Est-ce que les âmes des morts nous observent (Hébreux 12-1- Apocalypse 6-9-10- Luc 16-19-31) ? [Laureline]

Reprenons les citations bibliques que vous évoquez :

Hébreux 12.1 : « Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée. » La nuée de témoins dont parle l’auteur de la lettre aux Hébreux ne m’a jamais semblé être l’ensemble des âmes de personnes évoquées dans le chapitre 11 (Abel, Noé, Abraham…) qui nous observeraient, mais bien plutôt leur exemple, leur témoignage ,qui doit et peut nous encourager sur le chemin de notre foi.

L’apocalypse est une vision que Jean a eu et qu’il a mise par écrit. Il y a beaucoup de choses dans ce texte que je ne prends pas « pour argent comptant » (ainsi je ne pense pas que quand Jésus reviendra dans sa gloire, il ressemblera à un agneau égorgé). Quand Jean écrit : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu » je pense qu’il tente de traduire par des mots une expérience de vision, qui ne doit pas nécessairement être comprise comme une vérité dogmatique.

Enfin, Luc 16. 19-31 est une parabole que Jésus emploie pour souligner l’importance du don et de l’action en faveur des démunis. Elle décrit peut-être la façon dont les choses se passent après la mort, mais je ne suis pas sûrs de m’accorder avec toutes les représentations de l’enfer et du paradis que l’on a fait découler de cette seule histoire. La question que vous posez est un problème important, pour lequel je n’ai pas une réponse tranchée. Voilà où j’en suis pour ma part :

Quand nous mourrons, tout ce que la Bible appelle notre « chair » (corps et âme) est détruit. C’est l’esprit que Dieu a envoyé en nous pour nous rendre vivant qui revient à lui et c’est par l’action de son esprit que nous reviendront à la vie, créés nouveaux, selon la promesse de la résurrection en Jésus-Christ.. (Genèse 2. 7 ; Psaume 104. 29-30)

Comment devrions-nous comprendre Ananias et Saphira dans Actes 5 ? Frapper des personnes de mort ça ne ressemble pas au Dieu révélé en Jésus. On dirait une histoire de l’Ancien Testament. [Aaron]

Je ne comprends pas Ananias et Saphira. Je ne comprends pas que l’on s’engage dans un mouvement en pensant dissimuler des choses qui devraient être mises au clair. Mais aussi, dans ce passage, je ne lis pas que c’est Dieu qui les met à mort. Leur mort intervient comme une conséquence inévitable de leur mensonge, qui entraîne une blessure dans la communion de la première Église ; Je reçois ainsi ce que Pierre dit bien plus comme une plainte quant à ce qu’ils ont fait que comme l’énoncé d’une sentence. Cela fait en moi écho à I Corinthiens 11 (particulièrement les versets 27 à 30) qui explique qu’en raison de leur manque de communion, les Corinthiens ont parmi eux beaucoup de malades, et que certains même sont morts.

Matt 8:5-13 est difficile pour moi. Un chef de la force d’occupation brutale (tueries- atrocités) qui aurait juré allégeance au culte impérial (idolâtre). [Jean]

Si je comprends bien ce que vous dites, ce qui vous est difficile dans ce passage de Matthieu c’est le fait que Jésus ait accepté de guérir un centenier romain. Il est clair que ce que vous dites pour le décrire est vrai. Il avait beaucoup de choses contre lui… Mais n’en est-il pas de même pour chacun de nous ? Dans sa lettre aux Romains (3. 9-24), Paul écrit : « En effet, nous avons déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont tous sous la domination du péché, comme cela est écrit: Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul; (…) En effet, personne ne sera considéré comme juste devant lui sur la base des œuvres de la loi, puisque c’est par l’intermédiaire de la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, la justice de Dieu dont témoignent la loi et les prophètes a été manifestée indépendamment de la loi: c’est la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a pas de différence: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. » La fin de ce passage est déterminante : La justice de Dieu par la foi… Ce que dit le centenier à Jésus est l’expression par excellence de sa foi, sa confiance dans l’autorité que Jésus a sur la maladie. Cette foi est sans rapport avec ce que nous avons fait ou pas. Nous ne savons pas ce que cet homme est devenu ensuite. Mais il me paraît difficile de l’imaginer continuant sa vie absolument comme si de rien était. Une foi comme celle qu’il a exprimé ne peut que renouveler celui en qui elle habite.

La fille de mon ami a développé une maladie incurable. Elle sera en douleur chronique en permanence. Mon ami demande comment quelqu’un peut visiter l’hôpital pour enfants et croire en Dieu. Que dire ? [Lily]

La question de votre ami est compréhensible, mais je crois liée à un malentendu…. Tant que Christ n’est pas revenu, la mort est toujours à l’œuvre (1Corinthiens 15, 23-26), que ce soit par les petites morts (différentes épreuves comme les maladies) ou la grande mort. Même le chrétien n’est pas à l’abri… Tous les apôtres sont morts, ont été malades, ont souffert… On pense à Paul qui a lutté avec son écharde que Dieu ne lui a pas ôté malgré ses prières (2Corinthiens 12,7-10)… La Bible est on ne peut plus clair sur le sujet : nous ne sommes pas encore dans un monde complètement juste et libéré de la mort et de la souffrance injuste (Romains 8, 20-25). Dieu a certes dans l’histoire du salut opéré des guérisons, et manifesté ainsi son amour pour nous… mais les guérisons avaient avant tout valeur de signes (Hébreux 2,3-4) de l’autorité de Dieu et de son Fils. Ces signes marquent que la vie véritable consiste à aimer Dieu, que Christ est le chemin vers le Père, dans l’attente d’un monde où la mort ne sera effectivement plus (Apocalypse 21,4).

L’œuvre du Christ a avant tout été de nous libérer de la puissance du péché, qui est à l’origine de la mort dans ce monde (Romains 5,12)… Il n’a pas promis la santé ici et maintenant, mais la vie éternelle… Il n’a pas d’abord dit « guérissez-vous les uns les autres » mais « repentez-vous » (Marc 1,15) et aimez-vous (Marc 12,31) ! Il nous faut donc nous concentrer d’abord sur cette puissance du péché qui nous éloigne de Dieu… Pas sur tout ce qu’on voudrait que Dieu fasse, parce que ce n’est pas comme cela que le monde marche. Bien sûr, on peut tout demander à Dieu… mais les réponses lui appartiennent. Dieu peut agir de multiples manières dans la vie des enfants hospitalisés et de leur famille autrement qu’en donnant la santé à tout le monde… Visiter les malades est un témoignage de l’espérance que la mort n’est pas plus forte que la vie, qui est éternellement promise à ceux qui espèrent en Dieu… et une simple (mais tellement importante) manifestation de l’amour du prochain… car c’est pour cela que Christ est venu (Jean 13,34) !

Quelle est la signification de Hébreux 10:26-27 ? [CC]

Que penser de ce qu’est pécher volontairement alors que nous sommes au fait de ce qu’est la vérité ?

Dans l’évangile selon saint Jean (14, 6), le Christ se fait connaître comme étant lui-même la vérité. Ce rappel me semble indispensable pour saisir la force des versets 26 et 27 d’Hébreux 10.

Premier pas: Lorsque je vis en Christ, je vis dans la vérité et la clarté et non plus dans le mensonge et la confusion.

Deuxième pas: Le péché est justement d’être ce mensonge et cette confusion qui se placent entre Dieu et moi. Que ce péché vienne de moi ou qu’il provienne d’une puissance extérieure à moi.

Troisième pas: Si je place volontairement du mensonge et de la confusion entre Dieu et moi c’est que je ne ne vis plus en Christ. Je suis donc sous l’influence de puissance contraire à Dieu. Mon comportement est donc un rejet réel du Christ et de son sacrifice unique et parfait. Mon comportement est en opposition à l’Esprit qui donne la vie.

Quatrième pas (celui de la grâce): Heureusement Christ est justement venu pour sauver les éprouvés et perdus que nous sommes. Il connait ce comportement « stupide » que nous adoptons, il nous appelle par notre nom et il souffle en nous son esprit d’appel à la conversion.

Cinquième pas (celui de la conversion/de la foi): Son esprit témoignant, nos cœurs s’ouvrent à lui et nos bouches crient : « Sauve-nous/Hosanna ».

Matthieu 24:29 est-il à comprendre littéralement ? [Emmanuel]

Ni plus ni moins que d’autres qui sont rédigés dans le même style apocalyptique. Ce verset annonce que les étoiles se décrocheront du ciel, ce que l’on trouve aussi par exemple en Ap 6, 13, ailleurs il s’agit du ciel qui se roule sur lui-même comme un parchemin (Ap 6 aussi), ou de monstres terribles envahissant la terre (Ap 9). Bref, on va dire que c’est « la loi du genre » : le style apocalyptique est à la Bible ce que la science fiction est à la littérature. Il utilise des images qui ne décrivent pas forcément la réalité de ce qui va se passer, mais tentent de nous transmettre le fond d’un message que je serai tentée de résumer ainsi : le monde que nous habitons n’est pas éternel, et il est un temps on touche ses limites. L’expérience est (ou sera) alors celle d’une destruction complète de tous nos points de repères et une urgence à nous préparer dès maintenant à ces circonstances ultimes pour faire alors le choix qui nous conduira vers la Vie et non vers la mort. C’est dans un futur lointain, lorsque Christ reviendra en gloire, ou c’est chaque fois que je suis confronté à un basculement de ma vie qui peut s’avérer aussi un temps de révélation (le sens du mot « apocalypse ») et de reconnaissance du Christ aux carrefours de mon existence.

Jésus leur dit : Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et des sadducéens. Qu’est-ce que le « levain des Pharisiens » signifie-t-il ? [Mark]

Cette phrase se trouve dans les trois premiers évangiles (Matthieu 16. 6 ; Marc 8. 15 et Luc 12. 1). C’est sur cette dernière référence que je m’appuie car nous trouvons la réponse à votre question : « Pendant ce temps, les gens s’étaient rassemblés par milliers, au point de s’écraser les uns les autres. Jésus se mit à dire à ses disciples: «Avant tout, méfiez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. » L’hypocrisie agit comme un levain en ceci que son action est cachée, mais que cela « fait monter » une atmosphère de défiance entre les personnes parmi lesquelles elle circule.

Le mal est il en nous ? [Valérie]

Je ne sais pas exactement ce que vous appelez mal. Ce qui se passe en moi est de l’ordre du conflit entre des impulsions diverses. Paul dit, dans sa lettre aux Romains (7.18-23)  : « En effet, je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma nature propre: j’ai la volonté de faire le bien, mais je ne parviens pas à l’accomplir. En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas. Or, si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, mais le péché qui habite en moi. Je découvre donc cette loi: alors que je veux faire le bien, c’est le mal qui est à ma portée. En effet, je prends plaisir à la loi de Dieu, dans mon être intérieur, mais je constate qu’il y a dans mes membres une autre loi; elle lutte contre la loi de mon intelligence et me rend prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres. » Mais il poursuit : « 24 Malheureux être humain que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort? J’en remercie Dieu, c’est possible par Jésus-Christ notre Seigneur. » Dans cette lutte, je découvre donc heureusement que l’Esprit de Dieu intervient, que sa Parole peut m’aider, et que la prière est une ressource très précieuse. Je ne suis pas seul à lutter, et je n’ai pas non plus a m’engluer dans une conscience de moi qui me condamnerait à n’être qu’un mauvais.Le mal prend peut-être racine en moi à cause de ma séparation d’avec Dieu (mon péché) mais je ne suis pas condamné à être malfaisant.

J’ai entendu un pasteur dire que Marthe et Marie (Lazare) étaient déjà ressuscitées ? Qu’a priori nous aussi ! Pouvez-vous m’expliquer ce qu’il a voulu dire ? [Aline]

Dire que Marthe et Marie étaient déjà ressuscitées ? J’imagine que dans le fil de son message, le pasteur qui prêchait sur Jean 11 a voulu insister sur la centralité de la Résurrection dans l’Evangile de Jean. Et le chapitre 11 étant le chapitre central de l’évangile, il est clair que Lazare y ressuscite, Jésus y est dévoilé comme celui qui peut dire « Je suis la résurrection et la vie ». Symboliquement, on peut aussi dire que Marthe et Marie sont ramenées vers la vie, alors qu’elles étaient rentrées dans le deuil et la morbidité liée à la mort récente de leur frère. Donc j’imagine que le pasteur a voulu insister sur la construction littéraire de Jean 11 qui nous incite à voir une résurrection qui « relève » tout le monde.

Maintenant… Marthe et Marie sont mortes quelques années après. Et Lazare aussi !
Seul Jésus, premier-né d’entre les morts, est déjà ressuscité aujourd’hui.

Pensez-vous que Matthieu 24 parle de la destruction du temple en l’an 70 de notre ère ou de ce qui doit encore arriver? [Daniel]

La difficulté de Matthieu 24 est que la prophétie de Jésus semble associer la destruction du temple de Jérusalem (qui semble depuis avoir eu lieu) et le retour du Christ (qui semble ne pas avoir eu lieu).

Or Jésus répond à deux questions des disciples (24,3) : quand le temple qu’ils voient sera-t-il démoli ? Et quel signe annoncera la venue de Jésus et la fin des ères ?

Jésus prévient ses disciples d’éventuels égarements, disant que la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier avant que ne vienne la fin (24, 4-14).

Puis il revient à l’épisode de destruction du temple, que les disciples verront (cela aura lieu dans « cette génération », voir 24,34), pour les prévenir qu’ils ne doivent pas croire les faux messies, puisque le retour du Christ vrai Messie sera un évènement frappant et évident (24,27), dont personne ne connait la date, même pas le Fils (24,36).

La difficulté principale de ce passage, laissant pensant que les deux évènements se suivront immédiatement, se trouve dans la traduction de la formule grecque « eutheos de meta » en 24,29, souvent traduit « aussitôt », ou « immédiatement après ».

Or dans certains contexte, eutheos renvoie bien à l’idée d’immédiateté, mais dans d’autres contextes, il renvoie à l’idée d’une succession dans le temps, qu’on peut traduire par « par la suite ».

Eutheos est également utilisée en Jean 6,21. Si eutheos signifiait « immédiatement », alors cela signifierait que la barque aurait accosté miraculeusement immédiatement sur l’autre rive, la barque étant au milieu du lac quand les disciples voient Jésus marchant sur l’eau (Jean 6,19). Or un tel bond de la barque sur les eaux du lac n’est pas décrit dans les récits de Marc 6 et Matthieu 14 de la traversée du lac.

Ainsi, en Matthieu 24,29, la traduction « par la suite, mais après » plutôt que « immédiatement après » colle mieux au contexte de Matthieu 24 où Jésus décrit l’enchainement de deux événements dont il souligne qu’il faut les dissocier dans le temps, ce pour encourager ses disciples à veiller avec patience et à rester ferme dans la foi.

Clairement, c’est la destruction du temple de Jérusalem reconstruit par Hérode que Jésus prophétise ici (reprenant la prophétie de Daniel 9,27), d’où la note du narrateur au verset 15 « que le lecteur comprenne ». Prophétie accomplie avec la profanation du temple de Jérusalem par l’occupant romain en 70.