Constantin était-il vraiment chrétien ? Sa conversion était-elle sincère ? [Peps]

L’empereur Constantin arrivé au pouvoir à Rome après avoir vaincu son rival Maxence a signé l’édit de Milan (en 313) autorisant tous les citoyens de l’empire Romain à adopter la religion de leur choix, ce qui a donc fait cesser les persécutions contre les chrétiens (déjà nombreux à l’époque). Les biens qui leur avaient été confisqués leur ont été restitués. Nos frères et soeurs de l’Eglise orthodoxe le vénèrent comme un Saint. Les sources, Lactance et Eusèbe, deux historiens chrétiens des premiers siècles, attestent que Constantin s’était converti suite à une vision.

Nous n’avons pas de raison d’en douter, et aucun moyen de vérifier si cette conversion est un acte d’opportunisme politique ou l’aboutissement d’un parcours spirituel authentique, voire un peu des deux ! « Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent », déclare un des textes constitutifs de l’Eglise protestante Unie, dont font partie tous les pasteurs qui répondent sur 1001questions.fr. C’est une affirmation prudente, fondée sur l’Ecriture (voir la parabole du bon grain et de l’ivraie en Matthieu 13,24-30).

Il est plus prometteur et utile de tenter d’évaluer les conséquences de cette conversion pour le Christianisme. Constantin a assumé un double-pouvoir, politique et religieux (Il a convoqué lui-même le concile de Nicée qui a réaffirmé face à l’hérésie arienne la nature divine du Christ). Le Christianisme en devenant progressivement « religion officielle » après Constantin, sous l’empereur Théodose, est-il resté vraiment fidèle à son Maître ? Peut-il exister une société chrétienne avant que vienne le Royaume de Dieu ? Le débat n’est pas prêt d’être clos… Mais ce n’était pas votre question de départ !

Peut-on considérer les mormons comme chrétiens ? Ils ont des croyances éloignées des Écritures. [Augustin]

L’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours (appellation plus correcte que « Mormons ») est née aux Etats-Unis, dans l’ébullition spirituelle qu’a connue ce pays au 19e siècle. Son fondateur, Joseph Smith, affirmait avoir reçu de Jésus-Christ lui-même la mission de refonder l’Eglise authentique après 18 siècles d’apostasie et avoir été pour cela au bénéfice d’une révélation spéciale.

Même si elle reconnaît à Jésus-Christ une place centrale dans le plan de Salut de Dieu, cette Eglise, d’un point de vue protestant, ne peut être considérée comme faisant partie de la grande famille chrétienne, unie par la référence à l’Ecriture et les textes doctrinaux des conciles oecuméniques des premiers siècles comme le Symbole des Apôtres, reconnus par les catholiques, les orthodoxes, et les protestants.

Malgré des aspects positifs (un engagement éthique, le refus du racisme, etc), et des dialogues qui l’ont rapprochée, notamment aux Etats-Unis, d’autres confessions, L’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours est un mouvement sectaire. Tout d’abord, comme on l’a dit, elle se considère comme l’unique Eglise authentique, toutes les autres avant elles ont trahi le Seigneur. Ensuite, elle admet d’autres sources de révélation comparables à la Bible elle-même (pourtant pleinement suffisante, comme l’oeuvre du Christ lui-même !). Notamment des écrits qui auraient été gravés sur des plaques d’or confiées à Joseph Smith, traduits et réunis dans le Livre de Mormon qui raconte « les relations de Dieu avec les anciens habitants de l’Amérique et contient la plénitude de l’évangile éternel » (dixit l’introduction de l’édition dont je dispose). Il contient l’histoire d’un prophète juif, Léhi émigré en Amérique avant la chute de Juda en 600 av. JC., et de ses descendants. Ils y auraient reçu la visite de Jésus lui-même vers l’an 34… Le verset cité à l’appui de cette doctrine farfelue par des missionnaires de l’Eglise des Saints des derniers jours que j’ai rencontrés est l’Evangile de Jean, ch.10 v.16: « j’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi il faut que je les mène ». Alors qu’il s’agit bien sûr des païens, des non-juifs réunis avec les juifs autour d’un seul berger.

Quels types d’entités peut-il y avoir dans les cimetières- liées à des personnes qui ne voudraient pas quitter ce monde ou à des pratiques occultes ? Comment s’en prémunir ? [Anne]

Pour ce qui est de votre première question, Anne, il faut tout d’abord considérer qu’il n’existe aucun lieu en ce monde, fût-il très marqué symboliquement (comme un cimetière), qui soit a priori plus habité par le mal qu’un autre. Je peux très bien éprouver une envie de meurtre ou d’adultère, voire me livrer à l’occultisme dans une Eglise… ou être rempli du Saint-Esprit et rendre gloire à Dieu au fin fond du plus sinistre des cachots (comme Paul et Silas dans la prison de Philippes, voir le récit d’Actes ch.16).

« Même si je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi », écrivait David (Psaume 23,4). Le Christ à la croix a été fait Seigneur de toutes choses, y compris du séjour des morts. Nous n’avons donc plus rien à redouter en ce monde, ni lieux particuliers, ni esprits, ni puissances, quelles qu’elles soient. Encore moins les « personnes qui ne voudraient pas quitter ce monde » (est-ce en leur pouvoir de décider d’y rester, d’ailleurs ?). Quant aux pratiques occultes, elles ne peuvent pas davantage nous séparer de l’amour de Dieu, même si, de multiples témoignages le confirment, elles peuvent lier gravement ceux qui s’y adonnent, et la Bible nous met clairement en garde contre elles.

Comment s’en prémunir ? En nous appuyant non sur divers gris-gris, formules conjuratoires ou autres amulettes, mais sur Jésus-Christ. Une amie me disait : tu sais, quand un pensée mauvaise (rancune, orgueil, etc) me vient à l’esprit, je déclare : « au Nom de Jésus-Christ, cette pensée, je la chasse ». Et elle ajoutait, « tu sais, ça marche ! ».

Pourquoi le complotisme marche si bien dans certains milieux chrétiens ? [A.]

L’idée que les puissants puissent faire des complots est simplement de l’ordre du bon sens ; toute l’histoire de l’humanité le montre. Et beaucoup d’histoires bibliques confirment cela. Par exemple, le complot de David pour voler Bethsabé à son époux Urie est tout de même assez outrancier.

Le livre de l’Apocalypse renforce aussi l’idée qu’il puisse y avoir des choses qui se passent dans l’invisible, qui modifient le cours de l’Histoire, et ne soient pas immédiatement compréhensibles.

Mais entre accepter que des complots puissent exister et voir des complots partout, il y a un pas gigantesque à ne pas franchir.
Car les complotistes réduisent tout à des complots. Pourquoi ?

L’accès massif à l’information avec Internet semble avoir rendu presque impossible la tâche qui consiste à comprendre « ce qui est en train de se passer ». L’accumulation des vraies et fausses nouvelles, la surinformation, et l’hyper sollicitation des écrans avec la puissance des images auxquelles ils nous exposent ont rendu le monde très stressant. Beaucoup sont addicts aux réseaux sociaux pour se donner le sentiment d’être bien informés et deviennent comme des junkies face à leur smartphone.

Le complotisme réduit le réel à une explication qui va paraître vraisemblable, plausible. Mais surtout, il réduit le réel à des équations qui vont donner aux complotistes le sentiment d’avoir une clé de lecture simple, qui permet de tout expliquer à bon compte : « on nous cache tout on nous dit rien » (et ceci à l’heure à où ne nous a jamais autant informés).

Par cette réduction de la complexité du réel à quelques mécanismes paranoïaques, guidés par la peur, le complotisme constitue ce que certains analystes nord-américains appellent « la revanche des loosers ». L’expression est assez méprisante pour qualifier les distanciés de la société de l’information, mais nous pourrions la rendre plus audible en l’appelant la revanche des simples. La frustration de ne pas comprendre est en quelque sorte réglée par un système d’explication simple, voire même plutôt simpliste.

Alors que le Seigneur nous assure que toutes choses seront révélées (pour ce qu’elles sont), la pastorale de Jésus montre qu’il fait droit à la complexité du réel, en nous invitant à accepter que Dieu le Père, seul, puisse tout maîtriser et tout expliquer.

Face aux crises majeures qui seront la conséquence du réchauffement climatique- comment se positionner en tant que chrétiens ? Faut-il envisager une rupture de mode de vie radicale ? [Marion]

Vous en conviendrez, Marion, les chrétiens sont aussi des… terriens ! Notre avenir est donc étroitement lié à celui de notre environnement terrestre, comme pour tout être vivant, n’en déplaise à ceux qui pensent que la solution serait de coloniser la planète Mars… En outre, nous confessons que sa Création, le Seigneur l’a confiée aux hommes pour la cultiver et la garder, c’est à dire en prendre soin (Genèse ch.2, v.15). Nous ne pouvons donc pas nous soustraire à l’enjeu écologique sous prétexte que notre vraie patrie est le Royaume des cieux. Bien au contraire. Dans sa prière au Père pour nous, Jésus déclare : « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mal (ou : du Mauvais ») (Jean 17,15).

En tant que chrétiens, nous n’avons pas une compétence particulière pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences. La Bible ne nous donne aucune recette technique à cet égard ! C’est avec les autres que nous pouvons réfléchir aux changements qu’il convient d’opérer dans nos modes de vie, à l’échelon individuel comme au niveau des choix de société. Mais nous pouvons nous en sentir encore plus responsables devant notre Dieu, et pas seulement devant les générations qui auront à subir les conséquences de nos insouciances et de nos gaspillages. Ou vis à vis de nos contemporains qui en souffrent déjà (victimes des aléas climatiques).

Nous pouvons surtout apporter en tant que chrétiens une espérance., face à ce dérèglement climatique source de tant d’angoisse (ou de cynisme) autour de nous. Celle qui nous est donnée, par la résurrection de Jésus-Christ, d’une Création renouvelée, réconciliée avec Dieu, libérée du mal, du péché et de sa source : la convoitise et l’illusion d’être des dieux. Nous pouvons, sinon la bâtir, du moins en donner des signes, en devenir les témoins actifs, notamment en changeant nos habitudes néfastes de consommation, de transport, de gestion de nos déchets, etc. Bref, par une vie sobre. Et comme l’écrivait Paul, en apprenant à nous satisfaire de ce que nous avons, dans l’abondance ou dans la pénurie (Philippiens 4,11s).

N’est-ce pas désobéir à un commandement majeur que de ne pas célébrer le sabbat le samedi ? [Olivier]

Ne peut-on pas considérer que désormais le dimanche nous célébrons la résurrection du Maître du Sabbat, Jésus, justement parce qu’il en est le maître, en assumant de ne pas nous reposer exactement sur le jour du samedi à proprement parler ?
C’est très bien que certains chrétiens préfèrent le samedi, d’autres le dimanche, mais que surtout le Seigneur soit honoré par le fait qu’on ait sanctifié Son jour.

Si j’étais plus insolent, je dirais que j’espère que ceux qui sont « choqués » par le repos du dimanche respectent aussi le commandement de ne pas porter de tissu avec un mélange de fibres de différentes origines (Lévitique 19:19 et Deutéronome 22:11).

La masturbation est-elle un péché si oui comment ? Si non pourquoi ? [Kauf]

Je ne connais pas de passage biblique qui parle explicitement de la masturbation. De ce silence, je ne peux pas déduire que cela soit « autorisé » ou « interdit » en faisant abstraction de chaque situation concrète. Il me semble utile de se demander pourquoi on la pratique. Il y aura sans doute autant de réponses que de personnes. Il me semble nécessaire que vous puissiez aller interroger un pasteur pour lui présenter votre situation, afin de discerner ce qu’il en est vous concernant.

Comment abandonné le péché pour avoir un cœur libre et ne rien craindre pour vivre en paix du cœur ? [Joseph]

Votre question, Joseph, me semble témoigner de votre désir de trouver la paix dans l’accomplissement de la volonté de Dieu et je ne peux que vous encourager à poursuivre dans cette voie. Car c’est bien d’un chemin qu’il s’agit, me semble-t-il. Si vous reconnaissez qu’en Jésus-Christ, Dieu vous a pardonné, que par sa mort et sa résurrection, vous êtes réconcilié avec Dieu, vous êtes dès lors entré sur le chemin de la sanctification. Cela peut paraître un très grand mot, mais il désigne une avancée progressive, jour après jour, allant de repentance en découverte toujours plus profonde du pardon et de l’amour de Dieu pour vous. Petit à petit, par l’action de l’Esprit Saint, vous verrez une évolution dans votre comportement et votre manière de réagir. Gardez courage et demeurez dans l’amour de Dieu.

Peut-on encore décrire le capitalisme- qui a grandement muté depuis son origine- comme l’instrument de Mammon ? [Judith]

Le capitalisme est un système économique et social dans lequel la propriété des moyens de production est détenue par des personnes privées (ou des États) mais pas par l’ensemble de ceux qui les mettent en œuvre par leur travail. D’autre part, il fonde sa dynamique sur l’accumulation du capital productif guidée par la recherche du profit. Si ce système est ancien et a beaucoup évolué depuis son apparition (à partir du XVIe siècle), la définition qui vient d’en être donnée (Encyclopoedia Universlais) est toujours valable. Il me semble qu’elle montre bien que Mammon, l’Argent comme puissance spirituelle, demeure un agent non négligeable de son fonctionnement.

Est-ce que Jésus a vaincu la mort à la croix- ou à la résurrection ? Si c’est à la résurrection- pourquoi a-t-il dit : Tout est fini ? Donc- quand est-ce qu’il a écrasé Satan ? [Claudette]

Juste avant d’expirer, Jésus a déclaré, selon l’év. de Jean (ch 19 v;30) : tout est accompli (ou : tout est achevé, trad. TOB). Et non pas « tout est fini » au sens où rien ne pourrait suivre l’événement de la croix !

Cette parole, et bien d’autres éléments des récits de la mort de Jésus, nous permettent d’affirmer que la victoire du Christ sur le mal, la mort, et Satan est acquise de façon décisive à la croix ; c’est par sa mort que le Christ l’a remportée. Cette parole de Jésus l’atteste sans aucun doute possible, tout comme certains faits : le voile du temple déchiré à ce moment-là (le Christ nous ouvre un libre accès au Père), ou le cri qu’il a poussé, signe de victoire contre les puissances (Matthieu ch.26, v.50).

La Résurrection de Jésus est l’attestation de cette victoire, de son élévation dans son abaissement même.