Permettez, Alex, que je commence par dissocier dans votre question le jeu et l’argent. Car indépendamment de l’argent, le jeu a parfois été décrié par les Eglises chrétiennes comme étant une occupation malsaine, dirigeant les esprits de l’essentiel pour le tourner vers des choses futiles. Or les nombreuses découvertes pédagogiques faites depuis le 19ème siècle ont permis de mettre en valeur les nombreuses vertus éducatives, sociales du jeu. Sans compter la joie qui souvent s’y manifeste. L’un des aspects intéressants du jeu est qu’il s’inscrit dans un cadre limité, et qu’une fois terminé, chaque joueur peut retourner à la réelle.
C’est là que le bât blesse avec l’argent, qui a la triste tendance à faire éclater ce cadre. Tout le monde a pu expérimenter au moins une fois l’adrénaline libérée à l’occasion d’un pari, par exemple. Le problème, c’est qu’on perd vite la maîtrise du jeu. Et c’est le jeu, avec la perspective du gain, qui finit par nous maîtriser. Je parle d’une expérience commune, qui rejoint ce que l’Ecriture dit de l’argent quand elle la désigne comme une puissance agissante, et non seulement comme un moyen. Les jeux d’argent ont un avantage pour nous : ils nous révèlent la véritable nature de l’argent, une nature dévorante, qui obéit à la règle du « toujours plus » et prend tout l’espace
« Vous ne pouvez pas avoir deux maîtres, dit Jésus, Dieu et Mammon (l’argent) » (Matthieu 6, 24) Quand, pour envisager l’avenir, l’appât du gain devient plus important que la confiance en Dieu, il y a péril en la demeure, on ne joue plus vraiment. On pèche, effectivement. Et comme il est très difficile de résister à une telle puissance, mieux vaut se passer de la fréquenter.