Un homme peut-il donner une prophétie à une personne unique ? Est-ce pratiqué dans la Bible ? [Véronique]

Une prophétie, c’est à dire une parole transmise de la part de Dieu et en son Nom, peut s’adresser à plusieurs personnes, voire pour ce qui concerne l’Ancien Testament à un peuple tout entier, Israël ou une nation voisine. Cela vaut pour les oracles qui ont été conservés par écrit (voir les recueils des livres d’Esaïe, Jérémie, Ezéchiel, Amos, etc…). Mais on trouve aussi, que ce soit dans les livres historiques ou dans les recueils prophétiques, des paroles qui s’adressent à une personne isolée (cf par exemple Nathan au Roi David en 2 Samuel 12, ou Esaïe au roi Akhaz en Esaïe 7,10ss).

Il en est de même dans le Nouveau Testament, la prophétie fait partie des dons accordés à Dieu à l’Eglise et elle peut concerner toute la communauté ou une personne en particulier. Par exemple, le prophète Agabus, éclairé par le Saint-Esprit, annonce aux chrétiens d’Antioche qu’une famine est imminente, ce qui les pousse à envoyer un soutien financier à l’Eglise soeur de Jérusalem (Actes 11,27ss). Le même Agabus prédira à Paul sa captivité par un geste symbolique (Actes 21,10ss).

Comment expliquer et interpréter la transfiguration ? [Simon]

Par cette transformation, Jésus montre sa nature exceptionnelle. Jésus est en effet celui qui incarne, récapitule et accomplit toutes les attentes d’Israël. Les propos tenus par la voix céleste renvoient au « serviteur » qui va révéler le droit aux nations selon Esaïe (42,1),  au Psaume 2 où il est question d’un roi qui va régner sur le monde entier, au sacrifice du fils d’Abraham (auquel Dieu pourvoira finalement lui-même, voir Genèse 22,8) qui doit sceller l’alliance qui consiste, pour Abraham, à être une bénédiction pour tous les peuples (Gn12,3 ;Gn22,2), à la libération d’Israël en Exode 4,22 où Dieu appelle Israël son fils bien aimé. Ensuite, Jésus converse avec Moïse et Elie qui (selon une tradition juive pour Moïse et selon la Bible pour Elie) ne sont pas morts, ont accompagné une révélation divine sur une montagne et ont été persécuté par le pouvoir de leur époque : autant de points communs avec  la destinée de Jésus. Les deux personnages représentent « la Loi et les Prophètes » qui englobent la révélation de Dieu à Israël, que Jésus accomplit donc, restant seul devant les disciples à la fin de l’épisode.

De plus, les détails du récit montrent que c’est Dieu lui-même qui se manifeste à travers Jésus. On retrouve, avec l’apparence de Jésus et ce qui se passe autour de lui, les signes bibliques d’une apparition divine : blancheur (qui rappelle celle du fils d’homme en Daniel 7), lumière, nuée ou encore voix céleste.

La réaction des disciples montre quant à elle un mélange de compréhension du caractère exceptionnel, surnaturel et divin de l’évènement, mais aussi leur difficulté à l’appréhender et en saisir la portée. Pierre semble vouloir immortaliser le moment, mais le but du miracle semble bien de mettre les disciples en route avec plus de confiance encore dans l’identité de Jésus.

Il n’est en effet pas anodin que cette révélation se situe à ce moment-là du récit évangélique : dans les 3 versions de ce récit de la transfiguration, l’épisode arrive après que Jésus ait annoncé sa mort, et ait appelé les disciples a accepté les difficultés liées au fait de le suivre. Le miracle de sa transformation vise sans doute à encourager les disciples à suivre et écouter Jésus quoi qu’il lui arrive et quoi qu’il leur arrive, parce que l’évènement montre qu’il est celui en qui nous pouvons placer tous nos espoirs.

Que dit la Bible sur la bataille d’Armageddon ? [Jess]

Ce nom de lieu hébreu, que l’on peut aussi transcrire Harmaguédon, désigne la « montagne de Méguiddo ». Dans la plaine de Méguiddo, Israël mené par le juge Barak a vaincu des rois cananéens (Voir Juges 5,15,19). Le roi Josias y a trouvé la mort en affrontant le pharaon Neko (2 Rois 23,29). C’est donc un lieu de bataille, et c’est sans doute pourquoi l’Apocalypse l’utilise pour évoquer l’affrontement ultime qui voit la victoire de Dieu sur les rois de la terre rassemblés contre Lui, en Ap. 16,19. Jean fait ici allusion, comme au ch.20 de son livre (v.8) à des prophéties d’Ezéchiel, aux chs. 38 et 39. Elles parlent d’un peuple, Gog, venant attaquer à la fin des temps les « montagnes d’Israël » (Ez 38,8), d’où l’expression « montagne de Méguiddo » alors qu’il s’agit d’une plaine…

Il serait vain de vouloir identifier tous ces noms à des lieux et des circonstances historiques précises, car ils ont un sens avant tout symbolique. Ils désignent l’hostilité du monde envers le Seigneur et son peuple, et annoncent que Dieu aura le dernier mot sur le mal, sur la mort, sur toute puissance qui s’oppose à son règne. La bataille décisive a déjà eu lieu, et elle a été remportée: à la croix de Jésus-Christ.

A la question « Qui est Jésus pour toi »- certains donnent cette réponse qui me paraît curieuse : « il est mon père ». Pourquoi ? [Nic]

Il ne me semble pas possible de prendre cette réponse pour un énoncé théologique général. Les personnes qui répondent ainsi disent « mon » père et définissent surtout par là le type de relation qu’elles entretiennent avec Jésus plutôt qu’une vérité théologique. De fait, quand Philippe dit à Jésus : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. » Jésus lui dit: «Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe! Celui qui m’a vu a vu le Père. (Jean 14. 8-9) Et Jésus a également affirmé son unité avec le Père. Par l’autorité dont il a fait preuve durant son ministère, et dont il fait encore preuve aujourd’hui quand nous prions en son nom et que nous sommes exaucés, Jésus peut apparaître aux yeux de certains croyants comme une figure de père. Mais il n’est pas Le Père.

Pourquoi Calvin a-t-il commenté tous les livres de la Bible- sauf l’Apocalypse ? [Pierre-Henry]

Calvin a renoncé à commenter ce livre du fait des difficultés particulières que pose son genre littéraire (regorgeant d’images, de symboles et autres codes), et plus généralement son interprétation. Ce serait de sa part une attitude de prudence, d’honnêteté intellectuelle, un refus de prendre le risque de trahir le message de l’Apocalypse en voulant le restituer. Martin Luther de son côté se méfiait carrément de ce livre (comme de l’épître de Jacques) et contestait sa place dans le canon des Ecritures, position radicale qui n’est pas celle du Réformateur français.

Une autre explication avancée à ce silence de Jean Calvin sur l’Apocalypse est qu’il a surtout appréhendé l’espérance chrétienne dans la perspective du Salut individuel et moins dans sa dimension cosmique, universelle.

Nous n’avons pas à avoir les scrupules de Jean Calvin ; si l’Apocalypse figure dans le Nouveau Testament, c’est que ce livre nous apporte un message décisif d’espérance centré sur Jésus-Christ ! Et non pas la simple annonce d’horreurs et de catastrophes historiques, voire cosmiques auquel une lecture superficielle -et l’opinion commune- tendent à le réduire.

Est-ce le Saint-Esprit qui a dirigé les travaux de ceux qui ont arrêté le canon des Écritures ? [Eliane]

J’en suis convaincu, Eliane. Mais il faut d’emblée rappeler un point essentiel : La liste des écrits reconnus comme inspirés par Dieu et donc dépositaires des dispositions de l’ancienne Alliance avec Israël (le premier Testament) ou de la nouvelle Alliance en Jésus-Christ (le Nouveau Testament) n’a pas été mise au point en une seule réunion d’experts ou autres personnes autorisées !

Bien au contraire, le processus de « canonisation » a été long et complexe. Ce qui suit est très schématique, je vous renvoie pour plus de précisions aux introductions que l’on trouve dans les Bibles d’étude.

Pour ce qui concerne l’Ancien Testament, les cinq livres de la Loi furent reconnus les premiers comme règle (c’est le sens du mot grec qui a donné « canon ») de foi et de vie pour les croyants. Puis vinrent les prophètes, puis les Psaumes, premier recueil d’une troisième et ultime catégorie canonisée : les écrits.

Les rabbins de Palestine réunis à Jamnia à la fin du 1er siècle après Jésus-Christ ont établi la liste de livres sacrés, qui excluait notamment les écrits tardifs, ou rédigés initialement en grec, qu’on retrouve pour certains dans la Bible des Septante, traduite en grec au 3e siècle avant J.C. pour les juifs d’Egypte. L’Eglise catholique les reconnaît comme deutéro-canoniques, les Eglises protestantes les déclarant apocryphes (utiles mais pas normatifs pour la foi) et retenant pour leur part le canon de la Bible hébraïque fixé à Jamnia.

Pour ce qui concerne les 27 écrits du Nouveau Testament, leur liste est commune à toutes les Eglises chrétiennes, mais toutes ne les ont pas acceptées en même temps. Par exemple, l’épître aux Hébreux a été reçue par les Eglises d’Orient bien avant celles d’Occident.

Quels ont été les critères par lesquels les écrits du NT se sont progressivement imposés aux Eglises comme inspirés par l’Esprit Saint ? Tout d’abord, leur « apostolicité » (leur lien, direct ou indirect avec un apôtre : Jean, Pierre, Paul, dont les lettres sont parmi les plus anciens écrits). Ensuite, leur conformité à la foi en Jésus-Christ. Même attribué à une autorité prestigieuse, un évangile qui niait que Jésus ait été soit vraiment homme, soit vraiment Dieu, était écarté. Enfin, les Eglises à qui les écrits étaient destinés ont joué un grand rôle dans leur conservation. Mais aucun critère n’est absolu. Par exemple, une lettre de Paul à Laodicée (citée en Colossiens ch.4 v.16 a été perdue.

Tout cela pour conclure que le Saint-Esprit s’est servi aussi des contingences humaines, des accidents de l’Histoire, pour constituer ce grand témoignage de la Révélation de Dieu en Jésus-Christ. C’est le résultat : l’unité extraordinaire du message biblique à travers sa foisonnante diversité, la force de cette Parole pour transformer les vies, qui témoigne le mieux de son inspiration et donc de sa fiabilité.

Pourquoi parle-t-on si peu du Saint-Esprit dans les Églises ? [Valérie]

Le Saint-Esprit est peu évoqué dans certaines Églises (pas toutes !) pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le Premier Testament parle surtout du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse et d’Israël, celui qu’on appelle depuis le baptême de Jésus : Dieu le Père.
  2. Ensuite parce que le Nouveau Testament parle essentiellement de Jésus (le Fils), bien que les Actes et les autres épîtres parlent aussi de l’Esprit. Mais disons qu’on parle surtout des actes des apôtres qui sont portés par l’Esprit. On aurait pu appeler ce livre les Actes de d’Esprit.
  3. Aussi parce que l’Esprit travaille au travers des gens et donc nous sommes amenés à évoquer leurs aventures et leurs actions à eux, quand ils sont mus par l’Esprit. Ainsi, quand nous voyons les feuilles bouger, les arbres ballotter, la poussière se lever, nous parlons des feuilles, des arbres, de la poussière, pour conclure brièvement par : « Il y a un vent fou ».
  4. Enfin certainement parce que les théologies du Saint-Esprit sont un lieu de grandes divergences dans les Églises, entre ceux qui pensent :
    – qu’il n’agit que par la médiation des Écritures,
    – qu’il continue à faire des miracles mais uniquement dans le cadre de la « charte » de 1 Corinthiens 12,
    – qu’il est actif en offrant de nouveaux types de dons qui pouvaient ne pas être listés dans la Bible,
    – voire pour certains (qui à mon avis dépassent les bornes), qu’il peut apporter des doctrines nouvelles non limitées par le texte biblique.

Voilà donc plusieurs raisons qui font qu’on en parle trop peu.
Mais grâce à votre question, peut-être que certains se sentiront exhortés à en parler plus.

Comment comprendre le verset « Comme le Père m’a aimé- je vous ai aussi aimés ». Si Jésus est Dieu- qu’est-ce que ça veut bien pouvoir dire que Dieu aime Jésus ? Il s’aime Lui-même ? [René]

Comme vous l’avez bien cité vous-même, René, Jésus dit : « Comme le Père m’a aimé ». Il ne dit pas : « comme Dieu m’a aimé ». Il se désigne ainsi lui comme le fils, objet d’amour du Père. Ainsi, l’amour est ce qui unit les trois personnes de la Trinité (Père, Fils et Saint Esprit). On ne peut donc pas dire que Dieu s’aime lui-même, mais qu’il est amour (I Jean 4. 8 et 16).

de plus, la fin du verset que vous citez (Jean 15. 9) dit : « Demeurez dans mon amour ». Que ce soit en Église ou dans le couple (car la relation de couple, dans l’altérité homme femme, est la première image de la relation d’amour qui se trouve en Dieu) nous pouvons expérimenter cet amour qui unit sans confondre, cette relation faite de respect d’écoute de l’autre et d’humilité qui est le propre des relations entre les trois personnes de la Trinité. Et c’est ainsi que nous devenons des témoins de Jésus : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13.35)

Pourquoi notre jour mis à part est-il passé du sabbat juif (samedi) au dimanche ? [Jean]

Parce que c’est le jour de la résurrection de Notre Seigneur. Il s’est donné à voir le lendemain matin du sabbat, lorsque les femmes sont venues au tombeau pour prendre soin de son corps supplicié. Mais il est ressuscité ! Il a ainsi montré qu’en lui toutes choses étaient faites nouvelles. La nouvelle création a commencé avec ce premier-né d’entre les morts, pour ce premier jour de la semaine, nouvellement mis à part.

Que choisir entre la guerre juste (Calvin et Bèze) ou les pacifistes (Trocmé- Lasserre- Brousson- Schweitzer) ? Le NT est-il ambigu ? [David]

Je crois que c’est surtout notre vie, marquée par le péché, qui est ambiguë. Dieu, en Jésus-Christ, est venue mettre la clarté de son esprit dans nos ambiguïtés. Cela étant dit, je crois qu’à la lumière du Nouveau Testament, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de guerre juste. Il n’y a aucune « bonne raison » de tuer quelqu’un, même dans la guerre. Un général s’est d’ailleurs récemment exprimé sur la question : https://www.youtube.com/watch?v=sOZTgyiD-Zg

Une fois que l’on a dit cela, il faut aussi se rappeler que Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ à cause de la dureté de notre cœur (Matthieu 19.8). Il ne justifie aucune des choses que cette dureté nous amène à commettre, mais il fait avec pour le tourner en bien, si nous ouvrons notre cœur à son action. Mais il ne me paraît pas possible de raisonner trop dans l’abstrait face à des questions aussi difficiles.