Josué 6:21 – pourquoi Dieu a-t-il commandé le meurtre des femmes et des enfants à Jéricho ? [John]

Ce type de passage est difficile dans un contexte culturel très marqué par l’humanisme, qui tolère mal l’idée que Dieu pourrait sanctionner l’humanité.

Ce serait oublier que, si Dieu est amour, c’est dans le sens qu’il a pour projet de bénir l’humanité, mais que si les Hommes veulent s’émanciper de Lui, ils auront à en supporter les conséquences…

De même, on entend parfois que le Dieu de l’Ancien Testament serait un Dieu méchant et injuste. Ce n’est pas ce qu’enseignent les Ecritures.

Jéricho fait partie du pays de Canaan, un pays que Dieu a promis à Abraham de donner à sa descendance pour le bénir. Mais Dieu ne choisit pas ce pays au hasard… Il y règne une grande injustice, qu’Abraham va lui-même largement constater. Et c’est quand l’injustice en Canaan sera à son comble (400 ans plus tard… on voit la persévérance des Cananéens dans l’injustice) que Dieu va donner le pays à la descendance d’Abraham (Gn15,16).

En Dt 20, 16-20, Dieu ordonne la destruction de tout ce qui respire chez les peuples du pays de Canaan pour une raison simple : il ne faut pas que les Israelites soient mal influencés par l’idolâtrie et les pratiques « abominables » de ces peuples. A ce propos, il faut noter que Dieu épargnera Rahab, la « prostituée de Jéricho », parce qu’elle était du côté du Seigneur et de son projet.

La conquête de Jéricho était liée à un temps bien spécifique de l’histoire du salut, et rien dans la Nouvelle Alliance ne suggère qu’il faille exterminer les peuples idolâtres !

Mais la dureté à nos oreilles modernes (il ne faut toutefois pas minimiser la violence de l’humanité à cette époque) de ce passage nous interpelle sur trois points :

-Dieu sanctionne, tôt ou tard, ceux qui se révoltent contre lui. C’est Le Créateur et le maître de l’histoire, et Il fait comme Il veut.

-Il veut grandement bénir ceux qui, tel Abraham, ont foi en Lui.

-Si la bénédiction de Dieu traverse les générations, Sa colère aussi… Mais les Hommes ont toujours la possibilité de bénéficier de Sa bénédiction.

Dieu est amour… mais on ne se moque pas de Dieu.

Quelles sont les raisons de notre séparation avec les orthodoxes ? [Andria]

Notre séparation d’avec les orthodoxes ; je ne sais pas qui est ce « nous ». Ce qui est clair c’est que le christianisme a toujours été très morcelé d’une communauté à l’autre, et ceci dès l’apôtre Paul. En tout cas en 1054 un clivage profond s’est opéré par excommunication entre les christianismes d’orient et d’occident. C’était le fruit d’un processus durable qui avait deux origines :
– une origine politique, à savoir que l’empire romain s’était étiolé et que l’écart se creusait entre l’est et l’ouest, notamment à cause de la volonté des papes d’interférer dans la politique.
– une origine théologique, notamment sur la question de la nature du Christ. Est-il 50% homme et 50% Dieu ou bien 100% homme et 100% Dieu, pour faire court. Ce que la mémoire chrétienne a aussi beaucoup gardé, c’est notamment la querelle iconoclaste, avec la division entre les deux camps avec, d’un côté, ceux qui pensaient que Dieu pouvait s’exprimer au travers des images saintes, et à contrario ceux qui pensaient que c’était un tabou (lié au 2ème commandement).

Ce serait très long de vous en expliquer le détail. Vous pouvez cliquer ici pour avoir une explication plus savante, et que nous trouvons assez équilibrée.

La Trinité résumerait Dieu à un Père, un Fils et un Esprit-Saint ? Dieu est plus grand que ça, on ne peut pas capter sa nature ; c’est dur de le diviser en trois. Jésus serait Dieu et Fils de Dieu ? [Sarah]

Oui on ne peut pas limiter Dieu dans des définitions.

Mais en même temps on a besoin d’éléments pour le comprendre.

Dire qu’il est Père est un langage pour nous exprimer qu’il est un Dieu relationnel et pas seulement un « étant ».
Dire qu’il est Fils nous dit que quand on regarde Jésus, on voit le Père.
Dire qu’il est Saint-Esprit nous explique que Dieu n’est pas seulement créateur (début), sauveur (milieu), mais qu’il est aussi actuel.

Et dire que Dieu est un et trois à la fois, c’est aussi nous dire qu’il ne faut pas rêver de comprendre parce que c’est mathématiquement impossible. Définir avec de l’incompréhensible, c’est justement dire que ça dépasse nos capacités de perception.

La Trinité est donc un langage.
Ce n’est pas une définition de l’être de Dieu.
C’est une pédagogie.

Jésus est venu accomplir la loi. La loi dit « Tu ne tueras pas ». Personne ne prend la vie de Jésus- mais il la donne… et donc- logiquement- il se suicide. En quoi Jésus accomplit-il alors la Loi ? [Munch]

Le commandement appelant à ne pas tuer, (Exode 20, Deutéronome 5), use d’un mot hébreu qui parle du meurtre prémédité d’une autre personne et donc pas de suicide. Si le suicide est considéré comme une triste chose par les chrétiens, c’est une question de logique. En effet, si Dieu nous donne la vie et une espérance en Jésus-Christ, le suicide est le rejet de ce que Dieu donne.

La question est différente en ce qui concerne le sacrifice de Jésus-Christ, qui accueille, bien au contraire, la vie et la mission que le Père lui a donné, pour le salut des humains. Il accomplit alors la loi en aimant jusqu’au bout les humains dans l’obéissance au Père (Jean 15/13, Hébreux 5/7-9), pour que la vie triomphe (Romains 5/7-9).

Il a agi ainsi afin que nous puissions, dans les bons et les mauvais moment de la vie, compter sur lui et espérer toujours.

« Aime ton prochain comme toi-même ». Quelle est l’étymologie exacte de ce verbe « aimer » ? Agapè- philae ? Comment cette demande est-elle possible ? [Carole]

Ce verset qu’on trouve en Matthieu 19/19 est une citation de l’Ancien Testament (Lévitique 19/18). Le mot employé ici vient du mot grec « agapè. Ce mot qui désigne l’amour en le distinguant à la fois de l’amitié, du bien-être ensemble et du désir amoureux.

L’amour biblique n’est en effet pas un sentiment mais un engagement pour l’autre (1 Corinthiens 13). Le modèle de cet amour se trouve en Jésus mort et ressuscité pour que les hommes vivent (Jean 3/16). C’est cet amour de Dieu, qui en Christ  rend l’amour des autres possible (1 Jean 4/8-11).

Comment aimer notre prochain comme nous-mêmes ? En nous laissant premièrement aimer par Dieu, en accueillant son amour, en le laissant changer nos cœurs pour nous rendre capables d’aimer (Ezéchiel 36/25-27).

Est-ce vrai que d’après les Juifs d’aujourd’hui le nom de Jéhovah est erroné car l’alphabet Juif ne contient pas aucun lettre J ? [Mark]

Dans nos Bibles, le nom de Dieu est traduit le plus souvent par « Seigneur » ou « Eternel ». Ce nom présente la racine du verbe « être » en hébreu (voir Exode 3/14). Le problème se situe moins au niveau des consonnes de ce nom que de ses voyelles. En hébreux, à l’origine, les consonnes seules étaient écrites. YHWH ou JHVH sont des transcriptions possibles des quatre consonnes de ce nom. En revanche, lorsque les voyelles ont été ajoutées au texte biblique, au Moyen-âge, les juifs qui ont entrepris ce travail n’ont pas mis à ce nom ses « vraies » voyelles. En effet, afin de ne pas prononcer le nom de Dieu en vain, il était alors d’usage de ne pas dire ou écrire le nom de Dieu. Ils ont donc ajouté aux consonnes YHWH les voyelles du mot « Adonai » qui signifie « Seigneur ».  C’est par ce nom-ci : « Seigneur » que les juifs et la plupart des chrétiens s’adressent encore à Dieu aujourd’hui.

Le peuple juif n’a-t-il pas fait retomber la malédiction sur lui- avec la condamnation de Jésus par le Sanhédrin et la réponse à Pilate : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »? Mt 27, 25 [Aglaë]

La responsabilité du peuple d’Israël (il s’agit de la descendance génétique de Jacob) dans la mort de Jésus est claire : ce peuple a été particulièrement béni par Dieu (Rm 9,4-6), mais par sa révolte contre Dieu malgré toutes les bénédictions reçues, il a manifesté, en crucifiant son Messie, qu’il était sous l’emprise de la puissance du péché comme les autres peuples (Rm 3, 9-18) et qu’il avait besoin de la médiation de Jésus-Christ et du Saint-Esprit pour obéir fidèlement à Dieu.
Dans la Bible, la bénédiction de Dieu traverse les générations, et il en est de même pour une malédiction (Ex 34,7) : les enfants pâtissent des conséquences des péchés de leurs parents.
Mais pour un juif comme pour un non-juif, le pardon et une vie nouvelle, prometteuse de bénédiction, est possible : « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8,1 ; voir Jr 31,29).
De plus, concernant le peuple juif, l’infidélité de certains membres du peuple (« ceux qui sont issus d’Israël ne sont pas tous Israël », Rm 9,6) n’annule pas la fidélité de Dieu à Ses promesses pour le peuple d’Israël : Dieu, dans le cadre de son plan mystérieux, pardonnera les fautes d’Israël, quand Il mettra fin à sa période d’endurcissement (Rm 11, 25-26).

Pourquoi- selon Jésus- Jean-Baptiste est-il à la fois le « nouvel Elie et « le plus petit du Royaume » ? [K]

Elie a exercé son ministère prophétique sous le règne du roi Achab, dans un temps où tout le peuple semblait prêt à tomber dans l’idolâtrie. Il est une grande figure des prophètes de l’Ancien Testament, présent avec Moise et Jésus dans l’épisode de la transfiguration (Matt 17,3). Comme Enoch, Elie ne passe pas par la mort mais est enlevé par Dieu (2Rois 2). Malachie prophétise le retour d’Elie pour prévenir son peuple du jugement de Dieu à venir (Mal 3,23), afin qu’il se repente et revienne à la Loi du Seigneur.

Dans un temps de grande infidélité au Seigneur, sous le règne du très paganisé Hérode Antipas, Dieu envoie en la personne de Jean-Baptiste un nouvel Elie (Matt 11,14), qui doit conduire le peuple d’Israël à revenir à son Dieu. Préparant les « chemins du Seigneur » (Matt 3,3), c’est Jean-Baptiste qui, par son appel à la repentance, prépare la réception de l’Esprit amené par Jésus (Matt 3,11).

C’est le Saint-Esprit qui devait opérer ce grand changement du cœur, ce rétablissement de la connexion avec Dieu tant attendu (Joël 2,28) permettant ainsi à Israël de jouer son rôle de lumière des nations.

Le ministère de Jean-Baptiste intervenant avant cette venue de l’Esprit, c’est logiquement que pour Jésus n’importe quel Homme ayant reçu l’Esprit-Saint est plus grand par la foi que lui.

Concrètement- en quoi consiste la prédestination et qui concerne-t-elle ? Comment savoir si on l’est (prédestiné) ? [Maxime]

La prédestination est l’idée selon laquelle Dieu a choisi d’avance ceux qui seraient sauvés et ceux qui ne le seraient pas. Cette idée est assez bien étayée bibliquement. Ainsi, l’Ancien Testament est l’histoire de l’élection et du choix par Dieu d’un peuple qui ne le méritait pas (Deutéronome 7/7). De nombreux passages semblent, en outre, indiquer que les dispositions du cœur à obéir à Dieu viennent de Dieu lui-même (endurcissement de Pharaon en Exode 4/21 ou Zacharie 3/18-19). L’évangile de Jean, de son coté, laisse souvent entendre que c’est Dieu qui donne à l’humain de croire ou de rejeter Jésus et donc d’être ou non sauvé (Jean 6/37-45, Jean 17/19, Jean 13/18). Le mot de prédestination est employé ou suggéré dans plusieurs textes attribués à Paul ( Ephésiens 1/4-6, 2 Timothée 1/9, Romains 8/28-30, Romains 9). Sur le plan théologique, cette doctrine a l’avantage de prendre au sérieux cette affirmation de la réforme qui veut que l’homme soit sauvé par Dieu seul, sans que la volonté humaine ne puisse rien y faire (Ephésiens 2/8-9). Sur le plan de l’expérience elle explique pourquoi certains croient quand d’autres ne croient pas. Sur le plan psychologique, elle permet l’humilité, puisqu’elle affirme que le salut est en dernier ressort l’affaire de Dieu et non la nôtre.

Jean Calvin a beaucoup réfléchi à la doctrine de la prédestination. Il en parle de manière assez claire dans l’Institution de la religion chrétienne. Pour Calvin, Dieu adresse un appel à la foi en Jésus-Christ à tous les humains par sa Parole. Seuls ceux qui sont prédestinés au salut accueillent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Dieu rend alors leur cœur capable de croire, par son Saint-Esprit. Ils se convertissent  et sont  liés à Jésus à jamais.  Ainsi, la foi sincère, confiante, celle qui crie vers « Dieu Abba, Père » permet au croyant d’être conscient de son élection (Romains 8/29-30). Il n’est en revanche pas possible de déterminer si les autres sont ou non prédestinés  : certains se diront croyants pendant un temps, sans l’être vraiment alors que des personnes dont l’incroyance est  manifeste pourront un jour être appelés à croire et se convertir.

Pour terminer, j’aimerais préciser que la doctrine de la prédestination n’est pas là pour nous inquiéter. Aux croyants, elle dit que Dieu est l’auteur de notre foi. Il l’a fait naître et veut nous garder avec lui toujours. Aux personnes qui désirent croire en Dieu mais n’ont pas encore reçu la foi, elle dit que leur recherche a probablement Dieu pour auteur et qu’elle aboutira. Quand à ceux qui ne cherchent pas  Dieu parce qu’ils ne croient pas (encore) à son salut, ils ne peuvent logiquement pas avoir peur de ne pas être sauvés…