Quel est le sens du baptême? Est-ce juste un symbole ou a-t-il le pouvoir de régénérer ? [Denis]

Le baptême n’est-il qu’un simple signe, un symbole de l’oeuvre du Christ pour nous, ou a-t-il réellement, « effectivement », voire « matériellement » le pouvoir de nous unir à lui ? Je crois qu’il existe une troisième réponse, plus exacte bibliquement. Il y a dans notre vie des signes qui, tout en restant des signes, sont… plus que des signes. Parce qu’ils constituent une attestation. Par exemple, la signature au bas d’un contrat, ou d’un certificat, est plus qu’une simple trace d’encre désignant mon nom : elle m’engage à respecter les termes du contrat, ou garantit l’exactitude du certificat. Autre geste qui est plus qu’un simple geste : la caresse ou le baiser d’un père ou d’une mère à son enfant. Ce geste est plus qu’une simple déclaration d’affection. Il l’atteste en la communiquant à l’enfant, qui a besoin de ces gestes pour éprouver l’amour de ses parents, et les reçoit comme tels parce qu’il a confiance dans cet amour.

En quelque sorte, ces gestes que l’on appelle les sacrements (les protestants en reconnaissent deux, le baptême et le repas du Seigneur, la Sainte-Cène, appelée eucharistie dans d’autres Eglises chrétiennes) constituent l’engagement, l’attestation donnée par le Seigneur lui-même, attestation que nous recevons avec confiance. Comme l’écrivait Jean Calvin, nous croyons que par l’Esprit Saint, et à condition que nous les recevions avec foi, le baptême, ou le partage du pain et du vin, nous communiquent réellement ce qu’ils nous représentent. Tout en restant en soi de l’eau, du pain et du vin, bien sûr ! Dans le cas du baptême d’un enfant, la foi n’est pas omise, puisque nous avons tous un jour à répondre librement à l’amour de Dieu. Bref, ce n’est pas le fait de recevoir le baptême qui nous régénère ou qui nous unit à Dieu. Ce qui nous sauve, c’est l’oeuvre de Jésus-Christ. Le baptême nous l’atteste. Et je peux dire en prenant le pain et la coupe : « aussi vrai que je mange ce pain, aussi vrai que je bois de cette coupe, aussi vrai Jésus a donné son corps et son sang, sa vie pour moi’.

La Bible légitime-t-elle la légitime défense ? [Nico]

« Celui qui veut sauver sa vie la perdra » (Marc 8,35)

« Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche » (Matthieu 5,39).

Ces textes pourraient suffire à bannir toute notion de « légitime défense »… Mais les choses sont sans doute plus compliquées. La Bible dit aussi que tout Homme est créé à l’image de Dieu, donc que la vie est sacrée, et d’aimer son prochain comme soi-même, ce qui implique, me semble-t-il, de se protéger soi-même, et de protéger son prochain (notamment sa famille).

Augustin, donc la tradition de l’Eglise, a résolu cette tension en distinguant les nécessités de la vie réelle et civile (où le mal doit être sanctionné et dont il faut se protéger), et l’attitude spirituelle de miséricorde.

Pour ce qui est des Ecritures elles-mêmes, il me semble qu’il est important de souligner ce que la théologie moderne oublie souvent : la continuité entre les deux testaments. Jésus n’a pas aboli la Loi de Moise (Matthieu 5,17-18) et, comme les juifs l’ont toujours fait, il l’éclaire, l’actualise, l’interprète en fonction des circonstances.

D’après la Loi de Dieu, révélée à Moise (avec les grands principes des 10 paroles, puis ses applications contextuelles), toute vie est sacrée (Ex20,13)… la propriété privée, qui permet la vie, doit être respectée (Exode 20, 15 ;17 ; voir une application en Exode 22,1). Jésus n’a jamais prétendu aller contre ces grands principes.

Qu’en est-il alors des textes qui invitent à relativiser sa propre vie ? Ils sont liés à la cause de l’Evangile… Ainsi un chrétien peut être conduit à accepter le martyr pour sa foi, mais « perdre sa vie » à cause du Christ, ce n’est pas perdre sa vie pour laisser dominer quelqu’un qui se comporte en ennemi de la justice et du Christ. D’ailleurs, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15,13).

Que dire du sermon sur la montagne, où on trouve la parole « Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » (Matthieu 5,39) ? Jésus s’adresse ici à ses disciples devant une foule d’Israelites qui pleurent, à cause de longs siècles de désobéissance collective à Dieu, l’injustice et la misère qui sévissent dans le pays. Les velléités de révoltes sont nombreuses, et les réponses du pouvoir romain aux insurrections sont sanglantes. Les Israélites ont pourtant en tête les promesses de bonheur faites par Dieu avant leur entrée en Terre promise s’ils lui obéissent (Deutéronome 28,1). Or Jésus est le Messie qui vient restaurer et libérer Israël afin qu’il bénisse toutes les nations. Dans le cadre du renouvellement de l’alliance de Dieu avec son peuple (Matthieu 5, 3-11), Jésus invite probablement (5,41 renvoie assez clairement à une forme de persécution du pouvoir romain) à ne pas résister violemment au pouvoir. Si tel est le cas, cette position de Jésus de non-résistance à un pouvoir oppresseur se retrouve chez Paul en Romains 12,17-13,10, où Paul invite à ne pas résister à un pouvoir romain très menaçant, mais à compter sur l’intervention divine (voir Deutéronome 32, 35).

Ainsi, de manière générale, il me semble que la Bible légitime la « légitime défense », mais sa position est toute différente face à un pouvoir injuste.

 

Que signifie : « Tout ce que tu interdis sur la terre sera interdit aux yeux de Dieu et tout ce que tu autoriseras sur la terre sera autorisé aux yeux de Dieu » ? (Matt 16:19) Qui a cette autorité ? [Bernard]

Si vous relisez les versets qui précèdent, vous verrez que cette parole de Jésus est adressée à Pierre, à la suite de sa reconnaissance de Jésus comme le Messie. Jésus dit à Pierre : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas de toi-même que tu as trouvé cela. C’est mon Père céleste qui te l’a révélé. » (Matthieu 16. 17, traduction Bible du Semeur, qui est celle que vous avez utilisée, je crois). Cet échange est donc placé sous l’inspiration de Dieu. Jésus confère cette autorité ici à Pierre (il redira une chose semblable à ses disciples au sujet du pardon des péchés en Matthieu 18. 18), mais il faut, je crois, garder clairement à l’esprit qu’il s’agit avant tout de l’autorité de Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Donc : il ne faut pas prétendre pouvoir s’approprier cette autorité juste au motif que l’on est un chrétien baptisé. L’Esprit Saint est acteur de cette transmission d’autorité. Et dans le passage que vous citez, la parole a été adressée à Pierre, qui immédiatement après chute, se croyant autorisé à rabrouer Jésus (donc à lui interdire de dire ce qu’il dit) et se fait vertement remettre à sa place par Jésus. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un pouvoir dont on disposerait pour toujours.

Le Livre de Josué est-il un récit d’événements historiques ou une allégorie spirituelle sur le « combat spirituel / la conquête de nos péchés »? [L’australie]

Le statut de textes comme le livre de Josué est très difficile à définir dans la mesure où les historiens ont eux mêmes du mal à établir de façon tranchée sa date de rédaction. Le problème est lié au fait qu’il ne sera jamais vraiment possible de savoir si ce qui est écrit procède de la seule invention littéraire ou qu’un substrat historique a déterminé la rédaction. Au fond, la question de l’historicité de ce qui est raconté ici me semble seconde (pas secondaire) dans la mesure où si Josué, ou n’importe quel autre livre de la Bible, n’était qu’une chronique historique, et n’avait rien d’autre à me dire aujourd’hui que de me renseigner sur des événements passés, il ne m’aiderait pas beaucoup dans ma relation à Dieu. Mais si je crois que l’Esprit de Dieu a guidé a rédaction de ce livre comme des autres livres de la Bible, alors je peux, dans la prière, y trouver des passages qui pourront me rejoindre. Ainsi le premier chapitre, par exemple, peut contenir de nombreuses paroles d’encouragements et d’appel à la confiance en Dieu, que je peux prendre pour moi.

Que dois-je faire pour être sauvé ? [Dennis]

Cette question a été posée en Actes 16/30. La réponse est donnée par Paul et Silas au verset 31 « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Voir aussi Marc 6/16. Reste à savoir de quoi nous devons être sauvé et ce que signifie vraiment « croire ».
-Nous avons besoin d’être sauvés du péché qui nous conduit à la mort en nous séparant de Dieu (Romains 3/23, Romains 6/23).
-Dieu, en Jésus, nous libère de notre péché pour nous réconcilier avec Dieu. Croire, c’est accueillir cela. C’est accepter d’accueillir ce que Dieu nous donne en Jésus, parce que nous avons confiance en lui. (Jean 3/16, 2 Corinthiens 5/17-21.
-Cette confiance ne nous est pas accessible humainement. Nous ne pouvons pas décider d’avoir confiance en Dieu (Exemple du jeune homme riche, Marc 10/17-27), la foi est un don que Dieu nous fait (Ephésiens 2/8-10). Nous pouvons la demander dans la prière. Qui cherche Dieu, le trouve ! (Luc 11/9-13.)

Le Livre de Jonas est-il destiné à être une satire comique ? [Samboy]

Le livre de Jonas est un de ceux que je préfère. Il est drôle, certes. Il me montre surtout des travers de ma personnalité que je connais bien. Il pointe ma peur, mes préjugés, ma difficulté à accepter que la volonté de Dieu soit différente de la mienne. S’il est une satire comique, c’est donc moins pour me faire rire que pour me conduire à voir mon péché, à m’en repentir et à changer ! Le livre de Jonas est donc un livre inspiré, un livre prophétique, un livre qui me permet de mieux me connaître et de mieux connaître Dieu. Un vrai livre biblique, donc !

Jésus est-il allé jusqu’en Inde ? Si oui y a-t-il rencontré un prophète ? et lequel ? [Annie]

Bien qu’il existe des histoires qui racontent que Jésus soit allé dans de multiples endroits, dont l’Inde, soit avant son ministère public débuté à 30 ans, soit après sa crucifixion qui aurait donc été fictive, cela n’a pas de pertinence du point de vie chrétien. En effet, être chrétien implique que nous croyions que Dieu a inspiré la Bible. Cette dernière ne mentionne pas un tel voyage, Jésus ayant évolué en Palestine, après un court passage en Egypte. (Voir les évangiles, Matthieu, par exemple). Je ne connais pas non plus d’historien laïc scientifique qui admette cela aujourd’hui, étant donné qu’aucune source (document de l’époque) sérieuse ne mentionne un tel voyage.

La question que pose la vie de Jésus, la question que Jésus nous pose lui-même n’est pas « Comment Jésus a-t-il appris toute la sagesse que sa vie a montrée ? » ou « A qui l’a-t-il transmise ? » mais « Est-il le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde pour nous tirer du péché, du mal, de la mort et des illusions dans lesquelles nous sommes embourbées ? ». C’est Dieu lui-même, qui par son Esprit, peut nous révéler la vérité, à ce sujet. Il le fera, si nous le lui demandons. Qu’il bénisse vos recherches ! Voir Matthieu 16/13-16

Fiançailles : pourquoi une bague. Et comment savoir quand on est prêts pour le mariage ? [Léa]

Les fiançailles représentent le temps que prend officiellement un couple pour réfléchir à son engagement devant Dieu. L’un et l’autre sont donc liés, ce que représente la bague, sans pour autant être déjà engagés pour toutes leurs vies. Les proches, famille et église étant au courant de ce lien, vont pouvoir encourager le couple et prier pour son discernement. Il reste donc possible de ne pas faire suivre les fiançailles du mariage, si ce temps de découverte mutuelle et d’approfondissement d’un projet commun met à jour des incompatibilités. Il est, en revanche, bon que les fiançailles se concrétisent en mariage, au bout d’une période donnée, sans attendre que la relation ou les conditions de vie du couple soient parfaites, puisque c’est à cet engagement que Dieu appelle l’homme et la femme (Genèse 2/24, 1 Corinthiens 6 et 7).

En tant que chrétien(ne) est il permis de porter des bijoux et coiffures pour les femmes et des bracelets hormis une montre pour les hommes ? [Dimi]

Quand Paul écrit : « je veux que les femmes, habillées d’une manière décente, se parent avec pudeur et simplicité, non avec des tresses, de l’or, des perles ou des toilettes somptueuses, mais plutôt avec des œuvres bonnes, comme cela convient à des femmes qui affirment honorer Dieu » (I Timothée 2. 9-10) il commence bien par dire « je veux ». Il énonce ici donc, me semble-t-il une prescription relative à des communautés dont il connaît la situation, et où les parures féminines pouvaient relever de pratiques comme la prostitution. Je ne l’entends pas énoncer ici un propos applicable en toute circonstance. De la même manière, il ne parle pas de bijoux pour les hommes, simplement parce que les hommes n’en portaient pas de son temps… Je ne vous parle même pas des montres ! Juste avant il écrit : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu en élevant des mains pures, sans colère ni arrière-pensées » (2 Timothée 8) correspond au fait que la pratique de la prière s’accompagnaient de l’élévation des mains ; Mais toutes les personnes qui n’élèvent pas les mains quand elles prient ne sont pas condamnables ! Il me semble donc que la question tient surtout à la motivation du port de ces bijoux : s’agit-il de montrer que l’on a de l’argent ? De chercher à se mettre en valeur physiquement dans l’espoir de séduire quelqu’un par ce moyen ? Ou d’honorer le temple de l’esprit qu’est notre corps ? À chaque fois, la question doit être posée quant aux effets recherchés plus ou moins consciemment par le port de bijoux.

Que dit l’Ecriture sur le culte des morts ? Aller fleurir une tombe est-il rendre un culte ? Quid d’Halloween ou de la fête des morts mexicaine ? [Molière]

Le texte du Premier Testament qui se trouve en Deutéronome 18:10-14 est clair : qu’on ne trouve chez toi personne qui parle avec les morts. C’est l’interdiction de l’occulte et du spiritisme, l’interdiction du chamanisme. Le monde des morts est bien séparé du monde des vivants car Jésus a insisté sur le fait qu’il faut « laisser les morts s’occuper des morts » (Luc 9,60). Cela s’applique donc au fait de s’adresser à une personne morte, fût-elle considérée comme sainte selon la compréhension catholique (ce qui inclue donc aussi Marie, mais pas Jésus puisque lui est le seul ressuscité à ce jour d’après Jean 11 et Colossiens 1,11). Cela s’applique aussi à toutes les fêtes spirites de type Halloween et Santa Muerte.

Pour ces deux dernières, il y a surtout une célébration de mort comme étant une puissance avec laquelle on peut jouer, parfois pour conjurer le sort. C’est un jeu dangereux, car Paul nous dit bien que « la mort est le dernier ennemi » (1Corinthiens 15,26).

Maintenant, ce qu’on appelle culte des morts, c’est parfois tout simplement le fait de prier pour ceux qui sont morts. Et là, ça ne sert juste… à rien. Puisque c’est Dieu qui s’en occupe, et qu’il le fait mieux que nous. Surtout, il n’a pas besoin de nos recommandations pour savoir que faire des morts. Donc, détendons-nous : Dieu gère. Prier pour les morts est parfaitement inutile, sauf à nous renforcer dans le déni de la réalité de la mort, une tentation d’être en contact avec eux. Lisez à cet effet ce texte qui conteste la légitimité d’une des poésies les plus lues durant les funérailles…

Pour ce qui est des fleurs enfin, c’est bien d’aider le secteur de l’industrie florale à l’approche de l’hiver. Et ça fait joli dans les cimetières. Ca peut être l’occasion d’aller nettoyer la tombe de nos aïeux ou proches. Pourquoi pas. Du moment qu’on n’y investit rien de morbide.