Quelle était la marque que Dieu mit sur le front de Caïn ? [Joves]

Le récit auquel vous faites référence se trouve dans le chapitre 4 du livre de la Genèse et le mot hébreu employé qui est traduit par « marque » ou « signe » est un mot couramment employé et qui ne ne permet pas d’être plus précis.

La Bible ne permet donc pas de répondre à votre question.

Le plus important dans le texte n’est pas la nature de cette marque mais son sens : elle protège Caïn afin que personne ne l’assassine. Ce n’est pas aux hommes de rendre la justice de Dieu…

La piété fait-elle vraiment partie des sept dons de l’Esprit ? Cf. Esaie 11 duquel la piété est exclue alors qu’elle est comprise par l’Eglise dans la liste des dons. [Manu]

Je n’ai jamais lu Ésaïe 11 comme l’établissement de la liste exhaustive des dons de l’Esprit. D’autant que ce passage ne correspond pas exactement à des versets comme Galates 5,22, Éphésiens 5,9, 1Corinthiens 12, etc. Les dons de l’Esprit sont très divers, et le but de notre vie chrétienne n’est d’abord, me semble-t-il d’établir une liste de 7, 12 ou 40 dons. La piété, la ferveur, la foi, il me semble difficile de ne pas voir l’Esprit de Dieu derrière.

Un pasteur d’une église de réveil, m’a dit que lorsqu’on écrit des hiéroglyphes quand on est en transe- c’est pas de Dieu. Pour lui- il n’y a que le parler en langue qui existe. Ça peut se traduire. [Jean-Paul]

La question que vous posez est celle de la gestion du « surnaturel ». Dans les communautés dites charismatiques, on gère ces questions sur une base biblique. Et en particulier en s’appuyant sur 1 Corinthiens 12-14.

Les phénomènes de transe n’ont pas leur place dans l’Eglise de Jésus-Christ. Au pire ce sont des manifestations démoniaques et ces esprits doivent être chassés. Donc, comme le dira Paul dans le passage que je viens d’évoquer, tout doit se faire dans l’ordre, ou, pour l’utilité commune. Ecrire en hiéroglyphe est plus de l’ordre d’un surnaturel occulte que d’un surnaturel divin. On est bien d’accord.

Attention aussi car si nous sommes d’une culture afro-caribéenne par exemple, il ne faut jamais oublié que la « mémoire » de l’animisme n’est pas si lointaine dans la culture et la société. Alors il peut y avoir des phénomènes qui s’opèrent et qui effectivement, ne viennent pas de Dieu, mais plutôt de résidus de la sorcellerie et autres pratiques occultes. La sobriété s’impose donc dans ces contextes. Pour que ce soit clair : qui est le Seigneur dans ces lieux, Christ ou les puissances mauvaises ?

Pourquoi certains disent que c’est un péché d’aller au théâtre ou au cinéma ? [Marcel]

Je n’en sais rien. Pour moi aller au théâtre, au cinéma, au concert ou à n’importe qu’elle autre activité culturelle n’est pas un péché en soi. Dieu n’est pas contre la culture ! Ce qui peut être un péché, c’est-à-dire me détourner de Dieu, c’est ce que je vais rechercher à travers cette culture. Un divertissement pour oublier mon quotidien ? Une stimulation de mes pulsions ? Une exaltation de la capacité créatrice de l’homme ? Dans ces cas là peut-être en effet, ai-je quelque chose à aller en moi regarder avec l’aide du Seigneur. Mais si, après une pièce de théâtre, je suis amené à parler de Dieu, ou du sens de la vie avec lui, si, après un film j’ai passé un moment de complicité et de rire avec mes enfants, si après être allé voir une exposition, je sens dans mon cœur une louange pour Dieu qui a inspiré tel peintre, etc. Je ne crois vraiment pas que ce soit un péché.

Les textes bibliques sont-ils ouverts à une pluralité d’interprétations ? Chaque croyant devrait-il interpréter le sens d’un passage biblique pour lui-même ? [Bjorn]

Les textes bibliques peuvent avoir plusieurs interprétations, tout dépend surtout de l’intention de la personne qui les interprète. Il me semble qu’interpréter le sens d’un passage biblique pour soi-même, donc en quelque sorte, tout seul, ne me paraît pas judicieux. D’abord parce qu’il y a beaucoup d’autres chrétiens avant moi qui ont interprété, et que c’est peut-être plus simple d’aller d’abord voir ce qu’ils en ont dit plutôt que de me casser la tête sur des versets qui peuvent être compliqués. Ensuite parce que l’interprétation biblique n’est pas une fin en soi, me semble-t-il. Il s’agit d’abord et avant tout d’approfondir notre relation au Dieu vivant révélé en Jésus-Christ. Nous ne sommes pas là d’abord pour faire des interprétations. Si les interprétations que je lis ne me semblent pas renvoyer à un approfondissement de ma relation au Christ mais que, par exemple, elles cherchent à défendre une idéologie ou à faire admirer l’intelligence de l’interprète, je préfère prier, reprendre le texte et alors, proposer une interprétation. Ce sera la mienne, mais j’aurais cherché à travers elle à mieux faire connaître le Seigneur et son amour.

Que penser de la pratique spirituelle de la coupure des liens générationnels en vogue dans certains milieux charismatiques ? [Jack]

L’idée qui se trouve derrière cette pratique c’est de mettre en œuvre, d’activer une réalité spirituelle décrite par Ezéchiel et Jérémie : quand les temps messianiques seront accomplis, il n’y aura plus la fatalité de subir les conséquences de ce qu’on fait les générations précédentes. Dans leur langage : on ne dira plus que les parents ont mangé des raisins verts et que ce sont les enfants qui ont eu mal aux dents (Jérémie 31,29 et Ezéchiel 18,2).

Dans le même sens, Jésus lui-même a pris le temps de couper avec Joseph dans l’expérience au Temple à douze ans (Luc 2,49) et avec Marie pareillement à trente ans (Jean 2,4).
Il s’agit que la malédiction évoquée dans les dix commandements (Exode 20 et Deutéronome 5), puisse être levée par le Seigneur : on ne sera plus maudit jusqu’à la troisième et quatrième génération de ceux qui haïssent Dieu.

Pour autant, quand cela devient une théologie à part entière à l’intérieur de la théologie biblique, il faut se questionner. Ce n’est pas parce qu’on prononce des phrases tous azimuts qu’on est libre des problématiques ancestrales. C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la mobilisation des ces réalités devient pertinente.

Est ce que suivre Christ nécessité forcément le baptême par immersion- un païen ne peut-il pas vivre une vie pleinement en Christ sans passer par ce baptême ? [Vincent]

Non, je ne crois pas. Les évangiles ne racontent nul baptême des premiers disciples et des premiers personnages qui se sont mis en route derrière lui comme par exemple l’aveugle Bartimée. La foi n’est pas donnée par un rite, quel qu’il soit, mais par une disposition intérieure à accueillir le Christ dans sa vie. Pour plagier Jésus dans les évangiles, j’ai envie de dire que le baptême a été fait pour l’Homme et pas l’Homme pour le baptême !

Ce qui n’enlève en rien la force de moment lorsqu’il est vécu et partagé avec des frères et des sœurs, par immersion ou pas d’ailleurs. Ce n’est pas le baptême qui permet la vie en Christ, mais il la construit et l’enrichit considérablement, c’est indéniable. Il existe sur ce site (et ailleurs !) d’autres articles qui vous permettront de creuser plus avant le sens du baptême.

Qu’est-ce que le « péché originel »? Est-ce biblique ? [Pauline]

La doctrine du « péché originel » désigne l’idée que l’être humain est pêcheur, au sens de séparé de Dieu, du fait même de sa nature humaine (de son « origine ») et il s’agit d’une tentative d’explication de l’origine du mal dans le monde. Elle a été formulée ainsi par Saint Augustin au IV° siècle, et a fait couler depuis beaucoup d’encre ! De très nombreux textes bibliques explorent chacun à leur façon cette « nature pécheresse » de l’humain, dont le très connu récit de la Genèse avec Adam Eve et le serpent. A ce titre, cette idée est donc effectivement biblique. Mais la conceptualisation de l’idée ne l’est pas, elle est plus tardive. Il n’y a pas à proprement parler dans la Bible de passage intitulé « le péché originel », mais elle raconte à longueur de page la stratégie mise en place par Dieu pour ne pas laisser l’humain vivre séparé de Lui et le sauver de cette malédiction aux diverses conséquences; c’est ce qu’on appelle le Salut.

Comment les protestants célèbrent-ils Noël ? Quelles coutumes et traditions ont-ils ? [Josie]

Les « coutumes et traditions », comme vous le dites fort bien, sont avant tout des éléments culturels, bien plus que théologiques… Si l’on ajoute à cela que les protestants sont attachés au fondement biblique de leur pratique, et que concernant Noël on n’a vraiment aucune trace de l’institution de cette fête… J’ai envie de dire que les différences dans les façons de fêter Noël sont sans doute plus grandes entre pays du Nord et du Sud qu’entre protestants et catholiques ! En même temps, comme à Noël on fête l’incarnation de Dieu en Christ, cela semble aussi normal que chaque culture « incorpore » ce message dans sa propre façon de penser et de vivre. Un exemple : on dit souvent que les pays protestants ont inventé l’arbre de Noël en s’appuyant sur l’image biblique de l’arbre toujours vert qui porte du fruit toute l’année. Certes, pourquoi pas, mais on peut aussi remarquer que comme par hasard cette tradition est née dans des pays où les sapins sont plus faciles à trouver que les bananiers… Et j’aurais bien du mal à justifier que l’arbre de Noël soit plus biblique que la crèche !!! Bref, à Noël les protestants font en gros comme les autres chrétiens de leur pays, en insistant de façon diverses sur les éléments bibliques de cette fête et en laissant libre cour à leur imagination…

Qu’est-ce qui différencie les attestants et un groupe tel que l’UNEPREF ? [Henri]

L’UNEPREF n’est pas un « groupe » ! Cet acronyme désigne l’Union Nationale des Eglises Protestantes Réformées Evangéliques de France (c’est un peu long… respirez !), une union d’Eglises s’appelant auparavant « Eglises Réformées Evangéliques Indépendantes ». Elles regroupent une quarantaine d’Eglises locales qui n’avaient pas souhaité rejoindre l’unité des Eglises réformées en 1938, d’où cet ancien nom, et d’autres qui les ont rejointes depuis. Avant 1938, en effet, il existait plusieurs unions d’Eglises Réformées en France, séparées essentiellement pour des raisons doctrinales.

Les Attestants pour leur part ne sont pas une Eglise mais un « groupe », un mouvement créé en 2016 au sein d’une autre union d’Eglises protestantes, l’Eglise Protestante Unie de France. l’EPREF et l’EPUdF sont toutes deux membres de la Fédération Protestante de France (qui regroupe d’autres unions d’Eglises d’ailleurs) et partagent des services communs, comme le service protestant de Mission (le DEFAP, dont l’EPREF est sortie en 2024). Ces différences de dénominations n’empêchent bien sûr pas que l’on partage des convictions communes, entre protestants.

Je pense que dans le Royaume de Dieu tous ces sigles et étiquettes n’auront plus cours… Mais c’est une autre question !