Comment les protestants célèbrent-ils Noël ? Quelles coutumes et traditions ont-ils ? [Josie]

Les « coutumes et traditions », comme vous le dites fort bien, sont avant tout des éléments culturels, bien plus que théologiques… Si l’on ajoute à cela que les protestants sont attachés au fondement biblique de leur pratique, et que concernant Noël on n’a vraiment aucune trace de l’institution de cette fête… J’ai envie de dire que les différences dans les façons de fêter Noël sont sans doute plus grandes entre pays du Nord et du Sud qu’entre protestants et catholiques ! En même temps, comme à Noël on fête l’incarnation de Dieu en Christ, cela semble aussi normal que chaque culture « incorpore » ce message dans sa propre façon de penser et de vivre. Un exemple : on dit souvent que les pays protestants ont inventé l’arbre de Noël en s’appuyant sur l’image biblique de l’arbre toujours vert qui porte du fruit toute l’année. Certes, pourquoi pas, mais on peut aussi remarquer que comme par hasard cette tradition est née dans des pays où les sapins sont plus faciles à trouver que les bananiers… Et j’aurais bien du mal à justifier que l’arbre de Noël soit plus biblique que la crèche !!! Bref, à Noël les protestants font en gros comme les autres chrétiens de leur pays, en insistant de façon diverses sur les éléments bibliques de cette fête et en laissant libre cour à leur imagination…

Qu’est-ce qui différencie les attestants et un groupe tel que l’UNEPREF ? [Henri]

L’UNEPREF n’est pas un « groupe » ! Cet acronyme désigne l’Union Nationale des Eglises Protestantes Réformées Evangéliques de France (c’est un peu long… respirez !), une union d’Eglises s’appelant auparavant « Eglises Réformées Evangéliques Indépendantes ». Elles regroupent une quarantaine d’Eglises locales qui n’avaient pas souhaité rejoindre l’unité des Eglises réformées en 1938, d’où cet ancien nom, et d’autres qui les ont rejointes depuis. Avant 1938, en effet, il existait plusieurs unions d’Eglises Réformées en France, séparées essentiellement pour des raisons doctrinales.

Les Attestants pour leur part ne sont pas une Eglise mais un « groupe », un mouvement qui a trouvé place au sein d’une autre union d’Eglises protestantes, l’Eglise Protestante Unie de France. l’EPREF et l’EPUdF sont toutes deux membres de la Fédération Protestante de France (qui regroupe d’autres unions d’Eglises d’ailleurs) et partagent des services communs, comme le service protestant de Mission (DEFAP). Ces différences de dénominations n’empêchent bien sûr pas que l’on partage des convictions communes, entre protestants.

Je pense que dans le Royaume de Dieu tous ces sigles et étiquettes n’auront plus cours… Mais c’est une autre question !

 

 

Comment les protestants d’Alsace font-ils les enterrements ? [Josée]

En Alsace ou hors Alsace, selon la tradition réformée, luthérienne ou évangélique, les cultes d’enterrement sont centrés sur la Parole de Dieu. L’assemblée se met à l’écoute de ce que la Bible dit de la mort, de l’espérance du deuil et de la consolation que Dieu apporte en Christ aux croyants. Elle prie aussi pour les proches du défunt ainsi que pour ceux qui traversent les mêmes difficultés Le service protestant d’enterrement a donc la particularité d’être tourné vers les vivants et non sur le défunt, qui est remis à la seule grâce de Dieu.

Dans la tradition luthérienne, majoritaire en Alsace, le corps du défunt est disposé dans l’église au moment du culte. Le célébrant, souvent un pasteur, accueille les personnes présentes, puis appelle la présence de Dieu sur l’assemblée réunie. Vient ensuite un temps pendant lequel la vie du défunt est rappelée par le pasteur qui a élaboré ce « chemin de vie » à partir de ce que les proches en deuil lui ont raconté. Il n’est pas ici question de vanter les mérites de la personne décédée, mais de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il nous a donné à travers elle.  Après avoir demandé à Dieu d’éclairer sa Parole par le Saint-Esprit, vient alors un temps de lectures bibliques. Une tradition alsacienne veut que le verset que la personne décédée a reçu lors de sa confirmation soit parmi ces lectures. Le pasteur commente alors la Parole, en tâchant de l’appliquer à ce qu’il a perçu de ce que la famille du défunt traverse. Enfin, après la lecture du symbole des apôtres qui dit la foi de l’Eglise et un temps d’offrande pour permettre à l’église d’assurer son service, une prière pour les endeuillés est dite par le pasteur. La célébration s’achève par une parole de remise à Dieu adressée au défunt et la bénédiction de l’assemblée. Les pompes funèbres viennent chercher le corps de la personne défunte qui est suivi par le pasteur, ses proches et l’assemblée jusqu’au cimetière où le corps est déposé dans la tombe. Après un court temps de prière, les proches se retrouvent pour partager un verre de l’amitié, souvent composé de spécialités locales. Il m’est aussi arrivé de voir à l’un de ces occasions, une cigogne, sur le parvis de l’église !

Peut on être Franc-Maçon (d’obédience déiste- qui admettent le Grand Architecte de l’Univers) et croire au Dieu de l’évangile- sans confusion des genres ? [Didier]

Il est difficile, de l’extérieur, d’avoir une vision claire de la nature de la franc-maçonnerie. Son caractère initiatique rend forcément opaque l’appréhension de sa nature réelle.

Toutefois, l’adhésion à la franc-maçonnerie et la foi au Dieu de l’Evangile semblent incompatibles, que la loge soit déiste ou pas.

D’abord, la spiritualité maçonnique est ésotérique.
Le Dieu de l’Evangile s’est révélé aux Hommes, par la Torah, les prophètes, Jésus Christ, et continue d’éclairer l’Eglise par l’Esprit Saint. En revanche, la spiritualité maçonnique appelle à puiser à l’intérieur de soi une connaissance secrète transmise par initiation. L’autorité du franc-maçon n’est pas la Bible comme ensemble de textes révélés par Dieu, mais un savoir à découvrir par l’appropriation de rituels et de symboles, qui peuvent être tirés de la Bible, mais comme simple outil.

Ensuite, être franc-maçon situe dans une fraternité qui peut entrer en contradiction avec l’obéissance chrétienne. Si on entre en franc-maçonnerie par cooptation, l’Evangile s’adresse à tous ; s’il y a des étapes dans le développement de la foi chrétienne, l’Evangile est disponible pour tous les Hommes (Romains 1,16). Comment un chrétien pourrait-il conserver jalousement un savoir ?
De plus, le franc-maçon est lié par un serment à ses frères de loge. Que faire si l’Esprit Saint appelle à agir à l’encontre d’engagements maçonniques ?
Enfin, il y a en franc-maçonnerie une hiérarchie spirituelle en fonction du degré d’élévation. On est loin de l’égalité du corps de Christ (1Corinthiens 12, 4-26) et de l’amour chrétien (Philippiens 2,3).

Enfin, la franc-maçonnerie se présente elle-même comme une association philosophique et philanthropique. Elle a ainsi, en quelque sorte, vocation à être « sel de la terre et lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14)… mais la base philosophique qui détermine la philanthropie n’est pas le respect des révélations de Dieu, mais des valeurs de l’humanisme… Croire au Dieu de l’Evangile implique d’obéir aux commandements de Dieu (1Jean 5,3), tandis que la franc-maçonnerie prétend à l’autonomie de l’Homme selon la philosophie humaniste, qui est, à plus d’un titre, en tension voire en contradiction avec la foi chrétienne.

Qu’est ce qu’un chantre ? Peut-il exercer un ministère pastoral ou autre ? [Juline]

Un chantre est, à la base, un chanteur. Ce mot est surtout employé dans les Eglises. Le chantre peut être simple choriste ou meneur d’une équipe de chantres. Il a pour rôle de mener le chant et la louange du peuple de Dieu assemblé en Eglise, d’abord dans le culte.

Ce n’est pas un ministère pastoral, c’est un ministère liturgique. Il n’a pas pour fonction de prendre soin des personnes mais de permettre le bon et beau déroulement du culte. Comme tout chrétien, et surtout tout chrétien engagé dans un ministère, il va interagir avec d’autres personnes pour être témoin du Christ vivant auprès d’elles, et pourquoi pas conseiller ses frères et soeurs. On peut considérer ça comme un tâche de type pastorale, mais en tout cas ce n’est pas un élément de son ministère.

Maintenant, quelqu’un qui a été chantre peut être appelé par le Seigneur, d’une part, et par une communauté d’Eglise, d’autre part, à changer de ministère et à devenir pasteur, mais il n’y aura pas de lien entre les deux.

« Dieu aurait pu se passer de la croix ». Que répondre à ce type de message ? [Pierre-Henry]

Dieu a choisi la croix comme une réponse à toutes nos prétendues sagesses et toutes nos tentatives de penser hors de son alliance. Je répondrais pour ma part sobrement par les réponses que la Bible elle-même nous propose :

  • Il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. – Colossiens 1,20
  • [Christ] a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. – Colossiens 2,15
  • Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j’en parle maintenant encore en pleurant. – Philippiens 3,18
  • La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. – 1 Corinthiens 1,18
  • Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! – Galates 6,14
  • Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. – Matthieu 10,38

Est ce que les enfants peuvent prendre part à la cène s’ils ne sont pas baptisés ? [Nalfety]

La pratique des Eglise réformées et luthériennes jusque dans les années 1980 était de réserver la Cène aux enfants baptisés qui avaient été enseignés et avaient confessé leur foi le jour de leur confirmation. Les pratiques sont aujourd’hui plus libres et varient selon les églises. Il convient de demander à votre pasteur de vous expliquer la position de votre église sur ce sujet.

La première Cène a été célébrée par Jésus, avec ses disciples, ceux qui, malgré leurs défauts et leurs chutes désiraient le suivre. Paul, en 1 Corinthiens 11/27-34 recommande de prendre la Cène dignement, en discernant le corps du Christ. Il ajoute que celui qui boit et mange sans discerner ce qui est donné, est jugé par ce qu’il fait. Ainsi, la Cène n’est pas un petit goûter communautaire amusant. C’est le signe de ce que Christ a accompli pour nous. Recevoir la Cène, c’est accueillir le pardon et la grâce de Dieu, si bien que manger et boire sans comprendre et désirer ce qui est donné équivaut à un rejet du Christ lui-même.

C’est ainsi que je trouve relativement logique d’attendre que l’enfant-le jeune ou même l’adulte soit enseigné et ait eu l’occasion de confesser sa foi à l’occasion de son baptême pour lui proposer de prendre part au Repas du Seigneur, qui en est la suite logique.

J’ai lu des théologiens libéraux américains. Ils rejettent Noël comme un mythe parce que Marc (ancien évangile) ne le mentionne pas. L’incarnation est-elle fausse? Jésus de Fils de Dieu par adoption ? [Sophie]

Si nous voulons appuyer notre foi sur la pensée humaine, nous pouvons croire ce qu’avancent les théologies libérales au grès des modes et des temps. Si nous voulons appuyer notre foi sur la Bible, telle qu’elle est reçue par l’Eglise depuis les premiers siècles de son histoire, nous devons croire en l’incarnation. Ayant confiance en l’Esprit, qui a conduit la rédaction des Écritures et sa réception, j’ai fait le choix d’appuyer les contenus de ma foi sur la Parole telle qu’elle nous est donnée à travers les différents livres de la Bible.

Lorsque je lis la Bible, je remarque que les Évangiles de Luc et de Matthieu parlent de la naissance du Christ, Fils de Dieu, que l’Évangile de Marc, s’il ne raconte pas cette naissance, ne remet pas en question cette donnée (Marc 14/61-62) et que l’Évangile de Jean est on ne peu plus clair sur ce qui advint en Christ (Jean 1, Jean 16/28 etc). Paul, dans ses lettres, est fidèle à cette donnée, reprenant, dans l’un des plus beau passage de l’Ecriture, ce qui était probablement un hymne de la première Eglise (voir Philippiens 2/5-12).

Il est remarquable que la doctrine de  l’incarnation donne toute sa cohérence et sa spécificité à la foi chrétienne. Alors que les autres religions invitent l’homme à s’élever vers Dieu par toutes sortes de moyens, nous croyons que notre Dieu est venu vers nous pour nous libérer du péché et de la mort. C’est parce que  Jésus a été homme qu’il a pu prendre sur lui le péché des humains. C’est parce qu’il est Dieu qu’il nous en a libéré.

Un enfant d’une dizaine d’années peut-il demander le baptême ? La liturgie du baptême réformé se base sur la foi des parents et non celle de l’enfant (même si l’enfant est conscient de sa démarche). [Mimi]

Il y a deux liturgies dans l’Eglise protestante unie de France, une pour le baptême de bébés et une pour le baptême d’adultes. Si l’on part du principe qu’un enfant de dix ans est conscient de sa démarche, cela fait de lui, du point de vue cognitif un adulte (conscience de soi), et donc nous sommes supposés utiliser la liturgie de baptême d’adulte.

[Chaque Eglise ayant ses règles, nous ne présentons ici que la règle de l’EPUdF puisque 1001questions est animé par des théologiens, pasteurs et non-pasteurs, qui sont membres de l’EPUdF. Pour d’autres dénominations, merci de vous renseigner directement auprès des bureaux nationaux de ces Eglises.]

J’ai été baptisée catholique mais je me sens protestante, comment me convertir ? [Britt]

L’Eglise catholique est une Eglise chrétienne.
Les Eglises protestantes sont des Eglises chrétiennes.
On ne peut pas se convertir de chrétien à chrétien.

Après, on peut incarner sa foi dans telle ou telle communauté, parce que la théologie nous convient, la prédication nous parle, le style du service nous plaît. Ou tout simplement parce que c’est pas trop trop loin de chez soi.

Donc, vous ne pouvez pas vous « convertir » en la matière, mais juste voir si dans l’Eglise protestante où vous allez, il y a éventuellement, comme c’est le cas dans l’EPUdF, une forme de liturgie d’accueil pour les nouveaux membres. Cela vous permettra de signifier cet enracinement.