Est-ce normal qu’après avoir pardonné à un parent, on ressente un désarroi ? Le pardon unilatéral, comment faire pour ne plus être en attente que l’autre reconnaisse ses torts ? Que dit Jésus ? [Kym]

Jésus est radical en Matthieu 18. Dieu nous pardonne quand on regrette (c’est la parabole du serviteur indigne). Mais en plus, il nous dit de pardonner soixante-dix fois sept fois, autant dire, pardonner à la folie ! Parce que ça consiste à pardonner quelqu’un toutes les trois minutes durant une journée où on ne dormirait même pas !!!

Donc pour notre esprit, nous pouvons trouver la satisfaction de juste pardonner, comme Dieu a pardonné, totalement et radicalement.
Ceci dit, pour que le pardon soit pleinement satisfaisant pour notre âme, nous avons aussi besoin de la repentance de l’autre en vis-à-vis. Et là c’est plus dur. Car il nous faut accepter qu’il n’y ait parfois pas de retour. Souvent c’est même parce que l’autre n’a pas compris, ou pas voulu comprendre qu’il nous avait blessé.

Le désarroi peut venir du fait qu’on fait une vraie démarche qui a pour but la restauration complète de la relation, mais que là il manque quand même quelque chose si la restauration n’est pas vraiment activée du côté de l’autre.

La Bible est-elle plus violente que le Coran ? [Anna]

La Bible plus violente que le Coran ? Voici une proposition de non-réponse en deux trajectoires :

1. D’abord ces deux livres sont des objets avec des textes. Ils peuvent raconter des histoires violentes et comporter des textes qui appellent à la violence.
Mais c’est surtout la lecture qu’on en fait et l’usage pour lesquels on s’en sert qui peut être violent.

2. La Bible comporte pas mal de récits violents, parce que la vie est violente. Elle comporte aussi des paroles dures où des humains appellent à la violence, et des passages où l’on peut voir que Dieu se comporte d’une façon que nous pouvons considérer comme violente vue d’aujourd’hui. Mais la Bible, contrairement au Coran comporte une mise en ordre radicale, avec un premier et un nouveau testaments. Le Nouveau, avec les évangiles à son commencement, nous offre par la parole de Jésus un changement radical, qui consiste en particulier par le refus total de la violence. Ce qu’on entend derrière le « Aimez-vos ennemis » de Jésus en Matthieu 5,44, l’affirmation de l’apôtre Paul « Non, ce n’est pas contre des êtres humains que nous devons lutter. Mais c’est contre des forces très puissantes qui ont autorité et pouvoir. Nous devons lutter contre les puissances qui dirigent le monde de la nuit, contre les esprits mauvais qui habitent entre le ciel et la terre. » en Ephésiens 6,12. La mort de Jésus sur la croix se veut « dernier sacrifice » comme le décrit l’épître aux Hébreux, afin que justement les violences s’arrêtent.

La masturbation est-elle un péché ? [Moussa]

Face au degré de relativisation voire d’encouragement de la pratique masturbatoire dans notre culture, votre question est importante !

Le péché est une action injuste du point de vue de Dieu (1 Jean 3, 4). Le péché est défini par la Loi de Dieu, l’enseignement de ce qui est bien/bon et mal/mauvais pour les Hommes (Romains 7,7-12, voir Deutéronome 30,19-20), qui ne parle pas de la pratique masturbatoire individuelle.

Certains pensent que Jésus fait référence à la pratique masturbatoire en Matthieu 5,30 et Marc 9,43. Mais cette interprétation est peu probable… Jésus utilise parfois le langage métaphorique, cela peut être utile de le garder en tête !

Quant à Onan (Genèse 38, 8-10), dont le nom a donné « onanisme », ce n’est pas tant sa pratique masturbatoire qui a pour conséquence sa condamnation que son refus de donner une descendance à son défunt frère (Deutéronome 25,5-6).

La masturbation ne faisant par conséquent pas partie des interdits posés par Dieu, on ne peut pas dire que la Bible définisse clairement la masturbation comme un péché.

Toutefois, la Bible présente sans conteste la place de la vie sexuelle dans le cadre d’un couple engagé et fidèle (hors vocation particulière, voir Matthieu 19,12). Et elle nous exhorte à ce que nos actes et pensées rencontrent cet idéal. La pratique masturbatoire et les pensées qui peuvent l’accompagner ne correspondent évidemment pas à cet idéal, et sont en ce sens péché. Bien sûr, nous ne répondons pas toujours à la perfection à laquelle Dieu nous appelle… le reconnaitre est très utile, cela évite culpabilité stérile et découragement… mais rechercher la perfection est l’appel du chrétien, pour rendre gloire à Dieu (1Corinthiens 6, 20) car telle est notre vocation d’Hommes crées à l’image de Dieu, et le chemin de vie pour aujourd’hui et dans la perspective de l’éternité.

La masturbation n’est pas l’acte d’un chrétien accompli, appelé à vivre la bénédiction du mariage et à combler son partenaire dans ce cadre (1Corinthiens 7, 5). Même si elle n’a pas les mêmes conséquences que d’autres pratiques sexuelles, elle affecte notre être, et fait obstacle aux bénédictions de Dieu. Mais dire que la masturbation est un péché ne doit pas faire oublier que le péché est aussi une puissance (Romains 6) qui asservit l’Homme, que seule la puissance de l’Esprit qui agit en nous peut vaincre… Et la victoire sur le péché, notamment en ce qui concerne la sexualité, est souvent le résultat d’un processus au cours duquel il faut de la patience et de la persévérance (Philippiens 3, 12-14).

Malheureusement, il n’est pas anormal dans notre condition d’Hommes de pécher. Heureusement, la liberté est promise à celui qui croit !

Celui qui n’a pas le vêtement de noce est rejeté… pourquoi ? [André]

Vous faites référence à la fin d’une parabole (synonyme de comparaison), une petite histoire destinée à illustrer l’action et le règne de Dieu dans le monde (Psaume 78,2) que l’on trouve en Mt 22,1-14. Jésus prononce cette parabole parmi d’autres à l’intention des chefs du peuple et des anciens qui lui demandent de quelle autorité il enseigne et opère des signes (Mt 21,23). Par cette parabole, il les invite à se positionner devant Dieu.

Dans cette histoire, il parle d’un roi très généreux qui invite massivement au banquet des noces de son fils. Ce roi veut simplement bénir son peuple, se réjouir avec lui. Et il ne rencontre que peu d’enthousiasme. Malgré un effort de communication (Mt 22,3-4), il rencontre même du mépris, si bien que même ses émissaires qui distribuent les invitations sont violentés et tués (Mt 22,6).

Face à l’ « impolitesse » des invités de départ, le roi décide finalement de convier tous ceux que ses serviteurs trouveraient dans les rues (Mt 22,10), ce qui a un certain succès. Mais parmi les présents, quelqu’un n’a pas les vêtements de la fête : il vient pour un grand repas, une grande réjouissance, et il s’y rend avec dédain.

Imaginons aujourd’hui une grande fête dans un palace présidentiel… tout le monde est en smoking et en robe de soirée, mais quelqu’un arrive en pyjama ! Comment le maitre de cérémonie recevrait-il la chose ? Les chefs du peuple, si attachés aux honneurs (23,5-7), comprennent très bien ce qui se joue dans la parabole de Jésus.

Jésus rappelle que Dieu n’est pas n’importe qui, que parce qu’Il a nos vies et celle du monde entre Ses mains il est logique de l’honorer. Les responsables juifs du 1er siècle ont marqué, par leur attitude, beaucoup de mépris pour Dieu le Père et son Fils… ça aura inévitablement des conséquences… Jésus conclut la parabole en disant « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ». Tout le monde ne comprend pas l’autorité de Dieu, la joie d’une rencontre avec Son Fils, et les bienfaits qu’il y a à les honorer et à leur donner la place qui leur reviennent, tout simplement. Avec cette parabole, Jésus dit en somme : « réfléchissez bien à votre attitude envers moi… de quel côté êtes-vous ? Qui a réellement autorité dans votre vie ? Qui d’après-vous détient vraiment le pouvoir ? ». Et il interpelle indirectement son peuple sur la confiance qu’il attribue à ses leaders (Mt 23,3).

En quoi consiste la nouvelle réforme apostolique et quel est votre sentiment à ce sujet ? [André]

La Nouvelle Réforme Apostolique (NRA) est un mouvement interne au courant évangélique charismatique. Son principe est simple, il faut restaurer les cinq ministères évoqués par l’épître de Paul aux Ephésiens (4,11), apôtre, prophète, évangéliste, pasteur et enseignant. Cette structure du ministère de l’Eglise ne serait pas seulement propre aux débuts du christianisme mais serait pour toujours. Du fait de la pratique charismatique, les Eglises de la NRA ces ministères sont donnés à l’Eglise, comme le sont toujours les dons décrits en 1Corinthiens 12 (parler en langue, prophétie, guérison, etc.). Ce concept a eu pour but de mettre au défi les Eglises protestantes et évangéliques qui s’étaient polarisées sur le pasteur comme centre du ministère, contrairement aux idées de bases de la Réforme sur le sacerdoce universel et la diversité des ministères.

Après cela, une partie de ces Eglises a pu aller dans d’autres courants de pensée qui font que des déviances ont entâché l’ensemble de ce mouvement, alors que les idées présentées plus haut sont quand même bonnes, non ? Il faut donc discerner entre les bons groupes NRA et les mauvais ; et faire attention en creusant quand on les rencontre, notamment sur les questions suivantes :
– théologie de la prospérité, et rapport passionnel à l’argent,
– niveau requis d’allégeance au pasteur ou à l’apôtre,
– redevabilité de l’apôtre à un autre ministère,
– une conception parfois très théocratique (d’où un soutien aveugle aux pouvoirs politiques),
– les révélations extra-bibliques ou contraires à la Bible,
– une obsession maladive pour le surnaturel ou les démons.

Quelles sont les raisons de notre séparation avec les orthodoxes ? [Andria]

Notre séparation d’avec les orthodoxes ; je ne sais pas qui est ce « nous ». Ce qui est clair c’est que le christianisme a toujours été très morcelé d’une communauté à l’autre, et ceci dès l’apôtre Paul. En tout cas en 1054 un clivage profond s’est opéré par excommunication entre les christianismes d’orient et d’occident. C’était le fruit d’un processus durable qui avait deux origines :
– une origine politique, à savoir que l’empire romain s’était étiolé et que l’écart se creusait entre l’est et l’ouest, notamment à cause de la volonté des papes d’interférer dans la politique.
– une origine théologique, notamment sur la question de la nature du Christ. Est-il 50% homme et 50% Dieu ou bien 100% homme et 100% Dieu, pour faire court. Ce que la mémoire chrétienne a aussi beaucoup gardé, c’est notamment la querelle iconoclaste, avec la division entre les deux camps avec, d’un côté, ceux qui pensaient que Dieu pouvait s’exprimer au travers des images saintes, et à contrario ceux qui pensaient que c’était un tabou (lié au 2ème commandement).

Ce serait très long de vous en expliquer le détail. Vous pouvez cliquer ici pour avoir une explication plus savante, et que nous trouvons assez équilibrée.

L’Ange de l’Eternel dans l’Ancien Testament est-Il Dieu ? ou un ange comme les autres ? (Juges 13:18; Gen 32:29; Gen 31:11-13; Exode 3:2-6; Josué 5:13-15). [Joyce]

Les anges, je n’y connais pas grand chose.
La seule chose que je sais, c’est que ce sont des messagers de Dieu. Il faut laisser tomber les angelots de la peinture du XVIIIème siècle, les taureaux ailés de Babylone, et toutes ces représentations de la culture.
L’ange, c’est le facteur. Il porte un message. L’ange est toujours Ange de l’Eternel. Car les anges sont soumis au Père. Mais la compréhension de ce que sont les anges a beaucoup évolué au fil des siècles. Entre Abraham (-1900 av. J.-C.) et Daniel (-300 av. J.-C.), les images ont beaucoup, beaucoup évolué. Et la Bible recèle de plusieurs représentations très différentes.

La Trinité résumerait Dieu à un Père, un Fils et un Esprit-Saint ? Dieu est plus grand que ça, on ne peut pas capter sa nature ; c’est dur de le diviser en trois. Jésus serait Dieu et Fils de Dieu ? [Sarah]

Oui on ne peut pas limiter Dieu dans des définitions.

Mais en même temps on a besoin d’éléments pour le comprendre.

Dire qu’il est Père est un langage pour nous exprimer qu’il est un Dieu relationnel et pas seulement un « étant ».
Dire qu’il est Fils nous dit que quand on regarde Jésus, on voit le Père.
Dire qu’il est Saint-Esprit nous explique que Dieu n’est pas seulement créateur (début), sauveur (milieu), mais qu’il est aussi actuel.

Et dire que Dieu est un et trois à la fois, c’est aussi nous dire qu’il ne faut pas rêver de comprendre parce que c’est mathématiquement impossible. Définir avec de l’incompréhensible, c’est justement dire que ça dépasse nos capacités de perception.

La Trinité est donc un langage.
Ce n’est pas une définition de l’être de Dieu.
C’est une pédagogie.

Qu’est-ce que le « saint baiser » dont parle Paul dans ses lettres ? (Rom 16.16 ; 1Co 16.20 ; 1Thess 5.26) [Jean-Luc]

Quand j’essaye de claquer une bise aux américaines de mon assemblée le dimanche matin, je suis rapidement ramené au fait que ma culture n’est pas universelle… On s’effleure vite fait les joues et on attend que la gêne passe.

Le baiser de salutation semble par contre très bien passer dans la culture des gens du Nouveau Testament. Les évangiles évoquent des hommes qui s’embrassent tout naturellement et sans l’expliquer (Mc 14, 45 et parallèles). De la même manière, dans les actes des apôtres, les responsables de l’Église d’Ephèse « se jettent au cou de Paul pour l’embrasser » (Ac 20, 37).

Cependant, chez Paul (Rm 16, 16 entre autres) ou chez Pierre (1 Pierre 5, 14), le baiser est qualifié de « saint » ou adjoint du qualificatif relatif à l’amour fraternel (agapè). La salutation culturelle normale est spiritualisée dans la communauté chrétienne. Ça veut dire que la salutation culturelle normale va être utilisée pour donner du sens aux relations entre chrétiens. Les conséquences pour la communauté vont être que des esclaves et des maîtres, des hommes et des femmes, des juifs et des grecs vont se saluer d’une même manière sans aucunes distinctions.

Chez des auteurs très anciens, par exemple Justin Martyr dès le 2e siècle, on lit que ce « baiser » faisait parti de la célébration de la sainte Cène (Première Apologie ch LXV). Cela n’offre pas non plus la certitude que Paul ou Pierre en faisait déjà une recommandation cultuelle mais c’est bien dans l’esprit.

Plus proche de nous (ou pas), au 19e siècle, on trouve une traduction anglaise où le verset a été transformé par « serrez-vous la main » (traduction J.B. Philips) pour des raisons évidemment culturelles.

Pour aujourd’hui, je n’ai pas pour ma part de prescriptions légalistes, mais je pense qu’il est essentiel de comprendre que l’accueil et la salutation que nous nous adressons entre chrétiens doit dépasser et sublimer la culture et la politesse. Cela fait pleinement parti de notre soumission au commandement du Seigneur pour ses disciples : « Aimez-vous les uns es autres » ou ailleurs sous la plume de Paul « accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu » (Romains 15). 

Est-ce vrai que d’après les Juifs d’aujourd’hui le nom de Jéhovah est erroné car l’alphabet Juif ne contient pas aucun lettre J ? [Mark]

Dans nos Bibles, le nom de Dieu est traduit le plus souvent par « Seigneur » ou « Eternel ». Ce nom présente la racine du verbe « être » en hébreu (voir Exode 3/14). Le problème se situe moins au niveau des consonnes de ce nom que de ses voyelles. En hébreux, à l’origine, les consonnes seules étaient écrites. YHWH ou JHVH sont des transcriptions possibles des quatre consonnes de ce nom. En revanche, lorsque les voyelles ont été ajoutées au texte biblique, au Moyen-âge, les juifs qui ont entrepris ce travail n’ont pas mis à ce nom ses « vraies » voyelles. En effet, afin de ne pas prononcer le nom de Dieu en vain, il était alors d’usage de ne pas dire ou écrire le nom de Dieu. Ils ont donc ajouté aux consonnes YHWH les voyelles du mot « Adonai » qui signifie « Seigneur ».  C’est par ce nom-ci : « Seigneur » que les juifs et la plupart des chrétiens s’adressent encore à Dieu aujourd’hui.