Jésus et Pierre marchant sur l’eau (Marc 6- Matt 14) ne constitue-t-il pas une violation de la mise à l’épreuve de Dieu (Luc 4:9-12) ? [Robert]

Vous faites sans doute référence, Robert, à la demande de Pierre à Jésus de marcher lui aussi sur l’eau, lorsque les disciples ont vu le Christ rejoindre leur barque battue par les flots. Seul Matthieu l’évoque. Marc et Jean ne mentionnent pas cet élément dans leur récit de l’épisode. Il me semble important de voir que les disciples étaient alors effrayés et ont cru voir un fantôme. Or, il ne faut pas faire confiance à un fantôme, ni à qui que ce soit qui prétend être Jésus (voyez Matthieu 24. 5) ! La demande de Pierre me semble aller dans le même sens que celle de Gédéon lorsque l’ange est venu le rencontrer (Juges 6. 17-18). Il ne s’agit pas d’incrédulité, mais de s’assurer que l’on n’est pas sujet à une illusion.

La Bible ne promettrait pas le bonheur ? Tout au plus elle permettrait la joie ? Je lis beaucoup de choses contradictoire à ce sujet… [Alexis]

Effectivement, la dureté de la vie semble être un paramètre quelque peu inévitable, un peu comme les accidents climatiques, les rhumes hivernaux, et autres contrariétés plus graves.

Peut-être nous faut-il relire les versets 7 à 9 du psaume 4 :

Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? » Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! Tu mets dans mon coeur plus de joie que toutes leurs vendanges et leurs moissons. Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance.
Psaume 4,7-9

Dans ce texte, c’est bien bonheur et joie qui sont articulés.
Pour moi le bonheur est quelque chose de psychique, de ressenti, tandis que la joie est quelque chose de plus spirituel, moins émotionnel, plus profond dans notre être.

Dans l’âme (psychique), il y a des allers et venues des larmes au rire, de l’angoisse à la confiance, etc. Dans l’esprit, il peut y avoir un positionnement de l’ordre du choix, un peu comme David dans les psaume, qui choisit de ne pas larmoyer quand il dit au psaume 103 : « Mon âme [maintenant], bénis l’Eternel ! ». Bref, par la foi nous choisissons la joie de l’esprit, tandis que bonheur et malheur sont plus subis dans notre âme.

Puis-je faire partie des franc-maçons ? [Julia]

Chère Julia, je crois que je ne serais pas à ma place si je me mettais à dire aux gens ce qu’ils ont à faire ou pas. Je vous livre simplement cette réflexion: L’accès à la franc-maçonnerie et la progression dans cet ordre, quelles que soient les intentions de ce mouvement, procède de ce que l’on appelle une initiation : il y a des choses que les gens « extérieurs » à la franc-maçonnerie ne doivent pas savoir et qui sont réservées à ceux qui y entrent ou en font partie. C’est précisément le mouvement contraire qui caractérise le christianisme : il faut faire sa voir ce que Dieu a révélé à tous les humains en Jésus-Christ. Les chrétiens bénéficient d’une révélation qui ne leur est pas réservée mais qui est une vérité à partager. Il n’est jamais fait d’enquête à votre sujet quand vous faites votre catéchisme chrétien. C’est vous qui découvrez si le message et la personne de Jésus font écho dans votre vie (c’est le sens étymologique du mot catéchisme).

Que penser de la profusion des témoignages- depuis des siècles- sur l’apparition de la vierge Marie ? Que doit-on penser des faits historiques sur lesquels reposent ces témoignages ? [Benn]

Dieu est souverain. Il lui est possible de se révéler à des êtres humains de toutes cultures, de toutes traditions, et donc même à des personnes pétries de culture catholique, pour qui la vierge est une figure centrale. Cela ne me semble pas vouloir dire que Marie soit toujours vivante, car je ne lis nulle part dans la Bible qu’elle soit ressuscitée. Lorsque l’officier romain Corneille a eu la vision d’un ange de Dieu, il ne s’est pas mis a adorer cet ange ou à lui rendre un culte. Il a obéit à ce qu’il entendait car il a compris que cette vision venait de Dieu. On ne nous dit rien de la forme que cet ange avait pour Corneille. Dans le même ordre d’idée, à la Pentecôte, l’Esprit de Dieu a permis aux apôtres de parler dans des langues qu’ils ne connaissaient pas, car Dieu est souverain sur toutes les langues humaines, il n’y en a pas une qui soit plus divine qu’une autre.

Dans Jean 3:16 est-ce que « le monde » veut dire tout le monde ou juste les élus / prédestinés ? [Claude]

Je crois bien que cela veut dire tout le monde. Si je reprends tout le verset : « En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle », je comprends que l’amour de Dieu concerne tout le monde, mais que tout le monde ne le reçoit pas. Pour ne pas périr et avoir la vie éternelle, il faut croire dans le Fils unique, Jésus-Christ. Dire que Dieu aime le monde, tout le monde, ne veut pas dire que tout le monde est sauvé, juste comme ça. La foi, réponse au don gratuit de réconciliation que Dieu nous fait en Jésus-Christ, ouvre au salut.

Pourquoi le sang est-il un élément clé- que ce soit celui d’un homme ou d’une femme ? Pourquoi le sang lie-t-il deux personnes ? [Eva]

Je crois que l’on peut résumer la réponse à votre question avec Lévitique 17,11 : le sang (ici celui des animaux), que Dieu a, dans l’ancienne alliance, donné pour servir de sacrifice, est une représentation de la vie (voir aussi Genèse 9,5-6, et Psaume 9,13 pour le sang des humains).

Toujours concernant les règles rituelles de l’ancienne alliance, des dispositions sont prises en lien avec l’écoulement de sang menstruel et celui lié à l’accouchement  (Lévitique 12; 15,19s; 18.19), renvoyant ainsi Israël à la sacralité de la vie.

Enfin, c’est sans doute parce qu’il représente la vie que le sang est utilisé pour sceller des alliances : il symbolise l’engagement à la vie à la mort des différents partis, le fait qu’on ne puisse pas revenir sur l’engagement pris à l’alliance. C’est dire la profondeur de la fidélité et de l’amour de Dieu qui a offert son Fils pour une alliance en son sang (Matthieu 26,28) !

Peut-on dire que l’on sert Dieu sans toutefois jamais aller à l’église ? [Jessie]

Il est fréquent d’entendre dire : « Je n’ai pas besoin de l’Eglise pour prier, avoir ma relation avec mon Dieu et puis,  je peux servir sans l’église, sur mon lieu de travail etc ». Ce genre de réflexion dit quelque chose de vrai : l’église n’est pas le seul lieu où nous devons aimer et servir Dieu. Elle témoigne pourtant aussi d’une attitude mal ajustée à la Parole puisqu’elle laisse croire que nous pouvons servir Dieu par nous-même sans avoir besoin des autres.
Or, la Bible dit que nous avons besoin du conseil, de l’interpellation, de l’enseignement des autres pour croire et servir justement. Ainsi est-il question de cela, Matthieu 28/20, en Hébreux 10/24-25 ou Hébreux 3/13-17. En effet, la Parole de Dieu est extérieure à nous. Nous avons besoin qu’elle nous soit rappelée par d’autres, ce sans quoi nous risquons de nous fourvoyer. Nous sommes donc invités à rester dans l’Eglise, et à accueillir ce qui nous y est dit, même si cela peut déranger, nous déplacer, nous déplaire. 
De la même manière, le service ne vient pas de nos capacités personnelles mais des dons de l’Esprit. Ceux-ci sont données pour le service, dans le cadre de l’Eglise où nous sommes invités à recevoir et à donner. (1 Corinthiens 12, Romains 12).
Allez, courage, la vie d’Eglise n’est pas facile, souvent blessante, parfois désespérante, fréquemment  fatigante mais par la grâce de son Seigneur, toujours édifiante !

La politique de la laïcité a-t-elle encouragé l’athéisme ? [Eric]

La laïcité consiste à séparer « les Eglises et l’Etat » : à partir de là, la foi est reléguée au domaine du privé. Alors que pour le chrétien tous les domaines de l’existence ont Christ pour autorité ultime (Colossiens 1,15-20), la laïcité implique que la foi n’a pas sa place dans tous les domaines. Par nature, la laïcité limite l’autorité qui revient à Dieu et ne Lui rend pas témoignage et gloire. De plus, s’il y a différentes formes de laïcité, il y a notamment en France une tendance qui consiste à éliminer les traces de christianisme dans les valeurs et dans la culture. Ainsi, la marginalisation de la foi inhérente au mouvement laïc contribue forcément à ce que Dieu perde de l’importance dans la vie et le cœur des gens.

Pour autant, peut-on attribuer à la laïcité la montée de l’athéisme ? Les Eglises n’ont sans doute pas rendu le meilleur des témoignages : si des Etats laïcs ont émergé, c’est au moins en partie parce que, s’agissant de l’Europe occidentale, protestants et catholiques étaient incapables de vivre côte à côte. Et malgré la séparation des Eglises et de l’Etat, les Eglises et les chrétiens ont encore la possibilité de témoigner de leur foi en paroles et en actes : à eux de saisir les occasions qui leur sont données.

Liberté- égalité- fraternité ; dans quelle mesure les valeurs nationales sont-elles aussi des valeurs protestantes ? [EG]

Liberté, égalité, fraternité sont des valeurs, des notions, des idéaux largement positifs dans la Bible. Et pour des raisons d’abord historiques, le protestantisme français a largement adhéré aux valeurs de la république. On peut donc penser qu’il y a des liens importants entre les valeurs nationales françaises et les valeurs protestantes.

Pour autant, le protestantisme est né d’une volonté de retour aux fondamentaux de la foi chrétienne, et ce bien avant l’avènement des démocraties modernes. Si on peut trouver des points communs entre les idéaux de la république et les idéaux chrétiens, il faut je crois que « le protestantisme » garde son discernement et ne tombe pas dans l’idolâtrie de la république et de ses valeurs!

En effet il ne faut pas oublier que ces idéaux émanent de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, dont le préambule indique qu’ils sont prononcés « en présence et sous les auspices de l’Etre suprême », qui n’est pas le Dieu trinitaire.

Ainsi, dans la conception républicaine, la liberté consiste essentiellement en l’autonomie de l’individu, et « n’a comme borne ce qui ne nuit pas à autrui » en apparence ; l’égalité est une égalité en droit ; la fraternité est avant tout une solidarité dans la défense de la république et de ses valeurs.

Bibliquement en revanche, la liberté consiste non pas à être libéré de tout carcan de pensée ou déterminisme (ce qui serait une illusion), mais à être libéré du péché dans toutes ses manifestations et conséquences pour servir Dieu (Romains 6,18 ; Galates 5,13); l’égalité de tous les Hommes comme créatures de Dieu est une donnée de départ, mais elle ne peut se vivre pleinement et justement qu’en Christ (Galates 3, 26-28) à travers la fraternité en Lui ; fraternité qui est appelée à se manifester par l’amour de Dieu et du prochain comme reflet de l’amour du Christ (Jean 13, 34).

Bref, les valeurs nationales sont les valeurs protestantes dans la mesure où elles sont soumises à Christ.

Le terme « fornication » désigne-t-il toutes les activités sexuelles de personnes non mariées ? [Eric]

Le mot grec traduit par fornication est parfois traduit par « impudicité » ou « impureté sexuelle ». Il désigne tout ce qui dans la sexualité humaine est en décalage avec la volonté de Dieu pour l’homme et la femme.
Cette volonté est exprimée à la création par ce verset, répété 5 fois dans le Nouveau Testament :  » C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. » Genèse 2/24. C’est ce projet d’unité et de fidélité que met en mots et en gestes l’engagement du mariage. L’Ancien Testament nous montre comment le péché peut contrarier ce projet en citant un certain nombres de pratiques qui s’y opposent (Exode 20/14, Lévitique 18 etc etc).

Jésus réitère cet appel à l’unité et la fidélité du couple, en laissant entendre que la dureté du cœur qui y conduisait est par lui levée (Matthieu 19/8 // Ezéchiel 36/28). Bref, la Bible, en rejetant la fornication, nous encourage  à vivre ce qui nous est donné : l’amour, comme engagement pour l’autre, lequel engagement se vit dans le mariage (Ephésiens 6/21-32).