« Dieu aurait pu se passer de la croix ». Que répondre à ce type de message ? [Pierre-Henry]

Dieu a choisi la croix comme une réponse à toutes nos prétendues sagesses et toutes nos tentatives de penser hors de son alliance. Je répondrais pour ma part sobrement par les réponses que la Bible elle-même nous propose :

  • Il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. – Colossiens 1,20
  • [Christ] a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. – Colossiens 2,15
  • Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j’en parle maintenant encore en pleurant. – Philippiens 3,18
  • La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. – 1 Corinthiens 1,18
  • Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! – Galates 6,14
  • Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. – Matthieu 10,38

Pourquoi Dieu a-t-il endurci Pharaon ? [Emmanuel]

Vous faites référence au récit des plaies d’Égypte raconté dans le livre de l’Exode (chapitres 7 à 10) dans lequel plusieurs fois il est effectivement précisé que c’est Dieu endurci le cœur de Pharaon pour mieux le punir ensuite, ce qui semble assez pervers à première vue. Mais je nuancerai notre indignation de plusieurs pistes de réflexions :

  • Pharaon est montré tout le long du récit comme un homme au cœur dur et qui persécute le peuple hébreu sans scrupules; c’est un homme méchant et qui se croit comme étant l’égal de Dieu. Plusieurs fois d’ailleurs le récit note que le Pharaon endurcit son cœur très bien tout seul ! C’est en quelque sorte à ce « jeu » là que Dieu le prend au mot pour le remettre à sa place humaine : endurcir son cœur pour l’obliger à regarder en face les effets de cette dureté.
  • En ce sens l’action de Dieu est un révélateur de ce qui n’aurait peut-être pas été visible aussi bien, mais qui était quand même la vérité. Dieu grossit le trait et accélère le processus, mais on peut penser que de toute façon c’est ce qui se serait passé. Ce faisant, Dieu accélère aussi son action et la rapidité avec laquelle survient la libération d’Israël.
  • Enfin, cela m’a fait penser à cette phrase de l’Évangile : « on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a. » (par exemple en Mat 25,29 à la fin de la parabole des talents) et qui me semble désigner le mystère de la foi et de l’espérance. Il suffit d’ouvrir un peu la porte de la confiance pour que Dieu entre et que notre foi grandisse; mais à celui qui choisit de se méfier (de s’endurcir le cœur) même le peu d’espérance qu’il avait finit par disparaître. Dans tous les cas, Pharaon était bien décidé à s’opposer à Dieu : en cela il est la figuré du pécheur qui ne se repend pas.

Satan et les démons peuvent-ils lire dans nos pensées ? [Peps]

Dieu seul a accès à notre âme et à notre esprit.
Nous pouvons donner accès à notre âme (ψυχή) par la parole échangée. Nous pouvons dévoiler aux autres ce que nous pensons par le biais de la verbalisation.
Mais Dieu connaît notre cœur : « Moi, l’Eternel, j’éprouve le coeur, je sonde les reins » (Jérémie 10,7).

Satan et les démons ne connaissent pas nos pensées. Mais ils peuvent connaître nos mauvaises habitudes et appuyer sur les bons boutons pour nous pousser dans une mauvaise voie.
Seuls les esprits de divination ont accès à nos pensées. Vous pouvez relire à cet effet l’histoire de l’esclave avec un esprit de Python en Actes 16,16-23.

Le « Jesus Seminar » est-il digne de confiance ? Certains théologiens nient que Jésus a été ressuscité corporellement/physiquement. La résurrection n’est-elle qu’un mythe ? [Sophie123)

Le « Jesus Seminar » est un groupe d’historiens anglo saxons cherchant à établir l’historicité de la vie de Jésus. En tant que démarche scientifique, ce travail ne me paraît ni plus ni moins digne de confiance que n’importe quel autre. Mais comme souvent en ce qui concerne les sciences, il s’agit de ne pas considérer que les résultats auxquels ces chercheurs sont parvenus soient la vérité ; au prétexte qu’ils utiliseraient des méthodes « objectives » de recherches. Les méthodes utilisées en histoire sont toujours critiquables et permettent souvent à leurs utilisateurs de dire ce qu’ils ont envie de dire, tout en prétendant ne faire qu’observer leurs sources de façon neutre. Ainsi, nier la résurrection corporelle de Jésus est une opinion historique, procédant d’une interprétation particulière des sources, les évangiles. Que des personnes affirment que Jésus n’est pas ressuscité des morts est leur droit le plus absolu, qu’elles prétendent le faire en s’appuyant sur une démarche scientifique également. Il faut simplement qu’elles acceptent alors qu’elles ne sont pas ou plus chrétiennes, car la résurrection physique de Jésus est un élément central de la foi chrétienne (relire I Corinthiens 15). Délimiter l’espace de sa foi à ce qui est seulement démontrable ou même concevable est en fait une façon de n’avoir confiance qu’en sa raison… Ce qui est une des formes de l’idolâtrie.

Melchisédek est-il une prophétie de Jésus ? La similitude entre eux dans la Genèse est stupéfiante. Hébreux appelle Jésus un prêtre de l’ordre de Melchizédek- mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? [Pil]

La question est d’une portée immense, plus grande que mes capacités de réponse. Cependant, une lecture d’Hébreux 7 (le chapitre auquel vous faites référence) me semble pouvoir aboutir à certaines conclusions :

Le verset 3 (« On ne lui connaît ni père, ni mère, ni aucun ancêtre ; on ne parle nulle part de sa naissance ou de sa mort. Il est semblable au Fils de Dieu : il demeure prêtre pour toujours ») me semble clairement faire un parallèle entre le Melchisédek qui est décrit et le Fils.

Melchisédek est supérieur à tout autre prêtre, car même les prêtres d’Israël lui sont inférieurs (versets 9 et 10 : « quand Abraham a payé le dixième de ses biens, Lévi l’a payé aussi, lui dont les descendants reçoivent le dixième de tout. Car bien que Lévi ne fût pas encore né, il était en quelque sorte déjà présent dans son ancêtre Abraham quand Melkisédec vint à sa rencontre. »)

Régulièrement le texte d’Hébreux cite le psaume 110 verset 4 pour l’appliquer à Jésus et ainsi signifier qu’en lui, le Fils est venu accomplir définitivement le rôle de grand prêtre, après lequel plus aucun sacrifice n’est nécessaire.

Pour moi donc, ce texte de la lettre aux Hébreux établit clairement le lien entre le Melchisédek de la Genèse et Jésus. Peut-être cela peut-il aussi être rapproché de Jean 8. 56 (« Abraham, votre père, s’est réjoui à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux. ») même si cela semble davantage faire référence à Isaac, auquel Jésus s’identifie.

Mon ancêtre était un réfugié huguenot pendant la révocation. Si je visite la France en tant que touriste- y a-t-il quelque chose que je dois savoir avant d’assister à un service d’Eglise EPUdf ? [Jack]

Tout dépend de votre habitude ecclésiale dans le pays où vous habitez, parce que l’on mesure toujours les différence par rapport à un point de repère… Si votre repère est celui de la pratique des huguenots au moment du refuge alors il est important que vous sachiez que la plupart des personnes que vous pourrez dans rencontrer dans l’EPUdF n’ont pas cette histoire ni cet héritage; les églises locales sont en général de petite taille, fraternelles, et composées d’individus aux parcours spirituels et culturels extrêmement variés; selon les lieux et les cultes vous pouvez donc y trouver une très grande diversité (et créativité) liturgique et théologique.

Est ce que les enfants peuvent prendre part à la cène s’ils ne sont pas baptisés ? [Nalfety]

La pratique des Eglise réformées et luthériennes jusque dans les années 1980 était de réserver la Cène aux enfants baptisés qui avaient été enseignés et avaient confessé leur foi le jour de leur confirmation. Les pratiques sont aujourd’hui plus libres et varient selon les églises. Il convient de demander à votre pasteur de vous expliquer la position de votre église sur ce sujet.

La première Cène a été célébrée par Jésus, avec ses disciples, ceux qui, malgré leurs défauts et leurs chutes désiraient le suivre. Paul, en 1 Corinthiens 11/27-34 recommande de prendre la Cène dignement, en discernant le corps du Christ. Il ajoute que celui qui boit et mange sans discerner ce qui est donné, est jugé par ce qu’il fait. Ainsi, la Cène n’est pas un petit goûter communautaire amusant. C’est le signe de ce que Christ a accompli pour nous. Recevoir la Cène, c’est accueillir le pardon et la grâce de Dieu, si bien que manger et boire sans comprendre et désirer ce qui est donné équivaut à un rejet du Christ lui-même.

C’est ainsi que je trouve relativement logique d’attendre que l’enfant-le jeune ou même l’adulte soit enseigné et ait eu l’occasion de confesser sa foi à l’occasion de son baptême pour lui proposer de prendre part au Repas du Seigneur, qui en est la suite logique.

Comment peut-on expliquer le geste de Séphora dans Ex4:25? Est-ce Dieu voulait mettre son amour à l’épreuve ? Ou était-ce comme Jacob à Béthel- un lieu sacré dont ils n’avaient pas connaissance ? [Jin]

Le geste de Séphora est à replacer dans le contexte des versets autour de celui que vous citez. Il est écrit : « Pendant le voyage, à l’endroit où ils passaient la nuit, l’Éternel l’attaqua et chercha à le faire mourir. » (celui que l’Éternel cherche à faire mourir est Moïse. Il faut noter que le verbe traduit par « attaquer » peut aussi se traduire par « rencontrer »). (Exode 4. 25) Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que cela signifie ? La Bible reste muette là-dessus dans ce passage. Exode 4. 24-26 constitue un des passages les plus obscurs de la Bible. Il n’en reste pas moins que cela à avoir avec la circoncision du fils de Moïse (Guershom ou Éliézer). La tradition rabbinique propose l’interprétation la plus convaincante à mes yeux : Moïse n’avait pas fait circoncire son fils, ce qui était grave, au regard du fait que ce geste signifie l’appartenance au peuple de l’Alliance. Dieu s’est opposé à ce que le retour de Moïse vers l’Égypte se fasse sans que cet acte soit accompli. C’est Séphora qui aurait alors circoncis elle-même son fils, pour éviter la mort de Moïse. Son cri provient de la violence du geste accompli au regard de l’enjeu, et donc de la colère de Séphora à l’encontre de Moïse.

Est-ce dans l’esprit biblique et de l’enseignement du Christ que de dénoncer régulièrement- au détour d’une prédication- les impôts (« racket légal »)- la sécu (« produit l’assistanat »)- l’Etat….? [Pep’s]

Je suppose que votre question évoque des prédications que vous avez entendues. Je ne prétends pas juger le prédicateur qui a tenu les propos que vous rapportez ici, mais il me semble en effet problématique d’exprimer des convictions socio-politiques, surtout de façon régulière, dans une prédication. Ceci dit, entendons nous bien : la prédication, en tant qu’annonce du royaume de Dieu et appel à la repentance et à la conversion, ne peut pas ne pas avoir de répercussions sociales, voire politiques, sur les fidèles. Mais c’est à chacun de mesurer, à l’aune de ce qu’il lit dans la Bible et de la cohérence avec le message qu’il a reçu, ce qu’il convient de faire dans sa vie pour rendre témoignage à la Seigneurie du Christ.

Pourquoi la consommation de pornographie est-elle considérée comme un péché ? Est-ce que le porno est une forme de prostitution (puisque les femmes sont payées pour poser nue/faire des actes sexuels) ? [Terry]

La Bible ne parle pas de la pornographie. Elle dit  que la sexualité se vit correctement dans le cadre d’un engagement, le mariage. En dehors de ce cadre, la sexualité est un adultère si on est déjà marié ou de l’inconduite sexuelle si on ne l’est pas encore. Inconduite et adultère viennent briser l’unité que Dieu veut pour l’homme et la femme mariés (1 Corinthiens 6 et 7, Marc 10,1-12).

Regarder de la pornographie n’est pas accomplir un acte sexuel avec quelqu’un, certes. Cependant, Jésus considère que l’adultère débute dans le regard (Matthieu 5,28). Il n’est pas besoin non plus de grande dissertation pour expliquer que le visionnage de tels films ne favorise ni la formation ni la continuité de couples stables.

Le second aspect de se problème de situe au niveau de notre responsabilité par rapport aux personnes qui tournent de tels films. Jésus nous demande d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Si nous pensons ne pas devoir livrer notre corps pour de l’argent, parce que là n’est pas la bonne volonté de Dieu pour l’humain, nous ne pouvons pas favoriser cette pratique.