Quel est le sens du Psaume 89 ? Dieu est fidèle et en fin de compte il tient ses promesses envers nous même s’il semble qu’il les casse ? [Virginie]

Je pense en effet qu’il y a de ça. Ce psaume e place à une échelle bien plus haute que celle de notre vie qui est bien courte, bien petite (verset 48). La fidélité de Dieu se situe à un niveau beaucoup plus profond ou plus haut. Ce qui fait que parfois, certaines épreuves qui nous arrive et nous semblent tellement dures que l’on estime que Dieu s’est détourné de nous n’ont en vérité pas cette signification. De plus, je crois pouvoir lire ce psaume comme une annonce de la fidélité de Dieu en Jésus-Christ. C’est finalement lui, le descendant de David, par lequel Dieu a tenu toutes ses promesses en assumant en lui toutes les cassures de nos existences, pour que nous découvrions que sa promesse de vie est toujours là pour nous.

Question de mon fils : puisqu’il peut tout- pourquoi Dieu n’a-t-il pas tout simplement détruit le diable pour s’en débarrasser- après ce qu’il a fait à Adam et Eve ? [Isabelle]

Peut-être parce qu’après ce qu’il a fait à Adam et Eve, le problème n’est plus seulement chez lui mais aussi en nous. Si quelqu’un casse un pot de confiture, la solution n’est pas dans le fait de taper sur cette personne. Il vaut mieux essayer de récupérer la confiture et peut-être essayer de recoller le pot. Avec nous, c’est ce que Dieu a fait en Jésus-Christ. Dieu s’intéresse bien plus à nous qu’au diable, même s’il a a déjà réglé ses comptes avec lui par la croix et la résurrection.

Que devrions-nous faire quand la vie semble parfois inutile ? [Ulrich]

Quand je suis soumis à une tentation de cette sorte, je me réfugie dans la prière. Je me « cache dans le manteau de Jésus » si vous me permettez cette expression un peu simple. Ce n’est en tout cas ni par une réflexion philosophique, ni par un divertissement, médiatique ou autre, que j’ai trouvé l’apaisement. Je sais aussi que j’ai souvent besoin de m’entourer de personnes que j’apprécie et en qui j’ai confiance, car leur contact peut m’aider à changer mon point de vue sur la vie.

Les morts dorment-ils jusqu’à la résurrection des temps de la fin ? Sont-ils inconscients de ce qui se passe sur la Terre parmi les vivants et de la façon dont le plan de Dieu est exécuté ? [Pierrot]

Votre question est peut-être liée au fait que la Bible proscrit d’interroger les morts (Dt 18,10-11), laissant supposer qu’ils ont certaines connaissances privilégiées, ainsi qu’à l’épisode de 1Samuel 28, 3-25. De toute façon la Loi divine pose que ça n’a pas d’intérêt pour nous de le savoir.

La Bible en dit-elle plus sur la condition humaine entre la mort physique et la résurrection des morts ?

Disons que le corps, en attente de la résurrection, retourne à la poussière (Genèse 3,19), mais qu’en est-il du souffle de vie qui fait de l’Homme une « âme vivante » (Genèse 2,7), une personne ?

Pour ceux qui ne croient pas en Christ, la destination est le séjour des morts, Sheol en hébreu, Hades en grec… qui apparait comme un lieu de néant (Ecclésiaste 9,10). Luc 16,19-31 nous donne une autre vision, mais le fait que la passage soit présenté comme une parabole incite à la prudence quant aux conclusions à en tirer.

A propos de ceux qui croient en Christ, de qui Jésus dit qu’ils ne mourront jamais (Jn11,26), c’est moins clair. Nous lisons effectivement chez Paul qu’ils dorment en Christ (1 Corinthiens 7.39; 11.30; 15.6, 18,20,51; 1 Thessaloniciens 4.13-15). Mais ce temps intermédiaire ne semble pas être un temps d’inconscience. Ainsi, Jésus assure au « bon larron », le jour même de sa mort, sa présence à ses côtés au paradis (Luc 23,43), lieu de présence du Christ et de l’arbre de vie en Apocalypse 2,7 (paradis où Paul est monté suite à sa révélation sur le chemin de Damas, voir 2Corinthiens 12,4). En Philippiens 1.21-23 et 2Corinthiens 5,8, Paul parle de l’après comme d’un temps enviable. Dans le livre de l’Apocalypse, les saints, les croyants ayant subi le martyr en attente de rédemption sont au repos, mais conscients, et en mesure de demander combien de temps il reste avant que justice ne soit faite sur terre (6.9-11).

Mais l’essentiel est que nous n’avons rien à attendre de ceux qui ont quitté ce monde : Dieu pourvoie à nos besoins.

Que veut-on dire par « se préparer pour la sainte-cène » ? [Annie]

Peut-être l’expression s’inspire-t-elle d’une recommandation de l’apôtre Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (11,28s) : « que chacun s’éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire cette coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps et le sang du Seigneur mange et boit sa propre condamnation (trad. TOB) ».

Chez certains chrétiens, cet avertissement est compris comme une interdiction de communier faite à quiconque se trouverait en situation de faute morale, par exemple, et donc se serait rendu indigne d’avoir part au repas du Seigneur. Mais alors, qui en serait « digne » ? Il n’y a autour de la table du Seigneur que des pécheurs pardonnés.

Le v.21 montre que Paul pense à autre chose : aux repas communautaires au cours desquels était célébrée la Cène, les membres les plus riches de l’Eglise de Corinthe mangeaient sans s’inquiéter des plus pauvres, qui n’avaient pas grand chose. Ce qui allait à l’encontre du sens même de ces repas appelés « agapes », et bien entendu de la Cène, puisque le partage du pain et de la coupe atteste l’unité et la fraternité de tous les participants, en Christ. D’autre part, certains participants étaient même ivres (v.21) et ne savaient donc pas ce qu’ils faisaient !

Résumons : se préparer pour la Cène, c’est tout simplement se rappeler et croire ce qu’elle nous atteste et ce que le Saint-Esprit nous y communique, le don par le Christ de lui-même, pour nous tous. C’est aussi en tirer les conséquences dans mes relations avec les autres membres de l’Eglise : comment pourrait-on se reconnaître frères et soeurs autour de la même table, membres du même corps, sans s’aimer ?

Que signifie le terme aspersion ? [Jean]

Le terme « aspersion » est utilisé pour désigner les baptêmes que l’on pratique en versant de l’eau sur la tête du baptisé. Ce type de baptême s’oppose au baptême par immersion, lors duquel le baptisé est plongé, puis retiré de l’eau. A l’origine, le baptême se vivait par immersion (le mot grec pour baptiser signifie « plonger »). Cette modalité de baptême est encore employée aujourd’hui par certaines églises qui baptisent les personnes dans des baignoires ,dans des lacs…. La descente dans l’eau signifie la mort à la vie conduite par le péché. La sortie de l’eau dit la naissance à une vie nouvelle dont Christ est désormais le Seigneur et la maître. Dés le IIème siècle, la Didachè, un texte chrétien très ancien, parle de ce qu’on appelle aujourd’hui le baptême par aspersion, en précisant qu’il peut être employé lorsqu’une quantité suffisante d’eau ne peut être trouvée. Cette pratique est devenue courante à la fin de l’antiquité et demeure la manière habituelle de baptiser dans nombre d’églises.

Comment et pourquoi les jésuites ont-ils persécuté les huguenots ? Les jésuites sont-ils toujours dangereux aujourd’hui? (Je suppose que les théories de complot d’Internet sont pour la plupart fausses) [Erik]

Je pense, en effet, qu’il vaut mieux consulter les ouvrages des historiens que les théories du complot qu’internet propose.
La compagnie des jésuites, composée de prêtres, a été fondée au XVI ème siècle. Soumis au pape, ils se sont opposés aux protestants en se donnant pour objectif de répandre les idées de la Contre-Réforme catholique. Les Jésuite ont participé à la lutte intellectuelle contre le protestantisme. C’est dans cette sphère, en assurant, entre autre, la formation intellectuelle des élites, qu’ils ont été actifs, sans, à ma connaissance, avoir commis de crimes contre les protestants, ces derniers étant plutôt perpétrés par les pouvoirs civiles.
Depuis Vatican II et les années 60, l’hostilité entre catholiques et protestants a nettement diminué. Bien que des désaccords importants demeurent, les uns et les autres sont tombés d’accord sur « la justification par la foi » qui était au centre des divergences entre catholiques et protestants, au temps de la Réforme (voir accords sur la justification par la foi). Il n’y a donc aucune hostilité particulière aujourd’hui, entre jésuites et protestants. Vous n’avez pas à trembler, si vous en croisez…

Dieu a-t-il réellement crée des hommes- bien distincts des femmes et cela par nature- de ce qui relève de l’inné et non de l’acquis ? (Je parle bien ici de genre et non de sexe) [Alyssa]

Le Genèse dit : « Dieu créa l’humain à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Genèse 1/27) puis de cela et de toute sa création dit « il vit que cela était bon » (Genèse 1/31).
Le premier mot traduit par humain, évoque le genre humain, l’humanité. Celui qui est traduit par « homme » signifie en fait « mâle » et ce qui est traduit par femme signifie « femelle ». Dieu a donc créé l’humain mâle et femelle et cela est bon.
Cette volonté originelle de Dieu désigne-t-elle le sexe, la différence des corps ou le genre, le fait de se sentir subjectivement homme ou femme ?
Notons tous d’abord que l’humain, dans la Bible n’est pas une âme dans un corps. L’humain est âme et corps. C’est ainsi que Genèse 2/7 nous montre Dieu faisant l’homme de la poussière de la terre et de souffle. C’est ainsi aussi que le mot « humain » signifie aussi en hébreu « terre ». Ainsi Dieu a créé notre corps et notre âme mâle ou femelle. L’un ne va pas sans l’autre.
Notons ensuite que la Bible ne dit pas que les animaux sont fait mâles et femelles même si le corps de la plupart des animaux a aussi été créé sexué. Ces derniers ne sont pas créé « à l’image de Dieu » mais « selon leur espèce ». Cela signifie que la différence sexuée de l’humain implique plus que son corps. Elle participe à faire de l’homme et de la femme, différents et semblables, réconciliés et se donnant l’un à l’autre dans le couple, l’image de Dieu. En effet, nous dit Jean, « Dieu est amour ». (1 Jean 4/8)

Que signifie vraiment le mot « justifié » dans « justifié par la foi » [Jacques]

Quand Paul parle de la justification par la foi (Romains, ch.3 à 5 notamment), il faut comprendre ce qu’il entend par « justice ». Ce qui est juste, c’est ce qui est conforme à la volonté de Dieu. Un juste est donc quelqu’un qui marche avec Dieu, qui se tient à sa vraie place en obéissant à sa loi.

Mais « justifié » est un participe PASSIF. Paul nous dit que l’auteur de cette justice du croyant, ce n’est pas le croyant, mais Dieu lui-même, qui par la mort et la résurrection de Jésus-Christ nous remet gratuitement, par amour, à notre « juste place » : Par le Christ, et en lui, nous devenons enfants de Dieu malgré tout ce qui nous sépare de lui (notre incrédulité, notre refus de son amour, en un mot tout ce que la Bible appelle le péché). Quel cadeau ! A nous maintenant de vivre comme ses enfants… de la « juste » manière.

Pouvons-nous déduire de l’histoire d’Esaü et Jacob que Dieu voulait que nous quittions le mode de vie des chasseurs-cueilleurs (Esaü) et encourage les gens à adopter un mode de vie agraire/domestique (Jacob) ? [Virginie]

Votre question cherche la clef de lecture d’un récit biblique : serait-il l’écho d’une évolution culturelle, du passage de la préhistoire à l’histoire ? Pour répondre à cette première question, considérons une autre histoire de rivalité entre frères, le ch.4 de la Genèse. Dieu agrée l’offrande d’Abel (éleveur !) plus que celle de Caïn (agriculteur !). Donc il ne s’agit sans doute pas, pour ce qui concerne l’histoire de Jacob et Esaü en Genèse ch. 27, d’un récit visant à encourager un mode de vie sédentaire. Les activités propres d’Esaü qui aimait vadrouiller et chasser et de Jacob qui préférait rester en famille sont surtout rappelées pour expliquer dans quelles circonstances l’un ravit à l’autre ce qui lui revenait normalement de droit. Sur le plan « étiologique » (c’est à dire pour expliquer l’origine et la transmission d’un récit), tout au plus pourrait-on souligner qu’Esaü fut l’ancêtre d’Edom, un peuple sémite souvent hostile à Israël.

D’autre part, indirectement, vous interrogez l’attitude mystérieuse de Dieu, qui choisit l’un des fils d’Isaac pour hériter de sa bénédiction plutôt que l’autre. Jacob, au comportement moral parfois discutable (c’est un habitué des « coups tordus ») ne semblait pas mériter plus qu’Esaü la bénédiction promise, sauf qu’il la désirait ardemment (alors qu’Esaü la vendit pour un plat de lentilles). Enfin, notons que dans ces deux cas, le cadet passe avant l’aîné, ce qui est contraire à l’usage. Dieu renverse les préséances et les hiérarchies établies par les hommes. Pourquoi choisit-il David pour régner alors qu’il est le bon dernier de la fratrie ? Pourquoi choisit-il le fils né de Bath-Schéba, la femme dont il a fait tuer le mari, pour lui succéder ? Allons plus loin : Pourquoi s’est-il révélé au peuple d’Israël et pas aux gaulois ou aux papous ? L’explication que donne de ce choix Deutéronome 7,7-8 n’en est pas vraiment une : Dieu l’a choisi non pas du fait qu’il serait le plus grand peuple, c’est loin d’être le cas. Mais parce qu’il l’aime. Et il ne nous est pas dit pourquoi. L’amour ne s’explique pas. (cf la réponse à une question concernant Jacob et Esaü publiée le 2 avril sur ce site).

Ce qu’il faut souligner, c’est qu’à travers son alliance avec Israël, Dieu s’adresse à tous les peuples de la terre. La bénédiction promise à Abraham rejaillit sur tous, par Jésus-Christ. L’élection n’est pas synonyme d’exclusion.