Que faire pour recevoir le Saint-Esprit ? [Jean]

Je pense que si vous êtes chrétien et que vous vous posez cette question, Jean, c’est que le Saint-Esprit agit déjà en vous. Il est peut-être utile que vous vous interrogiez sur votre représentation de l’action du Saint Esprit. S’agit-il de parler en langues ? De pratiquer des guérisons ou des miracles ? Si vous ne faites pas ces choses, je ne pense pas que cela signifie que le Saint Esprit ne soit pas en vous. Il y a une grande diversité de dons dans le Saint Esprit et nous sommes souvent à son bénéfice sans même nous en rendre compte, ceci afin que nous ne tombions pas dans le piège de l’orgueil spirituel.

Que signifie théologiquement la phrase « Que l’œuvre du diable sois mise en lumière » ? [Alex]

Il me semble que cela renvoie au fait que le péché (l’œuvre du diable en nous et autour de nous) cherche à rester caché, ne veut pas être révélé. Dans l’évangile de Jean, nous pouvons lire : « la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leur manière d’agir était mauvaise. En effet, toute personne qui fait le mal déteste la lumière, et elle ne vient pas à la lumière pour éviter que ses actes soient dévoilés. Mais celui qui agit conformément à la vérité vient à la lumière afin qu’il soit évident que ce qu’il a fait, il l’a fait en Dieu. » (Jean 3. 20-22) et encore : « Vous, vous avez pour père le diable et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement et il ne s’est pas tenu dans la vérité parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fond, car il est menteur et le père du mensonge. » (Jean 8.44). Et enfin, dans sa première lettre : « Celui qui pratique le péché est du diable, car le diable pèche dès le commencement. Or, c’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu. » (I Jean 3. 8). Jésus est venu détruire l’œuvre du diable en la révélant et ainsi il nous en libère, lorsque nous nus repentons et que nous croyons en son amour.

Que penser du droit au blasphème en France ? Que faire quand on voit des personnes blasphémer- mais qu’on pense au poids mortifère de la religion les siècles passés ? ? [Gabriel]

Blasphémer, si j’en crois le Larousse, signifie insulter violemment une religion, une croyance. Et dans notre pays, c’est une façon, pour certains (athées, libre-penseurs…) d’user du droit fondamental à la liberté d’expression. Cette liberté est parfois mise à mal lorsque telle ou telle religion exerce un pouvoir sur la société. Pouvoir dont elle est toujours tentée d’abuser, comme les « siècles passés » nous le montrent, ainsi que vous le soulignez, Gabriel.

Il ne faut pas remettre en cause ce droit. En clair, ne pas chercher à faire interdire un journal tel Charlie Hebdo qui tourne régulièrement en dérision les convictions et croyances religieuses . Ce qui ne signifie pas approuver les moqueurs, ni cautionner leur attitude méprisante et provocatrice. Il faut plutôt nous interroger sur le pourquoi de cette haine, et refuser de répondre à la haine par la haine, comme y invite l’apôtre Pierre écrivant à des chrétiens soumis aux insultes et railleries (1 Pierre 3,9). Car la plus grande liberté, ce n’est pas d’insulter, c’est d’aimer.

Dans un mariage nous devenons une seul personne- est ce que les péchés de l’homme sont pardonnés grâce à la prière de sa femme ? Quand l’un pèche dans le couple est-ce que l’autre subit péché aussi ? [Anna]

Vous faites référence au verset 24 du chapitre 2 de la Genèse : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils ne feront qu’un ». « Ne faire qu’un » ici est à entendre dans le sens de l’unité même de Dieu, qui est un en trois personnes (c’est le même mot « un » qui est employé dans le verset que je viens de citer et dans la confession de foi d’Israël : « Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu, l’Éternel est un » (Deutéronome 6.4). Quand Jésus, le Fils, est mort sur la croix, le Père et l’Esprit ne sont pas morts. Quand Jésus a été tenté, le Père ne l’a pas été car Dieu le Père ne peut être tenté. De la même manière, quand das un couple l’un des deux pèche, l’autre ne subit pas son péché. Le pardon est avant tout accordé à celui/celle qui se repent de lui-même, mais la prière du conjoint est tout de même très importante, car la prière fervente est très efficace (Jacques 5.16). À coup sûr, ce qui est donné à l’un grâce à l’autre dans le couple, c’est la sanctification, même si l’un des deux n’est pas croyant (I Corinthiens 7.14)

Quand on refusera la marque de la bête est ce qu’on aura de quoi manger et vivre ? Pourrons-nous prendre soin de nos familles ? Ou devrons-nous attendre notre mort sur cette terre ? [Anna]

Votre question Anna fait allusion au texte d’Apocalypse ch.13, versets 16 à 18. La marque et le « chiffre de la bête » que chacun doit porter pour pouvoir acheter ou vendre. Rappelons pour commencer que le genre littéraire apocalyptique est fait d’images et de symboles, le tout constituant un code parfois difficile à déchiffrer et en tout cas à ne pas prendre à la lettre.

La plupart des commentateurs s’accordent à penser que tout comme dans le livre de Daniel, la « bête » représente le pouvoir impérial Romain, qui exigeait de tous les citoyens qu’ils lui rendent un culte. Les chrétiens des premiers siècles, ne reconnaissant que le Christ comme Seigneur, se sont exposés à des persécutions, se sont vus souvent exclure de la vie sociale et économique.

Le chiffre indiqué, 666, a donné lieu à bien des pseudo-actualisations farfelues (par exemple, certains y ont vu le code-barre étiqueté sur les produits commercialisables…). Mais le texte de l’Apocalypse le désigne simplement comme « un chiffre d’homme » : Six, répété trois fois comme pour évoquer cette parodie de la trinité, cette « anti-trinité » que constituent le Dragon du ch.12, la bête et l’autre bête du ch.13, appelé le « faux-prophète en 16,13. Le chiffre Six, c’est sept (chiffre évoquant dans la Bible l’achèvement, la perfection) moins un. Autrement dit C’est le chiffre de l’humanité qui cherche à se faire Dieu mais ne peut atteindre Dieu.

Comment interpréter tout cela ? En tant que chrétiens, nous n’adorons que Dieu, et nous refusons d’adorer ou de sacraliser les pouvoirs qui prétendent prendre sa place dans le coeur et la vie des hommes : pouvoirs totalitaires idéologiques, politiques, économiques (Mammôn)… Et notre fidélité à Jésus-Christ peut nous exposer à être marginalisés, voire persécutés dans certains pays, quand nous refusons les compromis, les mensonges, les injustices auxquels ces pouvoirs cherchent à nous entraîner. Mais nous n’avons rien à craindre ! L’Apocalypse proclame la victoire du Christ crucifié et ressuscité (voir les chapitres 4,5 et 12 entre autres), à laquelle nous sommes associés (dans le langage symbolique de l’Apocalypse : notre nom est inscrit dans le livre de vie, 13,8). Contrairement à ce que le mot « apocalypse » désigne dans le langage courant (catastrophe, effondrement du monde), il signifie « révélation » (de Jésus-Christ) et constitue un message d’espérance, une bonne nouvelle adressée à ceux qui souffrent pour leur foi.

Comment prendre leçon du « confinement » de Noé dans l’Arche ? [Amina]

Le « confinement » de Noé dans l’Arche n’est qu’un élément de l’histoire du déluge. Il n’est pas très juste sur le plan de la méthode d’étudier ainsi un texte biblique en projetant une préoccupation de notre actualité qui ne se trouve pas développée en tant que telle dans le texte. L’enfermement de Noé, de sa famille et de tous les couples d’animaux pendant environ une année dans l’arche n’est donc pas un confinement comparable à ce que nous vivons. On ne peut comprendre la valeur de cette vie dans l’arche sans ce qui précède et ce qui suit : l’histoire de la folie et de la violence des hommes à qui Dieu a voulu redonner un autre commencement. Ce qui est remarquable, c’est que la colère de Dieu n’est pas totale. Elle permet un nouveau départ. Ce qui est rarement le cas de la colère humaine. La fin du récit se termine sur l’échec de ce second redémarrage. Les hommes sont toujours aussi méchants. Dieu décide alors de changer de méthode (Genèse 8, 21 et 22). Il promet de ne plus détruire la terre (Genèse 9, 11 à 17). Il transformera le cœur humain, non par la force, mais par l’intérieur, par la confiance et l’écoute de sa Parole. Commencé avec Abraham (Genèse 12), cette histoire trouve son dénouement avec Jésus et le don de l’Esprit. Le confinement que nous vivons peut utilement être l’occasion de méditer sur Le projet de Dieu pour sa création. L’arche a été le lieu où s’est expérimenté la providence de Dieu pour sauver toute sa création. Dans notre vie, nous pouvons faire la même expérience en toute circonstance. C’est la foi de Noé qui nous enseigne (Hébreu 11, 7). Pour Jésus lui même quand il parle de Noé, c’est le fait d’obéir à Dieu qui est important (Luc 17, 26 et 27). Faites confiance Amina en la parole de Dieu, là est la vie, non pas confinée mais libérée !

La Sainte Cène doit-elle être donnée strictement par un leader ordonné (pasteur- diacre- évangeliste ou autre) ? [JBapt]

Rien dans le Nouveau Testament, et notamment dans les récits d’institution de ce repas, lorsque Jésus a célébré la Pâque avec ses disciples, ne permet de poser une telle condition. Dans l’Eglise protestante unie, par exemple en l’absence d’un pasteur ou autre ministre ordonné, un membre de l’Eglise locale peut être délégué pour présider le service de Sainte-Cène, pourvu qu’il le fasse correctement, en rappelant les paroles par lesquelles Jésus nous a ordonné de célébrer ainsi sa mort jusqu’à son retour. Sans oublier de demander l’aide du Saint-Esprit pour que nous discernions bien le sens de la Cène. On peut aussi imaginer que dans des situations particulières (de confinement par exemple !) la Cène soit célébrée en famille…

Ce n’est pas en vertu du ministère de celui ou celle qui nous les donne que le pain et le vin de la Cène nous attestent véritablement notre union au Christ. C’est par notre foi. Cette question fait débat avec nos frères et soeurs de l’Eglise catholique (pour laquelle il ne peut y avoir communion au corps du Christ si les éléments n’ont pas été consacrés par le prêtre). En tapant dans la case « search » le mot clef « Eglise », vous trouverez une réponse déjà donnée à cette question le 14 mars 2018, avec des pistes pour prolonger la réflexion.

Si, suite à un accident, quelqu’un est branché à des machines pour la maintenir en vie mais que sans celles-ci, la personne meurt : est-ce que débrancher revient à une forme de meurtre ? [Chiara]

Votre question touche à un grand problème d’ordre éthique difficile à traiter en quelques lignes ! Il se pose, parfois de façon aiguë, à la conscience des médecins, des proches du malade qui est dans la situation que vous indiquez. Faut-il le maintenir artificiellement en vie, à tout prix ? A-t-on le droit de laisser quelqu’un dans un état végétatif ? Etc.

Difficile d’établir des règles générales, car chaque situation est spécifique. A ceux qui avaient une réponse trop facile, telle que : « oui, il faut tout faire pour maintenir la vie, car mettre un terme à la vie de quelqu’un, débrancher le respirateur, c’est prendre la place de Dieu », un médecin célèbre répondait : « je me mets déjà à la place de Dieu lorsque je le branche ».

Au risque de simplifier, on distingue deux grands types de réponse à votre question. D’abord, celle des partisans de l’euthanasie. Selon eux, il ne faut pas hésiter à abréger la vie d’un patient, et lui permettre de mourir dignement lorsqu’il souffre trop, physiquement ou moralement, ou lorsqu’il n’est plus en mesure de communiquer avec son entourage. Mais qui peut juger, et selon quels critères, qu’une vie est « digne » ou « indigne » de subsister ? Le malade lui-même ? Mais bien souvent, derrière le « je veux mourir », il faut entendre : « j’ai besoin d’aide ». Et qui est censé poser l’acte qui va mettre fin activement à ses jours ?

Une autre réponse est celle des soins palliatifs : elle consiste à refuser à la fois l’euthanasie et toute forme d’acharnement déraisonnable pour maintenir en vie le malade, donc dans les deux cas à se rendre maître de sa vie. Elle admet qu’il n’est plus possible de guérir le malade, et met plutôt l’accent sur le soulagement de sa souffrance. Elle vise à accompagner la vie jusqu’à son terme, sans chercher ni à retarder, ni à hâter celui-ci. Entre les deux positions, vous devinez où va ma préférence…

Comment durer quand on sait pas quand ça finit ? [Jo]

Votre question, Jo, me semble se référer à la situation que nous vivons en ce moment, avec le confinement dont nul ne sait précisément quand et comment il prendra tout à fait fin. D’une manière plus générale, je crois que cela nous renvoie à la notion de persévérance et d’endurance dans la foi, qui est souvent évoquée dans le Nouveau Testament. Jésus en parle clairement : « Quant au jour et à l’heure, personne ne les connaît, pas même les anges dans le ciel ni le Fils: le Père seul les connaît. Faites bien attention, restez en éveil et priez, car vous ignorez quand ce temps viendra » (Marc 13. 32-33). La prière, la lecture régulière et attentive de la Bible, la relation fraternelle, sont autant de moyens pour durer, quelles que soient les circonstances extérieures. C’est aussi ainsi que je comprends « Demeurez dans mon amour » (Jean 15. 9). Que le Seigneur nous donne à tous de vivre ce temps présent plus comme une occasion à saisir pour approfondir notre relation avec lui et demeurer dans son amour que comme un mauvais temps à endurer pour éviter qu’il n’empire.