Pourquoi Dieu a t il crée l‘Homme ? [Simon]

Pourquoi Dieu a-t-il créé l’Homme ?
Il faudrait le lui demander.
Parce qu’il en avait envie ?
Pour pouvoir discuter ?

Pour quoi Dieu a-t-il créé l’Homme ?
Pour le bonheur et pour la vie.
Pour régner sur la création, en tant que seul animal doté d’un Esprit.
Pour continuer la mise en ordre du monde créé par l’autorité de la Parole.
Pour être, homme et femme, image de Dieu, et devenir à sa ressemblance.
Pour être ambassadeur de son Amour, de sa réconciliation.

Notamment

« Devenu comme l’un de nous ». « Faisons l’homme à notre image ». Que signifie nous quand Dieu parle ? [Joyce]

Question très intéressante mais épineuse ! Les deux citations que vous utilisez se trouvent dans les chapitres 1 et 3 de la Genèse (« Devenu comme l’un de nous » : Genèse 3. 22 ; « Faisons l’homme à notre image » : Genèse 1. 26). Genèse 1 désigne Dieu sous le vocable « Élohim » qui est un pluriel, mais tout le temps conjugué au singulier, sauf là ! Genèse 3 utilise deux noms conjoints : Élohim, précédé du tétragramme imprononçable « YHWH » que l’on traduit par « Le Seigneur » ou « L’Éternel ». Pour les chrétiens, très vite, on a compris ce « nous » comme exprimant la Trinité (Dieu Père, Fils et Saint-Esprit). Ce n’est bien sûr pas écrit en toute lettre, mais cela a le mérite de nous faire comprendre qu’un élément essentiel de la nature humaine, à l’image de Dieu, est d’être relationnelle : l’être humain est homme et femme, et au sein du couple, c’est dans cette altérité là que l’image de Dieu se vit et se comprend.

Est-il possible de lire la parabole des mines (Luc 19) en voyant le prétendant au trône comme l’esprit du mal ? Soit en renversant les rôles ? [Manu]

Lire une parabole en cherchant de nouvelles manières de l’interpréter est toujours intéressant. Le tout est d’être conséquent avec les pistes d’interprétations que l’on suit. Dans le cas que vous proposez, si le prétendant au trône est l’esprit du mal (et pas Jésus, comme manifestement lui-même le pensait…) qui sont ses serviteurs ? Sur quel pays lointain doit-il prendre l’autorité ? Qui sont ses concitoyens ? Vous voyez, cela fait beaucoup de questions, auxquelles il faut répondre pour trouver un nouveau sens à la parabole. Je vous laisse le faire. Pour ma part, j’ai besoin de me rappeler qu’il ne s’agit pas de simples allégories amusantes que Jésus donnait pour nous faire chauffer les méninges. Il s’agit, presque tout le temps, d’appels à la repentance, au retour vers Dieu, en nous reconnaissant dans tel ou tel personnage et en identifiant son comportement au nôtre, pour mieux le modifier si besoin.

Qu’est-ce que le Talmud ? Quelle est sa valeur pour le chrétien ? [Simon]

Le Talmud est le résultat d’un immense travail de compilations de discussions entre rabbins portant sur des questions de mise en pratique de la Torah (la loi juive écrite dans l’Ancien Testament). Sa rédaction s’étale entre le 3e siècle avant et le 5e siècle après Jésus-Christ. Il me semble que sa valeur est avant tout culturelle pour un chrétien. C’est à dire qu’il peut être intéressant d’y faire référence pour mieux comprendre certaines paroles de Jésus (dont on parle d’ailleurs dans le Talmud). Ce très gros recueil (en plus il y a deux éditions différente, mais je n’entre pas dans les détails) obéit à une logique de pensée différente de la nôtre, mais très enrichissante. Ce n’est pas à proprement parler un « commentaire » de l’Ancien Testament, mais cela nous permet de comprendre comment nos frères juifs raisonnent, encore aujourd’hui, car le Talmud est un des piliers du judaïsme actuel.

Le baptême est-il la seule voie d’entrée au paradis ? Qu’en est-il de ceux qui ne sont pas chrétiens- pourront-ils aller au paradis eux-aussi ? [Ged]

J’ai du mal à dire que le baptême soit la seule voie d’entrée au paradis. Pour moi, la seule « voie d’entrée au paradis » est Jésus-Christ, Parole Vivante de Dieu. Si j’oriente ma vie selon la foi en lui, en sa personne, sa parole et ce qu’il a fait (à la croix et par s résurrection), bref si j’accepte de reconnaître que c’est lui qui a ouvert la porte du paradis (vu que c’est lui la porte) et donc que ce n’est pas à moi de faire quelque chose pour entrer, je crois que c’est l’essentiel. Pour vous donner un exemple, un des deux bandits crucifiés à côté de Jésus lui a demandé de se souvenir de lui quand Jésus viendrait dans son règne. Et Jésus lui a répondu : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. (Luc 23. 42-43). Reconnaissons que, techniquement, ce bandit n’était pas en situation pour recevoir le baptême… Cela n’empêche que Jésus lui a dit ce qu’il lui a dit.

J’ai bien connu une personne qui avait toujours été élevée dans la religion et qui a mis fin à ses jours de manière brutale. Va-t-elle ou est-elle en enfer ? [Alexandre]

Cette idée est répandue. Je me souviens qu’une famille qui m’avait appelé à célébrer les obsèques d’un de ses membres m’avait caché qu’il s’était suicidé, par peur d’essuyer un refus de ma part, et pensant probablement que la présence d’un pasteur assurerait automatiquement le départ du défunt vers le ciel.. Double erreur !

La Bible nous relate quelques suicides : celui de Judas bien sûr, pris de remords après avoir trahi Jésus. Ou d’Ahitophel, conseiller d’Absalom, parce qu’il n’avait pas été écouté et qu’il craignait sans doute de voir son maître perdre la partie contre David (2 Samuel 17,23). Celui qui met fin à ses jours ne supporte plus de vivre parce que tout ce qui fondait, justifiait à ses yeux son existence s’effondre sans recours. Ce qui distingue Judas de Pierre (qui a pourtant aussi trahi Jésus en le reniant), ce sont les larmes de repentir que ce dernier a versées. Pierre a accepté de ne pouvoir se justifier lui-même et de s’ouvrir au pardon du Seigneur.

Mais gardons-nous bien de décider du sort éternel de celui ou celle qui ne supportait plus de vivre et qui  a succombé au désespoir, même s’il a été « élevé dans la religion » (la religion ne protège de rien, ce qui sauve c’est la foi !). Gardons-nous du jugement. La Bible nous rappelle que le dernier mot sur toute vie et tout être appartient à Dieu. L’enfer, pour celui qui s’est suicidé, c’était d’abord sa vie de souffrance, ses questions sans réponse, sa solitude, sa dépression, ses impasses, que sais-je encore. Et même un croyant sincère peut succomber au désespoir. L’enfer pour ceux qui restent, les proches, c’est la culpabilisation qu’entraîne un tel geste « Si j’avais pu l’écouter, l’aider, comprendre sa souffrance »… Mais de tous ces enfers, le Seigneur peut nous sortir, comme il a fait sortir son fils du séjour des morts.

Apocalypse 14:9 parle de ceux qui ont la marque de la bête sur le front ou la main ; pourriez vous m’éclairer un peu ? [Bodo]

L’Apocalypse a un langage codé, un peu comme les messages de radio-Londres aux résistants français sous l’occupation. Parce que c’est un livre qui proclame la victoire du Christ crucifié et ressuscité sur tous les pouvoirs du mal, et nous appelle à leur résister dans l’espérance. Qui dit code dit décryptage, pas toujours facile. Notons déjà que la « bête » fait partie, avec le Dragon (ch.12) et la « 2e bête » (ch. 13,11, appelée le faux-prophète dans d’autres passages comme 16,13) d’une sorte d’anti-Trinité, et qu’il lui est donné beaucoup de pouvoirs.

La marque (ou signe) de la bête est souvent citée dans l’Apocalypse. Là aussi, c’est une contrefaçon du sceau de Dieu sur le front de ses élus, attestant qu’ils lui appartiennent et qu’il prend soin d’eux (voir Ap. 14,1). Une sorte d’anti-baptême. Le terme grec employé, Charagma, était réservé au sceau impérial ou à l’empreinte d’une monnaie. Ce qui serait donc une allusion à l’empereur Romain et à sa prétention à se faire appeler « Seigneur » et recevoir un culte en lieu et place du seul vrai Dieu. Les chrétiens auxquels Jean, l’auteur de l’Apocalpyse, écrit, en refusant ce culte-là, allaient s’exclure de la société -et donc du système économique, ce qu’annonce 13,17 : personne ne pouvait acheter ou vendre sans cette marque.

Au passage, tordons le cou à une actualisation farfelue. Certains, sur la base de ce verset, identifient la marque de la bête au code-barre servant à identifier en caisse les articles achetés dans un commerce. Ils y ont même repéré le chiffre de la bête, le fameux 666. Leurs démonstrations savantes omettent simplement que ledit code-barre n’est pas posé sur notre main ou notre front (13,16). Il y a d’autres façons d’être fidèles à Jésus-Christ que d’embêter une caissière en lui refusant de scanner notre paquet de nouilles…

Le Seigneur agrée-t-il l’union entre deux personnes ayant entretenu des relations sexuelles avant de se marier ? [Mel]

Le Dieu créateur a établi un ordre dans Sa création et des règles qui permettent d’y vivre conformément à son projet bienveillant. L’être humain est appelé à vivre sa sexualité dans le cadre de l’union fidèle entre un homme et une femme (Gn 2,18-24 ; Ex 20,14 ; Mt 19,4-5 ; 1Co 6,13-18 ; 1Co 7,2-9).

Toutefois, même si le pardon de Dieu n’est pas un visa pour le péché, Dieu est miséricordieux et pardonne ceux qui le Lui demandent d’un cœur sincère. Vivre une sexualité avant le mariage n’est pas ce à quoi nous sommes appelés. Mais si Dieu projette d’unir deux êtres par le mariage, ce qui a pu précéder cette union ne saurait amoindrir Sa bénédiction.

Comment expliquer la mort d’Ananias et Saphira (Actes 5, 1-11) ? Est-ce la conséquence d’un « blasphème contre le Saint-Esprit » (Marc 3, 29) ou d’un « pouvoir spécial » donné à Pierre (Matt 16, 19)? [Kristina]

Le rapport avec le Saint-Esprit est clair dans le récit de l’histoire d’Ananias et Saphira. Le premier a menti à l’Esprit (v. 3) et la seconde l’a provoqué, tenté ou défié (v. 9). Et comme vous le soulignez, le blasphème contre l’Esprit Saint est le seul dont on ne peut être délié.

Le mensonge est une question spirituelle… et mortelle si on s’y abandonne. La division qu’il apporte (le texte parle de Satan, celui qui divise) nous empêche d’être un. Et comme c’est contre l’Esprit que le couple s’est placé, ils se sont empêchés d’être un avec Dieu. C’est cela qui est mortel.

Et je crois donc que ce texte n’est pas là pour présenter un pouvoir spécial qui serait donné à Pierre, mais pour nous mettre en garde contre ce qui divise et nous monte contre l’Esprit et in fine nous tue.