Peut-on être agnostique et chrétien ? [Pyrrha]

Etre agnostique, c’est penser que Dieu existe peut-être sans que nous  puissions vraiment le connaître. Jésus a dit cela : « si vous me connaissez, vous connaissez aussi mon Père et maintenant, déjà vous le connaissez, vous l’avez vu » Jean 14/7. Ainsi, les chrétiens confessent qu’en Jésus-Christ, Dieu se donne à connaître aux humains d’une manière toute particulière et personnelle, après s’être révélé à son peuple dans la Bible. Peut-être certains peuvent-ils prétendre suivre les enseignement moraux de Jésus sans vraiment se prononcer sur le fait que Dieu se révèle en lui. Cette posture est assez peu cohérente, puisqu’elle suppose que Jésus dirait la vérité en ce qui concerne son enseignement moral, tout en proférant des mensonges en ce qui concerne Dieu et la révélation qu’il offre en lui et que nous sommes invités à accueillir dans nos vies. Voir aussi Jean 1/18

Il est d’usage de prier Dieu au nom de Jésus, par l’Esprit saint. Mais si Jésus (le Fils) et l’Esprit sont Dieu aussi, peut-on prier Jésus et l’Esprit ? [Tuisku]

Dans l’Église réformée, il est effectivement d’usage de prier le Père (et non pas Dieu qui est aussi Fils et Esprit saint, comme vous le dites bien). C’est bien ce que Jésus dit : « tout ce que vous demanderez au Père en mon nom » (Jean 15 / 16) et que Paul confirme : « rendez toujours grâces pour tout à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (Éph. 5 / 20). Ainsi, tant pour demander que pour remercier, la prière s’adresse à Dieu le Père au nom de Jésus, et c’est là aussi que se reçoit l’exaucement : « il vous le donnera en mon nom » (Jean 16 / 23). La personne de Jésus-Christ est le lieu de la prière (« en mon nom »), l’agent de cette prière étant l’Esprit (Rom. 8 / 15. 26-27). La prière, c’est l’élan des enfants de Dieu vers leur Père.

Ceci étant dit, la Bible se termine sur une prière adressée au Fils : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22 / 20) Et la vision d’Ézéchiel nous montre le prophète invoquant l’Esprit sur les ossements desséchés redevenus chair (Ez. 37 / 9-10).

On prie donc le Père ; on appelle la venue du Fils unique, dont on chante aussi la gloire ; et on invoque l’Esprit.

Dans d’autres traditions d’Église, on prie plus facilement Jésus.

Comment comprendre la présence du mal (le serpent, plus tard personnalisé par le prince des ténèbres) dans le récit d’une création parfaite tel que raconté en Genèse ? [Didier]

Ce n’est pas d’abord par le serpent que le mal est représenté dans ces chapitres 2 et 3 de la Genèse, mais par un arbre, celui de « la connaissance de bien et mal », placé dans le jardin et interdit à l’être humain, car le consommer fait mourir Mais vous avez raison de noter que la création était parfaite (œuvre de Dieu, c’est quand même normal !) : tout ce que Dieu avait créé au chapitre premier, il l’avait regardé comme « bien ». Pas de mal, donc, sinon dans l’interdit de le connaître (de le « pénétrer »). Et les psychologues vous diront qu’il ne peut y avoir d’inter-dit (c’est-à-dire de parole) sans interdit (c’est-à-dire sans distance). L’interdit fait partie de la création bonne. C’est la transgression qui « casse » tout.

« Ils étaient tous les deux nus [‘arûmîm]… » – « Le serpent était le plus rusé [‘arûm]… » Deux traductions pour un même mot : dans le texte, le serpent est qualifié de la même manière que le couple humain, comme s’il était ce qui se faisait de plus humain dans le reste de la création ! Il est le tentateur, à moins qu’il ne soit la tentation elle-même, que nous entendons sans cesse en nous comme une voix extérieure, alors qu’elle vient de dedans pour mettre en doute la parole de Dieu… Et ça marche ! Ainsi la femme, dans sa réponse, met-elle l’arbre interdit au centre, alors que c’était l’arbre de vie qui se trouvait là…

C’est donc bien l’humain qui met le mal au centre, au moins comme possibilité, alors qu’il était de côté, comme interdit. Le serpent n’est que le révélateur de cette imperfection de l’humain (au sens où nous entendons la perfection : l’humain n’est pas un dieu pouvant « pénétrer bien et mal » – le Dieu biblique ne le fait d’ailleurs pas lui-même, seulement les faux-dieux païens).

Par ailleurs, il ne me semble pas que l’expression « prince des ténèbres » soit utilisée dans la Bible, qui n’est pas dualiste. Les ténèbres sont l’absence de lumière, elles permettent (passivement) des œuvres qui ne sont pas de Dieu. S’il y a « prince » qui s’oppose à la communion de Dieu et des humains, c’est, ou ce sont, « le(s) prince(s) de ce monde » et de ses « puissances ». Seuls les opposants à Jésus parlent d’un « prince des démons »… qu’ils accusent Jésus de servir ! (Quant au « diable » ou au « satan », posez une autre question…)

La possibilité du mal est donc bien une œuvre mondaine, humaine, et non divine. Quoi qu’on dise ou fasse, le mal vient de nous, et on ne peut pas l’imputer à Dieu !

Jésus était-il chrétien ? Luther était-il protestant ? [SamT]

Jésus n’était pas chrétien, il était le Christ.
Le mot « chrétien » a été inventé après sa mort et sa résurrection. Sa préoccupation était d’être un bon Juif. Et il était venu pour « accomplir la Loi et non l’abolir » (Matthieu 5,17). Beaucoup de théologiens s’accordent pour dire que l’inventeur du christianisme fut plutôt l’apôtre Paul.

Luther n’était pas protestant. Il était chrétien.
Ce qui signifie qu’il était catholique, parce qu’à l’époque c’était la même chose. Il a été expulsé de l’Eglise romaine par une décision qu’il n’avait en aucun cas sollicitée. Il fut le créateur malgré lui du protestantisme, souffrant jusqu’au bout de cette séparation.

Mais on pourrait continuer la liste : Abraham n’était pas Juif, etc.

« La soumission des femmes », pourquoi tant de messages sans la fin du passage ??? [e-Za]

C’est clair ! Je veux dire : « Paul est au clair ! » et contrairement à ce qu’on dit souvent, à l’intérieur du système hyper patriarcal dans lequel il vit il n’est pas machiste, voire parfois, il est plutôt égalitariste. Souvenez-vous de 1 Corinthiens 7:4 : « La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. » Un propos totalement révolutionnaire pour l’époque.

La citation que vous évoquez est la suivante : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur […] Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle […] » (Ephésiens 5*). Et sous une autre forme quasi équivalente en Colossiens 3,18-19**.

Sincèrement, la barre est mise beaucoup plus haute pour les maris que pour les femmes si on réalise à quel point Christ a aimé l’Eglise : il est mort pour elle… Qui sont les maris prêts à mourir pour leurs femmes.

Alors oui, e-Za, si on entend 8 prédications sur la soumission des femmes aux maris, et 2 sur les devoirs des maris, c’est juste à cause du machisme… de Paul ? Non. Des prédicateurs.
Point barre. Que l’Eglise entière, mais en particulier ses enseignants, se repentent.

 

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* Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses. Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la parole, après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. (Ephésiens 5,22-30)

** Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes, et ne vous aigrissez pas contre elles. (Colossiens 3,18-19)

Qu’est-ce que le péché ? Est-il inné ou acquis ? [Pep’s]

Il y a plusieurs mots en hébreu pour désigner le péché. Mais pour faire simple, on peut le définir comme la désobéissance à la loi de Dieu (1Jean3,4), c’est-à-dire la volonté de Dieu manifestée dans la création (Romains 1,20-21), en chacun (Romains 2,15) et révélée aux juifs (Romains 3,1). Il s’agit donc bien d’actes, desquels les Hommes sont responsables (Romains 2,12-13). Le péché est par conséquent, si on peut dire, une acquisition: on ne nait pas avec des actes que l’on n’a pas fait (même si on hérite des conséquences des péchés des générations passées, voir Exode 20,5) ! Mais le péché apparaît aussi comme une puissance…. qui habite en nous (Romains 7,17) suite au péché d’Adam (Romains 5,12),qui nous rend esclaves (Romains 6,6), et nous détourne de notre statut d’humain véritable, d’être à l’image de Dieu…. c’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle naissance, du Saint-Esprit (Romains 8,2-3) pour accomplir la loi de Dieu (Romains 8,4). Comme puissance qui habite en nous, le péché est donc inné… Mais il n’y a pas de fatalité: la solution, c’est la foi en Jésus-Christ (Romains1,16-17 ; Romains 6,8-11) !

Bonjour ! Pourquoi s’opposer au mariage de personnes de même sexe ? [Peps]

Bonjour ! Nous essayons d’être fidèles à la Bible, dont la première fonction n’est certes pas de nous donner des commandements à suivre à la lettre, mais de témoigner que Jésus-Christ est l’accomplissement de toutes ces Écritures et qu’il est « le chemin, la vérité et la vie ». Pourtant, il y a dans la Bible des cohérences, des images de ce que Dieu fait pour nous et de ce qui non seulement est conforme à sa volonté (que « nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières », certes), mais nous permet de mieux témoigner de lui et de son amour pour nous et pour chacun.

C’est donc que, dans notre vie, il y a des choses qui sont opaques, et d’autres qui sont ou sont rendues transparentes à Jésus-Christ. Selon la Bible, l’homosexualité fait partie, au milieu de tas d’autres choses, de ce qui nous rend opaques à l’amour de Dieu. C’est le sens de la condamnation ferme dont elle fait l’objet dans l’Ancien et le Nouveau Testaments.

Entendez bien : il n’y a pas là de condamnation du pécheur (que je suis tout autant), mais bien dénonciation du péché (qui m’emprisonne en me cataloguant autrement que seulement comme enfant de Dieu). Aussi bien l’Église doit-elle être accueillante à tous les pécheurs (« aucun n’est juste, pas même un seul »), sans pour autant légitimer le péché (celui-ci ou un autre) en le bénissant au nom du Dieu qui le condamne !

Nous avons pris l’habitude, au XIVe siècle, de bénir les mariages (unions monogames hétérosexuelles). La Réforme protestante a relégué ceux-ci dans la sphère civile et non religieuse (ça n’a pas trop bien pris…). Dans la Bible, l’union d’un homme et d’une femme est une image de l’amour d’un Dieu d’ordre, d’une parole qui distingue pour permettre un tel amour. L’homosexualité est donc à l’inverse l’image de la confusion, du refus de la distance qui permet parole et amour.

Ceci ne veut pas dire que toutes les unions hétérosexuelles vivent selon Dieu (loin de là !), ni que les personnes homosexuelles vivant en couple ne s’aiment pas ! D’autant que l’homosexualité, la plupart du temps (et en dehors des modes de notre société), est subie et non choisie. Un chrétien homosexuel (comme tout autre chrétien) est donc pris entre le désir de vivre le moins mal ce qui lui est donné, et le désir de laisser l’Esprit de Dieu agir en lui pour le transformer. La légitimation religieuse de ce qu’on est ou de ce qu’on vit met obstacle à l’action de l’Esprit au lieu de la permettre et de la rendre visible. Voilà pourquoi nous sommes contre la célébration religieuse des unions de personnes de même sexe, sans stigmatiser aucunement les personnes ni les couples qui existent, et que nous accueillons bien volontiers dans la communion des pécheurs pardonnés et justifiés en Jésus-Christ, en lui seulement.

Dans le Symbole des Apôtres, est-ce que les expressions « Je crois à l’Esprit Saint » et « Je crois au Saint-Esprit » sont interchangeables  ? Existe-t-il une différence entre le Saint-Esprit et l’Esprit Saint ? [GeoB]

La réponse sera rapide : ce sont seulement des différences de traduction de la même expression grecque, l’adjectif pouvant se trouver avant le substantif, ou bien après en répétant l’article, ou même vous pouvez trouver « l’Esprit de sainteté » qui est un sémitisme disant là encore la même chose. Il y a un seul Esprit saint, Dieu, « qui procède du Père, et qui avec le Père et le Fils est adoré et glorifié » (Symbole de Nicée-Constantinople).

L’Esprit saint rend témoignage à Jésus-Christ, il est en nous Dieu qui parle à Dieu, auteur de notre foi, de notre prière, de notre obéissance, de notre propre témoignage. Le livre biblique maladroitement nommé « Actes des Apôtres » est en fait un livre des actes du Saint-Esprit ! C’est lui qui conduit l’Église, qui la rassemble dans l’écoute de la parole de Dieu et la célébration des sacrements, qui l’envoie dans le monde pour y témoigner et servir au nom du Christ.

Que pensez-vous des « étapes du pardon » selon Monbourquette ? [Laure]

Ces 12 étapes sont le fruit d’une expérience d’un prêtre et psychologue ; elles apportent une sagesse sur différents aspects du pardon.

C’est une approche principalement psychologique. Ces 12 étapes sont intéressantes à ce titre, et peuvent aider celui qui a du mal à pardonner à discerner sur quel aspect il bute dans sa démarche. Dans une approche plus théologique, on peut rajouter les points suivants :
Le pardon est présenté par Jésus comme une démarche indispensable : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » Matthieu 6,14-15.
Mais inversement, ce qui nous rend possible de pardonner aux autres, c’est le fait d’avoir reçu le pardon de Dieu pour notre propre vie. Ainsi, tout pardon s’enracine dans le pardon accordé par Jésus et en lui : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » Luc 23,34.

Si je n’arrive pas à pardonner, il me faut revenir à ce pardon initial.

Le fondement de tout pardon se trouve ainsi en Jésus qui s’est donné lui-même pour chacun de nous et qui a pris nos fautes sur lui. Si j’ai été ainsi aimé et pardonné, je puis et je dois pardonné à mon prochain. Et comment pourrais-je retenir la faute d’une personne pour laquelle le Christ lui-même a donné sa vie ! (voir la parabole en Matthieu 18,21-35). On comprend alors que le pardon est à la fois une décision que je prends et une grâce que je reçois du Christ.