Que signifient les 144 000 élus dont parle l’Apocalypse ? [FP]

En Apocalypse 7,14 et 14,1 on parle des élus, des sauvés, qui sont au nombre de 144.000.

Les Témoins de Jéhovah prennent ce chiffre à la lettre. Il semble que l’Apocalypse soit plutôt un livre codé. Qui aurait pu comprendre que « Les sanglots longs des violons de l’automne… » puisse être le code de lancement de la libération de la France à la fin de la deuxième guerre mondiale ? Sous l’oppression romaine, il fallait utiliser certains langages pour évoquer la lutte contre l’Empire.

144.000 c’est 12 fois 12 fois mille.
12 peut évoquer les tribus d’Israël ; mais aussi les disciples/apôtres
1000 veut traditionnellement dire la multitude.

Il est donc probable que ce chiffre veuille dire qu’Israël et l’Eglise, ainsi que la multitude (reste à savoir s’il s’agit du monde entier ou seulement d’un grand nombre…), seront sauvés par Christ à la fin des temps.

Dans mon Église, de nombreux frères et sœurs vivent en concubinage, ça parait normal, personne n’en parle, ni les pasteurs ; pourtant est-ce que notre Dieu approuve cela ? [Fab]

Dans la mienne aussi…

Si le concubinage signifie le refus de s’engager, alors la Bible nous rappelle (à propos d’autre chose) que l’union sexuelle est une vraie union et non un contrat (1 Cor. 6 / 16), quel qu’en soit le statut, et que les liens ainsi créés sont indissolubles. Un tel concubinage ne correspond alors pas à la volonté de Dieu pour le couple, c’est-à-dire pour l’homme et pour la femme. Mais ce n’est pas à cause du statut légal : la Bible ne parle pas du mariage dont la réalité juridique est très variable selon les temps et les lieux. Elle parle de la conjugalité, de telle sorte que dans celle-ci chacun est défini par l’autre (Genèse 2 / 23 ; 1 Cor. 7 / 4), ce qui implique monogamie, fidélité, indissolubilité, et aussi publicité (le caractère public et reconnu du couple). Si une telle conjugalité se vit dans le statut légal du concubinage, qu’importe alors ? Mais le statut légal du mariage (hétérosexuel) correspond mieux à la définition biblique de la conjugalité.

Pastoralement, fraternellement, on ne peut pas négliger les histoires personnelles qui ont pu faire qu’un couple préfère (momentanément ?) le concubinage au mariage. On ne peut pas négliger non plus l’ambiance de notre société qui met l’accent sur l’intérêt individuel. Cela ne justifie rien, mais permet de comprendre, éventuellement de compatir, éventuellement de corriger fraternellement. Et vous ne pouvez pas savoir ce que disent les pasteurs en privé…

Enfin, question de paille et de poutre, la constatation du péché ou des incohérences de nos frères et sœurs nous renvoie à ce qui, dans nos propres vies, n’est pas non plus approuvé par Dieu. Et cela nous remet les uns et les autres à notre vraie place, celle de la prière les uns pour les autres.

Qu’en est-il de l’enseignement féminin à un auditoire mixte ? Les protestants évangéliques admettent qu’une femme enseigne à des femmes mais très rarement à des hommes (sauf petits garçons). [Jo]

Tout d’abord, « les protestants évangéliques », c’est une réalité diverse, certaines Églises évangéliques (libristes, baptistes, etc.) ont des pasteurs femmes, d’autres (Foursquare) ont des couples pastoraux ; d’une manière ou d’une autre, il y a donc dans ces Églises-ci des femmes qui enseignent ou prêchent à tous, donc aussi aux hommes adultes !

Bibliquement, je voudrais souligner deux versets (parmi d’autres). Le principe est posé par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3 / 28) : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni mâle ni femelle, car vous tous, vous êtes un en Christ Jésus. » C’est-à-dire qu’en Christ, devant Dieu, les distinctions sociales, y compris celles qui sont de l’ordre de la création, ne pèsent plus rien. Ça ne veut pas dire qu’il y a confusion, mais que Dieu regarde chacun quel qu’il soit à travers Christ. On n’est pas pasteur homme ou pasteur femme, mais pasteur, point.

Les ministères ecclésiastiques seront donc fondés sur les dons de l’Esprit, qui sont évidemment liés au contexte dans lequel il les donne : sauf exception prophétique, l’Esprit ne va pas envoyer enseigner ou prêcher quelqu’un qui, dans une société donnée, ne sera pas écouté à cause de ce qu’il est ! En France, c’est lorsque les femmes ont investi la vie publique entre les deux guerres (les hommes ayant disparu dans la Première) que l’Esprit saint en a aussi appelé au ministère pastoral… ce que les Églises ont mis du temps à reconnaître !

Le second verset vient de la première lettre à Timothée (2 / 12) : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme mais qu’elle demeure dans le silence. » Soit on prend cette phrase (et les versets environnants : 11-15) au pied de la lettre, et il faut bien voir qu’ils disent le contraire d’autres versets dont celui de Galates. Soit on considère que l’Écriture ne peut pas se contredire, mais qu’elle doit s’éclairer elle-même, et alors il faut essayer de comprendre autrement ce passage. Tout s’éclaire si l’on considère que « l’homme » figure le Christ nouvel Adam (1 Cor. 15 / 45), et « la femme » son épouse, l’Église (Éph. 5 / 24. 27. 29-30). Alors évidemment, l’auteur de l’épître ne permet pas à l’Église de se placer au-dessus du Christ, ni d’inventer quoi que ce soit en-dehors de lui : la place de l’Église est celle de Marie aux pieds de Jésus pour recevoir sa parole (Luc 10 / 39), pas ailleurs. C’est pourquoi nous confessons « l’autorité souveraine des Saintes Écritures » et « reconna[issons] en elles la régle de la foi et de la vie » !

Pourquoi Dieu a-t-il attendu l’an 0 de notre ère pour envoyer son Fils ? Pourquoi pas avant ? [SP]

Peut-être que nous n’étions pas prêts ? Dieu n’a pas attendu ce jour-là pour parler à son peuple, pour agir pour l’humanité et le monde. Les Écritures (l’Ancien Testament) en portent le témoignage. Il a fallu le choix d’un peuple particulier : la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; il a fallu une religion particulière, celle de l’ancien Israël, à travers sa libération, sa Loi (= Torah), son roi, son temple, sa terre… et son infidélité aussi, pour que Jésus puisse être reconnu comme le Christ, l’aboutissement des promesses, la réalisation des figures de ces Écritures, l’Évangile en chair et en sang offert à des humains incapables d’aller vers Dieu (cf. le « jeune homme riche »).

Dans le Nouveau Testament, vous trouvez ce regard à la fois positif et négatif sur l’Ancienne alliance : elle prépare, mais ne reconnaît pas son propre accomplissement. Vous trouvez aussi des personnages qui représentent l’accueil de cet Évangile en Jésus : Siméon et Anne dans Luc 2 / 27-38, et d’autres encore… Et puis la grande question (Jean 1 / 1-18 ; Romains 9 à 11) : pourquoi ceux qui étaient préparés par Dieu pour recevoir son Fils l’ont-ils majoritairement rejeté, alors que d’autres qui n’avaient pas été préparés l’ont reçu ? Question toujours actuelle, y compris dans nos Églises, nos familles…

Dans le Symbole des Apôtres, est-ce que les expressions « Je crois à l’Esprit Saint » et « Je crois au Saint-Esprit » sont interchangeables  ? Existe-t-il une différence entre le Saint-Esprit et l’Esprit Saint ? [GeoB]

La réponse sera rapide : ce sont seulement des différences de traduction de la même expression grecque, l’adjectif pouvant se trouver avant le substantif, ou bien après en répétant l’article, ou même vous pouvez trouver « l’Esprit de sainteté » qui est un sémitisme disant là encore la même chose. Il y a un seul Esprit saint, Dieu, « qui procède du Père, et qui avec le Père et le Fils est adoré et glorifié » (Symbole de Nicée-Constantinople).

L’Esprit saint rend témoignage à Jésus-Christ, il est en nous Dieu qui parle à Dieu, auteur de notre foi, de notre prière, de notre obéissance, de notre propre témoignage. Le livre biblique maladroitement nommé « Actes des Apôtres » est en fait un livre des actes du Saint-Esprit ! C’est lui qui conduit l’Église, qui la rassemble dans l’écoute de la parole de Dieu et la célébration des sacrements, qui l’envoie dans le monde pour y témoigner et servir au nom du Christ.

L’expression « Dieu trois fois saint » est-elle biblique et a-t-elle un sens théologique ? D’où vient-elle en réalité et que signifie-t-elle ? [Geroges]

Le début du chapitre 6 d’Ésaïe le prophète dans le premier testament donne à voir une vision du prophète de la présence de Dieu dans le temple. Au verset 3 on peut lire qu’il y avait des séraphins (des anges en forme de lions ailés) : « Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! ».

C’est de ce verset que vient l’expression.

Les théologiens chrétiens, après avoir repris notamment la finale de Matthieu 28 dans ce qu’on appelle la doctrine de la Trinité, ont souvent voulu voir la sainteté du Dieu trois et un à la fois : il est Dieu, l’Unique, mais aussi il est Père, Fils et Saint-Esprit.

Que penser de la « catéchèse du bon berger » ? [Lara]

J’ai découvert grâce à vous cette catéchèse, merci ! De ce que j’ai pu lire, l’intérêt de cette méthode est qu’elle s’appuie sur une pédagogie où l’enfant est acteur de ses apprentissages (inspirée des travaux de Maria Montessori), par opposition à des « leçons » où l’adulte transmet une connaissance à sens unique. En cela c’est intéressant. Mais visiblement, cette méthode fait beaucoup de place aux temps et symboles liturgiques : en cela je pense qu’elle est sûrement plus adaptée à un contexte catholique. Dans le monde protestant, il existe des recherches similaires qui s’appuient sur les mêmes recherches mais sont centrées sur les récits bibliques. Elles sont en train d’arriver en France, et si cela vous intéresse je vous conseille de lire le très bon livre de Richard Gossin « L’enfant théologien : Godly play une pédagogie de l’imaginaire » (Lumen Vitae) où il explique très bien cette méthode.

Comment évoquer avec les parents de l’école biblique la question de la prière en famille ? [Aude]

Les familles de nos Églises sont très diverses, il y a celles où la prière familiale est adressée par obligation traditionnelle à un Dieu moraliste, celles où la prière est adressée tour à tour à Dieu et à d’autres divinités, celles où papa prie trop longtemps et ennuie tout le monde, celles qui n’ont pas de temps pour ces choses, celles où on ne sait tout simplement pas comment s’y prendre…

Forcément, quand on a les enfants le dimanche et qu’on leur parle de choses qu’ils ne peuvent pas expérimenter dans leurs familles, c’est triste… Rappelons-nous déjà la grâce d’avoir ces enfants, ne serait-ce qu’une heure par semaine ou par mois pour leur partager la Bonne Nouvelle ! Mais comment aller plus loin ?

En ce qui concerne les familles chrétiennes, elles seront sûrement heureuses de pouvoir participer à des programmes types « journée des parents et des enfants », le parcours « Alpha parents », etc. Pour les familles, c’est l’occasion de mieux se comprendre en interne, non seulement dans leur fonctionnement spirituel, mais également dans leurs petites habitudes, leurs rythmes, les aspirations respectives des différents membres… Partager avec d’autres familles, c’est aussi l’occasion d’échanger des « recettes qui marchent ». Par contre, il faudra être extrêmement vigilant face à la tentation de faire de la famille piétiste, la famille modèle à imiter et admirer… Pas la peine de culpabiliser les familles et de leur imposer des schémas extérieurs, alors que Dieu a un plan précis et unique pour vivre une foi vivante adaptée à chaque situation familiale.

Si à l’école biblique, tu es aussi avec des parents qui ne connaissent tout simplement pas Jésus-Christ personnellement, alors il faut peut-être déconnecter les questions de l’école biblique et de la prière en famille… Certes, l’école biblique est une occasion, mais il faut considérer les parents comme des cibles de vos actions d’évangélisation, même s’ils sont vaguement « protestants ». L’Église, les anciens et le pasteur doivent prendre conscience que l’on ne peut plus simplement compter les familles sympathisantes du protestantisme comme des familles chrétiennes collaborant avec nous à la transmission de la foi pour la génération d’après… Difficile de transmettre ce dont on ne vit pas.

Avant donc de parler de la prière à ces familles, il faudra leur parler de Celui qui est prié, car sinon, on prendra simplement le problème par le mauvais bout… Peut-être que ces familles découvriraient en priant qui est ce Dieu vivant qui vient leur répondre… Mais nous ne pouvons pas seulement compter sur ces exceptions pour ne pas faire notre travail : annoncer l’Évangile par le commencement, aux parents et aux enfants !

La présentation d’enfant n’est-elle-pas un baptême sec ? [CR]

La question de savoir s’il faut ou non baptiser les bébés (pédobaptisme) traverse l’Eglise ; l’enjeu est plutôt qu’elle ne la divise pas. Dans une Eglise comme l’Eglise protestante unie de France, il y a les deux conceptions.

Les partisans du baptême d’adulte pensent que :
– le baptême est complet quand il y a l’annonce de la grâce, mais aussi la repentance et la confession de la foi « Jésus-Christ est le Seigneur ». Comment un bébé pourrait-il se repentir et confesser sa foi. Les pédobaptistes défendent que c’est la foi des parents qui supplée, et que le baptême serai complété, ou plutôt confirmé, quand le jeune ou moins jeune adulte confessera sa propre foi,
– afin de donner part à l’accueil d’un bébé, les partisans du baptême adulte préconisent une présentation d’enfant. Ce n’est pas la présentation au Temple comme l’a vécue Jésus, une sorte de présentation à Dieu, mais bien une présentation à l’assemblée, afin d’inclure ce petit humain dans la communauté. Vous trouverez une liturgie sur ce site,
– la transmission linéaire de génération en génération est vraisemblablement une donnée du passé. Un christianisme d’adhésion revient désormais, d’où la nécessité de présenter les enfants, les catéchiser, et les appeler à choisir librement le baptême, pour ne pas avoir des hordes de baptisés non-croyants…

Alors attention aux diatribes en Eglise. Le risque est énorme de tomber dans ces deux formulations moqueuses :
– de la part des pédobaptistes : « La présentation est un baptême sec ».
– de la part des adeptes du baptême de confessant : « Le pédobaptisme est une présentation mouillée ».
Ce serait mortifère.

Le baptême de bébés ne met-il pas l’accent sur une foi familiale plutôt que personnelle ? [Gilbert]

Le baptême des bébés prend ses racines dans une haute conception de la famille en tant que cellule communautaire placée sous le regard de Dieu. Cette vision anthropologique est attestée bibliquement dès l’Ancien Testament. Noé, seul juste trouvé sur la terre, monte avec sa famille dans l’arche ; Abraham fait circoncire sa génération avant que ce rite devienne une pratique faite sur les bébés des générations d’après, pour signifier l’alliance de Dieu avec la descendance du patriarche… Les chrétiens qui baptisent les enfants voient dans l’acte du baptême une promesse comparable : Dieu fait alliance avec son peuple. « Cette promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin… » Actes 2, 39.

Dans le Nouveau Testament, il n’y a pas de description de baptême d’enfant, mais pas de restriction explicite non plus. La question centrale sera donc la place de la repentance et de la confession de foi. Des textes bibliques semblent ouvrir la possibilité d’une confession de foi familiale : « et il fut baptisé lui et toute sa maison » (Actes 16, 33). D’autres textes semblent clairement lier le baptême à une repentance et une confession de foi individuelle (1 Pierre 3, 21).

Pour revenir aux luthériens, Martin Luther n’a jamais remis en cause la pratique du baptême des enfants parce qu’il ne voyait pas d’arguments bibliques assez certains pour bouleverser une pratique séculaire. Notons que son combat n’était pas concentré sur les signes extérieurs de la foi mais sur la foi elle-même ! De ce point de vue, il a toujours affirmé l’absolue nécessité de croire pour être sauvé et non seulement d’être baptisé… Il pensait donc qu’un enfant baptisé petit, au nom du Dieu trinitaire avec de l’eau et qui croyait une fois devenu adulte avait tout ce qu’il faut, quel que soit l’ordre…

Pour approfondir encore cette question, saviez-vous que Luther était fermement convaincu que la pratique du baptême devait se faire par immersion totale et non seulement par aspersion ?