Que dit l’Ecriture sur le culte des morts ? Aller fleurir une tombe est-il rendre un culte ? Quid d’Halloween ou de la fête des morts mexicaine ? [Molière]

Le texte du Premier Testament qui se trouve en Deutéronome 18:10-14 est clair : qu’on ne trouve chez toi personne qui parle avec les morts. C’est l’interdiction de l’occulte et du spiritisme, l’interdiction du chamanisme. Le monde des morts est bien séparé du monde des vivants car Jésus a insisté sur le fait qu’il faut « laisser les morts s’occuper des morts » (Luc 9,60). Cela s’applique donc au fait de s’adresser à une personne morte, fût-elle considérée comme sainte selon la compréhension catholique (ce qui inclue donc aussi Marie, mais pas Jésus puisque lui est le seul ressuscité à ce jour d’après Jean 11 et Colossiens 1,11). Cela s’applique aussi à toutes les fêtes spirites de type Halloween et Santa Muerte.

Pour ces deux dernières, il y a surtout une célébration de mort comme étant une puissance avec laquelle on peut jouer, parfois pour conjurer le sort. C’est un jeu dangereux, car Paul nous dit bien que « la mort est le dernier ennemi » (1Corinthiens 15,26).

Maintenant, ce qu’on appelle culte des morts, c’est parfois tout simplement le fait de prier pour ceux qui sont morts. Et là, ça ne sert juste… à rien. Puisque c’est Dieu qui s’en occupe, et qu’il le fait mieux que nous. Surtout, il n’a pas besoin de nos recommandations pour savoir que faire des morts. Donc, détendons-nous : Dieu gère. Prier pour les morts est parfaitement inutile, sauf à nous renforcer dans le déni de la réalité de la mort, une tentation d’être en contact avec eux. Lisez à cet effet ce texte qui conteste la légitimité d’une des poésies les plus lues durant les funérailles…

Pour ce qui est des fleurs enfin, c’est bien d’aider le secteur de l’industrie florale à l’approche de l’hiver. Et ça fait joli dans les cimetières. Ca peut être l’occasion d’aller nettoyer la tombe de nos aïeux ou proches. Pourquoi pas. Du moment qu’on n’y investit rien de morbide.

Pourquoi avant le triomphe de Jésus-Christ à la croix- celle-ci était symbole de honte- de destruction et de mort ? Quelle place avait-elle dans la société romaine ? [Eva]

La croix est encore un symbole de honte, de destruction et de mort ! C’est un instrument de torture en plus d’être un moyen d’exécution capitale. Il demeure l’un des plus cruels que l’esprit humain ait inventé. Il était le moyen par lequel, dans la société romaine, on mettait à mort les esclaves. Ce n’est que par la foi, quand je reconnais que Dieu, en Jésus-Christ, est venu clouer mon péché sur cette croix odieuse et qu’il a ressuscité Jésus pour signifier mon pardon, que je peux considérer cette croix avec reconnaissance pour l’œuvre de mon Seigneur et Sauveur. Mais une croix, en tant que telle, reste d’abord un objet dont l’usage est abominable.

Que penser du passage d’1 Corinthiens 7:9 lorsqu’on ne peut envisager le couple homme/femme et que l’on est continent ? [AnneOnym

Il me semble que le passage auquel vous faites référence appelle les personnes qui, étant célibataires, ont peur de ne pas pouvoir s’empêcher de vivre des relations sexuelles hors mariage et vie de couple fidèle. Paul conseille à ces personnes de se marier.

Mais je ne suis pas sûr de comprendre la situation que vous évoquez. Si vous n’êtes pas en couple et que la question de la continence ne se pose pas pour vous, c’est peut-être que vous vivez alors une situation de célibat qui peut tout à fait être bénie par Dieu si elle vous invite à le servir avec joie. Vous êtes donc de ceux qui parviennent à vivre comme Paul. Mais qu’est-ce qui fait que vous ne pouvez envisager de former un couple homme-femme ? Si la personne à laquelle vous pensez est mariée, mais pas avec vous, je ne peux que vous encourager à une extrême prudence dans cette relation, quand bien même vous êtes continent, car l’adultère peut surgir sans crier gare.

Je suis catholique. Que pensez-vous de la présence des statues dans nos églises et aussi sur la vénération de la vierge Marie et des saints. J’ai quelques doutes. [Wilfried]

Le protestantisme a voulu, dés ses débuts, au XVIème siècle, fonder la foi et la pratique chrétienne sur la Bible. Les réformateurs se sont ainsi opposé à la vénération des saints, pour plusieurs raisons.
La raison principal de la non vénération des saints dans le protestantisme est l’absence, dans la Bible, d’appel à demander à des personnes spécialement saintes d’intercéder pour nous. Les saints, dans les lettres de Paul, sont ceux qui demeurent attachés à Christ, par la foi. Nous en sommes donc tous, en tant que croyants. Ainsi, réconciliés avec Dieu, nous pouvons nous adresser directement au Père au nom de Jésus-Christ, par le Saint-Esprit. Nous croyons que Dieu nous écoute et que nous n’avons pas à « passer » par des saints décédés. Voir Marc 11/24, Esaïe 8/19-20, par exemple. Cela nous permet d’être confiants : Dieu s’occupe lui-même de nous, nous n’avons pas à trouver le bon saint pour cela.

Concernant Marie, la Bible ne disant pas qu’elle a été élevée au ciel, les protestants la considèrent comme une sainte, une croyante fidèle. Alors que nous ne prions pas les saints, nous ne prions donc pas Marie.

De la même manière, puisque nous ne vénérons ni ne prions aucun humain en dehors de Christ, Fils de Dieu, il n’y a aucune raison que des statues humaines se trouvent dans nos églises. La réforme du XVIème siècle a accusé ces statues de conduire à l’idolâtrie, à l’adoration des créatures au lieu du créateur (Exode 20/1-6, Romains 1/25).  Il reste que ces statues et ces images peuvent avoir un rôle pédagogique, en présentant l’histoire de ceux qui ont cru. J’apprécie, pour ma part, de visiter les églises catholiques pour cette raison.

La Bible ne se contredit-elle pas entre Jean 5:31 et Jean 8:14 ? [Franck]

Vous relevez, Franck, deux affirmations apparemment contradictoires de Jésus dans le même évangile selon Jean. En 5,31, Jésus affirme qu’il ne pourrait se rendre lui-même témoignage (au sujet de la vérité sur sa personne). En 8,14, Jésus prétend pouvoir le faire ! Mais comme c’est le cas la plupart du temps, c’est la lecture de tout le passage dont est extrait le verset qui donne la solution de l’énigme. En Jean 5,37, Jésus précise que le Père lui rend témoignage, à travers les oeuvres qu’il lui a données à accomplir. Même chose en Jean 8,16-18, où Jésus affirme qu’il n’est pas seul, parce qu’il est l’envoyé du Père, et que le Père témoigne de lui.

Jésus se servit d’un fouet pour chasser les marchands du temple. Que dois-je comprendre dans ce geste (un peu violent)- une légitimation de la violence pour combattre le mal ? [Michel]

Jésus pose cet acte en temps que Fils de Dieu. Il est le messager de Malachie 3/1-5, celui qui juge pour purifier ce qui n’est pas juste dans notre relation à Dieu. N’étant pas Dieu, n’étant pas de ceux qui jugent mais plutôt de ceux qui sont jugés, nous ne pouvons pas employer ce passage pour justifier notre violence.
Ce texte, qui nous dit qui est Jésus, nous dit aussi qui nous pouvons être en lui : des humains qui adorent en Esprit et en vérité (Jean 4/20-21, annoncé en Zacharie 14/20-21).

Si Jésus a autant parlé de l’enfer comme d’un lieu de souffrance, n’est-il pas ignorant ou simpliste d’affirmer que l’enfer est simplement une inexistence ou un non lieu ? [Joseph]

Si certains chrétiens imaginent que l’enfer n’est qu’une image, plutôt qu’un lieu réel, c’est notamment parce que le récit principal quant à l’enfer dans la bouche de Jésus lui-même est une forme de parabole ou de saynète : Luc 16,19-31, l’histoire du riche et du pauvre Lazare.

Le refus de l’enfer dans la théologie de certains parlent d’eux et de leurs désirs plutôt que de la réalité de l’enfer. Il peut arriver de refuser l’idée d’un enfer réel :
– par peur de la réalité d’une souffrance infinie,
– par sentimentalisme quant à la bonne nouvelle qui serait menacée dans son annonce par la « mauvaise nouvelle » qui va avec, et qui ne passerait pas bien en termes de marketing théologique,
– par simple apostasie car l’Ecriture est claire sur le sujet (Apoc 2,10, Apoc 21,8).

Jésus parle de la géhenne à sept reprises dans l’évangile de Matthieu ! (voir 2Rois 2,10 pour la première évocation de ce terme)

Paul parle de régions inférieures selon la terminologie grecque et le décrit comme un lieu de feu (Eph 4,9 – 2Thess 1,7-8).

Le Premier testament l’évoquait explicitement (Deut 32,22 – Esa 30,33 – Esa 33,14)

L’Apocalypse utilisera la terminologie de la seconde mort (Apoc 20,14 – 21,8 – 14,10-11 – 2,11).

Que dit la Bible d’une affirmation comme celle-ci : « On peut faire du mal autour de soi sans faire d’erreur » ? [Michel]

Voici ce que Paul affirme, dans la lettre aux Romains 7/18-25 : « Oui, je le sais, le bien n’habite pas en moi, je veux dire en moi qui suis faible. Pour moi, vouloir le bien, c’est possible, mais faire le bien, c’est impossible. En effet, le bien que je veux, je ne le fais pas, et le mal que je ne veux pas, je le fais. Si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est pas moi qui agis, mais c’est le péché qui habite en moi. Ainsi, je découvre cette loi : quand je veux faire le bien, c’est le mal qui se présente à moi. Au fond de moi-même, la loi de Dieu me plaît. Mais je trouve dans mon corps une autre loi, elle lutte contre la loi avec laquelle mon intelligence est d’accord. Cette loi me fait prisonnier de la loi du péché qui est en moi. Me voilà bien malheureux ! Qui va me libérer de ce corps qui me conduit vers la mort Remercions Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! »

Nous ne pouvons pas faire le bien erreur ou pas. Ainsi, bien attentionnés ou non, nous sommes indéniablement pécheurs. L’expérience ne nous dit pas autre chose. Ainsi, alors que je désire bien faire et ne me trompe pas sur ce qui est bon, je n’arrive pas toujours à le faire. Prenons un exemple : j’ai raison de croire que je ne dois pas mentir. Certaines circonstances m’y pousseront pourtant. Je peux aussi penser qu’une chose est bonne et l’accomplir alors qu’elle ne l’est pas, parce que je suis incapable de mesurer parfaitement la portée de mes actes. Ainsi, je vais donner des stylos pour des écoliers pauvres d’un pays lointain et penser que je fais bien. En réalité, à cause de mon don, les stylos locaux cesseront de se vendre et je participerai à la misère de ceux dont c’était le travail.
Déprimant ? Non, car nous avons un Sauveur ! Le texte continue (Romains 8/1-2) : « Il n’y a donc maintenant plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. En effet, la loi de l’Esprit de la vie en Jésus-Christ t’a libéré de la loi du péché et de la mort ».

Il ne s’agit donc pas aujourd’hui de ne pas faire d’erreur, mais de nous laisser reprendre, pardonner et conduire par Dieu !

Que penser de l’évangile inclusif- dont le film « come sunday »- se veut le porte-parole ? [Martialis]

Jésus a annoncé la proximité du royaume à tout le monde : les femmes, les hommes, les riches, les pauvres, les faibles, les puissants, les malades, les pécheurs, etc… Pas besoin de qualificatif au mot évangile pour dire que tous les hommes sont concernés par la rédemption en Christ ! La Bonne Nouvelle est à annoncer à tous et c’est l’impératif catégorique et fondateur de l’Église puisque la réception de cette Bonne Nouvelle est nécessaire au salut.

Mais pourquoi alors l’adjectif « inclusif » est-il utilisé pour qualifier un mouvement particulier en ce qui concerne l’annonce de l’Évangile ? Dans certains milieux, le mot « inclusif » est utilisé particulièrement en ce qui concerne les personnes qui se reconnaissent « LGBTQ » (Lesbiennes, gays, bi, transgenres et queer). Parfois l’inclusion est une revendication étendue à d’autres « communautés » considérées marginalisées. Parfois, c’est une nouvelle manière de parler du « salut universel » (doctrine étrangère au Nouveau Testament qui enseigne le salut de tous les hommes indépendamment de la foi de ceux-ci).

Ce qu’il y a de bon à retenir de toutes ces revendications actuelles, c’est que nous avons toujours des points aveugles qui peuvent nous amener à stigmatiser (parfois inconsciemment) des personnes dont les questions ou les sensibilités nous sont étrangères. Il est bien vrai que l’apôtre Pierre a mis du temps à comprendre comment accueillir les grecs par exemple… Paul a exprimé maintes fois qu’il était sensible à l’environnement de ses interlocuteurs pour leur annoncer l’Evangile dans leur propre contexte. L’évangélisation et la pastorale ne peuvent pas être déconnectées du don d’empathie pour les hommes et les femmes ! En revanche, il faut se prémunir contre la confusion engendrée par les revendications des mouvements contemporains émotionnels qui culpabilisent les chrétiens. Bibliquement, il est clair que tous les hommes sont aimés de Dieu, mais nombre de leurs pensées, de leurs comportements et de leurs choix de vie témoignent d’une sorte de  rébellion à l’égard du créateur. Ce sont des chemins de mort et c’est de ça que Dieu veut les arracher ! Jésus a aussi enseigné que le chemin du salut était étroit et qu’il y aurait des pleurs et des grincements de dents. Il est la seule voix, l’unique vérité, le salut n’est qu’en Lui.

Est-ce vrai que tous les théologiens pensent que Noël est mythique ? [Frédéric]

Non.

Mais plusieurs pensent, et pas sans raison, que le récit composé dans les Evangiles peut, à défaut d’être mythique, avoir des éléments d’un discours mythologique. C’est-à-dire que le récit, quand bien même il serait basé sur des faits réels, est « enveloppé » par le rédacteur spécialement pour l’occasion. C’est un grand classique de l’Histoire. Voyez comment on raconte même des événements récents en brodant sérieusement pour faire l’apologie de telle ou telle idée… Et puis, il est vrai que Noël n’est raconté que dans 50% des Evangiles avec le récit de la Nativité. Jean choisit un récit plus philosophique et spirituel sur la Parole créatrice. Quant à Marc, il ne parle que du baptême de Jésus (à trente ans !) comme récit de démarrage. Matthieu nous parle des rois (riches) et Luc des bergers (pauvres) et des anges.

Tout ça pour dire que Jésus est certainement né dans une étable à Bethléem, mais que pour le reste, il ne faut pas s’attendre à ce que ce qui est raconté soit parfaitement exact scientifiquement.
Qu’importe en fait !