Est-ce un péché pour un pasteur de faire faire sa prédication par ChatGPT ? [Emile]

Le fait de savoir si c’est un péché, c’est demander si c’est conforme à la loi de Dieu. Et je ne crois pas qu’aucun des dix commandements soient transgressés par le pasteur qui fait faire sa prédication à ChatGPT.

Maintenant, si ce n’est pas à proprement parler un péché, je pense que c’est une grave bêtise, et ceci pour plusieurs raisons :
1.- la prédication est un exercice de prière et d’inspiration qui nécessite non seulement de travailler le texte bibliques, d’essayer de donner un message audible, intelligent et surtout édifiant. ChatGPT ne prie pas et ne cherche pas d’inspiration, il fait une synthèse des millions de prédications qui sont sur le net.
2.- étant un outil d’écriture générative, ChatGPT produit un discours sur un texte biblique, mais souvent le ton de ce discours est synthétique, moyen, voire médiocre, et pas très original ni édifiant. C’est dommage, car l’Ecriture doit être présentée comme édifiante, si on écoute les épîtres de Paul.
3.- enfin un pasteur a pour mission de prêcher, c’est le cœur de son appel, et on attend de lui ou d’elle justement qu’il produise un message en se laissant utiliser par Dieu. On ne lui demande pas de faire un blabla mais une prédication, et ChatGPT en plus d’être assez ennuyeux du point de vue du style, n’a pas d’intention spirituelle. Le ou la pasteur.e abandonnerait donc le cœur de son ministère.

Finalement, après avoir composé ces lignes (sans ChatGPT !) je me dis que faire faire sa prédication, c’est quand même pécher contre les commandements numéro… 1. pas d’autre dieu, 2. pas de reflet, 3. pas d’utilisation du nom de Dieu en vain, 4. le sabbat (Deutéronome 5) comme célébration du Dieu vivant et de la liberté, 7. c’est du vol des prédications des autres, 8. c’est un adultère spirituel puisque c’est une autre instance qui « parle », 9. c’est pas loin du faux-témoignage puisqu’on ne fait pas son boulot, et 10. puisque c’est la convoitise d’une prédication qu’on espère bonne et qui est un mélange du travail de prochains…
Ça fait beaucoup quand même !

Quelle est la signification symbolique de la croix huguenote ? [Jean]

La croix est d’abord un rappel de la croix sur laquelle notre Seigneur Jésus-Christ a été crucifié pour accomplir notre salut (Matthieu 27.32). La croix huguenote ressemble à quatre triangles qui se touchent par une pointe. Elle rappelle différentes autres croix : La croix de Malte, la croix du Languedoc, ou encore la croix de l’Ordre du Saint-Esprit. À quelques exceptions près, les Protestants français étaient exclus du droit de postuler à cette décoration ou de la recevoir. Les quatre espaces libres laissés entre les branches de la croix et les fleurs de lis forment des cœurs. Ces quatre cœurs peuvent évoquer quatre citation bibliques : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1ère lettre de Jean 4.8) « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jean 3.16) « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. 35 C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres.  » (Jean 13.34-35) Et enfin la question que Jésus ressuscité pose à Pierre, qui l’avait renié: « Pierre – et là nous pouvons mettre notre nom – m’aimes-tu? » (Jean 21.15-17). Les rayons de lumière partant du centre vers la périphérie, sur les quatre branches, peuvent être une allusion à Jésus, lumière du monde (Jean 8.12), ou bien au Saint-Esprit qui « éclaire » tout croyant pour qu’il comprenne les Écritures (1.Corinthiens 2.14-16). Les fleurs de lis entre les quatre bras de la croix sont une allusion au roi de France. Par cela les Protestants affirmaient leur fidélité au roi. Dans certaines croix huguenotes, assez rares, les fleurs de lis sont remplacées par une couronne d’épines, évoquant la couronne d’épine portée par le Christ (Matthieu 27.29), évoquant aussi les souffrances que dans les siècles passés les Protestants ont subies pour leur foi. À la fin du déluge, Noé lâcha une colombe pour voir si le niveau des eaux avait baissé. La colombe retourna vers l’arche, portant une feuille d’olivier dans son bec (Genèse 8.11), ce qui est devenu le symbole de la paix. Lorsque Jean-Baptiste a baptisé Jésus dans le Jourdain, on lit dans les évangiles que « Jésus – mais aussi Jean-Baptiste (Jean 1.32) – vit l’esprit de Dieu descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui. » Depuis ce moment la colombe a aussi été un symbole du Saint-Esprit. Notons que la colombe de la croix huguenote est toujours représentée tête en bas, elle vient du ciel sur la terre. Parfois une sorte d’ampoule est suspendue à la croix, ampoule rappelant celle qui contenait l’huile pour le sacre des rois de France. Ceux qui la portaient exprimaient leur fidélité au roi. D’autres voient dans cette ampoule une larme symbolisant les persécutions des Protestants. Par le port de la croix huguenote, une personne témoigne de son appartenance au protestantisme. Cet article reprend largement, en les adaptant, des passages du livre « La Croix Huguenote » par Pierre BOURGUET, 1949, 1965, Éditions « Musée du Désert ».

Quelles différences y a-t-il entre luthéro-réformés et évangéliques ? [Ritchy]

La question n’est pas simple, tant il y a de courants différents dans le protestantisme luthéro-réformé comme dans le protestantisme évangélique. Evangéliques et Luthéro-réformés sont des protestants. Dans la suite de la réforme initiée par Martin Luther, ils confessent une foi régulée par ce qui est communément nommé les « 5 solas » : La grâce seule, la foi seule, l’Ecriture seul, Christ seul, à Dieu seul la gloire. Les églises évangéliques comme luthéro-réformées, représentent des communautés très diverses, quant à la forme du culte, du plus classique au plus moderne, au discours sur les dons de l’Esprit, avec des églises charismatiques ou pas, ancrées dans une lecture littérale de la Bible, dans des confessions de foi, ou influencées par la théologie libérale même si en règle général en France au XXIème siècle le libéralisme se retrouve plus fréquemment dans le églises luthéro-réformées.

Venant en à la différence, celle qui permet à coup sûre de faire la différence : le protestantisme luthéro-réformée à la suite de Luther et de Calvin,  conformément aux Confessions d’Augsbourg (luthériens) et de La Rochelle (réformés) pratiquent le baptême des enfants. Les évangéliques quant à eux, ne baptisent que des adultes sur la base de leur foi personnelle. Si certains réformés ne pratiquent pas le baptême d’enfants afin que ce dernier puisse choisir de s’y engager une fois adulte, toutes les églises réformées et luthériennes reconnaissent sa validité et ne pratiquent donc pas le rebaptême. 

Il semble que les premiers huguenots s’opposaient au théâtre et aux romans de fiction. Pourquoi ? [Le sage]

Le protestantisme notamment réformé, dont les huguenots sont la version française, traîne avec lui une réputation souvent justifiée de sobriété, pour ne pas dire d’austérité, de sévérité dans les mœurs comme dans les goûts. En partie par opposition au catholicisme et à ses excès jugés « païens » (la pompe liturgique, l’exubérance des fêtes religieuses, l’abondance des images dans les édifices du culte…).

Cette réserve de certains protestants, dans les siècles passés, vis à vis des divertissements, comme assister à des pièces de théâtre ou lire des ouvrages « profanes » a un autre motif. Ces activités étaient jugées futiles voire dangereuses parce qu’elles pouvaient éloigner de plus sain(t)es occupations, comme la vie de prière, la méditation de la Bible ou la fréquentation des assemblées de l’Église !

Qu’en penser ? Ne pas laisser distractions et loisirs prendre trop de place dans notre temps libre, garder un esprit critique et ne pas avaler n’importe quoi, que ce soit en regardant un film, en assistant à du théâtre ou en lisant un roman, semble sage. Mépriser l’art, comme tout ce qui peut procurer joies et plaisirs, par contre, ne l’est pas du tout. D’autant plus que l’art est un formidable vecteur non seulement d’émotions (ce qui est beau nous touche), mais aussi de réflexion, voire de spiritualité (ce que démontrent des artistes chrétiens et même protestants comme Rembrandt, Van Gogh, Bach et tant d’autres !). C’est vrai aussi pour le théâtre depuis les tragédies de l’Antiquité grecque, comme pour le roman et autres genres littéraires. N’oublions pas enfin que la Bible contient aussi de la poésie, des récits, des fictions…

Peut il y avoir un rapprochement théologique et en faits entre « Les Attestants » et l’UNEPREF ? [PIerre]

Comme vous vous en doutez, Pierre, je ne peux pas parler aux nom de tous les Attestants, même si je fais partie de ce mouvement. Je ne vous donnerai donc que mon petit point de vue, en priant le Seigneur qu’il vous aide dans votre propre interrogation. Il est important de rappeler que les Attestants ne sont pas une Eglise. C’est un mouvement interne à l’Eglise Protestante Unie de France. L’UNEPREF est une union d’Eglises, avec une confession de foi affirmée depuis 1870. Il est donc sans doute difficile de comparer les deux. Je pense que l’on peut quand même dire que les Attestants ont avec l’ensemble des Eglises confessantes une vue commune quant à l’autorité des Ecritures pour orienter les questions relatives au culte et la vie quotidienne. Il y a donc ici un point commun fort avec l’UNEPREF, entre autres. Mais le mouvement des Attestants est composé de personnes dont les sensibilités théologiques sont très variées. Il y a ainsi des calvinistes orthodoxes, des piétistes ou des croyants de sensibilité charismatique. L’UNEPREF se définit assez clairement, si je comprends bien, comme une union d’Eglises non charismatiques. Il y a donc peut-être là une différence qui ferait que tous les Attestants ne seraient sans doute pas prêts à rejoindre l’UNEPREF s’il le fallait, ni que l’UNEPREF ne serait prête à accueillir tous les Attestants en cas de besoin.

Quelles différences entre luthériens- réformés et baptistes ? [Lulu]

Luthériens, réformés et baptistes font ensemble partie de la même famille protestante. Comme vous le savez sans doute déjà, il y a pas mal de nuances en son sein, qui en fait une sorte de kaléidoscope.  

En l’occurrence, la différence entre ceux qu’on peut nommer les luthero-réformés et les baptistes est loin d’être négligeable, puisqu’il s’agit de la question du baptême. Autrement dit de l’entrée dans la vie chrétienne. A ma gauche, les luthéro-réformés reconnaissant la validité du geste consistant à baptiser les enfants ; à ma droite les baptistes ne prenant en compte comme vrai baptême qu’un baptême choisi et accompli par une personne d’âge mûr, en son âme et conscience. Au coeur du débat se trouve le rôle des croyants dans l’oeuvre de salut. A ma gauche, on insiste sur la force irrésistible de la grâce ; à ma droite, sur la nécessaire profession de foi du baptisé. 

Cette différence est ancienne, puisqu’elle remonte au 16ème siècle, c’est-à-dire à la naissance même du protestantisme. En héritier de Saint Augustin, Martin Luther avait une très haute idée de la grâce de Dieu, et beaucoup de réserve quant au bien-fondé des décisions humaines. Il était soucieux aussi de changer l’Eglise de l’intérieur, en en conservant des fondements, en particulier les sacrements du baptême et de la Sainte-Cène. Sa position favorable au baptême des enfants peut s’expliquer par ces deux éléments. A la même époque se dessina une réforme plus radicale, menée par des chrétiens anabaptistes, rejetant la tradition du baptême des enfants, et mettant en en avant la nécessité de la nouvelle naissance des croyants dans le baptême. C’est de cette branche que viennent les baptistes, dont les premières communautés apparaissent en Angleterre et aux Pays-Bas au début du 17ème siècle. 

Pourquoi dit-on des protestants qu’ils sont des hérétiques ? [Véronique]

Pour répondre à votre question Véronique, il serait utile de savoir qui est le « on » qui traite les protestants d’hérétiques.

Un peu d’explication s’impose. Hérésie vient d’une racine grecque signifiant « prendre », « saisir ». C’est étymologiquement l’adoption d’une doctrine, d’un système de pensée particulier, en opposition à d’autres.  Sans connotation forcement négative, il peut s’agir donc d’un parti  religieux notamment (voir Actes 15,5 pour les pharisiens, 5,17 pour les sadducéens par exemple. Il est intéressant que le mouvement de Jésus est appelé dans les Actes non un parti ou secte, mais la « voie », un chemin qui mène vers Dieu et non un enfermement dans un cadre doctrinal étroit).

Paul met en garde contre les hérésies : « il faut des dissensions (hérésies) parmi vous », écrit-il aux Corinthiens tentés par l’esprit sectaire et diviseur, « pour que ceux d’entre vous qui résistent à l’épreuve puissent se manifester » (1 Corinthiens 11,19). Autrement dit l’hérésie est ici synonyme d’une déviance par rapport aux vérités essentielles de l’Evangile.

Dans l’histoire de l’Eglise, des doctrines fausses sont apparues et réapparaissent régulièrement, comme l’arianisme qui niait la divinité de Jésus-Christ. Hérésie, au sens négatif cette foi, qui a été condamnée par le concile de Nicée-Constantinople (dont nous célèbrerons en 2025 les 1700 ans). L’Eglise catholique a condamné à partir du 16e siècle les « hérésies » du Protestantisme parce qu’il s’éloignait en certains points de la doctrine officielle de Rome. Sauf que la référence, pour distinguer le vrai du faux, n’était plus le seul enseignement biblique vers lequel les Réformateurs ont voulu revenir, mais la tradition de l’Eglise Romaine, qui s’en était éloignée en plusieurs points importants.

Je pense que depuis le concile Vatican II, seuls des catholiques intégristes ou traditionnalistes nous appliquent encore ce terme péjoratif et méprisant.

Comment se fait-il que le protestantisme n’ait jamais significativement « décollé » en France ? [Ruth]

Il est vrai qu’après le 16e siècle, le grand bouleversement spirituel mais aussi politique et social qu’a été la Réforme a connu un  développement et un enracinement dans bien des pays d’Europe, qu’on ne retrouve pas chez nous.  Les populations de Suisse, d’Allemagne, des Pays-Bas, d’Angleterre, des pays Scandinaves, de Hongrie, comprennent une proportion de protestants bien plus importante qu’en France.

On peut donner à ce fait des explications principalement historiques. Les débats et conflits confessionnels au sein de la chrétienté ont pris en France une tournure politique, avec les guerres de religion qui ont ensanglanté la dernière moitié du 16e siècle, jusqu’au début du 17e. Dans la collection éditée à partir de 1959 chez Gallimard, Les 30 journées qui ont fait la France, l’historien Philippe Erlanger a signé une monographie (la 12e dans la collection) sur  le massacre de la Saint-Barthélémy à Paris en 1572. Avec ses nombreuses répliques en province, il a décapité les élites protestante, et tout comme la conversion  d’Henri de Navarre, futur Henri IV, au catholicisme, durablement affaibli le « parti protestant ».

S’ensuivirent les persécutions de la fin du 17e jusqu’à la révolution, qui virent les protestants émigrer par dizaines de milliers. Enfin, les philosophes des lumières, et leur rationalisme ont profondément marqué beaucoup de théologiens et pasteurs protestants à partir du 18e siècle. L’annonce du Salut en Jésus-Christ a été délaissée pour la propagation d’idées morales et philosophiques. Ce qui a encore contribué à endormir et affaiblir les Eglises…

Toutefois le 19e siècle a connu des réveils spirituels qui ont empêché leur dilution. Et d’autre part des idées chères aux  protestants (par exemple, la liberté de conscience contre la mainmise du pouvoir clérical sur l’éducation et les moeurs, la séparation de l’Eglise et du pouvoir politique, la démocratie, l’accès de tous à l’instruction, etc) ont fini par triompher dans notre République, indépendamment du caractère minoritaire du protestantisme.  Ainsi d’ailleurs qu’un certain individualisme protestant, qui n’a pas que des avantages, comme on le voit avec l’éparpillement des dénominations dans les Eglises issues de la Réforme !

Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous n’avons pas à nous inquiéter de notre faible nombre, et encore moins à nous soucier de l’avenir de nos dénominations protestantes. Un seul souci doit nous animer : l’annonce de la Bonne nouvelle de Jésus-Christ, notamment dans notre pays largement sécularisé. Souci que portent aussi nos frères et soeurs des Eglises catholique romaine, orthodoxe, etc. On est d’abord chrétien avant que d’être protestant ! Et manifester notre unité en Christ au-delà de nos différences confessionnelles est un aspect incontournable du témoignage authentique.

N’y a-t-il pas un danger à n’être chrétien que via Youtube ? [Lydia]

Youtube est un outil utile. Personnellement, je suis édifiée par les prédications de collègues qui me premettent parfois d’approfondir un sujet qui me concerne tout spécialement ou d’ouvrir mon esprit à la réalité d’autres Eglises. Je ne peux que constater, de même, l’utilité de ce moyen de communication pour transmettre l’Evangile à ceux qui ne le connaissent pas encore ou qui, débutant dans la foi, n’osent pas encore faire le pas de rejoindre une Eglise locale. Je suis heureuse qu’internet permette à ceux qui ne peuvent plus sortir de chez eux, en raison de difficultés diverses, d’entendre une prédication et parfois même de se sentir en communion avec leur Eglise.

Utile oui. Mais en effet, parfois aussi dangereux. La Bible, bien sûr, ne parle pas d’internet. Elle évoque cependant ce que devrait être la vie de la communauté chrétienne. Et il paraît évident qu’une vie chrétienne limitée à la fréquentation d’internet présente des manques, si bien que celui qui s’en contenterait pourrait se trouver dénutri spirituellement.

Tout d’abord, le chrétien de Youtube est seul devant son écran. Or, il est souvent question, dans la Bible, de l’expression « les uns les autres » quand il s’agit de l’Eglise. Ainsi sommes nous invités à nous aimer (Romains 13/8), nous accueillir (Romains 15/7), nous exhorter (Romains 15/14), nous servir (Galates 5/13), nous soutenir (Galates 6/2), nous supporter (Ephésiens 4/12), nous pardonner (Colossiens 3/13), confesser nos péchés (Jacques 5/16)…et j’en passe. Nous n’allons pas à l’Eglise, nous sommes l’Eglise ensemble et à ce titre, nous sommes invités à recevoir mais aussi à donner, à nous donner les uns aux autres. Il est évident qu’Internet nous permet de recevoir, mais pas de donner. Il ne permet pas non plus les échanges profonds et personnels que rend possible la fréquentation d’une église et qui sont si précieux pour notre édification, même si cela implique que nous affrontions aussi des choses difficiles (conflits, blessures, fatigue…).

Ensuite, Youtube nous invite à un rapport à la Parole basé sur le mode de la consommation. Ayant accès à de nombreuses vidéos, je vais pouvoir choisir celles qui m’interressent…et peut-être éviter celles qui me mettraient trop mal à l’aise. S’il est intéressant de chercher à approfondir l’un ou l’autre point, Youtube ne pourra pas remplacer le ministère de la Parole qui adresse à une communauté le message biblique qu’il discerne comme celui que nous avons besoin d’entendre. Si on prend les lettres de Paul, nous remarquons qu’elles sont très souvent écrites en lien avec les forces et les faiblesses de la communauté à laquelle il s’adresse. Ce ministère qui s’ancre dans la vie d’une communauté est précieux, et votre pasteur local même s’il est moins doué que certains grands prédicateurs à la mode a cet avantage de vous connaître, vous et la communauté qui est la vôtre. (Ephésiens 4/10-14)

Enfin, Youtube ne permet pas de vivre le baptême et la cène. Or, Jésus a ordonné que nous vivions des signes, qui disent concrètement sa grâce. Ces signes, mis par les réformateurs sur le même plan que la Parole, qu’ils nous  offrent de recevoir manière visible,  devraient donc nous encourager à nous retrouver. (Matthieu 28/19, 1 Corinthiens 11/23-26).

Les protestants ne croient pas en Marie. Pourquoi trop de protestants disent ça ? C’est bizarre. [Anita]

Le protestantisme s’est construit sur la volonté de faire de la Bible la norme de la foi. Il est donc logique et conforme à la pensée des réformateurs que nous, protestants, croyons ce que la Bible dit de Marie. Elle y est présentée comme une femme humble et pleine de confiance en Dieu, la première à avoir accueilli Jésus d’une manière plus que courageuse. Un modèle de foi, dont nous pouvons nous inspirer.

Pourquoi alors certains protestants affirment-ils qu’ils ne croient pas en Marie ?

Je crois que certains, marqués par la théologie libérale ou la culture ambiante, veulent exprimer qu’ils ne croient pas que Marie ait pu donner naissance à Jésus sans avoir eu de relations sexuelles avec un homme. C’est pourtant ce que la Bible raconte. Cela n’a rien d’incroyable pour qui croit en un Dieu créateur, d’imaginer qu’il puisse donner vie en dehors de ce que nous pouvons humainement envisager. Et cela a beaucoup de sens, puisque cette conception particulière dit que Jésus n’est pas un simple humain mais bel et bien le Fils de Dieu, Dieu venu dans notre humanité afin de la relever.

D’autres veulent certainement manifester qu’ils ne croient pas en certaines des choses que le catholicisme dit de Marie sans que cela ne repose sur ce que la Bible en dit. Comme protestants, nous ne croyons pas que Marie est montée au ciel, ce que la tradition catholique nomme l’Assomption. Nous ne croyons pas non plus que Marie a été conçue sans péché ce que le catholicisme appelle le dogme de « l’immaculée conception ». Enfin, nous ne pensons pas que Marie soit demeurée vierge toute sa vie, mais bien plutôt, comme la Bible l’indique, qu’elle a eu d’autres enfants avec son mari, Joseph.

Ne pas croire en Marie peut aussi signifier pour certains ne ne pas lui adresser de prières. En effet, les protestants, dans la ligne de ce qu’indique la Bible, n’adressent pas plus de prières à Marie qu’à ceux que le catholicisme nomme ‘les saints ». En effet, nous croyons avec Timothée 2/5 que Jésus est le seul médiateur entre le Père et nous. Ainsi, dans la droite ligne des premiers écrits chrétiens, et plus particulièrement des épîtres de la Bible, nous adressons nos prières au Père, au nom de Jésus.