Que faire quand on s’est converti et qu’il n’y a pas d’église à proximité ? [Jean-Louis]

La Bible nous dit que le croyant est appelé à rejoindre une communauté, pour être enseigné, partager avec des frères et sœurs, prier et vivre la Sainte-Cène (Actes 2/42-43). Elle dit aussi, un peu plus loin, que c’est le Seigneur lui-même, qui ajoute ceux qui se convertissent à l’Eglise, communauté des croyant appelée à se vivre dans le concret de la rencontre d’autres croyants (Actes 2/47). Si vous vous êtes converti, si vous avez mis votre confiance en Jésus et vous êtes engagés à sa suite, il n’est nulle doute que vous êtes appelés à le servir dans une communauté chrétienne, selon vos dons (1 Corinthiens 12).
Que faire si vous habitez loin d’une communauté chrétienne ? Prier pour que le Seigneur vous conduise, en vous ouvrant au fait qu’il peut vous mener dans une communauté un peu différente de celle que vous désireriez, à priori, fréquenter. Ce site, qui répertorie les différentes églises chrétiennes, peut peut-être vous aider : https://eglisedansmaville.com/
Si aucune église n’était proche de chez vous, ou si vous ne disposez pas des moyens de transports nécessaires pour vous y rendre, n’hésitez pas à contacter le pasteur ou les responsables de l’Eglise. Ils pourront peut-être vous mettre en lien avec des membres susceptibles de vous conduire ou vous inviter à rejoindre un groupe de maison proche de votre domicile ! Bonne continuation à vous !

Dans 1 Corinthiens 11, Paul indique que par signe de respect la femme qui prie ou prophétise doit se « couvrir la tête ». Comment comprendre ce passage ? [Marianne]

D’abord en le bien lisant : comme dans beaucoup de passages de cette lettre, Paul répond à des questions que lui ont posées les chrétiens de Corinthe. Le relatif mélange d’arguments au début du chapitre en témoigne, mais surtout le renversement dans l’argumentation de Paul au verset 11, marqué par le « toutefois » et par « dans le Seigneur ». Ensuite, il souligne que ses interlocuteurs utilisent des arguments tirés de « la nature » (et justement pas « du Seigneur », d’autant que par ailleurs leur pratique – prier la tête découverte, pour les hommes – est l’inverse de celle du judaïsme, donc aussi d’autres chrétiens), et que si lui aussi parle à partir de « la nature », les arguments pourront se contredire, comme les versets 14-15 contredisent les versets 5-6.

Mais surtout, sa conclusion, sa réponse pastorale à la demande des chrétiens de Corinthe, se trouve bien dans ce verset 15 : « En effet la chevelure lui a été donnée en guise de voile. » Il n’y a donc pas de rejet formel des a priori implicites de la question corinthienne, mais une conclusion qui s’impose : oui, les femmes qui « prient ou prophétisent » doivent être voilées, mais Dieu y a pourvu en leur donnant des cheveux ! Il n’y a donc pas lieu d’en rajouter… Ce qu’indique le verset suivant qui signifie la fin définitive de la discussion.

Comme dans beaucoup de textes bibliques, la réponse aux questions que pose l’Écriture se trouve dans l’Écriture elle-même, et en l’occurrence dans le même passage, qui nous révèle accessoirement que dans l’Église de Corinthe des femmes pouvaient présider le culte, ou à tout le moins la prière publique. Le souci de Paul dans cette épître est de ne pas choquer (ni ses interlocuteurs ni la société), sans rien renier de l’Évangile (en Christ « il n’y a plus ni homme ni femme », Galates 3 / 28). Nous devons, quant à nous, bien lire le texte, sans le ramener à nos a priori : que dit-il vraiment ?

Je suis divorcé remarié et désirerais comme mon épouse communier ! Croyants tous deux ; on m’ a dit que je ne pouvais pas communier ? [Michel]

Je ne puis répondre que pour ce qui concerne l’Église protestante unie : bien sûr que vous pouvez participer l’un et l’autre à la sainte cène, dès lors que vous y entendez l’invitation du Seigneur Jésus.

La communion au corps et au sang du Christ n’est pas faite pour d’hypothétiques « justes », mais pour les pécheurs que nous sommes, et qui reconnaissent avoir besoin de ce que Jésus-Christ a fait pour eux en donnant sa propre vie. C’est-à-dire en ayant donné sa vie sur la croix. Mais aussi en la donnant à chacun de ceux qui communient avec foi, en les remplissant de sa présence et les faisant bénéficier de son alliance.

On a souvent interprété le mot « indignement » par rapport à la morale, à l’observance des commandements (p.ex. celui de l’indissolubilité du mariage). C’est un contresens. Le texte de la première épître aux Corinthiens 11 / 23-29, où figure ce mot, précise, après le rappel de l’institution de ce repas, qu’y participer implique d’y reconnaître le corps du Christ (tant sa présence dans le sacrement que dans l’Église ainsi constituée), et que tous sont donc invités à y manger ! Voilà ce qui nous « qualifie » pour communier : reconnaître Jésus et vouloir recevoir son pardon et sa grâce en participant à la cène.

Comment comprendre cette parole de Jésus à ses disciples en Jean 20,23 : « Ceux à qui vous pardonnerez les péchés- ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez- ils leur seront retenus » ? [Kristina]

Jésus s’était présenté comme le Maître du Pardon lors d’une polémique avec les religieux de son époque, à l’occasion de la guérison d’un paralytique (Marc 2,5-9). Par là il signifiait au minimum que Dieu lui avait délégué le pouvoir de pardonner les péchés, ou mieux encore, qu’il était Dieu lui-même.

Dans le cas du verset de Jean que vous citez il est probable que l’option de la délégation soit parlante. En effet, Jésus peut faire ce que Dieu peut faire. Il n’y a plus besoin d’attendre la fête annuelle de Kippour pour pouvoir être pardonné de ses péchés, mais on peut tout simplement venir à Jésus pour cela.
Il semble donc que dans un deuxième temps, Jésus délègue lui-même ce ministère aux disciples eux-mêmes. Nous pouvons, disciples du Christ, nous faire les porte-paroles d’un pardon qui effectivement vient de Dieu seul, mais qui par la délégation de Jésus, nous a aussi été transmise.

C’est ce qui fait de nous des agents de réconciliation, comme l’explique bien le chapitre 5 de la deuxième épître aux Corinthiens.
Bonne nouvelle !

Quelle est la confession de foi des Attestants et celle de Epudf ? [JPO]

L’EPUdF parle des textes fondateurs de sa foi, dans un texte qui s’appelle « Le déclaration d’Union ».

Cette déclaration mentionne :  » la foi exprimée dans les symboles de l’Église ancienne, foi au Dieu trinitaire ainsi qu’à la divinité et à l’humanité de Jésus-Christ ». Il est fait référence ici au symbole des apôtres et au symbole de Nicée-Constantinople, qui sont communs à toutes les églises chrétiennes.Elle mentionne aussi la spécificité « protestante » de l’Eglise par ce passage : « L’Église protestante unie de France s’inscrit dans la famille des Églises de la Réforme. Avec la Concorde de Leuenberg, elle reçoit leur témoignage commun, tel qu’il a été exprimé dans la Confession d’Augsbourg et les autres livres symboliques luthériens, comme dans la Confession de foi de La Rochelle et les autres confessions de foi de la tradition réformée. »La Confession de foi de La Rochelle est le document qui fonde la foi réformée en France depuis le XVIème siècle. Il en est de même de la Confession d’Augsbourg pour la foi Luthérienne. La concorde de Leueunberg, rédigée en 1973 affirme que ces deux confessions convergent sur l’essentiel.C’est ainsi que dans l’EPUdF qui est l’union des églises Luthériennes et Reformées de France, les paroisses et les pasteurs Luthériens de l’EPUdF peuvent s’appuyer sur les textes luthériens, alors que les églises et pasteurs réformés peuvent se réclamer de la Confession de la Rochelle sans que cela ne remette en question la communion des uns et des autres.

Les Attestants sont membres de l’EPUdF, ils peuvent donc choisir de s’attacher à l’une ou à l’autre confession protestante, en plus des symboles anciens qui sont communs à toutes les églises et qu’ils considèrent généralement comme  conformes à la foi biblique. Ils considèrent qu’il est important de dire la foi de l’Eglise à partir de ce que la Bible en dit, afin de pouvoir en témoigner justement et avec assurance.  Ils travaillent à ce que le contenu de la révélation biblique soit au centre des nouvelles formulations de  foi qui pourraient émerger, notamment lors de l’élaboration de la nouvelle « Déclaration de foi » de l’EPUdF, qui doit être travaillée et décidée pendant le Synode qui se tiendra à Lille pendant l’Ascension 2017.

L’EPUDF est-elle membre de la Fédération Luthérienne Mondiale ? Est-elle en tant qu’Eglise engagée par la déclaration conjointe catholiques-luthériens de Lund en 2016 ? Quelles conséquences ? [Antoine]

En s’unissant en 2013 les Eglises françaises réformée et évangélique luthérienne, ont choisi de conserver leurs affiliations à la Fédération luthérienne mondiale (FLM), à la Communion mondiale d’Eglises réformées et à d’autres regroupements d’Eglises (Conseil œcuménique des Eglises, Conférence des Eglises européennes, Communion d’Eglises protestantes en Europe notamment !) afin de vivre le plus formellement possible le sous-titre donnée à l’Eglise protestante unie de France: Communion luthérienne et réformée.

La FLM n’étant pas une Eglise mais une fédération d’Eglise elle n’a pas la possibilité d’obliger ses membres à adhérer à telle ou telle déclaration qu’elle signe. C’est à ces Eglises-ci de les approuver.

En ce qui concerne la Déclaration de Lund, il s’agit d’une exhortation aux Eglises luthériennes (donc à l’ensemble de l’Eglise protestante unie de France) et catholiques à poursuivre la recherche de la réconciliation par un regard éclairé sur les conflits anciens et ainsi leur dépassement.

Vous pouvez lire cette déclaration en ligne, par exemple sur Radio Vaticana.

La confession comme chez les catholiques existe-t-elle chez les protestants ? [Martine]

Dire sa faute, partager devant un autre, quelque chose qui nous pèse, un péché dont on aimerait être libéré par Dieu est tout à fait possible dans le protestantisme. Vous pourrez trouver cette invitation explicitement en Jacques 5/16.

Voilà pourquoi et comment cela se pratique : Dieu pardonne ceux qui se repentent. Il est donc, pour un protestant, parfaitement possible de demander pardon à Dieu, sans avoir à partager au sujet de sa faute, avec quelqu’un d’autre. Cependant, il peut arriver que nous ne parvenions pas à nous repentir vraiment ou encore, que nous ne parvenions pas à avoir la certitude du pardon de Dieu sur l’une ou l’autre faute qui nous pèserait. Nous pouvons alors, comme protestant, en parler avec un croyant, pasteur ou non, capable de nous aider dans notre démarche de repentance. Nous partagerons avec lui ce qui nous pèse, il nous éclairera peut-être sur ce pour quoi nous devons demander pardon si nous ne le percevons pas bien et nous dirons à Dieu, devant lui, notre faute en formulant notre demande de pardon, avec nos mots. Le frère ou la soeur qui entendra votre confession pourra alors vous dire le pardon de Dieu, puisque ce pardon est promis à qui se repend en Jésus-Christ. Vous vous sentirez alors probablement vraiment libérée et renouvelée par cette démarche, qui vous aura aidée à vous mettre en vérité devant Dieu, mais aussi à entendre sa vérité : Dieu pardonne et renouvelle ceux qui se repentent !

Quelle différence y a-t-il entre le baptême par immersion et le baptême  »sec » ? [Elisabeth]

[Note de l’éditeur : il semble que l’appellation « baptême sec » ne soit pas tout à fait claire pour nous. Notre répondant a écrit ici avec l’option que « baptême sec » puisse vouloir dire baptême par aspersion, le baptême effectivement sec (dans un désert par exemple), et la présentation d’enfants.]

Je n’ai pas connaissance d’un baptême « sec » ! À moins de se trouver dans un lieu manquant totalement d’eau, auquel cas le baptême peut être administré par un autre moyen (sable, etc.). Cas peu fréquent puisque le baptême n’est pas « magique », n’a donc pas besoin d’être administré dans l’urgence…

Il y a plusieurs manières d’administrer le baptême, sans que le sens en soit changé. Notamment par immersion totale du baptisé, ou bien par aspersion d’eau, ce mode-ci étant simplement plus commode que l’autre, et développé à partir du moment où l’on a commencé à baptiser les enfants en bas âge des fidèles. Il est important alors que le baptisé, en fonction de son âge, ait le sentiment d’une noyade, puisque c’est le sens du baptême en tant que geste : noyé dans la mort avec le Christ, et retiré de la noyade par sa résurrection. (Romains 6 / 4)

Dans certaines Églises (dont les Églises réformées dans l’EPUdF), une remise en cause du baptême des petits enfants dans les années 1950 a entraîné la remise à l’honneur d’une « présentation » à Dieu et à l’Église (à la fois bénédiction et prière) des petits enfants dont le baptême était reporté à l’âge adulte, les parents prenant l’engagement de témoigner de l’Évangile auprès de l’enfant. Ce n’est donc pas un « baptême sec », mais tout à fait autre chose. Le baptême reste le baptême, quel que soit l’âge du baptisé : c’est l’engagement de Dieu envers lui en Jésus-Christ, appelant une réponse de foi de la part du baptisé. Le « rôle » central n’y est pas tenu par le baptisé, même adulte, mais par le Saint-Esprit.

Dans mon souvenir d’enfance, mon grand-père nous faisait le culte du dimanche matin. La qualité de ce culte était-elle affectée du fait qu’il n’était titulaire d’aucune ordination ? [Laurent]

Bien sûr que non. C’est bien la grande tradition protestante que le premier lieu de la spiritualité chrétienne communautaire soit la famille. C’est là qu’on fait l’expérience de la lecture régulière de la Bible, qu’on apprend à la connaître et à l’aimer, à y entendre une parole de Dieu pour aujourd’hui.

Le culte « paroissial », c’est autre chose. De tout temps les protestants luthéro-réformés ont considéré qu’il fallait une formation universitaire à leurs pasteurs (d’où d’ailleurs la robe noire, robe d’universitaire et non habit liturgique). Cette formation, certes, ne suffit pas, mais est nécessaire ; aujourd’hui c’est en France un master pro (bac + 5). Il faut aussi que l’Église (pour nous, l’EPUdF) reconnaisse que la personne considérée sera humainement, psychologiquement, spirituellement, capable d’exercer le ministère pastoral dans une Église locale concrète.

« L’ordination – reconnaissance de ministère » signifie alors l’action de grâce et la prière pour le nouveau ministre. Elle permet sa reconnaissance non seulement dans l’Église locale où il exercera ce ministère, mais dans toute l’Union à laquelle celle-ci appartient, et dans toutes les autres Églises avec lesquelles elle est en relation. Ainsi, si un père de famille (pour parler comme autrefois) est pasteur de son foyer, si un prédicateur dit laïc peut exercer ce ministère occasionnellement et être reconnu localement, voire régionalement, un pasteur « ordonné – reconnu » l’est universellement.

On pourrait aussi, à propos de « qualité », s’interroger sur le sens de la prédication (c’est elle qui fait que c’est un culte) pour ceux qui l’entendent : actualisation, compréhension, témoignage personnel, etc. C’est une des fonctions de la formation universitaire comme des stages professionnels que de se poser la question, afin que ce soit bien la parole de Dieu qui retentisse, le Christ lui-même qui soit communiqué aux auditeurs.

Pourquoi, chez les protestants de l’EPUdF, n’y a-t-il pas Sainte Cène toutes les semaines (Jean 6 / 51-58) ? [Muriel]

Les traditions protestantes (c’est-à-dire les différentes interprétations de la Parole de Dieu reçue à travers la Bible) ne sont pas unanimes. Chez les luthériens et les calvinistes, le Christ se rend réellement présent dans la sainte cène pour ceux qui communient avec foi. Pour certains (notamment les luthériens) cela implique la célébration de la cène à chaque culte (tout au moins si c’est un pasteur ordonné qui préside). Pour d’autres, l’importance de cette célébration suppose qu’on en use moins souvent afin de ne pas la banaliser. Par ailleurs, il y a dans ces traditions des fidèles de sensibilité soit évangélique, soit libérale, pour qui la cène est simplement une commémoration, une image de ce que le chrétien est nourri spirituellement.

L’Église protestante unie de France est une Église unie, comme son nom l’indique : elle rassemble des sensibilités différentes autour d’affirmations communes (notamment contenues dans la « Concorde » dite de Leuenberg, entre Églises luthériennes, réformées et méthodistes d’Europe). Historiquement, les Églises réformées en Suisse et en France ne célébraient la cène que trois ou quatre fois l’an, contre l’avis de Calvin. C’est petit à petit que cette célébration est devenue plus fréquente, au moins une fois par mois depuis le milieu du XXe siècle, souvent plus aujourd’hui.

Il faut remarquer que nulle part la Bible n’indique une périodicité. S’il est clair que la sainte cène est toujours une célébration communautaire (jamais individuelle), rien ne dit qu’elle doive être hebdomadaire, voire quotidienne. Pourtant, ce qui est dit du culte chrétien dans le Nouveau Testament semble supposer que la cène y était célébrée chaque fois… Le texte que vous mentionnez ne dit rien là-dessus, il dit le sens de ce que représente la cène. On pourrait citer aussi des extraits des chapitres 10 et 11 de la première épître aux Corinthiens, sans parler des récits de la cène dans les évangiles synoptiques.