Est-il bien de dire que les protestants sont des catholiques non-romains ? [Françoise]

Et bien non, car cela prête à confusion doublement.

Tout d’abord, ce terme désigne déjà des chrétiens, qui ne sont pas des protestants, mais les vieux-catholiques. Il s’agit de chrétiens d’accord en tous points avec les catholiques romains, mais qui n’acceptent pas le dogme de l’infaillibilité pontificale (qui date du XIX°s). Ils s’appellent aussi parfois les catholiques-chrétiens.

Ensuite parce que le terme catholique qui signifie universelle, est un adjectif qui qualifie l’Église. Or en protestantisme, ce n’est jamais l’Église qui est première mais la foi du chrétien. L’Église est une donnée seconde (mais pas secondaire pour autant) et il serait donc étonnant de se donner comme nom un qualificatif qui ne désigne pas le cœur de ce que l’on est.

La masturbation est-elle un péché ? [Moussa]

Face au degré de relativisation voire d’encouragement de la pratique masturbatoire dans notre culture, votre question est importante !

Le péché est une action injuste du point de vue de Dieu (1 Jean 3, 4). Le péché est défini par la Loi de Dieu, l’enseignement de ce qui est bien/bon et mal/mauvais pour les Hommes (Romains 7,7-12, voir Deutéronome 30,19-20), qui ne parle pas de la pratique masturbatoire individuelle.

Certains pensent que Jésus fait référence à la pratique masturbatoire en Matthieu 5,30 et Marc 9,43. Mais cette interprétation est peu probable… Jésus utilise parfois le langage métaphorique, cela peut être utile de le garder en tête !

Quant à Onan (Genèse 38, 8-10), dont le nom a donné « onanisme », ce n’est pas tant sa pratique masturbatoire qui a pour conséquence sa condamnation que son refus de donner une descendance à son défunt frère (Deutéronome 25,5-6).

La masturbation ne faisant par conséquent pas partie des interdits posés par Dieu, on ne peut pas dire que la Bible définisse clairement la masturbation comme un péché.

Toutefois, la Bible présente sans conteste la place de la vie sexuelle dans le cadre d’un couple engagé et fidèle (hors vocation particulière, voir Matthieu 19,12). Et elle nous exhorte à ce que nos actes et pensées rencontrent cet idéal. La pratique masturbatoire et les pensées qui peuvent l’accompagner ne correspondent évidemment pas à cet idéal, et sont en ce sens péché. Bien sûr, nous ne répondons pas toujours à la perfection à laquelle Dieu nous appelle… le reconnaitre est très utile, cela évite culpabilité stérile et découragement… mais rechercher la perfection est l’appel du chrétien, pour rendre gloire à Dieu (1Corinthiens 6, 20) car telle est notre vocation d’Hommes crées à l’image de Dieu, et le chemin de vie pour aujourd’hui et dans la perspective de l’éternité.

La masturbation n’est pas l’acte d’un chrétien accompli, appelé à vivre la bénédiction du mariage et à combler son partenaire dans ce cadre (1Corinthiens 7, 5). Même si elle n’a pas les mêmes conséquences que d’autres pratiques sexuelles, elle affecte notre être, et fait obstacle aux bénédictions de Dieu. Mais dire que la masturbation est un péché ne doit pas faire oublier que le péché est aussi une puissance (Romains 6) qui asservit l’Homme, que seule la puissance de l’Esprit qui agit en nous peut vaincre… Et la victoire sur le péché, notamment en ce qui concerne la sexualité, est souvent le résultat d’un processus au cours duquel il faut de la patience et de la persévérance (Philippiens 3, 12-14).

Malheureusement, il n’est pas anormal dans notre condition d’Hommes de pécher. Heureusement, la liberté est promise à celui qui croit !

En quoi consiste la nouvelle réforme apostolique et quel est votre sentiment à ce sujet ? [André]

La Nouvelle Réforme Apostolique (NRA) est un mouvement interne au courant évangélique charismatique. Son principe est simple, il faut restaurer les cinq ministères évoqués par l’épître de Paul aux Ephésiens (4,11), apôtre, prophète, évangéliste, pasteur et enseignant. Cette structure du ministère de l’Eglise ne serait pas seulement propre aux débuts du christianisme mais serait pour toujours. Du fait de la pratique charismatique, les Eglises de la NRA ces ministères sont donnés à l’Eglise, comme le sont toujours les dons décrits en 1Corinthiens 12 (parler en langue, prophétie, guérison, etc.). Ce concept a eu pour but de mettre au défi les Eglises protestantes et évangéliques qui s’étaient polarisées sur le pasteur comme centre du ministère, contrairement aux idées de bases de la Réforme sur le sacerdoce universel et la diversité des ministères.

Après cela, une partie de ces Eglises a pu aller dans d’autres courants de pensée qui font que des déviances ont entâché l’ensemble de ce mouvement, alors que les idées présentées plus haut sont quand même bonnes, non ? Il faut donc discerner entre les bons groupes NRA et les mauvais ; et faire attention en creusant quand on les rencontre, notamment sur les questions suivantes :
– théologie de la prospérité, et rapport passionnel à l’argent,
– niveau requis d’allégeance au pasteur ou à l’apôtre,
– redevabilité de l’apôtre à un autre ministère,
– une conception parfois très théocratique (d’où un soutien aveugle aux pouvoirs politiques),
– les révélations extra-bibliques ou contraires à la Bible,
– une obsession maladive pour le surnaturel ou les démons.

Est-il bien de dire que les protestants sont des catholiques non-romains ? [Françoise]

Il y a plusieurs façons de se définir : en opposition, en écho, en continuité… En France, pour des raisons historiques et parfois par facilité, le protestantisme s’est souvent défini ‘contre’ : par opposition au catholicisme romain notamment. En matière de foi chrétienne, nous sommes appelés à nous définir par rapport au Christ : pour Lui.

De fait les protestants sont des catholiques non-romains. Mais ils devraient d’abord et avant tout être des disciples du Christ. Les protestants sont des chrétiens, dont l’expression de la foi se vit dans une tradition donnée. Leurs liens avec les catholiques romains se font par le Christ et non par le côté catholique.

J’ai le projet de suivre des cours sur le net. J’ai choisi une faculté évangélique or je suis dans une Eglise qui ne l’est pas. Ce choix est-il incohérent ? [Frédéric]

Il est tout à fait possible d’étudier la théologie dans une faculté de théologie évangélique tout en fréquentant une église d’une autre famille. Cela peut même s’avérer être une ouverture très intéressante, qui vous permettra de découvrir une autre manière de vivre l’Eglise tout en acquérant les bases de la théologie chrétienne. Il reste nécessaire d’être attentif à ces quelques points :

-Vérifier le sérieux de cette école. J’entends par là qu’une faculté de théologie doit permettre à ses élèves d’élaborer une réflexion sérieuse, ancrée dans la Parole et offrant une certaine largeur de vue. Je vous encourage de discuter de votre projet avec une personne qui a étudié la théologie, afin qu’elle vous donne un avis éclairé sur l’école en question.

-Réfléchir à votre appel. Seules les facultés de l’EPUdF (Paris et Montpellier) et l’Université de Strasbourg, délivrent des diplômes permettant de postuler pour un ministère pastoral dans l’EPUdF. Quelques facilités doivent être encore offertes, me semble-t-il, aux étudiants d’Aix en Provence, s’ils effectuent une partie de leurs études dans cette faculté. D’autres églises ont probablement des exigences, que j’ignore.

Que le Seigneur vous bénisse au seuil de cette passionnante aventure !

Quelles sont les raisons de notre séparation avec les orthodoxes ? [Andria]

Notre séparation d’avec les orthodoxes ; je ne sais pas qui est ce « nous ». Ce qui est clair c’est que le christianisme a toujours été très morcelé d’une communauté à l’autre, et ceci dès l’apôtre Paul. En tout cas en 1054 un clivage profond s’est opéré par excommunication entre les christianismes d’orient et d’occident. C’était le fruit d’un processus durable qui avait deux origines :
– une origine politique, à savoir que l’empire romain s’était étiolé et que l’écart se creusait entre l’est et l’ouest, notamment à cause de la volonté des papes d’interférer dans la politique.
– une origine théologique, notamment sur la question de la nature du Christ. Est-il 50% homme et 50% Dieu ou bien 100% homme et 100% Dieu, pour faire court. Ce que la mémoire chrétienne a aussi beaucoup gardé, c’est notamment la querelle iconoclaste, avec la division entre les deux camps avec, d’un côté, ceux qui pensaient que Dieu pouvait s’exprimer au travers des images saintes, et à contrario ceux qui pensaient que c’était un tabou (lié au 2ème commandement).

Ce serait très long de vous en expliquer le détail. Vous pouvez cliquer ici pour avoir une explication plus savante, et que nous trouvons assez équilibrée.

La Trinité résumerait Dieu à un Père, un Fils et un Esprit-Saint ? Dieu est plus grand que ça, on ne peut pas capter sa nature ; c’est dur de le diviser en trois. Jésus serait Dieu et Fils de Dieu ? [Sarah]

Oui on ne peut pas limiter Dieu dans des définitions.

Mais en même temps on a besoin d’éléments pour le comprendre.

Dire qu’il est Père est un langage pour nous exprimer qu’il est un Dieu relationnel et pas seulement un « étant ».
Dire qu’il est Fils nous dit que quand on regarde Jésus, on voit le Père.
Dire qu’il est Saint-Esprit nous explique que Dieu n’est pas seulement créateur (début), sauveur (milieu), mais qu’il est aussi actuel.

Et dire que Dieu est un et trois à la fois, c’est aussi nous dire qu’il ne faut pas rêver de comprendre parce que c’est mathématiquement impossible. Définir avec de l’incompréhensible, c’est justement dire que ça dépasse nos capacités de perception.

La Trinité est donc un langage.
Ce n’est pas une définition de l’être de Dieu.
C’est une pédagogie.

Qu’est-ce que le « saint baiser » dont parle Paul dans ses lettres ? (Rom 16.16 ; 1Co 16.20 ; 1Thess 5.26) [Jean-Luc]

Quand j’essaye de claquer une bise aux américaines de mon assemblée le dimanche matin, je suis rapidement ramené au fait que ma culture n’est pas universelle… On s’effleure vite fait les joues et on attend que la gêne passe.

Le baiser de salutation semble par contre très bien passer dans la culture des gens du Nouveau Testament. Les évangiles évoquent des hommes qui s’embrassent tout naturellement et sans l’expliquer (Mc 14, 45 et parallèles). De la même manière, dans les actes des apôtres, les responsables de l’Église d’Ephèse « se jettent au cou de Paul pour l’embrasser » (Ac 20, 37).

Cependant, chez Paul (Rm 16, 16 entre autres) ou chez Pierre (1 Pierre 5, 14), le baiser est qualifié de « saint » ou adjoint du qualificatif relatif à l’amour fraternel (agapè). La salutation culturelle normale est spiritualisée dans la communauté chrétienne. Ça veut dire que la salutation culturelle normale va être utilisée pour donner du sens aux relations entre chrétiens. Les conséquences pour la communauté vont être que des esclaves et des maîtres, des hommes et des femmes, des juifs et des grecs vont se saluer d’une même manière sans aucunes distinctions.

Chez des auteurs très anciens, par exemple Justin Martyr dès le 2e siècle, on lit que ce « baiser » faisait parti de la célébration de la sainte Cène (Première Apologie ch LXV). Cela n’offre pas non plus la certitude que Paul ou Pierre en faisait déjà une recommandation cultuelle mais c’est bien dans l’esprit.

Plus proche de nous (ou pas), au 19e siècle, on trouve une traduction anglaise où le verset a été transformé par « serrez-vous la main » (traduction J.B. Philips) pour des raisons évidemment culturelles.

Pour aujourd’hui, je n’ai pas pour ma part de prescriptions légalistes, mais je pense qu’il est essentiel de comprendre que l’accueil et la salutation que nous nous adressons entre chrétiens doit dépasser et sublimer la culture et la politesse. Cela fait pleinement parti de notre soumission au commandement du Seigneur pour ses disciples : « Aimez-vous les uns es autres » ou ailleurs sous la plume de Paul « accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu » (Romains 15). 

Pourquoi Rom 1:16 dit que « la Bonne Nouvelle est pour sauver d’abord les Juifs puis les autres » ? Dieu fait-il une préférence pour les Juifs ou le peuple juif ? Si oui pourquoi ? [Jin]

Toute la Bible vient rendre compte de la manière dont Dieu agit pour sauver la création toute entière -dont l’humanité bien entendu !-
Ainsi, après le temps du déluge, à l’époque de Noé, Dieu va prononcer ces paroles: « Je ne maudirai plus la terre à cause des humains […] et je ne frapperai plus tout ce qui est vivant » et « tous les êtres ne seront plus retranchés par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour anéantir la terre« .

Cette action de Dieu à sauver sa création passe par une histoire: celle du peuple juif qui va être appelé par Dieu « mon » peuple, puis celle de Jésus Christ né dans ce peuple et parmi lequel il a agit… ainsi que l’ont compris ceux qui l’ont accueilli à l’entrée de Jérusalem en criant « Hosanna ! Sauve ! »

La Bonne Nouvelle du salut est donc adressée par Dieu à son peuple mais aussi à l’humanité toute entière. Il souhaite montrer à toute la création qu’il ne se dégage pas des alliances qu’il a suscité malgré les errances de ses enfants.

Le peuple juif n’a-t-il pas fait retomber la malédiction sur lui- avec la condamnation de Jésus par le Sanhédrin et la réponse à Pilate : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »? Mt 27, 25 [Aglaë]

La responsabilité du peuple d’Israël (il s’agit de la descendance génétique de Jacob) dans la mort de Jésus est claire : ce peuple a été particulièrement béni par Dieu (Rm 9,4-6), mais par sa révolte contre Dieu malgré toutes les bénédictions reçues, il a manifesté, en crucifiant son Messie, qu’il était sous l’emprise de la puissance du péché comme les autres peuples (Rm 3, 9-18) et qu’il avait besoin de la médiation de Jésus-Christ et du Saint-Esprit pour obéir fidèlement à Dieu.
Dans la Bible, la bénédiction de Dieu traverse les générations, et il en est de même pour une malédiction (Ex 34,7) : les enfants pâtissent des conséquences des péchés de leurs parents.
Mais pour un juif comme pour un non-juif, le pardon et une vie nouvelle, prometteuse de bénédiction, est possible : « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8,1 ; voir Jr 31,29).
De plus, concernant le peuple juif, l’infidélité de certains membres du peuple (« ceux qui sont issus d’Israël ne sont pas tous Israël », Rm 9,6) n’annule pas la fidélité de Dieu à Ses promesses pour le peuple d’Israël : Dieu, dans le cadre de son plan mystérieux, pardonnera les fautes d’Israël, quand Il mettra fin à sa période d’endurcissement (Rm 11, 25-26).