Les origines du pentecôtisme semblant mauvaises et bizarres (Parham, Hagin, Branham), peut on en conclure que les pratiques des mouvements charismatiques ne viennent pas de l’Esprit de Dieu ? [CB]

Le jugement que vous portez sur les origines du pentecôtisme me semble également bizarre, mais c’est le vôtre ! On pourrait en dire autant des origines du protestantisme en général (et les opposants à Luther ne s’en sont pas privés au cours des siècles). Et aussi des origines du christianisme (dès les premiers siècles de notre ère dans les écrits juifs ou païens).

La question est seulement : est-ce qu’il s’agit bien d’une expression fidèle (parmi d’autres) de la foi chrétienne, même si vous ou moi n’avons pas la même expression ? La théologie pentecôtiste peut-elle être légitimement tirée des Écritures bibliques ? « Les pratiques des mouvements charismatiques » sont-elles cohérentes avec ces mêmes Écritures, ou en tout cas avec une partie d’entre elles ? Bien que n’étant pas pentecôtiste, je pense que oui, même si j’ai une autre théologie et une autre piété que je pense également légitimes bibliquement.

La Bible nous enseigne qu’on ne peut jamais induire la valeur d’une personne ou d’une Église en fonction de notre regard, mais seulement du regard du Christ tel que les Écritures nous le montrent. C’était le cas par rapport aux remarques de Nathanaël (« Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » Jean 1 / 46) ou de Jean (« Maître, nous avons vu un homme qui chasse les démons en ton nom et qui ne nous suit pas, et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne nous suit pas. » Marc 9 / 38). L’Esprit de Dieu se sert de qui il veut !

Enfin, il faut bien voir, en fonction de ce que l’apôtre Paul en dit, que l’Église de Corinthe à son époque était manifestement une Église de type charismatique. Ce qui n’empêche pas qu’on peut avoir un jugement différent selon les Églises actuelles de type pentecôtiste ou charismatique (toutes ne se ressemblent pas)… ou autres !

J’aimerais savoir à quoi ça sert de jeûner. Autrement dit, pourquoi, dans certains cas, la prière ne serait pas, à elle seule, suffisante ? [Yemi]

À rien, et à beaucoup de choses !

Si le but du jeûne, et aussi d’ailleurs le but de la prière, c’est d’influencer Dieu, ça ne sert à rien. Dieu sait très bien ce dont nous avons besoin, et il nous le donne en surabondance, que ce soit pour notre vie ou bien pour notre mission de témoignage. On n’achète pas Dieu, c’est lui qui nous a « rachetés à grand prix »…

La prière n’est donc pas suffisante pour obtenir quelque chose de Dieu. C’est le sacrifice du Christ qui sert à ça ! La prière chrétienne se fait donc « en son nom », c’est-à-dire en nous tenant « en lui », unis à lui, selon aussi le Psaume 133 : « Voici : qu’il est bon et qu’il est agréable d’habiter, frères, comme un seul ». C’est de cette fraternité avec Jésus dans la prière que parlait le psaume à propos des prêtres… que nous sommes tous par notre baptême en sa mort.

Cette unité en Christ suffit à tout. Mais par ailleurs, nous pouvons avoir besoin de nous maîtriser afin que le « vieil homme » qui s’agite en nous ne reprenne pas le dessus en nous éloignant de Christ. Le jeûne est un des moyens, qu’il est loisible à chacun d’utiliser ou pas. Le jeûne peut nous servir, à nous. Luther reprenait, dans son traité De la liberté du chrétien, la distinction entre nos deux natures, une qui est en Christ et n’a besoin de rien d’autre, et une qui lui échappe encore et a besoin d’être bridée, ce à quoi le jeûne peut servir. Mais c’est un moyen dangereux, car il peut induire en nous la pensée qu’ainsi nous nous rapprochons de Dieu ; ce serait alors le contraire de l’Évangile ! Rappelez-vous par ailleurs : « Voici le jeûne que je préconise : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens du joug, renvoie libres ceux qu’on écrase », etc. (Ésaïe 58 / 6…)

Si nous sommes sauvés par la foi (Éphésiens 2:8) faut-il tout de même aller jusqu’à la croix (Philippiens 2:8) pour vraiment suivre Jésus ? Est-ce cela le véritable chemin de vie ? [Tiba]

S’agirait-il donc de deux chemins différents : le salut par la foi, et le chemin de la croix ? Jésus a suivi ce chemin, évidemment, le seul à l’avoir fait vraiment, parce que ce chemin est celui de notre salut, de notre communion restaurée avec Dieu au prix de sa mort qui est victoire sur la mort (la sienne et la nôtre). Personne d’autre n’étant à la fois vrai Dieu et vrai homme ne peut suivre un tel chemin, et il n’en est nul besoin. Mais nous sommes tous appelés à suivre le Christ sur son chemin à lui. C’est cela-même qui est la foi. Dans sa traduction de la Bible, Chouraqui traduisait « foi » par « adhérence », donc non pas seulement adhésion intellectuelle, croyance, mais véritablement être « collé » à Jésus, ne plus faire qu’un avec lui : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2 / 20). C’est bien sûr l’œuvre du Saint-Esprit, et non de ma petite volonté infirme…

Entendez bien : il ne s’agit pas de se construire un chemin de pénitence et de sacrifice, comme certaines spiritualités chrétiennes ont pu le penser jadis. Mais de recevoir du « sacrifice unique et parfait » du Christ à la fois la révélation que nous sommes « morts par nos fautes » et que nous sommes vivants avec lui pour toujours. Avec lui, pas pour lui, pas vers lui, pas à condition de… C’est ce que la grâce divine accomplit en moi, c’est ça « suivre Jésus », c’est là que le salut qu’il m’a gagné opère pour moi, « par la foi ». C’est ce chemin qui me transforme (qui me « sanctifie »). Ce n’est pas un autre chemin que celui sur lequel Dieu m’a placé dans le monde (cf. Jean 17 / 15-19). Mais c’est une nouvelle manière de le parcourir, qui se manifeste par l’amour mutuel que la Parole de Dieu fait naître en nous et entre nous.

Ce chemin de foi peut être dit chemin de croix, dans la mesure où l’Esprit de Dieu me « dépouille des œuvres des ténèbres » (Romains 13 / 12), me délivre du souci de moi-même qui me tire vers le bas. Mais n’est-il pas « heureux, celui dont la transgression est remise, et dont les péchés sont pardonnés », même si c’est au prix de ce à quoi il tenait tant avant de connaître Christ ? (cf. aussi 1 Pierre 1 / 14-25)

N’y a-t-il pas d’autre choix que le mariage pour légitimer un couple devant Dieu ? Qu’en est-il pour les jeunes qui ne peuvent le faire tout de suite, à cause de leur situation financière par exemple ? [Manu]

Je suis toujours très surpris de cette démarche consistant à vouloir « légitimer un couple devant Dieu ». Qui d’entre nous chercherait à légitimer de même tout ce qu’il vit ? On tomberait alors dans ce que Jésus reprochait aux Pharisiens : cette absence de liberté, cette volonté d’être « purs » en toute occasion, comme si Dieu était une instance répressive et non pas un Père plein d’amour, y compris lorsque ses enfants ne le méritent guère. Mais justement, l’amour ne se mérite pas, il se reçoit.

Il en est de même dans un couple : l’amour se reçoit. Le mariage monogame hétérosexuel en est la forme juridique ordinaire, la seule correspondant pleinement à ce que la Bible suggère, parfois implicitement, à propos d’un tel amour, à savoir le don de soi à l’autre dans la fidélité, la durée et la responsabilité, engagement public faisant du couple une unité sociale.

Quelle sorte de « situation financière » pourrait empêcher ou retarder un tel mariage ? Et qu’est-ce qui pourrait le remplacer aux yeux de Dieu comme à ceux des conjoints ou de la société ? Mais bien sûr, c’est à chaque couple de voir ce qui est le mieux par rapport à sa propre conception de son mariage, et il est certain que l’aspect festif (et donc coûteux financièrement) de l’occasion contribue à sa reconnaissance sociale. Dieu ne cherche pas à légitimer un couple, mais à ce que celui-ci, se présentant librement à lui, puisse être heureux et témoigner de son amour gratuit. La célébration publique de son union est aussi un signe de la confiance accordée à Dieu, quelle que soit la situation financière du couple.

Sauvés… mais de quoi ? [Mireille]

La Bible, ainsi que notre expérience quotidienne à tous, croyants, nous disent la rupture profonde (l’aliénation) entre Dieu et nous, et par suite la rupture entre nous et les autres, et entre nous et nous-mêmes. C’est de cette aliénation que Jésus-Christ nous sauve, à travers la foi, c’est-à-dire la confiance que nous accordons à ce salut. Par la mort et la résurrection de Jésus, nous sommes restaurés dans la communion avec le Père, réunis à nous-mêmes et trouvons des frères et sœurs dans nos prochains.

On peut dire les choses autrement (la Bible tente plusieurs approches pour mieux cerner la question).

On peut dire qu’à cause de cette rupture, nous sommes en dette à l’égard du Dieu juste, nous qui « transgressons tous les jours et de plusieurs manières ses saints commandements, attirant sur nous, par son juste jugement, la condamnation et la mort » (confession des péchés de Calvin et Bèze). Dans cette manière de dire, c’est donc de cette condamnation, et même de ce jugement, que nous sommes sauvés.

On peut dire aussi que par cette rupture nous appartenons au mal / aux ténèbres / au diable qui se met en travers de nous-mêmes, de nous et des autres, de nous et de Dieu. C’est alors de cet « esclavage du péché » que nous sommes sauvés, « rachetés à grand prix », tout comme les Hébreux avaient été sauvés de leur esclavage en Égypte.

Dans toutes ces manières de dire, et quelle que soit votre propre manière de dire cette aliénation, c’est d’elle que nous sommes sauvés, c’est donc quelque part de nous-mêmes en tant que nous vivons sans Dieu ou contre lui. En Christ, nous sommes devenus libres, et c’est son Esprit qui nous fait vivre cette liberté au quotidien.

 

Pourquoi y a-t-il tellement d’Églises protestantes différentes ? [Gaspard C.]

C’est sans aucun doute le signe d’une grande infidélité ! Mais ce peut aussi signifier que, puisque nous sommes divers en tant qu’êtres humains, y compris dans un même pays, alors l’Église doit pouvoir annoncer l’Évangile non seulement à tous, mais aussi à chacun « dans sa langue maternelle », dans ce qu’il est, dans ses propres formes de pensée et d’expression ; d’où une diversité qui trouve là sa légitimité. Mais alors cela devrait s’accompagner d’une grande fraternité entre ces différentes dénominations, et non d’une compétition, voire d’une excommunication réciproque…

Dans l’Église catholique, c’est l’appartenance à l’Église qui définit le chrétien. C’est l’Église, dans sa hiérarchie, son sacerdoce, ses rites, qui permet l’accès à Dieu. Quand on n’est pas d’accord avec quelque chose, on proteste, mais on reste dedans ! (Notez que Luther n’a pas voulu faire une autre Église, mais qu’il a été mis dehors.) Tandis que le protestantisme classique ne pose pas l’Église à cet endroit-là : la relation avec Dieu y est directe, Dieu parle aux croyants par la prédication et les sacrements, mais tous les chrétiens sont prêtres et peuvent lire et interpréter la Bible et s’adresser à Dieu. Quand donc on a un désaccord majeur, qu’on ne se sent plus « chez soi », qu’on reproche à sa communauté ou à son pasteur son infidélité supposée, on change d’Église, voire on en fonde une autre.

Les protestants devraient pourtant se rappeler avec humilité les textes de l’Évangile dans lesquels « ceux qui ne nous suivent pas » sont aussi l’Église (Marc 9 / 38-40 ; Jean 10 / 16), car il y a une seule Église chrétienne, l’Épouse du Christ, celle pour laquelle il a donné sa vie. « L’Église protestante unie de France – Communion luthérienne et réformée professe qu’aucune Église particulière ne peut prétendre délimiter l’Église de Jésus-Christ, car Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent. » (Constitution de l’EPUdF, article premier) Beaucoup d’autres Églises protestantes / évangéliques ont un discours ou une pratique qui rejoint ceci, et il m’est arrivé de connaître une grande fraternité entre pasteurs des différentes Églises protestantes d’une même ville, même lorsqu’elles ne sont pas d’accord sur le baptême des enfants, sur le parler en langues, sur la manière de lire les textes bibliques, etc.

Dans mon Église, de nombreux frères et sœurs vivent en concubinage, ça parait normal, personne n’en parle, ni les pasteurs ; pourtant est-ce que notre Dieu approuve cela ? [Fab]

Dans la mienne aussi…

Si le concubinage signifie le refus de s’engager, alors la Bible nous rappelle (à propos d’autre chose) que l’union sexuelle est une vraie union et non un contrat (1 Cor. 6 / 16), quel qu’en soit le statut, et que les liens ainsi créés sont indissolubles. Un tel concubinage ne correspond alors pas à la volonté de Dieu pour le couple, c’est-à-dire pour l’homme et pour la femme. Mais ce n’est pas à cause du statut légal : la Bible ne parle pas du mariage dont la réalité juridique est très variable selon les temps et les lieux. Elle parle de la conjugalité, de telle sorte que dans celle-ci chacun est défini par l’autre (Genèse 2 / 23 ; 1 Cor. 7 / 4), ce qui implique monogamie, fidélité, indissolubilité, et aussi publicité (le caractère public et reconnu du couple). Si une telle conjugalité se vit dans le statut légal du concubinage, qu’importe alors ? Mais le statut légal du mariage (hétérosexuel) correspond mieux à la définition biblique de la conjugalité.

Pastoralement, fraternellement, on ne peut pas négliger les histoires personnelles qui ont pu faire qu’un couple préfère (momentanément ?) le concubinage au mariage. On ne peut pas négliger non plus l’ambiance de notre société qui met l’accent sur l’intérêt individuel. Cela ne justifie rien, mais permet de comprendre, éventuellement de compatir, éventuellement de corriger fraternellement. Et vous ne pouvez pas savoir ce que disent les pasteurs en privé…

Enfin, question de paille et de poutre, la constatation du péché ou des incohérences de nos frères et sœurs nous renvoie à ce qui, dans nos propres vies, n’est pas non plus approuvé par Dieu. Et cela nous remet les uns et les autres à notre vraie place, celle de la prière les uns pour les autres.

En Genèse 18 Abraham a-t-il vu Dieu ? Abraham a vu 3 hommes et se prosterna devant eux, pourquoi s’exprime-t-il comme s’il ne parlait qu’à une seule personne ? Dans le verset 17, à qui l’Éternel s’adresse-t-il ? [Jeff]

Le chapitre commence par ces mots : « L’Éternel lui apparut » et au verset 13 : « L’Éternel dit à Abraham ». Ceci répond à votre première question, encore que cela ne veuille pas dire qu’Abraham aurait vu la gloire de Dieu (ce qui dans l’Ancien Testament n’est pas permis, et qui dans le Nouveau consiste à contempler Christ crucifié). Du point de vue de Dieu, c’est lui qui apparaît à Abraham, mais celui-ci voit « trois hommes »… Abraham s’adresse, comme il se doit, à celui des trois qui doit lui apparaître comme le chef : rien de théologique là-dedans. Mais n’oublions pas qu’Abraham est croyant ! Il peut aussi parfaitement avoir reconnu Dieu dans ces trois hommes qui le visitent. La théologie chrétienne ne dira-t-elle pas par ailleurs que Dieu est un en trois personnes ?

Au verset 17, le verbe est au parfait : c’est un rappel d’une parole plus ancienne que ce qui est dit dans les versets précédents. Ceci est donc rappelé pour le lecteur (car c’est à nous, n’est-ce pas, que l’Écriture s’adresse, pas à Abraham…), qui a besoin de comprendre pourquoi ensuite Dieu va révéler son projet à Abraham, ce qui semblerait bizarre vu qu’Abraham n’y jouerait aucun rôle. En fait, Dieu va introduire Abraham dans son projet en le lui révélant, et ensuite tenir compte de lui en épargnant non pas Sodome, mais Loth et les siens. – On pourrait aussi se rappeler qu’en Genèse 1 et 2 également, Dieu ne semble parler à personne sinon à lui-même : il parle pour nous.

Qu’en est-il de l’enseignement féminin à un auditoire mixte ? Les protestants évangéliques admettent qu’une femme enseigne à des femmes mais très rarement à des hommes (sauf petits garçons). [Jo]

Tout d’abord, « les protestants évangéliques », c’est une réalité diverse, certaines Églises évangéliques (libristes, baptistes, etc.) ont des pasteurs femmes, d’autres (Foursquare) ont des couples pastoraux ; d’une manière ou d’une autre, il y a donc dans ces Églises-ci des femmes qui enseignent ou prêchent à tous, donc aussi aux hommes adultes !

Bibliquement, je voudrais souligner deux versets (parmi d’autres). Le principe est posé par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3 / 28) : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni mâle ni femelle, car vous tous, vous êtes un en Christ Jésus. » C’est-à-dire qu’en Christ, devant Dieu, les distinctions sociales, y compris celles qui sont de l’ordre de la création, ne pèsent plus rien. Ça ne veut pas dire qu’il y a confusion, mais que Dieu regarde chacun quel qu’il soit à travers Christ. On n’est pas pasteur homme ou pasteur femme, mais pasteur, point.

Les ministères ecclésiastiques seront donc fondés sur les dons de l’Esprit, qui sont évidemment liés au contexte dans lequel il les donne : sauf exception prophétique, l’Esprit ne va pas envoyer enseigner ou prêcher quelqu’un qui, dans une société donnée, ne sera pas écouté à cause de ce qu’il est ! En France, c’est lorsque les femmes ont investi la vie publique entre les deux guerres (les hommes ayant disparu dans la Première) que l’Esprit saint en a aussi appelé au ministère pastoral… ce que les Églises ont mis du temps à reconnaître !

Le second verset vient de la première lettre à Timothée (2 / 12) : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme mais qu’elle demeure dans le silence. » Soit on prend cette phrase (et les versets environnants : 11-15) au pied de la lettre, et il faut bien voir qu’ils disent le contraire d’autres versets dont celui de Galates. Soit on considère que l’Écriture ne peut pas se contredire, mais qu’elle doit s’éclairer elle-même, et alors il faut essayer de comprendre autrement ce passage. Tout s’éclaire si l’on considère que « l’homme » figure le Christ nouvel Adam (1 Cor. 15 / 45), et « la femme » son épouse, l’Église (Éph. 5 / 24. 27. 29-30). Alors évidemment, l’auteur de l’épître ne permet pas à l’Église de se placer au-dessus du Christ, ni d’inventer quoi que ce soit en-dehors de lui : la place de l’Église est celle de Marie aux pieds de Jésus pour recevoir sa parole (Luc 10 / 39), pas ailleurs. C’est pourquoi nous confessons « l’autorité souveraine des Saintes Écritures » et « reconna[issons] en elles la régle de la foi et de la vie » !

Pourquoi Dieu a-t-il attendu l’an 0 de notre ère pour envoyer son Fils ? Pourquoi pas avant ? [SP]

Peut-être que nous n’étions pas prêts ? Dieu n’a pas attendu ce jour-là pour parler à son peuple, pour agir pour l’humanité et le monde. Les Écritures (l’Ancien Testament) en portent le témoignage. Il a fallu le choix d’un peuple particulier : la descendance d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; il a fallu une religion particulière, celle de l’ancien Israël, à travers sa libération, sa Loi (= Torah), son roi, son temple, sa terre… et son infidélité aussi, pour que Jésus puisse être reconnu comme le Christ, l’aboutissement des promesses, la réalisation des figures de ces Écritures, l’Évangile en chair et en sang offert à des humains incapables d’aller vers Dieu (cf. le « jeune homme riche »).

Dans le Nouveau Testament, vous trouvez ce regard à la fois positif et négatif sur l’Ancienne alliance : elle prépare, mais ne reconnaît pas son propre accomplissement. Vous trouvez aussi des personnages qui représentent l’accueil de cet Évangile en Jésus : Siméon et Anne dans Luc 2 / 27-38, et d’autres encore… Et puis la grande question (Jean 1 / 1-18 ; Romains 9 à 11) : pourquoi ceux qui étaient préparés par Dieu pour recevoir son Fils l’ont-ils majoritairement rejeté, alors que d’autres qui n’avaient pas été préparés l’ont reçu ? Question toujours actuelle, y compris dans nos Églises, nos familles…