On dit que Jésus a aimé jusqu’à la mort- qu’est ce que ça veut dire ? [Christine]

L’Evangile de Jean, au début du ch.13, souligne effectivement que Jésus a aimé les siens « jusqu’à l’extrême » (traduction TOB). Et Jésus affirme deux chapitres plus loin (ch.15 v.13) qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.

Jésus a accepté la mort, qui plus est la mort par crucifixion, pour accomplir l’oeuvre de réconciliation et de Salut pour laquelle le Père l’a envoyé. A la croix, Dieu lui-même, en Jésus-Christ, se charge de nos péchés et subit le jugement à notre place. Par sa mort, le Christ nous délivre de la mort, conséquence, « salaire » du péché (Romains ch.6 verset 23), et nous ouvre les portes de la vie éternelle. Par amour pour nous, un amour gratuit, c’est à dire immérité.

Pourquoi un chrétien doit confesser ses péchés si Jésus Christ en a déjà payé le prix une fois pour toutes ? [Anicet]

Trois passages bibliques me viennent à l’esprit pour vous répondre, Anicet.

Tout d’abord le Psaume 32, v.3-5 : « tant que je gardais le silence… je gémissais sans cesse. Je t’ai fait connaître mon péché, … et toi tu as pardonné ma faute ». Confesser son péché ce n’est pas vouloir en payer le prix, l’expier ! c’est tomber le masque devant Dieu, nous reconnaître tels que nous sommes devant lui, et lui ouvrir la porte de notre coeur pour qu’il nous délivre du fardeau amer de la culpabilité. La première épitre de Jean ch.1, v.9 y insiste : « Si nous reconnaissons nos péchés, il est juste et digne de confiance : il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute injustice ». C’est précisément parce que le Christ a pris sur lui le poids de notre péché par sa mort sur la croix que nous pouvons en déposer le fardeau dans la prière, et recevoir, toujours à nouveau, l’assurance de sa grâce.

Jacques au ch. 5, v.16, enfin, encourage ses lecteurs chrétiens à confesser leurs péchés les uns aux autres, pour qu’ils soient guéris. Attention, il ne s’agit pas d’accuser tous les malades en leur assénant que leur état vient forcément d’un « péché non confessé », ce serait cruel et injuste. Ce que Jacques veut dire est que le pardon demandé et reçu permet de restaurer non seulement la personne concernée, mais aussi, les relations blessées, mises à mal par des offenses et autres manquements (un des verbes désignant le fait de pécher, en hébreu, signifie, « manquer la cible »).

Même si le tiers offensé n’est pas un autre être humain mais le Seigneur, il est bon de pouvoir se confier à un frère ou une soeur qui partage notre foi. J’ai reçu un jour un homme tourmenté par une faute irréparable, commise cinquante ans auparavant ! Je lui ai dit : « mais, en tant que chrétien, vous savez que le Seigneur vous a tout pardonné ! » Il m’a répondu : « oui, mais j’ai besoin que quelqu’un me le dise ».

Pourquoi parle-t-on si peu du Saint-Esprit dans les Églises ? [Valérie]

Le Saint-Esprit est peu évoqué dans certaines Églises (pas toutes !) pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le Premier Testament parle surtout du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse et d’Israël, celui qu’on appelle depuis le baptême de Jésus : Dieu le Père.
  2. Ensuite parce que le Nouveau Testament parle essentiellement de Jésus (le Fils), bien que les Actes et les autres épîtres parlent aussi de l’Esprit. Mais disons qu’on parle surtout des actes des apôtres qui sont portés par l’Esprit. On aurait pu appeler ce livre les Actes de d’Esprit.
  3. Aussi parce que l’Esprit travaille au travers des gens et donc nous sommes amenés à évoquer leurs aventures et leurs actions à eux, quand ils sont mus par l’Esprit. Ainsi, quand nous voyons les feuilles bouger, les arbres ballotter, la poussière se lever, nous parlons des feuilles, des arbres, de la poussière, pour conclure brièvement par : « Il y a un vent fou ».
  4. Enfin certainement parce que les théologies du Saint-Esprit sont un lieu de grandes divergences dans les Églises, entre ceux qui pensent :
    – qu’il n’agit que par la médiation des Écritures,
    – qu’il continue à faire des miracles mais uniquement dans le cadre de la « charte » de 1 Corinthiens 12,
    – qu’il est actif en offrant de nouveaux types de dons qui pouvaient ne pas être listés dans la Bible,
    – voire pour certains (qui à mon avis dépassent les bornes), qu’il peut apporter des doctrines nouvelles non limitées par le texte biblique.

Voilà donc plusieurs raisons qui font qu’on en parle trop peu.
Mais grâce à votre question, peut-être que certains se sentiront exhortés à en parler plus.

Comment comprendre le verset « Comme le Père m’a aimé- je vous ai aussi aimés ». Si Jésus est Dieu- qu’est-ce que ça veut bien pouvoir dire que Dieu aime Jésus ? Il s’aime Lui-même ? [René]

Comme vous l’avez bien cité vous-même, René, Jésus dit : « Comme le Père m’a aimé ». Il ne dit pas : « comme Dieu m’a aimé ». Il se désigne ainsi lui comme le fils, objet d’amour du Père. Ainsi, l’amour est ce qui unit les trois personnes de la Trinité (Père, Fils et Saint Esprit). On ne peut donc pas dire que Dieu s’aime lui-même, mais qu’il est amour (I Jean 4. 8 et 16).

de plus, la fin du verset que vous citez (Jean 15. 9) dit : « Demeurez dans mon amour ». Que ce soit en Église ou dans le couple (car la relation de couple, dans l’altérité homme femme, est la première image de la relation d’amour qui se trouve en Dieu) nous pouvons expérimenter cet amour qui unit sans confondre, cette relation faite de respect d’écoute de l’autre et d’humilité qui est le propre des relations entre les trois personnes de la Trinité. Et c’est ainsi que nous devenons des témoins de Jésus : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13.35)

Pourquoi notre jour mis à part est-il passé du sabbat juif (samedi) au dimanche ? [Jean]

Parce que c’est le jour de la résurrection de Notre Seigneur. Il s’est donné à voir le lendemain matin du sabbat, lorsque les femmes sont venues au tombeau pour prendre soin de son corps supplicié. Mais il est ressuscité ! Il a ainsi montré qu’en lui toutes choses étaient faites nouvelles. La nouvelle création a commencé avec ce premier-né d’entre les morts, pour ce premier jour de la semaine, nouvellement mis à part.

Certains prédicateurs prétendent ressusciter des morts car Jésus nous permet de faire les mêmes œuvres que lui. Qu’en penser ? [Augustinus]

Le Seigneur est souverain. Si pour que l’annonce de son royaume progresse, la résurrection d’un mort s’opère par sa grâce, je crois qu’Il peut le faire. Le danger est de penser que c’est tel ou tel prédicateur qui en a le « pouvoir », « l’autorité », alors que c’est une œuvre de Dieu, ou encore qu’une communauté où de tels miracles ne se produisent pas ne serait pas vraiment chrétienne. Si on affirme qu’un miracle s’est produit mais que cela a pour effet d’orienter le regard vers la personne par qui il s’est produit et pas vers le Christ, je crois qu’il faut se méfier.

Que choisir entre la guerre juste (Calvin et Bèze) ou les pacifistes (Trocmé- Lasserre- Brousson- Schweitzer) ? Le NT est-il ambigu ? [David]

Je crois que c’est surtout notre vie, marquée par le péché, qui est ambiguë. Dieu, en Jésus-Christ, est venue mettre la clarté de son esprit dans nos ambiguïtés. Cela étant dit, je crois qu’à la lumière du Nouveau Testament, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de guerre juste. Il n’y a aucune « bonne raison » de tuer quelqu’un, même dans la guerre. Un général s’est d’ailleurs récemment exprimé sur la question : https://www.youtube.com/watch?v=sOZTgyiD-Zg

Une fois que l’on a dit cela, il faut aussi se rappeler que Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ à cause de la dureté de notre cœur (Matthieu 19.8). Il ne justifie aucune des choses que cette dureté nous amène à commettre, mais il fait avec pour le tourner en bien, si nous ouvrons notre cœur à son action. Mais il ne me paraît pas possible de raisonner trop dans l’abstrait face à des questions aussi difficiles.

Comment on accompagne quelqu’un qui parle toujours à une personne morte et qui ne peut pas entendre que c’est un choix de mort ? [Léa]

Vous avez certainement partagé vos convictions avec cette personne et vous lui avez certainement donné des arguments bibliques. Elle ne les entend pas. Vous avez fait votre part et c’est maintenant le moment de constater que Dieu seul, par son Esprit, peut ouvrir les cœurs. Persévérez dans la prière et tenez-vous prête à échanger de nouveau avec cette personne si l’occasion se présentait. Croyez-moi, les ressources de Dieu sont immenses !

Quel est le message central de Jésus ? [Diana]

Les théologiens font souvent la différence entre :
Evangelium Christi : la bonne nouvelle donnée par Christ,
Evangelium de Christo : la bonne nouvelle au sujet de Christ.

Le message du Nouveau Testament, c’est que Dieu le Père a manifesté son amour d’une façon incroyable en décidant du pardon des péchés, en envoyant son Fils, et en leur assurant une vie qui n’est plus bloquée par la mort (ma paraphrase de Jean 3:16). C’est l’Evangelium de Christo. L’Évangile concernant le Christ.

Le message de Jésus était un peu différent. Il l’a répété à plusieurs reprises et c’était : « Le Royaume de Dieu s’est approché de vous » (Matthieu 3:2, 4:17, 10:7, Marc 1:15, Luc 10:9, 10:11, 21:31…). C’est l’Evangelium Christi. L’Évangile proclamé par le Christ.

Bref, cette dimension du Royaume de Dieu (du Règne de Dieu je préfère dire) n’est plus quelque chose de lointain, ce n’est plus quelque chose pour la fin des temps, ce n’est plus quelque chose de méta-physique, c’est au milieu de nous, c’est proche, ça s’approche toujours et sans cesse, entre déjà-là et pas encore là.

Jésus demande de rester simples- mais lire la Bible est super compliqué. Pourquoi ? [Jeanne]

Jésus a appelé à sa suite des gens sans instruction, comme des pêcheurs, Pierre, par exemple. Il a aussi appelé des gens très instruits, comme Paul, qui avait étudié les Ecritures juives. Nous croyons que s’il nous appelle, il saura nous donner d’accueillir sa Parole, de la comprendre, par son Esprit (Jean 16/13). Ainsi, lorsque nous lisons la Bible en demandant à l’Esprit-Saint de nous éclairer, nous pouvons être certains que nous recevrons ce que nous devons en recevoir. Alors même que nous pouvons parfois avoir l’impression de ne comprendre que peu de choses, il nous est possible de saisir ce qui nous est donné et le mettre en pratique. Puis, mois après mois, années après années, aidés par les enseignements entendus à l’Eglise, pas des Bibles commentées et par le partage avec nos frères et sœurs, notre connaissance grandira et nous percevront des choses que nous ne percevions pas avant. La pire des choses serait certainement, en cette matière, de croire que nous aurons un jour assez étudié pour ne plus avoir quelque chose de neuf à recevoir de Dieu.
« La crainte de l’Eternel est le commencement de la science; Les insensés méprisent la sagesse et l’instruction. » Proverbes 1/7