Pourquoi seulement deux évangiles parlent de Noël ? [Jeanne]

Deux évangiles parlent de la naissance de Jésus avec une narration qui pourrait être celle d’un journaliste aujourd’hui. Ce sont les évangiles de Matthieu et de Luc. Mais en réalité, chacun des quatre évangiles a un langage sur l’advenue du Fils de Dieu que nous reconnaissons dans Jésus, le Messie, le Christ, le Sauveur, le Seigneur.

Matthieu nous parle des rois mages, insistant sur Jésus comme roi, et même roi des rois. Ces personnages importants (pas décrits comme rois par le texte) viennent devant le bébé de l’étable de Bethléem et faire plier le genou à leur sagesse (mages), leur richesse (l’or), leur piété (l’encens), et leur destinée (la myrrhe). Jésus est bien le Sauveur d’Israël et même des nations qui n’attendaient pas de Messie.

Marc n’évoque pas la nativité, mais commence son évangile par le baptême de Jésus par Jean-Baptiste. C’est aussi un langage sur la naissance, une façon d’insister sur le fait que Jésus naît en tant que Sauveur et Messie véritablement au moment où il déploie sa destinée, c’est-à-dire à l’âge de trente ans. Il nous faut donc, nous aussi, naître d’en haut, naître de nouveau, comme Jésus le suggèrera à Nicodème dans l’évangile de Jean.

Luc nous parle des anges et des bergers, autrement dit de ceux qui sont le plus haut (anges) et ceux qui sont le plus bas (bergers). Ces derniers étaient mal vus à l’époque. Bref, c’est toute la création qui doit venir adorer le Seigneur, sur la terre comme au ciel.

Jean ne parle pas de la nativité, comme Marc. Mais son prologue nous dit que Jésus est la Lumière du monde, et qu’il est la Parole présente dès le commencement. Alors pour de la naissance, c’est de la naissance ! Il dit finalement que la deuxième personne de la Trinité, que nous appelons aussi le Fils (de Dieu) et qui s’est incarnée en Jésus de Nazareth, était présente à la naissance du monde. Rien que ça !

Alors pour vous qui est Jésus ?
Est-t-il en train d’advenir dans l’étable de votre cœur ?

Jésus a-t-il mangé de la viande ? [Isabelle]

La Bible dit que l’homme est conçu pour manger « tout herbe verte » (Genèse 1/30). La première fois que Dieu dit à l’humain de manger de la viande se situe après le déluge (Genèse 9/3). Entre ces deux passages se trouve Genèse 3 qui raconte comment l’état originel de l’homme a été gâté par son péché. Ainsi, peut-on penser que si l’homme ne mangeait pas de viande avant d’être pécheur, Jésus, qui est sans péché, pourrait ne pas avoir mangé de viande (cf 1 Pierre 2/22). Ce raisonnement ne tient pas debout  pour plusieurs raisons.

1-Le régime omnivore de l’homme n’est pas présenté dans la Bible comme un péché. Il correspond à la loi de Dieu qui le commande en Genèse 9/3. Il est bien plutôt la conséquence du péché, liée à la condition humaine au même titre que la mort, la souffrance ou le travail. La Bible nous dit que Jésus, loin d’avoir fuit notre condition, l’a traversée en devenant comme un homme (Philippiens 2/6-11).

2-Si Jésus avait eu un régime très différent des personnes de son entourage, la Bible l’aurait assurément mentionné. Ainsi, nous pouvons supposer que comme juif, Jésus se nourrissait, entre autres, de viande « casher », c’est à dire d’animaux déclarés purs selon la loi juive et tués selon la règle que Dieu avait donnée à son peuple. De même, lorsque Jésus parle de nourriture, c’est souvent pour dire qu’elle a peu d’importance par rapport à l’amour que nous devons manifester aux autres humains (Matthieu 15/11).

3-Les règles alimentaires concernant la première Eglise, confirment cette manière de voir les choses. Alors que la question de manger casher et de s’abstenir des viandes sacrifiées aux idoles se posait, l’Ecriture nous dit que la relation que les humains ont à Dieu et aux autres a plus d’importance que ce qu’ils avalent. Voir sur ce sujet, Romains 14/1-4, Actes 10. Il n’est en tous cas nulle part question d’un appel au végétarisme, qui aurait probablement été de règle si Jésus avait suivi un tel régime durant sa vie sur terre.

Notre régime omnivore a quelque chose de triste : Il nous met en face de cette mort et de cette souffrance que nous n’aimons pas. La Bible promet en Christ, à toute la création, la fin de la violence et de la souffrance. Nous pouvons espérer cela de Dieu, en vivant aujourd’hui la foi l’espérance et l’amour que Dieu donne, dans le monde tel qu’il est.

« Nous le savons en effet, la création tout entière gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : Nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de notre adoption et de la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. » (Romains 8/18-25)

Luc 14-27 : Jésus parle de porter sa croix- alors qu’il nous semble que pour nous cette expression fait référence à Jésus crucifié. Est-ce une erreur de traduction ? [Joël]

Je n’avais jamais entendu dire que l’expression « porter sa croix » fasse référence à la crucifixion de Jésus. Lors de sa passion, on nous dit qu’il a porté sa croix jusqu’au calvaire, mais il ne s’agit pas, dans le passage que vous citez, de cela. À plusieurs reprises en effet, cet impératif est mentionné : Porter sa croix pour être le disciple de Jésus-Christ. Cela signifie assumer sa condition, ne pas chercher d’échappatoire aux difficultés que notre foi chrétienne occasionnera. Je vous cite ici un théologien allemand célèbre, Dietrich Bonhoeffer, mort en camp de concentration : « La croix est imposée à tout chrétien. C’est la mort du vieil homme, lors de sa rencontre avec le Christ. Elle (…) est dressée au commencement de la communion avec Jésus Christ. L’appel du Christ, le baptême, placent le chrétien dans le combat quotidien contre le péché et le diable. De sorte que chaque jour, avec ses tentations de la chair et du monde, déverse sur le chrétien de nouvelles souffrances de Jésus Christ. » Nous voilà prévenus…

Est-il possible de lire la parabole des mines (Luc 19) en voyant le prétendant au trône comme l’esprit du mal ? Soit en renversant les rôles ? [Manu]

Lire une parabole en cherchant de nouvelles manières de l’interpréter est toujours intéressant. Le tout est d’être conséquent avec les pistes d’interprétations que l’on suit. Dans le cas que vous proposez, si le prétendant au trône est l’esprit du mal (et pas Jésus, comme manifestement lui-même le pensait…) qui sont ses serviteurs ? Sur quel pays lointain doit-il prendre l’autorité ? Qui sont ses concitoyens ? Vous voyez, cela fait beaucoup de questions, auxquelles il faut répondre pour trouver un nouveau sens à la parabole. Je vous laisse le faire. Pour ma part, j’ai besoin de me rappeler qu’il ne s’agit pas de simples allégories amusantes que Jésus donnait pour nous faire chauffer les méninges. Il s’agit, presque tout le temps, d’appels à la repentance, au retour vers Dieu, en nous reconnaissant dans tel ou tel personnage et en identifiant son comportement au nôtre, pour mieux le modifier si besoin.

J’ai entendu dire que des pasteurs Attestants « chasseraient l’esprit de Marie » de gens qui en seraient possédés ? Vous m’expliquez ? [Anonymous]

L’ennemi du Christ est le prince du mensonge. Evidemment, ceux qui vous ont dit cela ont fait des raccourcis et se sont glissé quelques confusions, au point que ce qu’ils vous ont dit n’a plus aucun rapport avec le réel.

Premièrement, tous les Attestants ne pratiquent pas la délivrance, et certains sont simplement confessants ou orthodoxes théologiquement, ils ne sont pas charismatiques et ne vont pas sur ce terrain-là.

Deuxièmement pas mal d’Attestants, comme beaucoup de croyants protestants ou évangéliques pensent que Marie étant la mère de Jésus, la figure de l’Israël véritable, la première chrétienne de l’histoire. Ils croient qu’elle sera, au dernier jour, la première ressuscitée (puisque nous ne croyons pas à son assomption et que nous pensons donc qu’elle attend le dernier jour dans la paix du séjour des morts). Nous avons donc grande révérence pour sa mémoire et son témoignage, mais ne nous adressons pas à elle puisque nous ne nous adressons qu’à Dieu et ne communiquons pas avec les morts.

Troisièmement, il est probable que la confusion vienne du fait suivant : les Attestants qui pratiquent la délivrance pensent que, derrière une mariologie idolâtrique (mariolâtrie) se cache une réalité spirituelle. L’entité qui « répond » à certaines prières, dans différentes expériences mystiques de par le monde, est plutôt ce que le livre de Jérémie (ch. 7 et 44)  appelle une puissance démoniaque qu’il nomme ‘Reine du Ciel » (ou Astarté, Ashera, etc.) et qu’en France on appelait dans le paganisme pré-chrétien la Dame Blanche (ou Marianne aujourd’hui 😉 !).
Alors oui, nous pratiquons la délivrance de ceux qui sont démonisés par la Reine du Ciel, mais nous savons que cette dernière n’a aucun rapport avec Marie de Nazareth ! Elle peut se déguiser pour tromper des croyants pas assez instruits des choses de l’Esprit, mais en aucun cas nous ne les assimilons !

Enfin, du fait d’une lecture trop restrictive de passages comme Apocalypse 12, certains groupes mariolâtres affublent à mauvais escient Marie du titre de Reine du Ciel, en ajoutant à la confusion.
Marie de Nazareth est admirablement nommée comme « humble servante » par les Ecritures, et c’est le plus beau nom qu’on puisse jamais lui donner.

Ce sujet est très complexe et donne lieu à beaucoup de souffrances dans le corps du Christ, alors nous demandons pardon par avance à toute personne qui serait troublée par notre réponse. Gardons ensemble les yeux tournés vers Christ afin que toute son Eglise reste unie.

Dans les cieux y a-t-il Dieu ET Jésus- ou bien une seule personne qui forme en même temps Dieu et Jésus ? [Pascale]

Le symbole des apôtres (le credo) qui résume la foi chrétienne dit effectivement que le Christ est « monté au ciel », et qu’il « siège à la droite de Dieu, le Père tout puissant », citant lui-même de nombreux passages du Nouveau Testament. Mais il ne faut pas se laisser piéger par le vocabulaire. Le ciel n’est pas un lieu particulier, mais une image, une représentation pour désigner ce qui appartient à Dieu, voire Dieu lui-même. La « montée au ciel » de Jésus-Christ signifie donc la fin de son ministère parmi nous, car Jésus, c’est Dieu qui nous a pleinement rejoints dans notre humanité en se dépouillant de sa gloire divine (Philippiens 2,6ss).  C’est ce que les chrétiens reconnaissent en confessant la Trinité : Dieu est à la fois UN et Père (Créateur), Fils (Sauveur) et Saint-Esprit (Seigneur). Le fait d’être désigné comme « assis à la droite de Dieu » (référence au Psaume 110,1) signifie que Jésus, par sa mort et sa résurrection, a reçu la place d’honneur du Messie, celle du « fondé de pouvoir », comme l’écrit un commentateur de ce Psaume (de même qu’un chef parle de son plus proche collaborateur comme de son « bras droit »). Autrement dit, comme l’écrivait Luther, si nous voulons trouver Dieu, il ne faut pas chercher à escalader le ciel (c’est-à-dire nous livrer à des spéculations philosophiques ou à des expériences mystiques), mais nous rendre à Bethléhem.

Une petite fille chrétienne parle de Dieu à son amie non chrétienne- qui lui dit « mais je ne le vois pas moi Dieu- donc il n’existe pas ». Comment la petite fille chrétienne peut-elle lui répondre ? [Sandy]

Cette amie non-chrétienne suppose que ce qui est vrai, c’est seulement ce qui peut se voir. On se souvient du premier cosmonaute,Youri Gagarine, qui affirmait, au retour de son vol orbital autour de la terre, qu’il n’avait pas vu Dieu ! Mais il y a beaucoup de choses que nous n’avons jamais vues, sans pour autant mettre en doute leur réalité. Si je vois un jardin bien taillé et entretenu, je ne doute pas un instant qu’un jardinier est passé par là. En contemplant les pyramides d’Egypte, ou la muraille de Chine, j’imagine ces milliers d’ouvriers qui ont contribué à sa construction, alors qu’il n’est resté d’eux aucune image. Et il est aussi bien des choses que l’on ne voit pas avec les yeux mais avec le coeur, comme l’a écrit l’auteur du Petit Prince.

L’Evangile de Jean nous dit que nul n’a jamais vu Dieu (et c’est normal parce que Dieu, créateur et source de tout ce qui est, est bien au-delà de notre vue) mais que le Christ nous l’a fait connaître. Et si nous écoutons sa Parole, si nous ouvrons non plus les yeux mais les oreilles, alors nous verrons les signes de la présence de Dieu dans ce monde et dans nos vies.

Qu’est-ce que la prière d’autorité ? La Bible fonde-t-elle et justifie-t-elle une telle pratique ? [Peps]

Le concept de prière d’autorité n’existe pas dans la Bible.
Pas plus que le concept de chorale paroissiale, de direction spirituelle, de soaking*, de cure d’âme, d’étude biblique, etc.
Je veux dire par là que ce n’est pas parce qu’une expression n’est pas telle quelle dans la Bible que l’idée n’est pas biblique.

La prière d’autorité, c’est une façon de prendre position, par exemple face à un esprit mauvais, pour lui refuser son emprise, comme nous y invite Jésus dans Luc 10 quand il nous commande de chasser les démons.

Si nous avons revêtu Christ, nous sommes revêtus d’une autorité particulière et devons l’exercer. La prière d’autorité n’est donc pas une intercession où l’on demande à Dieu d’intervenir à notre place, mais une prière où l’on va chercher sa légitimité et son autorité pour intervenir nous-mêmes sur le réel. Parce que Jésus ne nous demande pas d’intercéder pour les malades mais bien de les guérir. Pas d’intercéder pour les lépreux mais de les purifier. Pas d’intercéder pour les morts mais de les ressusciter. Pas d’intercéder pour la délivrance, mais de chasser nous-mêmes les esprits mauvais (Matthieu 10,8).

* pratique charismatique de repos dans l’Esprit

Quel est le sens biblique de notre offrande à l’Eglise ? [Lemurien]

Paul disait dans la deuxième épitre aux Corinthiens (9,7) : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son coeur, sans tristesse ni contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie. »

L’offrande fait partie de la louange. D’ailleurs il faudrait dans nos cultes la mettre dans la louange plutôt que connectée aux annonces (au business) de l’association cultuelle. Dans l’esprit de la dîme du premier testament, on donne les prémices de ce qu’on reçoit à l’Eternel, et le donner à l’Eglise est une façon d’œuvrer pour la gratuité de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume. Donc si nous donnons c’est dans la joie. Car le seul sacrifice qui vaille, depuis que Jésus a donné sa vie, c’est le sacrifice de louange, d’offrir notre reconnaissance (Hébreux 13,15).

Jésus était très proche des pourris- mais loin de donner raison à leurs pêchés- les transformait. J’ai plus l’impression d’être submergé par leur désordre- et je perds confiance. Quoi/comment être ? [Manu]

Je ne suis pas sûr de bien comprendre votre question, mais je vais essayer de partager avec vous ce qu’elle m’évoque. Vous parlez, si je vous suis, du sentiment que vous avez d’être submergé par le désordre que les péchés provoquent en vous. Si tel est le cas, alors ne perdez pas courage ! Au contraire, cette sensation, pour très désagréable qu’elle soit, est le signe que vous êtes sur le chemin de la repentance, chemin par lequel vous pouvez découvrir la profondeur de la miséricorde et de l’amour de Dieu, un amour qui va VOUS transformer, comme il a transformé les « pourris » dont vous parlez, et qui ont rencontré Jésus. C’est votre tour ! Ouvrez votre cœur à Sa bonté, à Sa tendresse, comme tant d’autres l’ont fait comme je l’ai fait. Ça ne vous rendra pas parfait d’un coup (nous sommes dans la vraie vie) ,mais ce sera le pas décisif pour vous faire avancer sur le chemin de la sanctification.