Comment considérer le Bouddhisme à la lumière de l’enseignement chrétien ? Quels sont ses vérités- quelles sont ses erreurs ? [Nicolas]

Le Bouddhisme est issu de l’Hindouisme et s’inscrit donc dans un cadre culturel assez précis. Je vais faire de très gros raccourcis, car cet article ne peut pas aborder tous les aspects de votre question de manière approfondie. Je vais donc être très long, et en même temps trop court… Désolé !

Le Bouddhisme repose sur l’affirmation, par Siddhartha Gautama (surnommé le Bouddha, l’éveillé), de quatre « vérités » fondamentales :

1- Toute vie implique la souffrance. Cela est appelé à se reproduire indéfiniment par le cycle des réincarnations (samsara) qui, pour les bouddhistes et les hindouistes, est une malédiction ! En effet, plus on souffre, plus on aura tendance à faire souffrir, à faire du mal, et cela aura une incidence sur les vies que l’on mènera plus tard.

2- La souffrance naît du désir que l’on a des choses.

3- Il est possible d’arrêter de souffrir. Cet arrêt total de la souffrance est appelé Nirvana. Cela n’a donc rien à voir avec un summum de plaisir, mais avec l’arrêt de la douleur.

4- Pour y arriver, il faut suivre les enseignements du Bouddha appelé « noble chemin », un ensemble de 8 grandes prescriptions éthiques, de pratique de la méditation et de sagesse.

Les points communs entre Christianisme et Bouddhisme vont se situer au niveau pratique (ne pas faire aux autres ce que l’ion ne voudrait pas qu’ils nous fassent, avoir un comportement mesuré dans la vie, ne pas mentir…).

Mais sur le fond, je ne vois en fait que des différences, par exemple :

-Hindouisme et Bouddhisme remettent fortement en cause la notion de personne, qui est centrale dans le Judéo-christianisme. Pour le Bouddhisme, le nirvana est une extinction, entre autre, de la notion même de personne, qui se « dilue » dans le Tout. Pour le chrétien que je suis, l’idée que ma personne finisse diluée est plutôt une mauvaise nouvelle. J’espère être, dans ma personne, en relation avec mon créateur.

-Dans sa trajectoire personnelle, le Bouddha a vaincu les tentations, puis est parvenu à l’éveil, le but ultime de la vie. Jésus a d’abord reçu la justification de toute existence humaine lors de son baptême (Il a reçu du Père la parole : « tu es mon fils bien aimé.. ») puis il a été tenté ! Nous, chrétiens, ne croyons pas que le sens profond de notre existence ne puisse être obtenu qu’à la fin d’un chemin de vie. Il nous est donné dès le départ !

-Ce n’est pas par des efforts personnels (comme, dans le Bouddhisme, la pratique des enseignements du Bouddha) que je réaliserai le but de mon existence, mais en acceptant que ce but m’est donné, par Dieu, en Jésus-Christ.

Comment expliquer simplement ce qu’est la Trinité ? [Kristina]

Alors là, ce n’est pas simple.
Parce que la Trinité est de l’ordre de la parabole : en effet, pour faire comprendre ce qu’elle recouvre, il faudra plutôt des images qu’une prétention à une description scientifique. Aussi voici quelques mini-paraboles. Toutes ont leurs limites… et donc leurs imprécisions.

La Trinité, c’est comme…

  1. L’œuf. Il y a le blanc, le jaune, la coquille. Ils sont distincts. Mais séparés, ce n’est plus vraiment un œuf.
  2. L’eau. Quand il fait -10° celsius, elle est solide. Quand il fait 10° elle est liquide. Quand il fait 110° elle est gazeuse. Et pourtant, c’est toujours de la molécule H2O.
  3. Et puis il y a le sacro saint hand spinner

    Crédit : creusonlabible.fr

Quel est ce Royaume de Dieu cité en Matt 24:14 ; pourquoi Jésus insiste sur cette « bonne nouvelle » dit-on ? [Jules]

La Bonne Nouvelle, dans ce discours de Jésus de Matthieu 24,14, c’est ce qui précède au verset 13 : « Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. »

Tout le passage insiste sur les occasions de chute, la dégradation des mœurs et de la foi des croyants. Il y a donc une bonne nouvelle à être des marathoniens de la foi, qui s’engagent sur la durée et pas seulement sur des coups de tête ou durant des temps forts.

Le Royaume de Dieu s’est approché de nous.

En lisant Ps 2 et Rom 2.5-8 je comprends que la colère de Dieu s’abattra au jour du jugement sur le non-chrétien. Qu’est ce qui doit pousser l’Homme dans les bras de Christ ? Cette colère ou son amour ? [Christophe]

Les passages que vous citez ne sont pas les seuls qui parlent de la colère et du jugement de Dieu. La Bible nous dit en effet que Dieu est juste, que l’homme ne l’est pas et que le salut du monde passera donc  nécessairement pas un jugement.
Qu’est-ce que le jugement de Dieu ? Rien d’autre que la reconnaissance et l’élimination de ce qui en nous et autour de nous déraille ( le péché, le mal et la mort). Ainsi, comme vous le voyez, l’amour de Dieu, son désir de sauver l’homme est lié à son jugement. L’un et l’autre s’accomplissent parfaitement en Jésus, venu payer notre dette en mourant pour que ceux qui l’accueillent soit sauvés du jugement qui pesait sur eux pour être conduits en une vie nouvelle.
Concernant ce qui doit nous conduire dans les bras du Christ, la réponse est simple : c’est Dieu lui-même. Nous pouvons lire cela en Jean 6/44, par exemple ou en Ephésien 2/8-10. C’est en effet le Saint-Esprit qui nous donne de reconnaître notre péché, le mal et la mort en même temps que la justice que Jésus nous offre par amour. C’est lui qui nous donne la force de nous repentir et d’entrer avec confiance, dans la vie nouvelle qu’il met devant nous.

Bien moins progressiste que les autres membres de mon Eglise je suis pourtant pas un théologien distingué. Je me tais souvent et travaille seul. Que faire ? [Jean-Luc]

L’un des principes fondateurs de la réforme, c’est l’examen des écritures. Vous n’avez à avoir peur d’aucune théologie raffinée si vous argumentez sur cette base.  Si vous pensez être appelés à servir et grandir dans cette église, n’ayez donc peur ni de partager vos convictions, ni de les mettre en oeuvre dans le service de l’église. Vous apprendrez de ce dialogue qui vous fera évoluer dans vos convictions ou vous renforcera dans ce que vous croyez juste. Votre prière est aussi importante. Peut-être pourriez-vous songer à prendre quelques temps de ressourcements, avec des personnes qui vivent une spiritualité plus proche de la vôtre…retraite, réunions de prières d’autres églises etc…Puisse le Seigneur renouveler vos forces pour le service auquel il vous appelle. 

 » Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et accepté comme certain: tu sais de qui tu l’as appris. Depuis ta tendre enfance tu connais les Saintes Ecritures; elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse qui conduit au salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute oeuvre bonne. »

2 Timothée 3 : 14-17

Peut-on (prétendre) aimer ses frères en Christ sans aimer être avec eux ? Que dit la Bible à ce sujet ? [PC]

Aimer les autres sans les rencontrer, voici une bonne manière de ne faire de mal à personne, pourrait-on dire, en citant le verset de Romains 13/10 : »L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour est donc l’accomplissement de la loi. »

Il nous faut pourtant aller plus loin en cherchant ce qu’est vraiment l’amour selon Dieu. Nous trouvons sa définition clairement en 1 Jean 4/9-11. Nous apprenons dans ce passage que le modèle de l’amour est la mort de Jésus pour le salut des hommes. Ainsi, l’amour n’a rien de vagues mots ou de bons sentiments. Il implique un réel engagement pour l’autre. Or, comment veiller sur mon prochain, partager avec lui la Parole, l’aider matériellement ou en prière si je ne le rencontre pas en vrai ? Aimer « virtuellement », sans la rencontre, c’est fuir ce que la relation a de difficile, ces problèmes des autres que je me retrouve à devoir porter, ces reproches que je risque en disant la vérité…La Bible, qui nous parle de la venue de Dieu dans notre monde,  ne nous recommande pas de donner dans le  virtuel quand il s’agit d’aimer..

Galates 6/2 : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ » 

Faire l’amour avant le mariage est-ce que c’est un péché ? [Jehiela]

« Il ne faut pas coucher avant le mariage ; on risque d’être en retard à la cérémonie ». C’est ce que j’aime bien dire à ceux qui me posent cette question pour déplacer les enjeux et faire sourire.

Derrière cette question il y a une attente de validation ou de refus. Si on répond qu’il ne faut pas on devient un docteur de la loi qui parle sur la base de je ne sais quelle règle (c’est écrit où dans la Bible ?). Et si on répond positivement, on donne une caution à ceux qui veulent coucher n’importe comment.

Donc…
La question à se poser est autre : coucher ensemble, c’est faire un, c’est être couple. Mariage civil ou pas. Mariage religieux ou pas. Coucher c’est être mariés parce que l’union sexuelle pour Dieu est l’apanage du couple clairement uni. Et ce « clairement uni », dans notre cadre culturel et règlementaire c’est… le mariage entre un homme et une femme.

Le problème est donc que si on couche avec quelqu’un qui ne sera pas à terme notre conjoint, on sape cette relation durable en créant un adultère avant l’heure, que l’Ecriture appelle généralement fornication. C’est pour ça que la société a posé des marqueurs simples, pour une trajectoire lisible :
– on s’apprécie
– on se fiance (publication dans les familles et dans la famille de l’Eglise)
– on se marie (à la mairie en France, pour être vraiment considérés comme mariés par tous, dont l’Etat)
– on se marie (ou chez nous luthéro-réformés, on est bénis) à l’Eglise, pour mettre ça vraiment devant Dieu explicitement.

La « théologie de l’alliance » est souvent opposée au dispensationalisme. Laquelle est biblique selon vous ? [Miriam]

Votre question est importante, parce que selon que l’on opte pour l’un ou l’autre de ces systèmes théologiques, on aboutit à des conclusions doctrinales et éthiques différentes. La « théologie de l’alliance », bien qu’ayant des appuis chez les Pères de l’Eglise, a été développée par Jean Calvin, le plus influent des théologiens réformés, et peut être considérée comme traditionnelle au sein du protestantisme. Le « dispensationalisme » est un système théologique développé au 19e siècle par John Darby, et popularisé par la Bible annotée de Cyrus Scofield. Il a eu une influence considérable sur le monde évangélique et particulièrement le mouvement pentecôtiste depuis lors.

Ces systèmes sont des tentatives de rendre compte de la logique biblique de l’histoire du salut… Il faudrait rentrer dans les détails de ces deux systèmes et leurs conséquences pour considérer leur pertinence au regard de la Bible… Mais la question du rapport aux textes est me semble-t-il un des enjeux de votre question, et c’est sur ce point que j’insisterai.

Le dispensationalisme apparait comme une réaction contre un certain relativisme quant à l’autorité de la Bible et de ses enseignements. Ce système a prétention à une fidélité littérale à la Bible. C’est par une lecture littérale des prophéties que le dispensationalisme aboutit à une de ses grandes particularités : la distinction les prophéties qui concernent l’Eglise, et celles qui concernent Israël.

Il me semble que respecter l’autorité des Ecritures ne doit pas conduire à une prétendue littéralité qui nous ferait passer à côté de certaines subtilités des Ecritures et de leur logique. Ainsi, la nouvelle alliance n’est pas si nouvelle que cela… elle révèle ce qui en réalité figurait dans les alliances précédentes (Hébreux 8,5 ; 2Corinthiens 3, 14-16). Ensuite, les premiers chrétiens ont considéré vivre l’accomplissement d’un certain nombre de prophéties, bien que non « littéralement », comme la reconstruction du Temple de Jérusalem (Jean 2, 19-22) ou la restauration du royaume de Juda (comparer le livre de Joël avec Actes 2). Dans quelle mesure certaines prophéties ont-elles été ou non pleinement accomplies, symboliquement ou « littéralement » ? Telle est la question. Sur la question très délicate du rapport Eglise/Israël, une théologie réformée traditionnelle, avec sa doctrine de la substitution, ne fait sans doute pas justice à certains textes comme Romains 9-11. Mais la doctrine de la substitution n’est pas non plus sans fondement.

Prudemment, je dirais que les textes bibliques sont globalement clairs et accessibles pour la conduite de nos vies et notre salut. Mais nous avons une distance culturelle avec l’époque d’écriture de ces textes qui rend aujourd’hui complexe certains de leurs aspects. Je crois qu’un certain littéralisme, en réalité marqué par le rationalisme moderne, peut nous éloigner du sens profond de certains textes bibliques, et donc du respect de leur autorité.

A partir de quel moment diriez vous que les 12 apôtres furent nés de nouveau et baptisés ? Ce qui est explicitement dit par Paul semble plus flou pour ceux qui étaient au contact de Jésus au début. [Joël]

A aucun moment les évangiles ne nous disent que les 12 disciples appelés par le Christ ont été baptisés, pas plus qu’ils interdisent de le penser ; nous savons seulement que Jésus a été baptisé et que l’Esprit s’est manifesté à ce moment-là.

Par contre, dans le livre des Actes, au chapitre 2, le récit de la Pentecôte met en scène le don de l’Esprit qui avait été clairement annoncé au chapitre 1 comme un baptême ; et vraisemblablement ils étaient plus que 12 !!! Le texte précise même (Actes 1,14) qu’il y avait en plus des 11 restants, des femmes et des frères de Jésus.

Il semble donc que c’est au moment de Pentecôte que les disciples (littéralement « ceux qui suivent ») deviennent sous l’action de l’Esprit les apôtres (littéralement « ceux qui sont envoyés »). Ce qui explique aussi que l’on puisse être disciple sans devenir apôtre, ou apôtre sans avoir été disciple avant : sur ce sujet le cas de Paul est particulièrement intéressant, lui qui était un farouche opposant avant sa conversion/baptême et devient pourtant un des héros de la suite du livre des Actes ! Et qui nous fait remarquer du même coup que le disciple Matthias qui a été élu en Actes 1 pour remplacer Judas est par contre remarquablement absent de la suite du récit….

Un chrétien peut-il être possédé par un démon ? [Ps]

En Matthieu 16,16 Pierre confesse que Jésus est le Messie, le Fils du Dieu vivant. Ce que Jésus agréé totalement en lui disant qu’il tient sa confession de foi de Dieu directement. Pourtant quelques versets plus loin, le même Pierre refuse de croire qu’il montera à Jérusalem pour souffrir, mourir et ressusciter. La réaction de Jésus est très claire et directe, voyant en Pierre, Satan. Pourtant Pierre n’en restera pas moins un disciple du Christ, tout au long du nouveau testament.

Alors quand on confesse Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur, c’est à lui et lui seul que l’on remet sa personne toute entière. En ce sens le chrétien ne peut être possédé par quelqu’un d’autre que le Christ. Un chrétien lui appartient.

Mais les chrétiens sont encore dans le monde et le Royaume de Dieu n’est pas encore établi. Il est donc possible, comme Pierre, que le chrétien n’est pas laissé le Christ descendre jusqu’au plus profond de sa personne : corps, âme et esprit. S’il ne peut être possédé par un démon, il peut laisser la porte ouverte à quelqu’un d’autre que le Christ, de sorte qu’il sera parasité par autre chose que le Messie. Dans ce cas-là un ménage s’impose, au Nom de Jésus !

Cette nouvelle réponse à cette question apporte quelques clarifications. Merci aux personnes qui ont aidé à affiner et préciser la réponse.