Qu’est-ce qu’un « mauvais esprit envoyé par Dieu » (1Sam 16:14) ? [Laura]

Avez-vous remarqué qu’avant que Jésus n’arrive, aucun esprit mauvais n’est chassé ?
L’esprit mauvais dans l’histoire que vous évoquez est juste calmé par la harpe de David. Et à part l’esprit mauvais (venant aussi de l’Eternel) qui était en Pharaon, on n’en parle pas beaucoup, des démons…
Tout simplement parce que seuls le nom et la présence de Jésus les fait trembler et décamper. Il est le seul à avoir la victoire sur eux.
C’est une nouveauté du Nouveau Testament dont on prend peu la mesure !
Dans les mille pages du Premier Testament, il n’y a pour ainsi dire aucune conscience de l’existence de ces puissances mauvaises, on les appelle plutôt les dieux, ou faux dieux, etc.

Dans ce récit, dire « un esprit mauvais envoyé par Dieu » évoque le fait qu’il y a une souveraineté de Dieu, et que sa loi fait que, normalement, le croyant devrait être indemne de toute forme de démonisation. Pourtant, dans sa justice, l’Eternel autorise Satan à « embêter » les humains (voir l’histoire de Job). C’est souvent à la mesure de leur iniquité. Par cette expression, en disant que l’esprit mauvais est envoyé par Dieu, il est affirmé qu’il n’est pas injuste que Saül soit embêté par cet esprit. Comme Paul avec son « écharde » qui lui valut pour réponse : « Ma grâce te suffit » (1 Corinthiens 12,9).

Comment concilier « aucune condamnation en Jésus-Christ » et les condamnations des paraboles : vierges folles- mauvais serviteur- etc . Et Matt.7.23 ? [Midosi]

Romains 8 commence ainsi : « Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » et poursuit par « car la loi de l’Esprit qui nous donne la vie en Jésus-Christ t’a libéré du péché et de la mort ». Ainsi, être en Jésus-Christ, ce n’est pas seulement dire qu’on l’est, comme en Matthieu 7/23. C’est bien plutôt accueillir sans cesse et à nouveau l’action transformatrice de Dieu, par le Saint-Esprit, ce qui va peu à peu modifier notre manière de penser et d’agir. Les paraboles que vous désignez parle de la manière dont nous pouvons tenter de nous soustraire à ce que Dieu veut accomplir en nous. Or, si nous ne laissons alors pas Dieu faire de nous des chrétiens, nous ne le sommes  par vraiment. Voir en cela aussi Matthieu 25/31-46 qui suit justement les paraboles que vous avez désignées ici.

Dans certaines Bibles, Joël 2,28-32 est numéroté 3,1-5. Quelqu’un pour éclairer ma lanterne ? [Joëlle]

Le découpage des textes bibliques en chapitres et en versets -qui est particulièrement pratique pour nous repérer- n’était pas prévu lors de la rédaction de ces textes : Ce découpage a eu lieu entre les XIII° et XVI° siècles !

A cette époque-là déjà, plusieurs éditions de la Bible étaient répandues.

Pour nombre d’historiens et théologiens ce sont les principales raisons de ce découpage actuel différent : les Bibles s’inspirant plutôt de la Vulgate latine auraient trois chapitres (avec 32 versets pour le chapitre 2) et celles s’inspirant plutôt de la Bible hébraïque auraient quatre chapitres (avec 27 versets pour le chapitre 2 et 5 versets pour le chapitre 3).
Pourtant cette argumentation ne fait pourtant pas l’unanimité parmi les intellectuels.

Alors: A trois ou quatre chapitres, ce qui importe c’est le message délivré par le prophète Joël et notamment la promesse de l’effusion d’esprit, proclamée à nouveau par Pierre.

Si on devient travesti, et qu’on continue quand même de prier, de croire en Dieu, on peut être sauvé en Dieu ? [Confident]

Ce que l’on sait en matière de salut, c’est que Dieu jugera chacun selon ses œuvres (Romains 2,6-8), et qu’il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ (Romains 8,1 ; Romains 10,9). Dieu connait les cœurs et nos actes, et il ne peut pas être injuste.

Dieu nous a crée dans des identités sexuelles bien déterminées (Genèse 1,27 ; 2,15-24): notre appartenance sexuelle biologique n’est pas un accident, et notre corps n’est pas une prison. Nous sommes donc appelés à remercier Dieu pour notre corps, à accepter notre appartenance sexuelle, et à ne pas adopter des tenues culturellement associées au sexe opposé (Deutéronome 22,5).  Croire en Dieu, en Sa Parole, en Ses commandements, ne me semble pas compatible avec le fait de se travestir, et une telle pratique n’est donc pas compatible avec la vie éternelle (1Corinthiens 6,9).

Toutefois, des troubles de l’identité, de la représentation de soi, des blessures de l’âme peuvent nous conduire à des pulsions ou des tentations auxquelles il n’est pas facile de résister. Mais Christ est plus fort que la puissance du péché, et avec la foi (donc la repentance), il peut libérer de ces envies de travestissement, par la puissance du Saint-Esprit qui transforme notre volonté (Romains 7,14-25).

La repentance étant une dimension importante de la spiritualité chrétienne, nul doute qu’une vie de prière mènera celui qui a une tendance au travestissement au salut.

Que penser des coloriages chrétiens, finalement inspirés des techniques de mandala ? [Anonym]

A la différence de ce que nous vivons en Occident, la séparation entre le sacré et le profane, le spirituel et le culturel est très floue en Orient. Dès qu’il s’intéresse à une pratique ou à une pensée orientale, le chrétien occidental est donc appelé à la vigilance.

Les mandalas bouddhistes sont faits pour méditer en lien avec une divinité, pour aider à la procuration de certaines émotions, comme peuvent le faire un chant, une position du corps ou la décoration d’un lieu de rassemblement. D’ailleurs, le rôle de certaines décorations (telles que les rosaces) d’églises catholiques ressemble fort à celui des mandalas pour les bouddhistes. Si un coloriage est fait dans le but d’aider à la relation avec le Dieu unique adoré par les chrétiens, cela peut être un support comme un autre à la spiritualité chrétienne.

Toutefois, je crois que l’on peut sérieusement s’interroger sur une certaine fascination des chrétiens occidentaux pour des pratiques orientales, et plus généralement liées au mouvement New Age. Est-ce qu’il y a une carence dans les pratiques des églises occidentales pour accompagner à la croissance en Christ ? Ou bien cet attrait est-il (au moins potentiellement) idolâtre ?

Quelle est cette crainte dont parle Paul dans Romains 8-15 ? Est-ce la même que dans le Psaume 111-10 ? La bonne crainte découle-t-elle de cet esprit d’adoption ? [Chris

Dans l’Antiquité, voir ou entendre Dieu est à la fois un émerveillement et une frayeur : la crainte dont il est question dans tout l’Ancien Testament est de cet ordre. Par exemple lorsque Jacob lutte avec Dieu (Genèse 32), il commence par s’étonner de ne pas être mort dans ce face-à-face. C’est aussi pour cela que si souvent Dieu s’adresse à son interlocuteur en lui disant « n’aie pas peur »… Et l’on retrouve aussi cette attitude dans les évangiles lorsque les disciples prennent conscience qu’ils sont face à un mystère qui les dépasse (par exemple Marc 10,32). On peut comprendre cette notion de crainte comme étant la distance qui sépare Dieu et l’humain, distance qui signifie aussi bien le respect, la différence, le mystère insondable, la peur…

C’est en s ‘appuyant sur cette compréhension que Paul déclare que le changement radical opéré en Christ est la réduction de cette distance. Grâce au Christ nous n’avons plus peur de Dieu. Comme vous le dites, effectivement « l’esprit d’adoption » reçu dans la foi n’abolit ni le mystère, ni le respect, ni la différence… Mais bannit la peur.

Qu’en est-il des anciennes lois telle que l’interdiction de manger du porc ? [Tobi]

La première Eglise décide, lors du synode de Jérusalem, de limiter les règles alimentaires à très peu (Actes 15/24-29), par rapport à ce qui est commandé en Lévitique 11 par exemple. Ce qui a présidé à cette décision est la nécessité d’accueillir des personnes qui croyaient en Jésus, alors qu’elles n’étaient pas juives et n’avaient donc pas l’habitude de telles pratiques alimentaires (Voir aussi Actes 10). Derrière cette évolution se trouve probablement la conscience qu’une étape nouvelle est franchie avec Jésus, qui vient briser les murs qui séparaient juifs et non juifs, pur et impur, pour offrir le salut au monde entier. Il ne s’agit plus maintenant pour les croyants de se tenir à part, en gardant un régime différent, mais de recevoir l’amour de Dieu et de le partager. (Voir Marc 7/19 ou Marc 12/28-31).

Est-ce qu’avec Jésus c’est la fin de la loi ? [Yahia]

Jésus n’a pas mis fin à la loi, il est venu l’accomplir (Matthieu 5. 17). En Jésus, Dieu est venu définitivement réconcilier les êtres humains avec lui, en prenant sur lui le poids de tout ce qui sépare l’humanité de Dieu. Il l’a fait en allant jusqu’à la mort, qui devrait nous être destinée pour toujours au regard de notre séparation profonde d’avec Dieu. Mais si nous mettons notre foi en lui, alors plus rien ne peut nous séparer de son amour. La loi sert de témoignage à l’action de réconciliation et à la sainteté de Dieu. Quand on la prend pour le moyen par lequel Dieu nous reconnaîtrait comme « justes », on fait erreur. Quand on met sa foi en Jésus, on comprend petit à petit que toute la loi ne fait que le désigner lui.

Qu’est-ce-que la béatification et pourquoi l’Église catholique canonise ses papes ? [Guillaume]

Dans l’Église catholique, la béatification est la déclaration, par décision du pape et après toute une enquête (il faut, par exemple, qu’il y ait eu un miracle associé à la personne à béatifier), qu’une personne chrétienne a pratiqué les vertus de façon exemplaire, ou même héroïque (je ne sais pas ce que cela signifie précisément). On peut alors vénérer cette personne. Ce peut être un pape, mais aussi bien un religieux ou un laïc (homme ou femme). Pour l’Église orthodoxe, c’est le synode des évêques d’une Église nationale qui propose la canonisation, qui est proclamée par le patriarche de cette Église.

Peut-on croire en la Trinité- en l’Esprit-Saint- et ne pas croire à la présence réelle du corps et du sang du Christ dans la Cène- comme Zwingli ? [Elan]

La position de Zwingli est respectable (et puisque Zwingli a pensé comme ça, je ne peux que répondre « oui » à la question que vous posez, de la façon dont vous la posez), mais ce n’est pas la mienne.

Je crois que le Christ est réellement présent au cours de la Cène, et pas que cet acte est un simple mémorial (auquel cas, il faudrait, au mieux, ne la faire qu’une fois par an, le jeudi saint, pour vraiment commémorer, comme le président de la République avec le tombeau du soldat inconnu le 8 mai et le 11 novembre). Je ne suis pas un ancien combattant (avec tout le respect que je leur dois) de la foi. Le combat de ma foi et de ma vie pour Christ est toujours actuel et intense, et j’ai bien besoin de sa grâce signifiée réellement dans la Cène, pour reprendre force et courage. C’est bien par son Esprit qu’il se rend présent, mais sa présence est pour moi bien réelle.