Finalement, la création est parfaite, ou pas ? D’où vient le bug ? [Steph]

Une création parfaite ? C’est vrai. Mais c’est encore plus compliqué que ça je crois…
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. » (Genèse 1,1-2).
L’expression informe et vide est le mot hébreu Tohu-(w)Bohu qu’on utilise en français pour dire un grand bazar. Donc la création telle que l’humain la découvre doit être qualifiée d’autre chose que « parfaite » à mon sens. Elle est plutôt mise en ordre. Dieu dit à la lumière de se distinguer de la ténèbre, et ça arrive (v. 3), et tout ce qui est confusion, brouillon, mélangé, est mis en ordre. Ce n’est pas la perfection au sens premier du terme, c’est-à-dire sans aucune ombre. C’est l’ombre d’un côté et la lumière de l’autre. Reste la part de l’ombre, le « mauvais côté de la force », mais il n’est plus question que ce soit mélangé, c’est soit l’ombre, soit la lumière. Et le Serpent, futur prince du mensonge, est du côté de l’ombre…

Pourquoi y a-t-il tellement d’Églises protestantes différentes ? [Gaspard C.]

C’est sans aucun doute le signe d’une grande infidélité ! Mais ce peut aussi signifier que, puisque nous sommes divers en tant qu’êtres humains, y compris dans un même pays, alors l’Église doit pouvoir annoncer l’Évangile non seulement à tous, mais aussi à chacun « dans sa langue maternelle », dans ce qu’il est, dans ses propres formes de pensée et d’expression ; d’où une diversité qui trouve là sa légitimité. Mais alors cela devrait s’accompagner d’une grande fraternité entre ces différentes dénominations, et non d’une compétition, voire d’une excommunication réciproque…

Dans l’Église catholique, c’est l’appartenance à l’Église qui définit le chrétien. C’est l’Église, dans sa hiérarchie, son sacerdoce, ses rites, qui permet l’accès à Dieu. Quand on n’est pas d’accord avec quelque chose, on proteste, mais on reste dedans ! (Notez que Luther n’a pas voulu faire une autre Église, mais qu’il a été mis dehors.) Tandis que le protestantisme classique ne pose pas l’Église à cet endroit-là : la relation avec Dieu y est directe, Dieu parle aux croyants par la prédication et les sacrements, mais tous les chrétiens sont prêtres et peuvent lire et interpréter la Bible et s’adresser à Dieu. Quand donc on a un désaccord majeur, qu’on ne se sent plus « chez soi », qu’on reproche à sa communauté ou à son pasteur son infidélité supposée, on change d’Église, voire on en fonde une autre.

Les protestants devraient pourtant se rappeler avec humilité les textes de l’Évangile dans lesquels « ceux qui ne nous suivent pas » sont aussi l’Église (Marc 9 / 38-40 ; Jean 10 / 16), car il y a une seule Église chrétienne, l’Épouse du Christ, celle pour laquelle il a donné sa vie. « L’Église protestante unie de France – Communion luthérienne et réformée professe qu’aucune Église particulière ne peut prétendre délimiter l’Église de Jésus-Christ, car Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent. » (Constitution de l’EPUdF, article premier) Beaucoup d’autres Églises protestantes / évangéliques ont un discours ou une pratique qui rejoint ceci, et il m’est arrivé de connaître une grande fraternité entre pasteurs des différentes Églises protestantes d’une même ville, même lorsqu’elles ne sont pas d’accord sur le baptême des enfants, sur le parler en langues, sur la manière de lire les textes bibliques, etc.

Si je comprends bien, en sus de notre nature pécheresse, il y a également des puissances spirituelles qui veulent notre perte. Qui sont elles ? Pourquoi l’Eglise est aussi peu prolixe à leur sujet ? [Didier]

Les évangiles nous transmettent que le ministère de Jésus comportait un enseignement accompagné de guérisons et d’actes de délivrance.
Dans l’évangile de Marc, le ministère de Jésus commence par une délivrance (Marc 1:21-28). Lorsque Jésus envoie les 12 disciples, il leur donne autorité sur les esprits impurs (Matthieu 10:1).
On trouve déjà quelques mentions de puissances spirituelles mauvaises dans l’Ancien Testament mais c’est seulement avec le ministère de Jésus que nous trouvons le témoignage de délivrance d’esprits mauvais. Cette activité est l’un des signes les plus manifestes de la venue du Royaume de Dieu . Jésus ne libère pas du pouvoir temporel de l’occupant romain mais il libère de ces puissances qui oppriment les humains (Luc 11:20-22). Il n’a pu commencer son ministère qu’après avoir été confronté au diable et l’avoir rejeté par la parole (Luc 4:1-14).

Il ne nous est rien dit concernant l’origine de ces puissances spirituelles. C’est une réalité qui est révélée à travers le ministère de Jésus et que l’on peut expérimenter dans la prière. La bible nous enseigne cependant l’essentiel : ce sont des créatures qui ne peuvent résister au Seigneur. Elles prennent autorité sur la vie des hommes s’ils les laissent entrer ou même les appellent volontairement. Leur pouvoir a été vaincu par Jésus mort et ressuscité pour nous. Par la foi en Christ, nous avons autorité sur elles.

Nous avons vécu (mais c’est en train de changer) dans une culture qui a placé la raison humaine et la science comme critère absolue de vérité. Or la dimension spirituelle échappe au regard de la science. Elle ne peut pas plus observer le St Esprit que les esprits impurs. Ce n’est pas une réalité « objectivable ». Certains courants de l’Eglise ont estimé qu’il fallait soumettre le témoignage biblique au critère de la raison et ont proposé des interprétations uniquement existentielles ou psychologiques. Si l’on admet que le spirituel échappe à l’observation directe de la science pour des raisons méthodologiques, alors le ministère de délivrance de Jésus reprend tout son sens et il est important de proposer une prière de délivrance à certaines personnes qui peuvent en avoir besoin . Jésus est venu aussi pour ce faire, nous rendre libre de tout mal, de notre péché mais aussi des puissances qui cherchent à nous rendre esclaves.

Du temple/tabernacle, des rituels sacrificiels, à Jesus, l’accès à Dieu semble s’être dématérialisé, simplifié, « déreligieusé ». Pourquoi ces débuts si complexes, alors que tout est si simple ? [Simon]

Oui, il semble que ça se dématérialise.
Mais disons que vous omettez la première étape. Avant la fixation du culte au Temple de Jérusalem, il y a quand même eu le sanctuaire mobile dans le désert, la Tente de la Rencontre ou Tente d’Assignation. C’était au moins une solution nomade.

Avez-vous noté que pour ce qui est des modalités du culte au Temple avec son système de prêtrise, il y ait au bout du compte peu d’insistance sur le fait que ce soit Dieu qui l’ait désiré de tout son cœur. C’est moins prégnant mais c’est un peu comme la Royauté : un pis-aller pour imiter d’autres peuples, en somme. L’humain a besoin de religieux, de religion, et il aime installer des systèmes légaux.

Jésus, c’est le Temple qui retourne au nomadisme (Jean 2,21), afin qu’à notre tour nous devenions des temples (1 Corinthiens 3,16). C’est vrai, c’est plus léger, c’est réjouissant. Mais ce sont de vraies responsabilités. En tout cas, merci à Dieu d’avoir eu l’idée d’envoyer Jésus !

La guérison physique est-elle comprise dans l’expiation du Christ (selon Esaïe 53,4-5) ? [Michel C.]

La création étant bonne au départ, le mal subi, y compris la maladie, est forcément un conséquence d’une révolte contre Dieu (de la part des Hommes, mais aussi de la part de puissances surnaturelles, voir Matthieu 4,24 par exemple), même si le malade n’en a, bien sûr, pas forcément de responsabilité directe. De ce fait, l’œuvre rédemptrice du Christ, la libération du mal comprend nécessairement la libération de la maladie, de tout ce qui peut affecter négativement les Hommes et la création. L’évangéliste Matthieu (Matthieu 8, 16-17) dit clairement que la prophétie d’Esaïe 53,4-5 renvoie au mal physique, et inclut donc la guérison physique comme conséquence de l’œuvre expiatoire du Christ.

Pour ce qui est des modalités de cette œuvre rédemptrice, c’est une autre affaire…

Que signifient les 144 000 élus dont parle l’Apocalypse ? [FP]

En Apocalypse 7,14 et 14,1 on parle des élus, des sauvés, qui sont au nombre de 144.000.

Les Témoins de Jéhovah prennent ce chiffre à la lettre. Il semble que l’Apocalypse soit plutôt un livre codé. Qui aurait pu comprendre que « Les sanglots longs des violons de l’automne… » puisse être le code de lancement de la libération de la France à la fin de la deuxième guerre mondiale ? Sous l’oppression romaine, il fallait utiliser certains langages pour évoquer la lutte contre l’Empire.

144.000 c’est 12 fois 12 fois mille.
12 peut évoquer les tribus d’Israël ; mais aussi les disciples/apôtres
1000 veut traditionnellement dire la multitude.

Il est donc probable que ce chiffre veuille dire qu’Israël et l’Eglise, ainsi que la multitude (reste à savoir s’il s’agit du monde entier ou seulement d’un grand nombre…), seront sauvés par Christ à la fin des temps.

Si un « pasteur » rejette le Credo (divinité, naissance virginale, expiation, résurrection de JC) est-il chrétien ? Si il rejette les Sola (autorité Bible, Jésus seul,..) est-il encore protestant ? [Nicolas]

Dans la Bible (Actes 18, 24-28), Apollos avait déjà commencé à prêcher avec enthousiasme plein de bonnes choses, alors qu’il lui manquait des éléments de connaissance importants concernant le baptême. Après l’avoir écouté, Priscille et Aquilas ont comblé ce qui manquait à sa connaissance et il fut encouragé par les chrétiens à poursuivre son ministère. Il aimait Jésus, il avait soif d’en savoir plus, il poursuivit l’œuvre du Seigneur en progressant toujours davantage dans la grâce et la connaissance de Dieu.

Être chrétien, c’est d’abord appartenir à Jésus et lui avoir dit « oui » à Lui. La doctrine vient en second et une compréhension fine de celle-ci demande du temps, de l’étude et beaucoup d’humilité devant Dieu. Maintenant, le Credo et les articles que vous mentionnez (naissance virginale, expiation, résurrection…), c’est quand même élémentaire… L’Église qui a ordonné un pasteur qui rejette ces articles manque cruellement de discernement ! Effectivement, un tel pasteur n’est pas encore chrétien et il est donc gravement en danger à exercer une telle charge. Priez pour lui, mais fuyez ses prédications.

Qu’est-ce que le message des trois anges ? [LC]

Je pense que cette expression désigne un passage de la Bible : dans le chapitre 14 du livre de l’Apocalypse, les versets 6 à 12. Ma réponse pourrait s’arrêter là, et je vous invite à tout simplement aller lire ce passage… Moyennant néanmoins quelques mises en garde : il est toujours dangereux de séparer une portion de texte de l’ensemble, car on peut dans ce cas parfois faire d’énormes contre-sens. ceci est vrai de tous les textes, bibliques ou pas, et de celui-ci en particulier. Le livre de l’Apocalypse, dernier de nos Bibles, est un livre très particulier, qui utilise un lange très imagé et littéralement « en 3 D » ! Le lecteur en prend plein les yeux et les oreilles, mais les autres sens sont aussi sollicités. Ce livre fait tout pour nous désorienter et nous obliger à lâcher tout ce que nous croyons savoir sur Dieu comme sur le Christ, afin de mieux nous dévoiler la vérité qu’il tente de révéler sur l’un et l’autre (ce qui est très exactement le sens du mot « apocalypse »). Dans ce cadre, je dirais que les 3 anges du chapitre 14 (3 parmi beaucoup d’autres…) reprennent et annoncent des images qui ont déjà et/ou seront de nouveau employées dans le livre pour alerter les croyants sur les dangers qui guettent leur foi dans ce monde. Il est question de persévérance dans les difficultés, et de l’espérance du jugement de Dieu qui fera apparaître la vérité au-delà des mensonges auxquels nous sommes sans cesse soumis (Babylone qui se prend pour Jérusalem, la bête qui ressemble à un agneau, etc…). Pour ma part, je l’entends comme un encouragement à garder les yeux ouverts et à être lucide, sans renoncer pour autant à la vie en plénitude offerte par Dieu en Christ.

Une sœur que j’aime beaucoup de mon Eglise m’a dit qu’elle est lesbienne et qu’elle ne veut pas se repentir, en tant qu’enfant de Dieu que dois-je faire ? Car dans Rom 1:26 je lis que c’est un péché. [Fafa]

La vie chrétienne est un chemin. Nous commençons par y entrer en découvrant qui est Dieu, le salut qu’il nous offre en Jésus-Christ et souvent dans un second temps, et petit à petit tout au long de notre vie, son autorité et les changements qu’il veut, par le Saint-Esprit, opérer en nous. Nous sommes tous appelés à des changements que le Seigneur ne manquera pas de conduire en nous au fur et à mesure que notre confiance grandira et que nous le laisserons faire. A nous, donc, de nous encourager les uns les autres, dans la foi, la lecture honnête de la Bible et la prière dans la confiance en ce que le Saint-Esprit opère.

Tu as partagé avec cette sœur ce que la Bible dit et tu pries pour elle ? Tu as bien conscience que tu as aussi à te soumettre à la Parole, à laisser Dieu agir dans ta vie et tu sais, d’expérience, que cela n’est pas facile ? Tu es prêt(e) à discuter de cela avec elle si elle te sollicite, à prier avec elle ? Concrètement, je crois que c’est là tout ce que le Seigneur te demande. Aller plus loin, forcer les choses risquerait d’être une source de découragement dans sa marche avec le Dieu qui connait les cœurs et sait agir en nous, avec juste rigueur et juste douceur.

« C’est pourquoi encouragez-vous les uns les autres et aidez-vous mutuellement à grandir dans la foi, comme vous le faites déjà. »
1 Thessaloniciens 5/10

« Nous vous en prions aussi, frères, avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont découragés, supportez les faibles, usez de patience envers tous. » 1 Thessalonicien 5/14