Face aux crises majeures qui seront la conséquence du réchauffement climatique- comment se positionner en tant que chrétiens ? Faut-il envisager une rupture de mode de vie radicale ? [Marion]

Vous en conviendrez, Marion, les chrétiens sont aussi des… terriens ! Notre avenir est donc étroitement lié à celui de notre environnement terrestre, comme pour tout être vivant, n’en déplaise à ceux qui pensent que la solution serait de coloniser la planète Mars… En outre, nous confessons que sa Création, le Seigneur l’a confiée aux hommes pour la cultiver et la garder, c’est à dire en prendre soin (Genèse ch.2, v.15). Nous ne pouvons donc pas nous soustraire à l’enjeu écologique sous prétexte que notre vraie patrie est le Royaume des cieux. Bien au contraire. Dans sa prière au Père pour nous, Jésus déclare : « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mal (ou : du Mauvais ») (Jean 17,15).

En tant que chrétiens, nous n’avons pas une compétence particulière pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences. La Bible ne nous donne aucune recette technique à cet égard ! C’est avec les autres que nous pouvons réfléchir aux changements qu’il convient d’opérer dans nos modes de vie, à l’échelon individuel comme au niveau des choix de société. Mais nous pouvons nous en sentir encore plus responsables devant notre Dieu, et pas seulement devant les générations qui auront à subir les conséquences de nos insouciances et de nos gaspillages. Ou vis à vis de nos contemporains qui en souffrent déjà (victimes des aléas climatiques).

Nous pouvons surtout apporter en tant que chrétiens une espérance., face à ce dérèglement climatique source de tant d’angoisse (ou de cynisme) autour de nous. Celle qui nous est donnée, par la résurrection de Jésus-Christ, d’une Création renouvelée, réconciliée avec Dieu, libérée du mal, du péché et de sa source : la convoitise et l’illusion d’être des dieux. Nous pouvons, sinon la bâtir, du moins en donner des signes, en devenir les témoins actifs, notamment en changeant nos habitudes néfastes de consommation, de transport, de gestion de nos déchets, etc. Bref, par une vie sobre. Et comme l’écrivait Paul, en apprenant à nous satisfaire de ce que nous avons, dans l’abondance ou dans la pénurie (Philippiens 4,11s).

Face aux crises majeures qui seront la conséquence du réchauffement climatique- comment se positionner en tant que chrétiens ? Faut-il envisager une rupture de mode de vie radicale ? [Marion]

Si c’est en tant que chrétiens qu’on aborde les questions écologiques, il faudrait savoir quelle est la part qui est pour nous une obligation par rapport à la nature (ou la Création), quelle est la part que nous devons à la société, voire à la génération suivante. Mais tout ça est de notre devoir de citoyens finalement. Donc ce qui ferait notre particularité chrétienne, c’est ce qu’on fait par rapport à cela pour le Seigneur…

Je crois que nous ne faisons rien de plus que les autres, et que nous avons strictement les mêmes devoirs. La différence tient surtout dans le fait de ne pas idolâtrer la nature, de ne pas nous comporter par rapport à la création comme si elle était le Créateur (Terre-Mère et tutti quanti), car là on tombe dans l’idolâtrie (lire Romains 1,25). Et dans le même ordre d’idée, refusons le concept de sauver la planète, ceci pour deux raisons : d’une part nous ne sommes pas le Sauveur, et d’autre part, la Bible nous explique qu’à la fin des temps, ce n’est pas une Jérusalem terrestre toute rénovée par la main de l’homme qui sera magnifiée, mais une Jérusalem céleste qui descendra d’en-haut.

Bref pas le fruit de nos efforts.

Les chrétiens devraient-ils être écologistes ? L’environnementalisme est-il idolâtre ou païen? [Frédéric]

Si la « nature » est considérée comme « Création » et donc l’œuvre du Créateur, la créature humaine doit exercer une sainte domination sur le monde créé, pour y figurer son statut d’image de Dieu. Le projet était quand même que l’humain s’occupe correctement du jardin.
Mais l’échec de ce projet ne date pas d’hier, et les pépins sont vite arrivés.

Le Nouveau Testament nous présente une création qui a besoin d’être sauvée. Et c’est la raison pour laquelle Jésus est envoyé. L’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, nous dit aussi que ce qui adviendra, c’est une « Jérusalem céleste », qui descendra. Donc désormais le projet de l’humain, tout en respectant la création, ne doit pas devenir idolâtre effectivement, et vénérer la création plus que le créateur comme le dit Paul en Romains 1. Il ne s’agit pas de rebâtir et restaurer la Jérusalem terrestre. D’ailleurs ce n’est plus un jardin, c’est bien une ville. La Jérusalem ancienne sera détruite.

Donc, pour simplement ne pas s’empoisonner, il faut être écologistes.
Et pour laisser Dieu sauver le monde, il faut arrêter de vouloir le sauver nous-mêmes.