« Tu ne tueras point » ; ce commandement ne s’applique pas seulement aux autres humains. Les autres créations de Dieu ne doivent pas être tuées non plus. Place du végétarisme dans la chrétienté ? [Carole]

Ce n’est pas tant « tu ne tueras point » que « tu ne commettras pas de meurtre ».
Donc cela concerne les humains. C’est le verbe « assassiner ».
Le chrétien peut vouloir être végétarien, c’est son droit, conformément à Romains 14 notamment. Mais ce n’est assurément pas sur ce commandement qu’il doit se fonder. Le végétarisme est un choix personnel et pas une prescription biblique.
Manger de la viande est possible depuis Caïn et Abel et/ou le déluge en Genèse.
Manger toutes les viandes est possible depuis la vision de Pierre dans les Actes.

L’enjeu de la casheroute (manger casher) dans le judaïsme est de continuer à manger de la viande en prenant en compte la bientraitance des animaux.

Comment parler de Dieu le Père à ceux qui ont une relation conflictuelle (conflit- absence- traumatisme-…) avec leur père terrestre ? [Philippe]

D’abord en les écoutant, pour entendre où se situe chez eux le problème dans leur relation avec leur père terrestre, et en quoi cela peut affecter pour eux la notion de Dieu comme Père.

Ensuite, je crois qu’il ne faut pas forcer le dialogue dans le sens de : « Si tu ne crois pas à Dieu le Père, ou si tu ne pries pas Dieu le Père, tu n’es pas un bon chrétien… » Après tout, si Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ, le Fils, c’est aussi pour inviter les humains à une rencontre à un autre niveau que seulement la relation Père-enfants.

Dieu n’est pas que Père. Il est aussi Fils, (et donc, pour nous chrétiens, en quelque sorte, frère en Jésus) et Esprit (en hébreu, le mot traduit par Esprit, rouah, est féminin) ; Dieu peut être ému aux entrailles quand il voit ses enfants souffrir. Or cette manière de parler de lui relève de la féminité plus que de la masculinité. La tendresse de Dieu est infinie, comme sa patience. Si quelqu’un a du mal avec la notion de Père, pas de souci, donc.

Je suis chrétienne et j’aimerais me marier avec un judeo-chrétien- est-ce que notre mariage sera reconnu par Dieu si je ne me marie pas à l’Eglise ? Peut-on se marier « deux fois » ? [Lib]

Votre question semble interroger la possibilité de se marier avec quelqu’un d’une confession chrétienne différent ou d’une religion différente. La Bible ne parle pas d’institution du mariage. Elle parle, en revanche, de l’unité du coup, de l’appel à vivre cette unité dans l’engagement à la fidélité pour toute la vie (Genèse 3/23-24). Ainsi le protestantisme reconnait le mariage civil, comme le « vrai mariage ». La mairie est en effet le lieu qui rend possible la prise d’engagement de chacun des membres du couple. Dieu entend ces engagements (Matthieu 5/37).

La bénédiction au temple protestant vient après ce mariage. Il permet au couple de remercier publiquement Dieu, de lui demander son aide et de recevoir la prière de la communauté. Une telle cérémonie est pertinente si elle correspond au désir des deux membres du couple. L’accumulation de deux cérémonies religieuses ne m’apparaît donc pas porteuse de sens.

Pourquoi certaines femmes disent « mon corps- mon choix » ? Pour être comme les hommes ? [Jean-Yves]

Certaines femmes utilisent cette phrase pour signifier qu’il leur revient de choisir d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants en employant les moyens qui rendent cela possible. Les hommes ont, en effet, plus facilement ce choix, puisqu’ils ont de tout temps pu fuir leurs responsabilités en abandonnant mère et enfant. Nous pouvons, en effet, ainsi, interpréter cette phrase comme l’expression de la volonté des femmes de pouvoir faire « comme les hommes ».

Si on interroge cette position des femmes, tout autant que celle des hommes fuyants, à la lumière de la Bible, nous remarquons que c’est un tout autre modèle qui nous est proposé, quant à la manière de vivre la sexualité et la fertilité qui l’accompagne. La Bible répète un certain nombre de fois, de l’Ancien au Nouveau Testament que l’homme et la femme sont créés pour devenir « un » (Genèse 2/24). C’est ainsi dans l’engagement qui rend stable cette unité que la sexualité est appelée à se vivre, dans la responsabilité réciproque, en assumant ensemble ce qui pourrait advenir (1 Corinthiens 7/3-4). Cela implique le respect du choix et du corps de l’un et de l’autre, comme de celui de l’enfant qui, s’il est conçu, est déjà quelqu’un pour Dieu (Psaume 139).

Quelle différence entre repentance et confession ? La repentance doit-elle toujours précédée de la confession ou vice versa ? [Jin]

Trois mots sont assez souvent employés dans le Nouveau Testament pour parler de la réaction de l’homme fasse à son péché.

Le premier mot employé désigne le regret, le remord, face à une action que l’on considère comme inadaptée. Ce regret, tout humain, peut avoir une conséquence positive ou négative (Matthieu 21/29 et Matthieu 27/3).

L’autre mot employé signifie aussi « conversion ». Il désigne un changement de mentalité et de comportement (Matthieu 3/1-8). Jésus, dit que ce changement est rendu possible par sa venue. En Jésus, le Royaume de Dieu s’approche (Matthieu 4/17). En effet, par sa mort sur la croix, le pardon et la guérison du péché (Ephésiens 1/7 par exemple) nous sont accordées.

La confession des péchés est à la fois la reconnaissance du péché qu’on regrette et l’affirmation de notre confiance dans le fait qu’en Jésus ce péché est pardonné et notre changement possible.

Ainsi, nous regrettons notre péché, puis nous nous tournons vers Dieu pour le confesser. Enfin, par sa grâce et selon sa promesse, nous sommes libérés de ce péchés, changés, « convertis ». Cf 2 Corinthiens 7/8-10. Dans le protestantisme, nous croyons qu’ il n’est pas indispensable de confesser notre péché devant un autre humain pour que le pardon nous soit donné. Cela reste possible et parfois utile. Une autre question traite de ce sujet sur ce site.

Comment considérer le Bouddhisme à la lumière de l’enseignement chrétien ? Quels sont ses vérités- quelles sont ses erreurs ? [Nicolas]

Le Bouddhisme est issu de l’Hindouisme et s’inscrit donc dans un cadre culturel assez précis. Je vais faire de très gros raccourcis, car cet article ne peut pas aborder tous les aspects de votre question de manière approfondie. Je vais donc être très long, et en même temps trop court… Désolé !

Le Bouddhisme repose sur l’affirmation, par Siddhartha Gautama (surnommé le Bouddha, l’éveillé), de quatre « vérités » fondamentales :

1- Toute vie implique la souffrance. Cela est appelé à se reproduire indéfiniment par le cycle des réincarnations (samsara) qui, pour les bouddhistes et les hindouistes, est une malédiction ! En effet, plus on souffre, plus on aura tendance à faire souffrir, à faire du mal, et cela aura une incidence sur les vies que l’on mènera plus tard.

2- La souffrance naît du désir que l’on a des choses.

3- Il est possible d’arrêter de souffrir. Cet arrêt total de la souffrance est appelé Nirvana. Cela n’a donc rien à voir avec un summum de plaisir, mais avec l’arrêt de la douleur.

4- Pour y arriver, il faut suivre les enseignements du Bouddha appelé « noble chemin », un ensemble de 8 grandes prescriptions éthiques, de pratique de la méditation et de sagesse.

Les points communs entre Christianisme et Bouddhisme vont se situer au niveau pratique (ne pas faire aux autres ce que l’ion ne voudrait pas qu’ils nous fassent, avoir un comportement mesuré dans la vie, ne pas mentir…).

Mais sur le fond, je ne vois en fait que des différences, par exemple :

-Hindouisme et Bouddhisme remettent fortement en cause la notion de personne, qui est centrale dans le Judéo-christianisme. Pour le Bouddhisme, le nirvana est une extinction, entre autre, de la notion même de personne, qui se « dilue » dans le Tout. Pour le chrétien que je suis, l’idée que ma personne finisse diluée est plutôt une mauvaise nouvelle. J’espère être, dans ma personne, en relation avec mon créateur.

-Dans sa trajectoire personnelle, le Bouddha a vaincu les tentations, puis est parvenu à l’éveil, le but ultime de la vie. Jésus a d’abord reçu la justification de toute existence humaine lors de son baptême (Il a reçu du Père la parole : « tu es mon fils bien aimé.. ») puis il a été tenté ! Nous, chrétiens, ne croyons pas que le sens profond de notre existence ne puisse être obtenu qu’à la fin d’un chemin de vie. Il nous est donné dès le départ !

-Ce n’est pas par des efforts personnels (comme, dans le Bouddhisme, la pratique des enseignements du Bouddha) que je réaliserai le but de mon existence, mais en acceptant que ce but m’est donné, par Dieu, en Jésus-Christ.

Devenir chrétien ! pour quoi faire ??? [Daniel]

Et bien… Pour rien. Non, objectivement, je n’ai pas de bonne raison à vous soumettre pour vous convaincre de de venir chrétien. J’en aurais plutôt plein de mauvaises… Mais que vous connaissez sans doute déjà si j’en juge par la ponctuation de votre question.

En fait on ne devient pas chrétien « pour faire quelque chose »; on devient chrétien parce qu’à un moment on ne peut pas faire autrement. C’est un peu comme si je vous demandais : « Tomber amoureux ! Pour quoi faire ??? » Là aussi nous sommes tous capables de lister les conséquences désastreuses de ce genre de chute, tout en connaissance la puissance de ce sentiment… Mais sérieusement, qui décide qu’il(elle) va tomber amoureux ??? Ce genre de choses vous arrive, et puis après on voit ce que l’on fait avec. Dans le cas de la relation amoureuse, cela peut devenir une belle histoire ou faire souffrir. dans tous les cas, il y a un « avant » et un « après ».

En général, on devient chrétien le jour où on réalise que Dieu est tellement amoureux de nous qu’il nous a fait, à chacun, le formidable cadeau de ce qu’il avait de plus précieux : son fils. Ce jour-là ne se décrète pas, il se vit. Littéralement, il ne « sert » à rien. Cela n’a aucune fonction utilitaire, et pourtant cela change la vie. Souvent, on éprouve le besoin de répondre à cet amour en s’engageant (c’est le baptême), de le partager (c’est l’Église), de le nourrir et de lui permettre de s’épanouir (en lisant la Bible, en priant…). Et voilà : on est devenu chrétien, mais c’est surtout Dieu qui a « fait » des choses pour nous…

Peut-on (prétendre) aimer ses frères en Christ sans aimer être avec eux ? Que dit la Bible à ce sujet ? [PC]

Aimer les autres sans les rencontrer, voici une bonne manière de ne faire de mal à personne, pourrait-on dire, en citant le verset de Romains 13/10 : »L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour est donc l’accomplissement de la loi. »

Il nous faut pourtant aller plus loin en cherchant ce qu’est vraiment l’amour selon Dieu. Nous trouvons sa définition clairement en 1 Jean 4/9-11. Nous apprenons dans ce passage que le modèle de l’amour est la mort de Jésus pour le salut des hommes. Ainsi, l’amour n’a rien de vagues mots ou de bons sentiments. Il implique un réel engagement pour l’autre. Or, comment veiller sur mon prochain, partager avec lui la Parole, l’aider matériellement ou en prière si je ne le rencontre pas en vrai ? Aimer « virtuellement », sans la rencontre, c’est fuir ce que la relation a de difficile, ces problèmes des autres que je me retrouve à devoir porter, ces reproches que je risque en disant la vérité…La Bible, qui nous parle de la venue de Dieu dans notre monde,  ne nous recommande pas de donner dans le  virtuel quand il s’agit d’aimer..

Galates 6/2 : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ » 

Faire l’amour avant le mariage est-ce que c’est un péché ? [Jehiela]

« Il ne faut pas coucher avant le mariage ; on risque d’être en retard à la cérémonie ». C’est ce que j’aime bien dire à ceux qui me posent cette question pour déplacer les enjeux et faire sourire.

Derrière cette question il y a une attente de validation ou de refus. Si on répond qu’il ne faut pas on devient un docteur de la loi qui parle sur la base de je ne sais quelle règle (c’est écrit où dans la Bible ?). Et si on répond positivement, on donne une caution à ceux qui veulent coucher n’importe comment.

Donc…
La question à se poser est autre : coucher ensemble, c’est faire un, c’est être couple. Mariage civil ou pas. Mariage religieux ou pas. Coucher c’est être mariés parce que l’union sexuelle pour Dieu est l’apanage du couple clairement uni. Et ce « clairement uni », dans notre cadre culturel et règlementaire c’est… le mariage entre un homme et une femme.

Le problème est donc que si on couche avec quelqu’un qui ne sera pas à terme notre conjoint, on sape cette relation durable en créant un adultère avant l’heure, que l’Ecriture appelle généralement fornication. C’est pour ça que la société a posé des marqueurs simples, pour une trajectoire lisible :
– on s’apprécie
– on se fiance (publication dans les familles et dans la famille de l’Eglise)
– on se marie (à la mairie en France, pour être vraiment considérés comme mariés par tous, dont l’Etat)
– on se marie (ou chez nous luthéro-réformés, on est bénis) à l’Eglise, pour mettre ça vraiment devant Dieu explicitement.

Un héritage m’est proposé ; ma situation étant déjà bonne. Je veux obéir à Jésus sur tout cet argent- or ; j’entends «prends- conserve». Comment savoir si j’ai l’intelligence obscurcie- si je pèche ? [Christophe]

Je ne peux pas entendre à votre place ce que le Seigneur a comme projet pour vous, et pour vous avec cet argent ; s’il vous demande de le prendre et de le conserver c’est peut-être qu’il veut vous amener à en faire quelque chose que vous ne savez pas encore ?

Ce qui est sûr par contre dans la Bible c’est que l’argent doit rester un moyen, et pas un but en soi, au risque de devenir une idole qui prend le pouvoir sur nos vies. Je ne vous cite que la parole la plus évidente (Luc 16,13) : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » Dans cet Évangile en particulier, Jésus nous met en garde contre ce pouvoir de l’argent que nous voyons aujourd’hui tous les jours à l’œuvre autour de nous.

Concernant cet héritage que vous mentionnez, la bonne question à se poser pour rester fidèle à l’Evangile est donc peut-être : en l’acceptant, de quoi vais-je hériter dans ma vie (qui peut être attaché à ceux qui vous lèguent cet argent par exemple), et est-ce que cela ne m’empêchera pas de témoigner de Christ ? Ou encore : vais-je rester libre vis à vis de cet argent, ou vais-je me mettre à prendre des décisions en fonction de lui ? Et pour savoir si on est libre ou pas vis à vis de l’argent, la Bible nous donne un tuyau : être capable de donner de son argent est plutôt bon signe !