose la question : quand je reviendrai, est-ce que je trouverai la foi sur la terre ? (Luc 18,8)

Est-ce que Dieu a toute notre vie tracée pour nous (Jér 1-5) ? C’est une pensée réconfortante. [Cecelie]

Oui Cécélie, on peut trouver bien des passages des Ecritures qui nous attestent que nos chemins sont dans la main de Dieu, voulus, tracés par lui. Non seulement dans le récit de la vocation de Jérémie, mais aussi dans les Psaumes (31,16; 139,16a, etc), dans l’épître aux Romains (ch.9,à partir du v.11), ou aux Ephésiens (1,4ss)… C’est ce que l’on appelle l’élection, ou la prédestination. Mais ce n’est pas à confondre avec le fatalisme, qui entraînerait une sorte de résignation passive (du genre « c’est mon destin »), ou d’attente béate que tout nous tombe « tout cuit dans le bec ». Car Dieu qui trace notre vie nous appelle, ce qui suppose de notre part une réponse. Autrement dit, Dieu entre en alliance avec nous, nous rend co-responsables de notre vie, de nos choix, de nos actes. Et partenaires de son projet. Pour signer un contrat, il faut être deux. Paradoxalement (la vérité dans la Bible est toujours paradoxale), c’est cette souveraineté absolue de Dieu qui fonde notre liberté ! C’est réconfortant, certes, mais pas toujours confortable… Demandez à Jérémie (voir sa réponse peu enthousiaste, au verset qui suit celui que vous citez).

Pourquoi Adam et Ève ont-ils honte de leur nudité (Genèse 3 7-11)? Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui? La nudité est-elle un péché pour nous?

La question de la nudité d’Adam et Ève est incompréhensible pour nous sans passer par l’hébreu.

En effet, la racine עֵרֹם (‘rm) veut dire à la fois “nu” et “rusé”.
Ce qui signifie qu’en Genèse 3:1 il est dit que “Le serpent était le plus nu/rusé des animaux des champs”. Et qu’en Genèse 3:10 quand l’Éternel demande à Adam où il est, celui-ci répond : “J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu/rusé, et je me suis caché”.

Adam, en effet, a consommé le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, et donc désormais il est rusé. Ce n’est pas le fait qu’il soit beaucoup plus intelligent. Il avait l’intelligence que Dieu avait mise en lui, mais désormais il a l’intelligence du serpent. 

Et la conséquence c’est qu’avec l’intelligence du serpent, il a aussi la nudité du serpent…
En effet, le serpent est un animal « nu » au sens où il n’a ni plumes ni poils.
Bref, désormais Adam est de la famille du serpent plutôt que d’être de la famille de Dieu.

Il n’y a donc pas vraiment ici de condamnation de ce que nous appelons la nudité, mais bien plutôt une condamnation de l’alliance avec l’ennemi de nos âmes…

Dieu réprouve/rejette fermement une Eglise tiède (Apoc 3:16). La Bible aborde-t-elle jamais le problème inverse : le fanatisme/extrémisme religieux ? [Caen]

Ce qui est intéressant, c’est que le refus de la tiédeur nous incite dans le verset d’Apocalypse 3:16 à être soit froids soit bouillants, autrement dit radicaux, à défaut d’être extrémistes ou fanatiques.

Je me baserai sur un verset biblique pour la suite : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. » (Deutéronome 4:2). Il y a un reproche fait aux extrémistes dans la Bible que je regrouperais en deux catégories :
– ceux qui retranchent. C’est le fanatisme libéral souvent. Finalement quand un texte ne m’arrange pas, j’utilise la pirouette de dire que c’était contextuel, que ça ne vaut plus rien aujourd’hui, et que les radicaux sont des quelquechosephobes. Et la Bible se retrouve soumise à mes desiderata, car c’est moi qui suis la norme pour la Bible et pas la Bible qui est la norme pour moi.
– ceux qui ajoutent. C’est le fanatisme intégriste ou religieux. On pousse la logique des lois à l’extrême pour aller dans le légalisme. On met toujours la barre plus haute, la « vérité » avant ou au-dessus de la relation. On cherche à cautionner un système étroit qui nous rassure mais qui la plupart du temps exclue les autres.

Jésus était inclusif dans sa pastorale (avec les adultères, les riches, les lépreux), mais totalement radical dans sa théologie.

Actes 5: 15-16 (la silhouette de Pierre guérissant les gens) confère-t-il une validité à l’idée catholique que les reliques de saints peuvent guérir ? Que faisons-nous de cette histoire biblique ? [Pierre]

Si vous lisez de près ce récit du livre des Actes, notez que l’on plaçait les malades sur le passage de l’apôtre Pierre dans l’espoir que son ombre seule suffirait à les guérir (l’ombre représentait dans l’antiquité l’énergie vitale de la personne). Un peu comme cette femme qui voulait guérir en touchant simplement le vêtement de Jésus (év. de Luc 8,43-48). Ce qui est étonnant… c’est qu’elle a été vraiment guérie ! Mais pas par magie. Parce que Dieu a répondu à sa confiance, sa foi (même naïve et superstitieuse) en Jésus. Le Seigneur n’attend pas pour agir et répondre que notre foi soit parfaitement informée ou mâture. Un manuscrit ancien du Nouveau Testament, le codex de Bèze, ajoute même dans le texte des Actes que tous ceux que l’ombre de Pierre couvraient étaient guéris de toute maladie. Il se peut que ce soit la version du texte original des Actes. On peut faire à ce sujet la même remarque que pour le récit de l’Evangile. Ce n’est pas l’ombre de Pierre qui était porteuse en soi de puissance, pas plus que le manteau de Jésus. Tout comme son Maître qui l’a envoyé, Pierre est témoin de l’amour de Dieu qui seul relève et guérit. Les miracles des apôtres accompagnent le message qu’ils proclament.

De là à penser qu’une Eglise, en conservant des reliques (supposées authentiques) de saints ou d’apôtres, pourrait contrôler et dispenser à ses fidèles la guérison que Dieu accorde librement, par sa Grâce, il y a un grand pas… pour ne pas dire un fossé.