Dans Ézéchiel 44 / 25 : « Un sacrificateur n’ira pas vers un mort, de peur de se rendre impur. » Pourquoi assiste-t-on à un culte avant l’enterrement ? [Marc]

Plusieurs remarques pour répondre à votre question.

Tout d’abord, l’Ancien Testament est ancien ! Non pas à cause de sa date d’édition, mais parce qu’il est dépassé par le Nouveau qu’il annonçait. Dans le Nouveau, il n’y a plus de sacrificateurs, ni d’impureté rituelle (cf. Actes 10). Le Christ est le seul sacrificateur et l’unique victime expiatoire (cf. l’épître aux Hébreux). Il n’y a d’ailleurs plus de Temple non plus depuis 1.950 ans… Pasteurs et chrétiens ne sont pas des prêtres, sinon par la prière pour les autres, l’intercession, et pour ce faire ils le sont tous de par leur baptême, quelles que soient les circonstances.

Quant au texte que vous citez, la réponse en est bien sûr l’histoire du « bon Samaritain » (Luc 10 / 30-37), où le sacrificateur et le lévite appliquent ce verset, tandis que le Samaritain (Jésus ?) s’approche, lui, du blessé qui est peut-être mort (moi ?). C’est Jésus qui accomplit l’Ancien Testament en rendant caduques ses ordonnances rituelles, par sa propre mort et sa résurrection, gage de la mienne.

La question du culte à l’occasion d’un enterrement ou d’une crémation est très différente, en protestantisme. Il ne s’agit pas de s’approcher du mort (le culte peut avoir lieu sans la présence du cercueil, d’ailleurs), mais d’une famille en deuil, pour prier avec elle (les « condoléances » au sens propre), et écouter ensemble la Parole que Dieu lui adresse, témoignage justement de cette résurrection pour le défunt comme pour chacune des personnes présentes. Ce culte n’est donc pas nécessaire (pour éviter toute idolâtrie, les Réformés d’autrefois s’en passaient), mais il est à la fois l’expression de la fraternité chrétienne (soutenir des frères et sœurs dans la peine) et la mission de l’Église (annoncer l’Évangile en toute circonstance).

Comment expliquer la réussite des méchants dont on se plaint dans les psaumes ? [Daniel]

Un certain nombre de psaumes déplorent effectivement la réussite des méchants (le 73 par exemple), mais aussi le malheur des justes (le 69). D’autres toutefois soulignent le malheur des méchants (le 91), et la réussite de justes (le 112).

Dans leur logique, les Ecritures affirment que Dieu est au commencement et à la fin du monde, qu’Il gouverne le monde (Psaume 9). Mais tout n’est pas encore soumis à Dieu et son Messie (1Corinthiens 15, 20-28). Dans l’attente du temps où Dieu sera tout en tous, l’injustice continue de sévir sous l’influence du « dieu de ce monde » (2Corinthiens 4,2),… Mais même l’injustice, qui est, mystérieusement, sous le contrôle de Dieu (Psaume 2), est appelée à servir et révéler, finalement, le plan de Dieu et Sa gloire, sachant que Dieu rendra la justice (Psaume 75, voir aussi Psaume 62, 13). Comme le dit Paul « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8, 28).

Pourquoi Dieu a-t-il choisi Israël comme peuple élu ? [Marianne]

« Élu » signifie « choisi ». Dieu n’a pas choisi Israël parmi tous les peuples « disponibles » ! Mais Dieu, qui avait tenté de faire alliance avec toute l’humanité qu’il avait créée, puis sauvée du Déluge, a finalement fait alliance avec un homme, Abraham, afin qu’ « en sa descendance toutes les familles de la terre soient bénies » (Genèse 12 / 3 etc., cité par Actes 3 / 25). Les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (surnommé Israël) sont donc les agents de cette bénédiction, héritiers d’une promesse faite à leurs ancêtres.

C’est à ce titre que le peuple d’Israël est le « peuple élu », c’est-à-dire choisi par Dieu pour cette mission. Celle-ci devait s’accomplir à travers la fidélité du peuple, de ses chefs et de ses membres, à la Loi que Dieu avait donnée par Moïse. Tout l’Ancien Testament montre qu’il n’en a rien été : l’infidélité d’Israël lui a été reprochée par Dieu via ses prophètes, et sanctionnée par l’Exil à Babylone. La bénédiction de toute l’humanité ne pouvait donc pas passer par l’obéissance d’Israël ; mais à travers sa désobéissance, c’est par un seul des descendants d’Abraham : Jésus, seul juste, que des gens de toute nation seront amenés vers le Père (Galates 3 / 16).

Ceci dit, la promesse de Dieu demeure : Israël (comme peuple croyant, pas comme État !) a reçu à travers la Bible tout ce qu’il lui faut pour reconnaître le Christ et adhérer à lui (Romains 9 / 3-4 et le chapitre 11). Il est et reste témoin de l’amour de Dieu pour l’humanité, amour qui a pris corps en Jésus-Christ, fils d’Israël quant à son humanité.

Pourquoi certaines personnes ne disent pas Ancien Testament mais Premier Testament ? [Céline]

Certaines personnes, ayant le souci de (re)valoriser l’Ancien Testament, considèrent l’adjectif « ancien » comme péjoratif. Leur souci peut être lié aux relents marcionites dans l’Eglise (Marcion était un homme influent de l’Eglise ancienne considéré comme hérétique pour son mépris de l’Ancien Testament : selon lui, le dieu dont il est question dans l’Ancien Testament serait un dieu mauvais, tandis que le dieu du Nouveau Testament, dieu d’amour, serait le bon), et surtout à un sentiment de responsabilité ou de culpabilité vis-à-vis de l’antisémitisme dans l’histoire de l’Eglise et des pays de culture chrétiernne.

Quelle que soit la raison invoquée pour cette appellation, sa légitimité est discutable : Jésus est bien venu faire une « nouvelle alliance » (« alliance » et « testament » sont synonymes) d’après Luc 22, 20 par exemple, et ce selon l’attente prophétique que l’on trouve dans l’Ancien Testament (Jérémie 31, 33)…. Cela suppose qu’il y a bien une ancienne alliance. La lettre aux Hébreux parle certes de « première alliance », mais la caractérise comme « ancienne » (Hébreux 8,13).

Pouvez-vous m’expliquer pourquoi Dieu dans le Premier Testament a tué autant de personnes (+ de 3.000) par rapport au diable (10 environ) ? [Christophe]

Je peux vous dire que Dieu a fait vivre plusieurs milliards de personnes, le diable aucune !

Car le diable ne peut faire vivre personne, ni d’ailleurs de sa propre autorité faire mourir qui que ce soit. Dans le livre de Job, le satan agit avec la permission de Dieu. Car Dieu seul est celui « qui fait mourir et qui fait vivre » (1 Samuel 2 / 6) : « Voyez que c’est moi, moi seul qui suis Dieu, et qu’il n’y a point d’autres dieux près de moi ; moi je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main. » (Deutéronome 32 / 39).

Dès lors qu’on a bien vu qu’aucun parallèle n’est possible entre Dieu et diable, le second n’étant pas une personne divine, la question se pose de ce qui fait mourir. La réponse constante de la Bible, c’est que la rupture avec Dieu équivaut à la mort et entraîne la mort. « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 6 / 23) La Bible chrétienne (les deux Testaments) pose donc ce nouveau faux parallèle, bien plus éclairant : tous ceux qui meurent (y compris vous et moi) le méritent, tandis que ceux qui vivent l’ont reçu en cadeau, à plus forte raison ceux qui vivront éternellement en Jésus-Christ !

Les textes que vous évoquez dans l’Ancien Testament sont des illustrations, sous forme de récits, de cette réalité. S’y ajoute l’amour de Dieu pour son peuple, un amour forcément partial : Dieu prend la défense de ceux qui lui appartiennent – et cela peut faire mal à leurs adversaires…

Un chrétien peut-il perdre son salut ? [Phil]

Une certitude : c’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. (Ephésiens 2,8). Le salut est donc souverainement l’œuvre de Dieu et il s’étend de façon opérationnelle dans notre vie dans l’expérience de la foi.
Donc si Dieu nous sauve, qui pourrait détruire ce que Dieu fait ?
Y a-t-il quelqu’un de plus puissant que Dieu, ou qui pourrait détruire l’œuvre de Dieu ?
La seule destruction possible, c’est celle que nous faisons nous-mêmes quand nous refusons le salut.

Un péché (celui contre le Saint-Esprit) est dit impardonnable en Matthieu 12,32, Marc 9,29 et Luc 12,10. Mais il n’est pas dit qu’il vaudrait un refus du salut pour autant !
Reste donc un verset, Hébreux 6,4-6 : « Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » Il s’agit bien d’une démarche de la personne chrétienne qui volontairement refuse son salut.

On ne peut donc pas « perdre son salut », sinon en choisissant de le renier.

Jésus a dit : « J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » Jean 17,12 – et vous n’êtes pas le diable, semble-t-il !

En Mt 5-1-10 la plupart des traductions commencent chaque verset par : ‘Heureux’ ou ‘Bienheureux’ sauf une- celle de Chouraqui- qui dit ‘en marche’. Comment expliquer cette importante différence ? [Jean]

La « faute » à la traduction grecque de la Bible ! Au troisième siècle avant Jésus-Christ, des rabbins réunis à Alexandrie ont réalisé une traduction de la Bible hébraïque (notre Ancien Testament) en grec, qui était à l’époque la langue la plus parlée dans le bassin méditerranéen. Cela a donné la traduction de la Bible des Septantes (ou 70) car selon la tradition, il y aurait eu environ 70 rabbins pour faire ce travail. C’est sur cette traduction que les auteurs du Nouveau Testament se sont souvent appuyés, même si Jésus parlait certainement plutôt l’araméen (hébreu populaire) que le grec. De nombreux traducteurs de la Bible en langue française ont ensuite fait de même.

Ceci fait que, par exemple, le psaume 1 commence en hébreu par le mot « ashrei » que Chouraqui traduit donc par « en marche », alors que la traduction grecque utilise le mot « makarios » qui se traduit par « heureux ». Même si Jésus a sans doute employé le mot proche de l’hébreu (donc « en marche »), quand les évangélistes ont mis le texte par écrit en grec, ils ont tout de suite le mot « heureux » comme dans la Bible grecque, car c’est comme cela qu’on le traduisait à l’époque.

C’est vrai que « en marche » a une connotation très dynamique et active (un certain président de la république l’a bien compris…) qui traduit la démarche pour être heureux, alors que « Heureux » ou « Bienheureux » semble davantage décrire un état de fait déjà obtenu. On peut trouver quand même un point commun entre ces deux expressions en les considérant avant tout comme des bénédictions, des encouragements (c’est comme ça que les bibles anglaises disent : « Blessed » « bénis »).

C’est quoi la sagesse du serpent ? En effet quand Jésus envoye ses disciples (Matt 10,16), il leur recommande d’être « sage comme le serpent et doux comme la colombe ». [Mark]

Quand Jésus nous demande d’être sages comme les serpents, il faut bien comprendre à quoi il fait référence. Il ne nous demande évidemment pas d’imiter les serpents. Le mot grec, traduisant celui que Jésus emploie vraisemblablement en araméen, veut dire : intelligent, sage, plein de bon sens, sensé, prudent, avisé.

Depuis Genèse 3,1 on sait que « le serpent est le plus rusé de tous les animaux des champs ». Il y a un jeu de mot dans l’hébreu original (proche de l’araméen que parlait Jésus). Car ce mot veut dire deux choses très différentes : rusé, et…nu ! Le serpent était le plus nu de tous les animaux des champs et le plus rusé. Et l’humain qui va vouloir imiter le serpent se retrouve très… nu, et très rusé, puisqu’il a goûté à l’arbre de La-connaissance-de-ce-qui-est-bien-et-ce-qui-est-mal.

Donc on ne sait pas très bien quel mot Jésus a employé puisque seule la retranscription grecque de ses paroles nous est parvenue en Matthieu 10,16. Mais ce qui est clair, c’est que Jésus nous appelle certes à la simplicité et à la douceur, à tendre l’autre joue, à assumer que nous ne sommes pas forts par nous mêmes ; mais en même temps, il nous appelle à être intelligents, rusés mais pas pour faire chuter, sages mais pas pour être orgueilleux, intelligents mais pas pour nous croire tout-puissants, prudents mais pas craintifs.

Dans Jean 8, il est dit que Jésus n’est pas tombé dans leur piège ; il écrivait avec ses doigts dans le sable. Qu’écrivait-il ? [Mark]

On pourrait se poser d’abord la question : si j’étais dans la foule des accusateurs de la femme adultère, qu’est-ce que Jésus écrirait alors avec ses doigts sur le sable, que moi, je n’aurais pas besoin de lire pour le savoir ?

Jésus écrit deux fois (le verbe utilisé la première fois suggère une écriture multiple, le verbe utilisé la seconde suggère qu’il raye – en tout cas on peut le comprendre ainsi). Par ailleurs, le seul à écrire avec le doigt, dans la Bible, c’est Dieu écrivant les Dix commandements sur les tables de pierre. Jésus-Dieu rappellerait-il alors les Dix commandements ? Et s’il efface, qu’efface-t-il ?

Le texte ne dit pas ce que Jésus écrivait. Mais ce qu’il dit convainc de péché tous ceux qui sont là : tous sont adultères par rapport à Dieu, infidèles à ses commandements, infidèles à son amour, comme déjà Osée et les prophètes l’avaient prêché. La Loi n’est pas caduque : elle condamne toujours les pécheurs, que ce soit la femme de ce récit, ou ses accusateurs, ou moi qui lis ce texte. Mais Jésus, lui, est au-dessus de la Loi de Dieu : lui ne condamne pas la femme, il la libère (« va ») et la place sur un chemin où le péché ne dominera plus sur elle (« ne pèche plus »). Si les accusateurs n’étaient pas partis, mais s’étaient humiliés devant Dieu, ils auraient aussi pu entendre pour eux ce salut gratuit. Et moi, est-ce que je l’entends pour moi ? Ou bien vais-je (comme eux) accuser Jésus dès la page tournée ?…

Quand Jésus parle de la loi dans Matthieu 5.17-19- cela signifie-t-il qu’un chrétien doit respecter toutes les lois de l’Ancien Testament ? Ou certaines ? Dans ce dernier cas- quel tri faire ? [Christophe

En Matthieu 5/17-19, Jésus dit que Jésus n’est pas venu pour abolir la Loi et les Prophètes mais pour l’accomplir. Il ajoute que la Loi ne disparaitra pas et que nous ne devons pas « abolir », « annuler » les commandements mais les ‘faire’ et les enseigner. En parlant ainsi, Jésus nous interdit de croire que les commandements de l’Ancien Testament ne méritent pas notre considération. Ces commandements expriment, en effet, la volonté de Dieu. Les considérer comme tels nous permet de savoir dans quel sens Dieu nous demande d’avancer. Ainsi, Jésus utilise des paroles de l’Ancien Testament pour encourager les couples à la fidélité à vie, en Matthieu 19/4-6 et nous dire ce que Dieu a initialement prévu pour l’humain. La loi de Dieu, lorsque nous la prenons sérieusement en compte, nous permet, de la même manière, et parce que nous ne l’appliquons jamais parfaitement, de mesurer nos insuffisances et de nous savoir pécheurs, dans la nécessité de nous tourner vers Jésus, notre sauveur.  Cela est expliqué par Paul en Romains 3/7-12.

Dire que la loi entière vaut quelque chose, qu’il faut la faire, c’est à dire en faire quelque chose dans notre vie, ne signifie pas que nous devons appliquer à la lettre tous les commandements de l’Ancien Testament. Quand notre passage dit que Jésus est venu pour « accomplir la loi », la « mener à la plénitude », il suggère que sa venue change quelque chose dans notre rapport à la loi. Ainsi, les apôtres réunis à Jérusalem, ont réfléchi, quelques années après la mort de Jésus à la question de la mise en pratique de la loi juive, pour les chrétiens qui n’étaient pas d’origine juive et n’avaient donc pas cette habitude. En Actes 15/20, ils en concluent qu’il y a des commandements importants à mettre en pratique pour le bien des humains : il s’agit des commandements qui concernant l’évitement des idoles et la sexualité. Ces commandements concernent la juste relation que Dieu désir voir se développer entre les humains et lui et entre humains, depuis la création. Les commandements qui concernent la spécificité du peuple juif telles la circoncisions, le culte du temple, les règles alimentaires ne sont plus à appliquer, puisque grâce à l’œuvre accomplie par Jésus, l’humain est maintenant libre de s’approcher de Dieu.