Qu’est-ce que la prédestination ? Comment articuler la prédestination et la liberté de l’homme face à l’appel de Dieu ? [Valérie]

La prédestination (lire p. ex. Romains 8 / 28-32), c’est la certitude d’avoir été aimé et choisi gratuitement par Dieu dans sa liberté. Il n’est pas lié par nos origines, notre vie, notre passé, notre présent, notre avenir, ni par rien d’autre. Dieu est libre et dans son amour il choisit librement, et son amour transforme la personne aimée, quelle qu’elle soit ou qu’elle ait été.

L’être humain séparé de Dieu n’est pas libre, mais esclave (c’est le « péché originel »), contrairement à ce que proclame l’humanisme occidental. Esclave de toutes sortes de choses, d’instances, de puissances, intérieures ou extérieures, choisies ou subies (cf. la suite du même texte : Romains 8 /33-39). C’est Jésus qui libère de tout ça, c’est l’amour de Dieu reçu dans la foi qui fait de nous, à l’image de Jésus, des hommes et des femmes libres (ou en train d’être libérés).

La liberté du choix de l’être humain par rapport à la grâce souveraine et inexplicable de Dieu ? Celui qui croit sait que ce n’est pas son choix, mais il connaît son bonheur d’avoir été choisi. Et celui qui ne croit pas, quel choix a-t-il ? Quant au choix par Dieu, il peut parfaitement se manifester par un appel humain à répondre à son amour : l’évangélisation n’est pas de proposer le choix, mais de permettre aux aimés d’entendre la parole de l’Amant et de lui répondre… de ne pas pouvoir faire autrement que de lui répondre !

Quelle Eglise luthérienne s’est associée à l’ERF pour donner EPUF ? [Dom]

L’Eglise Evangélique Luthérienne de France s’est alliée à l’Eglise Réformée de France en 2013 pour former l’Eglise Protestante Unie de France.

L’EELF était formée de deux entités, une centrée sur le pays de Montbéliard, et l’autre sur Paris (bien qu’allant jusqu’à Nice ou Lyon). Les synodes luthérien et réformé de Montbéliard et de région Est ont une pleine unité. L’unité des synodes réformé et luthérien à Paris n’est pas encore totalement aboutie.

Si Dieu a créé le monde, qu’il a tant aimé le monde et qu’il est tout-puissant, pourquoi y a-t-il tant d’injustices, de guerres, de famines et de catastrophes naturelles ? [Guillaume]

Voici une question que nous nous posons sans doute tous un jour. Elle est comme l’expression de notre révolte devant le mal que nous voyons agir sous nos yeux de multiples façons, et si nous sommes croyants alors nous avons légitimement envie d’interpeller Dieu et de l’appeler au secours. Nous aimerions qu’il agisse et supprime d’un coup de baguette magique ce qui nous fait souffrir !

Seulement voilà, justement Dieu aime le monde, et en particulier les humains, et la Bible nous raconte que sa toute puissance ne consiste pas à faire du monde quelque chose de figé et d’inerte, ni de l’humain des marionnettes sans liberté. Sa toute-puissance crée et veut la vie, en Christ il s’est même complètement engagé dans ce combat pour la vie et contre la mort. Dans votre question il y a deux registres différents : le mal causé par l’humain (injustices, guerres…) et celui qui lui échappe (catastrophes naturelles…). Dans le premier cas, on peut dire que Dieu n’agit pas parce que sinon il reviendrait sur son pacte d’amour et de liberté; il veut que nous choisissions librement la justice et la Paix car s’il nous l’impose, alors nous ne sommes plus libres. « Choisis la Vie afin que tu vives » est-il dit (Deut 30.19)

Dans le second cas, celui des catastrophes naturelles, il persiste une part de mystère. peut-être certaines sont-elles causée par l’humanité… Ou permettent-elles le rétablissement d’équilibres qui nous échappent… En tout cas, il y a une tentation à laquelle il nous faut résister : croire que c’est Dieu qui nous enverrait ces catastrophes. Le Dieu de Jésus-Christ ne justifie pas le mal, il le combat et choisit le côté des victimes; la Bible nous dit même que dans la foi, il est possible d’être plus fort que tout ce qui nous écrase et que c’est la Vie qui triomphe en Christ.

Comment se fait-il que l’Islam parle positivement de Jésus (Issa) alors que trop de ses adeptes ne rêvent que d’éradiquer les chrétiens et les juifs de la planète ? [Philippe]

Je ne suis pas sûre que « l’Islam » parle… C’est qui « l’Islam » ? En fait, soit on s’appuie sur ce que dit le Coran, soit sur ce que les musulmans disent de ce que dit le Coran. Et dans les deux cas les choses sont complexes car :

  • Si le Coran reconnaît effectivement Jésus comme étant un prophète, il aborde aussi dans d’autres versets la relation que les musulmans doivent avoir avec les autres croyants, et il l’aborde je crois sous plusieurs angles… Pas toujours concordants entre eux. (Bon honnêtement je suis pasteur et pas spécialiste du Coran… C’est à un imam qu’il vaudrait mieux s’adresser pour les détails…)
  • « Ce que dit le Coran » est donc toujours le fruit d’une interprétation de celui (ou celle) qui dit « ce que dit le Coran », et qui pour dire cela s’appuie sur sa propre lecture, fait des choix de priorités entre les versets, décide de suivre telle ou telle tradition, etc… Et surtout sur l’image de Dieu qui est la sienne. Par exemple, si je crois que Dieu est avant tout un juge sévère, je vais avoir tendance à privilégier les versets qui vont dans ce sens et à négliger ceux qui pourraient contredire ce que je crois. Les musulmans appartiennent à des courants ayant des compréhensions de Dieu parfois très différentes les unes des autres et on ne peut donc pas dire « l’Islam dit que… »
  • On trouve aussi une telle diversité dans le christianisme, qui alimente de nombreux débats depuis 2000 ans. Les chrétiens se sont beaucoup entre-tués au long des siècles parce que certains considéraient ce que pensaient les autres comme dangereux pour leur propre foi. Les uns et les autres ont souvent cherché dans la Bible des versets qui justifiaient leur violence… Et ils ont trouvé ! Mais ça ce n’est pas lire un texte, c’est l’instrumentaliser… Ce qui nous arrange souvent, pare que c’est plus facile que d’être remis en question. D’ailleurs beaucoup de ceux qui disent s’appuyer sur le Coran ne l’ont en fait jamais lu !
  • Pour les chrétiens en tout cas, Jésus n’est pas seulement prophète mais fils de Dieu venant nous ouvrir au mystère de l’amour de Dieu. En ce qui me concerne, je crois que la haine de l’autre est fondamentalement incompatible avec ce Dieu-là. Mais c’est une affaire d’interprétation… Et de foi.

Est-ce que François Fillon est vraiment chrétien ? [123Belfort]

Il est toujours très difficile et délicat de se prononcer sur la foi de quelqu’un. Cependant les écritures nous donnent certains critères de jugement;  j’en retiens deux: la confession de la bouche: »C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10: 32). Mais ce critère n’est pas suffisant, s’il ne s’accompagne pas des actes: « Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7: 21).

Appliquons ces critères à  François Fillon, qu’est ce que cela donne ? Il me semble que le premier critère est satisfait puisqu’il s’est publiquement déclaré chrétien. Par contre pour le second, c’est plus difficile, le temps nous le dira. Mais par prudence et humilité, laissons à Dieu le dernier mot sur ce genre de question, lui seul sonde les cœurs et pourra dire en fin de compte qui lui appartient ou pas.

 

 

 

Que voulait dire Paul dans Colossiens 2:5 ? Pouvait-il être « en esprit » avec des personnes tout en étant absent de corps ? Ou s’agit-il d’une image ? [Jo]

 

Assurément Paul n’était pas un adepte du voyage astral ou de la sortie en esprit. Il s’agit donc d’une formule pour dire sa communion spirituelle avec ce que vivent les Colossiens. Il se sent spirituellement en accord avec eux.

Je pense qu’ici on n’est pas dans le même registre que d’autres expériences plus extatiques, comme Paul qui se demande si sa conversion a été dans son corps ou hors de son corps (2Corinthiens 12) ou encore les expériences visionnaires comme Jérémie ou Jean.

Peut-on jouer aux jeux de hasard en tant que chrétien ? Y a-t-il un texte biblique qui en parle ? [Patrick]

Il n’y a pas de texte biblique qui parle directement des jeux de hasard. Pourtant le fait de se prêter à ces jeux en tant que chrétien pose, me semble-t-il, question.

Je vois deux motivations principales au jeu de hasard :
-gagner de l’argent pour des choses superflues
-gagner de l’argent pour satisfaire ses besoins

Dans le premier cas, le verset Hébreux 13,5 me semble clairement suffire pour inviter à la prudence.

Pour le deuxième cas, se pose la question de la juste acquisition des biens (Proverbes 13,11). Quand on voit le système social que Dieu instaure pour que Son peuple vive libre, on constate que, par une juste répartition des terres (Josué13-19, voir aussi Lévitique 25), Dieu a le souci que chacun puisse vivre de son travail (cet idéal se retrouve chez Paul en 2Thessaloniciens 3,10). Le bien justement acquis bibliquement est idéalement lié au fruit de son travail. Si nous sommes dans un contexte où on ne peut pas vivre décemment de son travail, alors c’est le système qui pose question… mais quel que soit notre contexte, Dieu nous appelle à faire confiance en Sa providence (Matthieu 6,26) et à persévérer, en conscience, dans Ses voies.

Les paroles de Jésus en Mt 10:34-36 ne sont-elles pas contradictoires à son message d’amour réciproque ? Pourquoi tant de violence de la part de Jésus dans ce passage ? [Alex]

Matthieu 10:34-36 dit ceci : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. »

Je crois que c’est un principe de lucidité de la part de Jésus. Son message est scandaleux, et fou. Qui peut accepter qu’il sauve des pécheurs sur la seule base de leur acceptation de la grâce de Dieu et leur repentance. C’est choquant pour ceux qui essayent d’avoir une vie juste.
Le fait que son message fasse scandale va créer de l’opposition, comme dans la parabole du fils prodigue où l’aîné est vraiment dans l’incompréhension par rapport au cadet dont il trouve que le retour est un peu « facile ».

De toute façon, la paix que Jésus nous donne, il ne nous la donne pas comme le monde nous la donne (Jean 14:27). Et donc, étonnamment, c’est à cause de cet amour immense qu’il donne et qui est inacceptable qu’il y aura du rejet, jusqu’à… le faire crucifier comme s’il était un criminel !

D’où vient le mot Parabole, puisqu’on dit que Jésus parlait tout le temps en paraboles ? [Seb]

C’est un mot qui vient du grec signifiant comparaison. Une parabole est une courte histoire qui s’appuie sur des éléments de la vie courante pour parler et présenter quelque chose de plus essentiel, de plus profond.

Et effectivement Jésus a souvent parlé en paraboles. Il a même répondu à ses disciples qui lui ont demandé pourquoi il parlait aux gens en paraboles (Matthieu ch. 13, verset 12 et suivant). Dans ce texte il a dit à ses disciples que Dieu leur donnait à eux de connaître les vérités cachées venant de Dieu. Eux qu’il a appelé.

Alors Jésus parlait en parabole pour aider chacun à comprendre qui est Dieu. Et soit nous nous situons comme un de ses amis, soit comme un de ses détracteurs. Il y a là un vrai choix et la réponse que nous y apporterons nous permettra ou pas de comprendre.

C’est à travers la proximité avec Jésus que nous pouvons appréhender ce qu’il dit et recevoir ce qui vient de Dieu.

L’expression « judéo-chrétien » n’est-elle pas un pléonasme ? Quand on est chrétien, on est forcément « judéo-chrétien », n’est-ce pas ? [Antoine]

A mon sens, cette expression n’est en rien un pléonasme. On appelait « judéo-chrétien » le juif devenu chrétien par sa conversion au message de Jésus-Christ, et « pagano-chrétien » le non juif devenu chrétien également par la conversion. On peut penser que cette distinction était faite au début du christianisme pour signifier que toutes celles et tous ceux qui croyaient à l’Evangile n’étaient pas tous (toutes) d’origine juive. Bien entendu, cela n’enlève rien au fait indéniable que le christianisme a ses origines dans le judaïsme.

Mais dans l’imaginaire journalistique, judéo-chrétien est presque toujours associé au concept de « Morale judéo-chrétienne » qui est une aberration, confondant la morale puritaine de la seconde moitié du XIXème siècle avec les préceptes de l’Evangile. Quand on voit Jésus, on se demande s’il était très préoccupé par la morale de son époque, passant son temps à la transgresser…