J’étais dans une mauvaise situation et j’ai été victime d’intimidation en milieu de travail. L’intimidateur était mon manager et j’étais impuissant. Quelle réponse chrétienne? [Simon]

Ma première certitude : vous êtes aimé par le Dieu et Père de Jésus-Christ qui a de beaux projets pour vous. Il en est de même de votre ancien manager. Du coup ma première « réponse chrétienne » est : pardon et réconciliation, bénédictions et non malédictions, sont les objectifs quotidiens du chrétien. Je pense, notamment, aux paroles de Jésus au début du Sermon sur la Montagne (en particulier à partir du verset 38 de Matthieu 5).

Ma seconde certitude : l’autorité qui nous est confié par le Dieu et Père de Jésus-Christ, peut être totalement détournée des objectifs qu’il nous avait fixé… en raison du péché qui nous fait croire que nous méritons cette autorité. Du coup ma seconde « réponse chrétienne » est celle concernant la reconnaissance (donc sans naïveté) des incapacités de changer de comportement, malgré nos tentatives de règlement « en esprit » de certaines personnes. Je pense, notamment, aux paroles de Jésus à propos du péché d’un frère en Christ : si un frère refuse d’être repris par toi, par deux-trois frères et par toute l’Eglise alors il doit être considéré comme un non-Juif ou un collecteur d’impôts (c’est à dire dans la bouche de Jésus comme quelqu’un totalement éloigné de Dieu). Cela ne veut pas dire de ne plus avoir de contact (quoique !) mais en tout cas reconnaître que ce n’est pas vous qui arriverez à le changer. Il y a des fois où aimer avec les yeux de Dieu c’est accepter de se détourner totalement.

Que la paix de Dieu demeure en vous et dans le service dans lequel vous étiez.

Comment un chrétien peut-il concilier le Dieu manifesté en Jésus Christ avec le Dieu décrit en Deutéronome 20:10-18 ? [Uowis]

Le passage du Deutéronome que vous citez, pris tel quel apparaît comme une autorisation à commettre pillage et autres exactions, ce qui semble en effet très éloigné de ce qu’annonce Jésus. Mais je crois important de remettre ce passage dans son contexte général qui est celui de la conquête par Israël de la « Terre Promise » par laquelle Dieu a éprouvé l’obéissance de son peuple. Il ne s’agit pas d’une conquête militaire avec toutes les vicissitudes habituelles de la guerre des hommes, mais d’une circonstance très précise où Israël devait témoigner de son obéissance au seul vrai Dieu. Je ne dis pas cela pour justifier dans l’absolu les pratiques décrites, mais pour nous aider à comprendre que le plus important demeure l’obéissance que nous devons au Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ et qui est, pour moi, le même que celui qui parle dans le Premier Testament.

Pourquoi Jésus s’appelle-t-il le bon berger ? [Lucie]

Cela fait référence au Premier Testament où à diverses reprises (Psaume 23, Ésaïe 40.11, Ezéchiel 34…) Dieu se présente ou est vu comme un berger pour le peuple de ses fidèles ; Autrement dit, en affirmant « Je suis le bon berger » Jésus dit d’une certainement manière « Je suis le Dieu ne qui vous pouvez avoir confiance ».

Un chrétien est-il invité à faire de la politique ? [Valentina]

Tout dépend de ce que l’on appelle politique. Il me semble que décider de se rassembler tous les dimanches matins avec des hommes et des femmes d’origines, de conditions sociales et économiques différentes et de s’unir dans un même groupe est déjà en soi un acte politique, très fort à notre époque. Après, s’engager dans un parti quel qu’il soit, peut aussi faire partie de la vie d’un chrétien, à partir du moment où la ligne du parti ne prend pas le pas sur la foi au Christ et si le chrétien demeure libre de témoigner de ses convictions dans son attitude au sein même du parti, par exemple en refusant les critiques injustes à l’égard des membres d’autres partis politiques.

La mise en garde des conséquences de prendre la cène (1 Cor 11) s’adresse à des chrétiens. Pourquoi un non chrétien serait-il privé de prendre la cène si déjà il est au culte ? [Pascal]

La cène n’est pas seulement un repas partagé en mémoire de Jésus, ou parce qu’il nous a dit de le faire. Par ce repas, que l’on appelle aussi communion, Jésus-Christ manifeste mystérieusement sa présence à tous ceux qui croient en lui et reconnaissent qu’il est là, dans le pain et le vin partagé. Je ne me sens pas de demander à un non chrétien qui vient au culte de participer à un repas dont il ne partagerait pas le sens. Cela me semblerait être une contrainte de sa conscience plutôt qu’autre chose.

J’ai lu que des protestants américains voulaient interdire les livres pour enfants de Harry Potter. Cela m’a semblé extrémiste. Etes-vous d’accord ou pensez-vous qu’ils sont sataniques ? [Caen]

Je crois que Christ nous a rendus véritablement libres (c’est à dire en étant attaché à Dieu seul) et capables de juger ce qui est bon pour nous-mêmes, pour notre relation avec les autres et pour notre relation avec Dieu (ainsi la célèbre interpellation de saint Paul « Tout m’est permis mais tout ne m’est pas utile »).

Harry Potter est une série de romans sur la thématique de la sorcellerie. On y rencontre des gentils sorciers, des méchants sorciers et des sorciers plus ambivalents. Ils ont en point commun de tous être sorciers et donc de pratiquer la sorcellerie. Il se trouve que celle-ci est considérée par Dieu comme une oeuvre de la chair et non de l’Esprit (et il est le mieux placé pour nous dire ce qui vient de lui et ce qui ne vient pas de lui !).

Alors la question est : « puis-je lire Harry Potter (ou regarder les films) sans laisser mon esprit être attaché à une pratique condamnée par Dieu ? » Si votre réponse est positive, lisez et regardez. Si vous n’en êtes pas convaincu, peut-être est-il préférable de vous méfier (pour vous-mêmes et pour ceux dont vous avez la charge) de cette lecture.

Quant aux protestants américains, je pense que le traitement médiatique français est malheureusement caricatural…

Que pensez-vous de Jeanne d’Arc ? Ses visions ont-elles été causées par la maladie ou peut-être par des démons ? [Jim]

Jeanne d’Arc, considérée comme l’une des saintes patronnes de la France par l’Eglise catholique romaine, a justifié son combat contres les armées anglaises, pour la libération du Royaume de France, par des visions de saints.

Je suis, a priori, réservé sur des apparitions d’individus déjà décédés et pas encore ressuscités. En même temps je crois que Dieu peut parler à travers des visions (il peut aussi nous parler à travers des temps d’absence de visions et il n’hésites pas à nous rappeler que les visions ne viennent pas forcément de lui). Ainsi, par exemple : 1 Samuel 3, 1, Jérémie 23, 16,Osée 12, 11Luc 1, 22, Colossiens 2, 18.

Concernant Jeanne d’Arc je ne saurai jugé de l’authenticité des visions qu’elle a évoqué et je laisse ce travail à Dieu… j’ai déjà assez à faire pour comprendre les visions que je reçois… et peut être est-il prudent de s’arrêter à cela pour vous également 😉

Un athée est mort. Que puis-je dire pour réconforter la famille si je sais que la personne est probablement en enfer ? [Elle]

Lorsqu’une famille est touchée par la mort de l’un des siens, nous voulons faire preuve de bonnes intentions par de mots réconfortants. Le risque est grand alors de dire des paroles qui ne correspondent pas à nos croyances, mais qui rassurent nos interlocuteurs… ou plus souvent encore nous rassurent nous-mêmes face à l’affliction de nos interlocuteurs.

Alors d’une part : Le mort étant mort, je pense qu’il n’y a plus rien à dire le concernant qui pourrait réconforter véritablement sa famille. Les seules paroles concernant le mort qui me semblent justes sont celles du souvenir (et donc de la reconnaissance) de sa vie passée sur terre. Il est possible à cette occasion, de dire à la famille endeuillée qu’en tant que croyant vous remerciez Dieu pour la vie du défunt et ce à quoi il a participé.

D’autre part : Les autres membres de la famille, eux, sont bien vivants. Il est donc important de leur parler de leur propre existence et de l’amour de Dieu pour eux !!!

Mais avant toutes choses, n’oubliez pas de demandez à Dieu de vous aider pour l’accompagnement de cette famille… car il connait chacun de ses membres mieux que vous mêmes et il sait exactement ceux dont chacun a besoin !

Jésus est Dieu ou un prophète ? [LamieKone]

Jésus est prophète et il est Dieu.

Il est prophète au sens où un prophète est quelqu’un qui parle de la part de Dieu le Père, le créateur du ciel et de la terre.
Et il est aussi Dieu, parce que Dieu a considéré qu’il était son Fils, d’une part, et d’autre part, parce que traditionnellement Jésus est considéré comme le Christ, le Messie, l’Elu, l’Oint, la Parole présente au commencement du monde, la deuxième « personne » de la Trinité (la troisième étant le Saint-Esprit).

Vous retrouvez un peu tout ça en un seul verset :

Dieu [le Père] dit : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !”
(Marc 9:7)

Est-ce correct de prier Dieu en l’appelant « Papa » ? [Simone]

Jésus est très innovant et révolutionnaire en appelant Dieu « Père ».
C’est nouveau de faire cela, pour deux raisons :
– dire que Dieu est son père était vu comme une preuve d’arrogance dans le peuple Juif et quasiment aucune mention n’est faite du mot Père pour parler de Dieu dans le Premier Testament, sinon dans des expressions évoquant la paternité de Dieu (Exode 4,22-23 – 1Chroniques 17,13 – Proverbes 3,12) ou parlant de Dieu étant “comme un père » ; voyez Esaïe 63,16 : « C’est toi, Éternel, qui es notre père ».
Mais on n’appelle jamais Dieu “Père » directement.
– la deuxième raison c’est que Dieu ne devient père que quand… il a un Fils. Et même si Israël a été son fils premier-né, en tant que peuple (voir la citation d’Exode plus haut), il n’a un vrai Premier-né que quand advient le Fils unique venu du Père, à savoir au moment du baptême de Jésus : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3,17).

Le terme Abba n’est employé que trois fois dans le Nouveau Testament, bien que Jésus nous apprenne à prier Dieu en tant que Notre Père (Matthieu 6,9). Ce terme se trouve en Marc 14,36 – Romains 8,15 – Galates 4,6. Abba est un mot araméen, qui veut dire “Père“ mais avec une forme renforcée. Il est un peu à mi-chemin entre “Papa » et “Père », simplement parce qu’il est accessible dans le babillage de l’enfant. Pour autant, le choix de Marc et de Paul est bien particulier. A chaque fois, il est fait mention de “Abba, Père”. Abba n’est jamais employé seul. Le mot “Abba” est araméen, laissé tel quel, et le deuxième est en grec, la langue du Nouveau Testament. Comme il n’y a pas de ponctuation dans le grec de l’époque (koinè) on pense que l’interprétation la plus juste serait : “Abba [c’est-à-dire] Père ». Or, le mot grec qui est utilisé pour “Père » en grec n’est justement pas le mot “Papa” (mpampas) mais bien “Père” (pater). Matthieu et Paul expliquent comment on dit “Père » en araméen, et le traduisent pour leurs lecteurs grecs.

Certains voudraient y voir un langage affectueux ou de proximité. Je ne crois pas que cela soit le cas. C’est un langage intense d’implication, certes. Mais je pense que ces trois textes ne nous incitent pas à jouer aux enfants de cette façon qui nous ferait utiliser le mot “Papa”. En effet, le fait de devenir enfants de Dieu (Jean 1,12) n’est pas une infantilisation, une forme de régression en arrière vers l’enfance, mais une adoption d’adultes consentants. Quand Jésus nous fait prier “Notre Père”, il ne choisit pas le terme “Papa” et il insiste sur le collectif, bref : sur la révérence et l’aspect communautaire de la paternité de Dieu qui nous crée comme famille.

C’est pour cela que je prie Dieu en lui disant : “Père” ou “Notre Père” ou “Père Éternel”.