Les mauvais esprits ne sont-ils pas ce qu’aujourd’hui on appelle les maladies mentales ? [Daniel]

Les mauvais esprits sont des réalités spirituelles.
Les maladies mentales sont des réalités psychologiques.
Les premiers interagissent donc au niveau spirituel de l’humain (avec des retombées sur le corps et sur la psyché), les deuxièmes interviennent au niveau de la psyché (l’âme, du latin anima).

Le fait de qualifier telle ou telle pathologie de maladie mentale ou de démonisation par un mauvais esprit est quelque chose qui dépasse de loin le fait scientifique, c’est éminemment culturel et daté. Beaucoup de comportements jugés comme étant le fait d’un esprit mauvais à l’époque des récits bibliques pourraient être requalifiés comme des maladies de la psyché aujourd’hui. Mais a contrario, beaucoup de pathologies évaluées à la hâte comme psychiatriques devraient, dans notre société scientiste, être révisées pour y constater une action externe (« démon ») plutôt qu’interne (pulsion) à l’humain.

Le marxisme et le protestantisme sont-ils compatibles ? Devrions-nous éviter le marxisme parce qu’il est trop athée ? Selon la Bible- il n’y a jamais d’espoir de gouvernement mondial unifié ? [PKJ]

Le marxisme repose sur un ensemble de principes qui s’opposent en effet, à la foi chrétienne. Nous pouvons en nommer ici quelques uns :

-L’idée que l’histoire est conduit par la « lutte des classes » et le déploiement des forces économiques. La fin de l’histoire, correspond, pour les marxistes à la victoire de la classe prolétarienne qui amènera enfin la paix et le bonheur dans le monde. La Bible dit  que Christ est l’alpha et l’omega, le commencement et la fin de l’histoire que Dieu conduit.
-L’idée que les idées religieuses viennent des rapports de pouvoir et sont « crées » par les classes dominantes pour servir leurs intérêts. Ainsi, le christianisme et considéré par Marx comme « l’opium du peuple ». La Bible, au contraire, nous raconte l’histoire d’un Dieu vivant qui parle et agit pour sauver les hommes et vient ainsi heurter et déplacer les idées qu’ils inventent pour se justifier.
-Le marxisme estime que la fin de l’histoire, le bonheur, la paix et la liberté adviendront quand la classe prolétarienne dominera. Il s’agira alors d’instaurer une « dictature du prolétariat », armes à la main, afin de forcer les riches à ne plus l’être. Le marxisme considère donc que la violence conduira une classe social à sauver le monde contre une autre catégorie sociale. Les chrétiens pensent que Dieu en Jésus, est venu sauver les hommes pécheurs par amour.

S’il propose des solutions mensongères du point de vue de la foi chrétienne, le marxisme
établit un diagnostique de notre condition de pécheur intéressant à considérer : l’idolâtrie de l’argent, la violence que les uns exercent sur les autres en raison du profit, notre facilité à inventer des idées qui nous confortent dans nos positions. A nous de chercher, dans la Bible, des réponses chrétiennes aux questions posées…dans la foi, l’espérance et l’amour.

Concernant la positivité d’un gouvernement mondial, exercé en ce monde pas des humains pécheurs, l’idée semble exclue par la Bible de son début à sa fin, et heureusement ! (Genèse 11 et Apocalypse).

Êtes-vous d’accord avec la thèse de Max Weber sur les liens entre le protestantisme et le capitalisme ? [Lionel]

Max Weber, dans son ouvrage de 1920 intitulé ‘L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », tante d’expliquer quels facteurs spirituels et sociaux ont conduit à ce qu’il observait à son époque : les couches sociales supérieures sont protestantes en majorité. Son ouvrage met en avant deux facteurs théologiques qui selon lui, expliqueraient cet état de fait.

Le premier facteur mis en avant par le sociologue est la revalorisation par Luther du métier, comme manière de servir Dieu. Ainsi, le fait de travailler, auparavant considéré comme une simple nécessité vitale de valeur moindre par rapport à la prière des moines prend un sens devant Dieu. Calvin ira plus loin dans la valorisation du travail, en invitant les hommes à agir avec Dieu pour sa gloire.

Le second facteur mis en avant est la doctrine calviniste de la prédestination. Calvin, en affirmant que Dieu a  choisi d’avance ceux qu’il destinait au salut, a provoqué de l’angoisse, dans le cœur des croyants. Ces derniers, ne pouvant pas savoir s’ils étaient élus ou non, se sont mis à chercher dans leur manière de vivre des signes de leur salut. Le fait de vivre de manière simple sans trop chercher à profiter des biens matériels associé au désir de travailler dur pour la gloire de Dieu et d’en récolter des richesses a été perçu, par ces protestants, comme des marques rassurantes de leur élection. Il auraient ainsi été encouragés à accumuler le capital qui a rendu possible le développement du capitalisme.

Le travail sociologique de Max Weber met en avant des doctrines et des principes éthiques qui correspondent à ce que nous dit la Bible au sujet de la vocation et du salut, selon l’interprétation des réformateurs. Il nous montre aussi comment ces doctrines et ces principes ont pu être tordus par les humains angoissés et avides que nous sommes tous, au fond. Bref, Max Weber nous dit le péché qui se cache dans nos intentions, seraient-elles pieuses.  Il m’invite à tâcher aujourd’hui, de vivre avec Dieu simplement, dans  confiance et dans l’amour, pour devenir semblables à Christ, qui à priori, n’était pas un capitaliste.

« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères ». Romain 8/29

 

 

Si Dieu est bon et Dieu est omnipotent- pourquoi y a-t-il du mal et de la souffrance dans le monde ? [Henri]

C’est LA question… sans réponse. Pourtant les théologiens ont cherché depuis longtemps à l’apporter, cette réponse qu’on appelle la « théodicée ». Et -je vais peut-être vous étonner, Henri- heureusement qu’on ne peut pas la trouver, car alors on aurait expliqué la présence du mal. Et en l’expliquant, on aurait déjà justifié, en quelque sorte, la réalité scandaleuse et injustifiable du mal (On parle ici du mal subi. Le mal commis, on peut en rendre l’homme responsable).

Le livre de Job aborde ce problème. Pourquoi Job souffre-t-il, pourquoi -pire- Dieu permet-il qu’il souffre ? Les amis de Job essaient de lui expliquer que c’est sa faute (toujours la tentation de la « théodicée », défendre Dieu !). Et Job résiste à leurs arguments : il voit bien que des justes souffrent et que des méchants vivent paisiblement. Donc, expliquer le mal comme une rétribution méritée ne tient pas la route. A la fin du livre, Dieu répond enfin à Job… mais sans lui donner d’explication, et même en lui demandant, après lui avoir rappelé qu’il est après tout le Créateur et lui simple créature, comment il ose ainsi l’interroger (Job 38,1ss; 40,1-2). Et Job se soumet. Mais il le fait parce qu’il ne souhaitait qu’une chose:  que Dieu lui parle, qu’il réponde à son appel de révolte qui est toujours un cri de foi.

La seule véritable réponse de la Bible au problème du mal, c’est un tout petit mot : « aussi ». Christ AUSSI (ou « lui-même ») a souffert pour vous, lui juste pour des injustes… En Jésus, Dieu est venu se charger de nos souffrances, les porter avec nous. Il nous y a rejoints. L’Evangile nous invite à répondre à notre tour au problème du mal. Surtout pas en essayant de l’expliquer, mais en luttant contre, de toutes nos forces et de toute notre révolte. Avec l’aide du Seigneur. Ne cherchons pas pourquoi Dieu permet que des gens aient faim ou froid, donnons-leur de la nourriture ou un toit. Ne cherchons pas pourquoi Dieu permet la solitude, rejoignons les isolés. Il y a de quoi faire.

Pensez-vous que Matthieu 24 parle de la destruction du temple en l’an 70 de notre ère ou de ce qui doit encore arriver? [Daniel]

La difficulté de Matthieu 24 est que la prophétie de Jésus semble associer la destruction du temple de Jérusalem (qui semble depuis avoir eu lieu) et le retour du Christ (qui semble ne pas avoir eu lieu).

Or Jésus répond à deux questions des disciples (24,3) : quand le temple qu’ils voient sera-t-il démoli ? Et quel signe annoncera la venue de Jésus et la fin des ères ?

Jésus prévient ses disciples d’éventuels égarements, disant que la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier avant que ne vienne la fin (24, 4-14).

Puis il revient à l’épisode de destruction du temple, que les disciples verront (cela aura lieu dans « cette génération », voir 24,34), pour les prévenir qu’ils ne doivent pas croire les faux messies, puisque le retour du Christ vrai Messie sera un évènement frappant et évident (24,27), dont personne ne connait la date, même pas le Fils (24,36).

La difficulté principale de ce passage, laissant pensant que les deux évènements se suivront immédiatement, se trouve dans la traduction de la formule grecque « eutheos de meta » en 24,29, souvent traduit « aussitôt », ou « immédiatement après ».

Or dans certains contexte, eutheos renvoie bien à l’idée d’immédiateté, mais dans d’autres contextes, il renvoie à l’idée d’une succession dans le temps, qu’on peut traduire par « par la suite ».

Eutheos est également utilisée en Jean 6,21. Si eutheos signifiait « immédiatement », alors cela signifierait que la barque aurait accosté miraculeusement immédiatement sur l’autre rive, la barque étant au milieu du lac quand les disciples voient Jésus marchant sur l’eau (Jean 6,19). Or un tel bond de la barque sur les eaux du lac n’est pas décrit dans les récits de Marc 6 et Matthieu 14 de la traversée du lac.

Ainsi, en Matthieu 24,29, la traduction « par la suite, mais après » plutôt que « immédiatement après » colle mieux au contexte de Matthieu 24 où Jésus décrit l’enchainement de deux événements dont il souligne qu’il faut les dissocier dans le temps, ce pour encourager ses disciples à veiller avec patience et à rester ferme dans la foi.

Clairement, c’est la destruction du temple de Jérusalem reconstruit par Hérode que Jésus prophétise ici (reprenant la prophétie de Daniel 9,27), d’où la note du narrateur au verset 15 « que le lecteur comprenne ». Prophétie accomplie avec la profanation du temple de Jérusalem par l’occupant romain en 70.

Matthieu 5:28 – Je suis célibataire. Si je regarde la belle fille dans la rue- est-ce le péché ? Où commence le péché ? [Daniel]

Il faut citer complètement Matthieu 5,28 et vous aurez une bonne partie de la réponse : « Quiconque regarde une femme de façon à la convoiter ». Cette parole de Jésus s’inscrit dans le contexte de l’interprétation qu’il donne du 6e commandement, concernant l’adultère. Il ne s’agit pas du regard qui apprécie la beauté d’une jolie fille, mais de celui qui veut prendre la femme d’un autre (ou qui convoite une autre femme que la sienne). Bien sûr, il est facile de passer du premier regard au second avant d’avoir eu le temps de dire « ouf ». Et il nous faut rester conscients que l’adultère peut déjà se trouver dans un simple regard qui déshabille. Jésus en fait pointe l’hypocrisie d’une conception formaliste du commandement.

Est-ce vraiment le péché qui nous sépare de Dieu- ou bien ce monde- où règne le « Prince des Airs » ? Quelle est donc notre part à prendre ? [Guillaume]

Le Prince de ce monde, le Diable, donc, ni aucune puissance en ce monde, n’ont le pouvoir de nous séparer de Dieu. Ils ne peuvent que nous y inciter (voir par exemple le fameux récit de Genèse, ch.3). Cela s’appelle la tentation, qui ne nous sépare pas en soi de Dieu, elle est la condition normale du croyant. C’est bien notre péché qui nous coupe de Dieu, c’est à dire notre refus de placer notre confiance en lui, quelles que soient les formes que ce refus prend. Et nous en sommes totalement responsables, sans pouvoir invoquer quelque fatalité ou puissance extérieure que ce soit.. Toujours est-il que nous ne pouvons pas nous en délivrer nous-mêmes. Cette délivrance est l’oeuvre du Christ, que l’Esprit-Saint nous communique.

En tant que chrétien- j’ai peur de Dieu quand je lis Matthieu 25.31-46- c’est à dire d’être un mauvais serviteur sans m’en rendre compte- ce qui sera révélé au jugement. Que faire ? [Christophe]

Votre angoisse était celle de Luther avant la Réforme. Celui-ci en est libéré par la Bonne Nouvelle qui nous est transmise par la Bible. En Jésus-Christ, liés à lui par la foi, nous sommes acquittés par Dieu qui ne regarde pas à notre péché, mais à la justice de Christ.

En effet, la Bible dit :
Romains 8/1 : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Jean 5/25 : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passe de la mort à la vie. » Voir aussi, Éphésiens 2/1-8, Romains 8 etc…

Forts de le certitude de notre salut dans la foi, nous devons néanmoins considérer les appels que Dieu nous adresse dans la Bible (la loi) avec sérieux. Ils nous disent notre péché et nous permettent d’apprendre à compter toujours plus sur lui, en lui demandant pardon et aide.La loi nous indique une voie sur laquelle, reconnaissants pour ce que Dieu a accompli pour nous en Christ, il est bon de marcher.

N’angoissez donc pas quant à ce que vous n’avez pas fait ou ce que vous avez fait. Demandez plutôt à Dieu de vous montrer ce qu’il vous appelle à changer dans votre vie, demandez lui pardon et tâchez de compter sur lui pour vous donnez de le servir toujours mieux dans l’écoute et l’obéissance à sa Parole vivifiée par l’Esprit.

« La tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » 1 Corinthiens 7/10

Qu’est-ce qu’un « mauvais esprit envoyé par Dieu » (1Sam 16:14) ? [Laura]

Avez-vous remarqué qu’avant que Jésus n’arrive, aucun esprit mauvais n’est chassé ?
L’esprit mauvais dans l’histoire que vous évoquez est juste calmé par la harpe de David. Et à part l’esprit mauvais (venant aussi de l’Eternel) qui était en Pharaon, on n’en parle pas beaucoup, des démons…
Tout simplement parce que seuls le nom et la présence de Jésus les fait trembler et décamper. Il est le seul à avoir la victoire sur eux.
C’est une nouveauté du Nouveau Testament dont on prend peu la mesure !
Dans les mille pages du Premier Testament, il n’y a pour ainsi dire aucune conscience de l’existence de ces puissances mauvaises, on les appelle plutôt les dieux, ou faux dieux, etc.

Dans ce récit, dire « un esprit mauvais envoyé par Dieu » évoque le fait qu’il y a une souveraineté de Dieu, et que sa loi fait que, normalement, le croyant devrait être indemne de toute forme de démonisation. Pourtant, dans sa justice, l’Eternel autorise Satan à « embêter » les humains (voir l’histoire de Job). C’est souvent à la mesure de leur iniquité. Par cette expression, en disant que l’esprit mauvais est envoyé par Dieu, il est affirmé qu’il n’est pas injuste que Saül soit embêté par cet esprit. Comme Paul avec son « écharde » qui lui valut pour réponse : « Ma grâce te suffit » (1 Corinthiens 12,9).

Comment concilier « aucune condamnation en Jésus-Christ » et les condamnations des paraboles : vierges folles- mauvais serviteur- etc . Et Matt.7.23 ? [Midosi]

Romains 8 commence ainsi : « Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » et poursuit par « car la loi de l’Esprit qui nous donne la vie en Jésus-Christ t’a libéré du péché et de la mort ». Ainsi, être en Jésus-Christ, ce n’est pas seulement dire qu’on l’est, comme en Matthieu 7/23. C’est bien plutôt accueillir sans cesse et à nouveau l’action transformatrice de Dieu, par le Saint-Esprit, ce qui va peu à peu modifier notre manière de penser et d’agir. Les paraboles que vous désignez parle de la manière dont nous pouvons tenter de nous soustraire à ce que Dieu veut accomplir en nous. Or, si nous ne laissons alors pas Dieu faire de nous des chrétiens, nous ne le sommes  par vraiment. Voir en cela aussi Matthieu 25/31-46 qui suit justement les paraboles que vous avez désignées ici.