Si la mort en Christ est plus douce que la vie, pourquoi ne souhaitons-nous pas tous mourir ? Autant vivre une vie parfaite dans les cieux et laisser la vie terrestre… [Marie]

C’est effectivement l’apôtre Paul, qui écrivait aux Philippiens (chapitre 1er, versets 21 et 22) : « Pour moi, Christ est ma vie et la mort m’est un gain. Mais est-ce utile pour mon œuvre que je vive dans la chair ? »

S’il continuait en se demandant (de manière parfaitement rhétorique) : « Que dois-je préférer ? Je ne sais. », c’était finalement pour conclure qu’il allait rester « dans la chair » à cause de sa mission auprès de l’Église à laquelle il écrivait. Cette conclusion était déjà là dans la question : « est-il utile pour mon œuvre ».

Car si Dieu nous a placés là où nous sommes chacun, vous Marie comme moi et tous les autres chrétiens, c’est en vue d’une certaine œuvre à accomplir. Il nous a donné mission d’être des témoins de son Évangile,  de rendre compte dans ce monde-ci qu’effectivement, « Christ est plus doux que la vie ». Mais comment en témoigner en s’excluant de cette vie ? Ainsi la tentation sectaire comme celle du suicide ou de la course au martyre ont toujours été condamnées.

La vie parfaite que Dieu offre en Christ se vit déjà ici-bas dans l’imperfection humaine, le péché et les attaques du Malin, l’incrédulité voire la persécution. Tout comme Christ y a aussi vécu. C’est ce qu’écrivait l’auteur de l’Épître aux Hébreux (chapitre 12, versets 1 et 2) :
« Courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est l’auteur de la foi et qui la mène à la perfection. Au lieu de la joie qui lui était proposée, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. »

Il n’est donc ni possible ni permis à des chrétiens de refuser cette vie donnée par Dieu au prétexte que vivre auprès du Christ est meilleur : lui a choisi de vivre auprès de nous, et il y reste présent par son Esprit. Notre place est ici. Comme Jésus le priait selon Jean (chapitre 17, versets 14 et 15) :
« Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin. »

 

Si Dieu nous a choisis avant la création du monde- a-t-Il choisi des gens pour chuter ? Voir Ephésiens 1:4-5 [Blanche]

La question que vous posez, Blanche, concerne ce que l’on appelle traditionnellement la double-prédestination. Le passage que vous citez emploie bien le terme grec qui, en français, donne prédestination. Il est utilisé ici seulement à propos des croyants (les « saints »), et ne dit rien des personnes perdues pour le salut. C’est donc de simple prédestination (et non de double) qu’il s’agit ici.

Dans sa version « simple », la prédestination est déjà une idée difficilement compatible avec l’idée qu’il puisse exister une réelle liberté humaine. Mais encore plus avec celle d’une foi qui passe par un chemin de conversion, de changement intérieur impliquant repentance et accueil de la grâce divine. Si tout est écrit d’avance, pourquoi se mettre en souci de son salut ?

Ce souci augmente d’autant plus si, vis-à-vis de certaines personnes, Dieu ne manifeste pas seulement de l’indifférence, ou son oubli, mais une condamnation écrite d’avance. Comment comprendre alors tout ce que Dieu a mis en place dans son plan de salut, et notamment la loi qui entraîne que « toute bouche soit fermée et que le monde entier soit coupable devant Dieu » (Rm 3, 19) ?

Il me semble que l’Ecriture penche plutôt dans son ensemble vers un Dieu qui donne sa chance à l’humanité. Un Dieu dont il faut entendre avant tout la volonté de sauver les croyants (1 Tim 2, 15), tous les hommes (1 Tim 2, 4) et même la création entière (Rm 8, 21).

Cette volonté n’exclut pas un jugement que, parmi d’autres textes, certaines paraboles professées par le Christ invitent à prendre très au sérieux.

Je ferai encore deux remarques sur cette question difficile et souvent débattue.

Dans le passage d’Ephésiens, il est frappant de constater la centralité du Christ dans le choix de Dieu. Tout se fait en lui, par lui et pour lui. Or ce Christ, il est folie de Dieu plus sage que la sagesse humaine. Il ne peut que nous inciter à une certaine prudence concernant la connaissance des fins dernières.

Enfin, dans « prédestination », nous entendons « destin », mais nous pouvons entendre aussi « destination » : c’est en vue de certaines œuvres de louange à Dieu et d’amour que nous avons été choisis. Nous pouvons débattre de l’ampleur de ce choix. Mais ce que nous ne pouvons surtout pas faire, c’est passer à côté de ce pourquoi nous avons été appelés :  répondre à son adoption en « célébrant la gloire de sa grâce » (Ephésiens 1, 6) avec tout ce que nous sommes. Il importe moins de savoir comment nous avons été choisis, que de savoir en vue de quoi nous l’avons été.

Est-ce qu’au ciel je reconnaîtrai mon mari en tant que tel ou je n’en aurai plus rien à faire ? [Fatima]

La question que vous posez, Fatima, sur ce qui concerne le devenir de notre vie de couple dans l’éternité, Jésus y a répondu ! En Marc 12,18-27 (le récit se trouve aussi chez Matthieu et Luc), il est confronté à une tentative de « démonstration par l’absurde » des sadducéens, un parti religieux juif qui ne croyait pas en la  résurrection des morts. Ils inventent l’histoire d’une femme sept fois mariée et sept fois veuve, et demandent à Jésus de qui elle serait l’épouse dans l’hypothèse d’une vie future ! Jésus leur répond qu’en ressuscitant des morts on ne prend ni femme ni mari, mais qu’on est « comme des anges dans les cieux » (autrement dit que le seul but de la vie future sera de servir le Seigneur et de l’adorer, ce que font les anges !).

Pour élargir la question : la vie éternelle n’est pas la simple continuité de la vie présente, et c’est bien pourquoi il nous est difficile, pour ne pas dire impossible de nous la représenter. Elle est un objet de foi et d’espérance, et pas de spéculation. Faisons confiance au Seigneur qui, selon la promesse de l’Apocalypse, nous rassemblera dans son amour, essuiera toute larme, demeurera avec nous, mettant fin à toutes les souffrances et à tous les deuils (Ap ch.21 v.4-5).

Peut-on se dire chrétien alors qu’on réfute la résurrection physique de Jésus ? Doit-on prendre au mot près la Bible ou l’interpréter ? [Patrick]

Dès le moment où nous ouvrons la Bible, nous allons l’interpréter. Dire le contraire serait mentir. Les lecteurs les plus littéralistes l’interprèteront aussi, en choisissant un verset plutôt qu’un autre pour répondre la question qui les taraudent. Choisir, c’est déjà interpréter. La lecture des Ecritures, geste vital pour les chrétiens, consiste à s’approprier une parole qui nous a précédée, et qui nous succèdera. Nous la lisons avec ce que nous sommes. Nous l’interprétons, ce qui ne veut pas dire que nous ne la prenons pas au sérieux, et que nous ne considérons pas attentivement ses détails.

En l’occurrence, la résurrection n’est pas un détail ! Tant les évangiles que les lettres de Paul insistent sur la dimension corporelle de la résurrection. Thomas est invité à mettre ses doigts dans les stigmates du Ressuscité. Paul combat dans les Eglises les spiritualistes gnostiques qui pensaient que les corps ne prennent pas part au salut, et il livre aux Corinthiens une profonde méditation sur le sujet (1 Corinthiens 15). Il est bien sûr possible de vouloir déconstruire ces textes pour en faire de simples symboles du don que Dieu nous fait de la vie, des théologiens renommés l’ont fait en intellectualisant ou en spiritualisant la résurrection.

Pour autant, l’interprétation qui a prévalu au cours des siècles et que les Eglises n’ont cessé de confesser à travers le symbole de apôtres reste bien « la résurrection de la chair ». Cette promesse dépasse notre entendement et résiste à notre intelligence, c’est certain, mais y renoncer signifie bien tourner le dos à un point essentiel de la foi chrétienne et à la rendre vaine, selon les mots de l’apôtre Paul.

La volonté de légaliser l’euthanasie ne révèle-t-elle pas l’échec de l’Eglise à montrer au monde la vie éternelle que donne Jésus ? [Edouard]

Vous rapprochez, Edouard, deux sujets qui à première vue sont sans rapport entre eux : d’une part, le désir manifesté par de plus en plus de personnes (du fait, notamment, du vieillissement de la population et des problèmes qu’il engendre) de pouvoir mettre activement un terme à une vie jugée trop difficile à supporter, et d’autre part l’espérance qui nous est donnée en Jésus-Christ : sa résurrection et sa victoire sur la mort, gage de la nôtre.

A y regarder de près, ce rapprochement est stimulant. Si une personne est sans espérance, et estime que la mort a le dernier mot sur toute vie, que toute existence n’aboutit qu’au néant, alors on peut comprendre qu’elle veuille disposer du droit à ne garder de son passage sur terre que ce qu’elle juge en être le meilleur (jeunesse, autonomie, plénitude des moyens physiques et intellectuels…).

Mais si, dans la foi, je discerne que dès aujourd’hui Dieu m’appelle dans son éternité, par son amour dont même la mort ne peut me séparer, alors chaque instant de ma vie présente prend, précisément, une dimension d’éternité. Et elle apparaît donc comme infiniment précieuse et digne d’être vécue jusqu’au grand passage, même au plus profond des épreuves qu’elle peut traverser.

La question du droit à mourir ne regarde pas que les individus. C’est un problème social, juridique, collectif que pose la pratique de l’euthanasie avec toutes ses dérives possibles. Si la pression se fait forte en sa faveur, c’est aussi de par le règne de l’individualisme dans nos sociétés occidentales. Et s’il y a « échec » de l’Eglise à faire valoir que la vie doit être respectée jusqu’à son terme, c’est peut-être parce que nous ne prêtons pas assez attention aux souffrances physiques et morales que beaucoup de personnes autour de nous affrontent dans la solitude. Beaucoup de médecins et autres soignants des services de soins palliatifs peuvent attester que la demande de « suicide assisté » disparaît souvent chez la personne malade dès lors qu’elle est écoutée, accompagnée, et sa douleur physique ou morale prise en charge.

Le péché- parvenu à son plein développement- a pour fruit la mort (Jacques 1:15). Les gens meurent du fait du péché ? [Lucia]

Partons d’un verset plus explicite. Romains 5/12 dit cela : « Le péché est entré dans le monde à cause d’un seul homme, Adam, et le péché a amené la mort. ».
Nous voilà donc ramenés à l’histoire du premier couple humain, Adam et Eve. Dans les chapitres 2 et 3 de la Genèse, nous apprenons qu’ils vivent heureux et à jamais dans le jardin d’Eden, recevant de Dieu ce dont ils ont besoin dans une relation parfaite. Malheureusement, trompé par le serpent, l’humain se met à penser que ce que Dieu lui donne n’est pas suffisant. Il veut plus. Il veut être comme un dieu. Il mange alors du fruit du seul arbre que Dieu lui avait interdit. Il dit ainsi à Dieu qu’il préfère mener sa propre vie, indépendamment de lui. Ainsi est entré le péché dans le monde, et avec lui, la mort (Genèse 2/15-17, 3/4,3/19, 3/22).
Depuis, il y a quelque chose qui nous conduit à vouloir faire notre vie sans Dieu en nous prenant nous-mêmes pour des dieux, chacun poursuivant ce qu’il pense bon ou mauvais, avec toutes les conséquences négatives que nous connaissons bien. Nous sommes pécheurs. Et comme toutes ces choses que nous poursuivons en dehors de Dieu ne font pas vivre, coupés de la source de la vraie vie, de Dieu, nous mourrons. Là est la condition de tous les humains depuis Adam.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car Jésus-Christ est venu nous réconcilier avec le Père. En lui, la vie éternelle nous est rendue.
« Car le salaire du péché, c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur ». Romains 6/23

Comment Marc 10: 17-31 est-il compatible avec la justification par la foi seule ? [Thierry]

Cher Thierry, le passage en question est en réalité une belle affirmation de la justification par la foi seule !

L’homme qui demande à Jésus comment recevoir la vie éternelle met en avant ses oeuvres : « j’ai mis en pratique tous ces commandements depuis ma jeunesse ».

La réponse de Jésus met en avant la foi. Jésus connaît le coeur de cet homme et lui fait prendre conscience qu’il est d’avantage attaché à ses richesses qu’au Seigneur. Avoir la foi, c’est mettre le Seigneur à la première place !

Ensuite, Jésus s’adresse à ses disciples en les avertissant sur la difficulté pour un riche d’avoir une foi véritable tant la richesse peut facilement devenir une idole qui prend la place de Dieu. La question que nous pose Jésus dans ce passage est la question de la foi : Où place tu ta confiance ? Fais tu confiance à tes richesses pour ton avenir, ta sécurité, ton bonheur, ton épanouissement ? Ou bien fais tu confiance au Seigneur ?

Une foi vivante se concrétise par des actes (Jacques 2.14-26) qui attestent que le Seigneur passe avant toute choses (les possessions et même les membres de sa propre famille). Comme l’écrivait Martin Luther : « Ce à quoi tu te tiens, ce sur quoi tu t’appuies, c’est là véritablement ton Dieu »

La parole de Dieu est-elle la seule chose qui perdurera jusqu’à la fin du monde ? [Virginie]

Chère Virginie,

Je pense que vous faites référence à cette parole du livre d’Esaïe « L’herbe sèche, la fleur tombe ; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement. » (Es 40.8 ; 1 Pi 1.24-25). La bible enseigne que « toutes choses ont été faites par [la Parole], et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle » (Jean 1.3). J’aurais donc tendance à répondre oui à votre question !

Souvent, quand on lit « éternel » ou « éternellement », on pense naturellement à la fin des temps, la fin du monde, à ce qui se passe après la mort… Ce qui est éternel n’a pas de fin mais n’a pas de commencement non plus ! Au chapitre 1 de l’Evangile de Jean, on apprend que la Parole de Dieu était également présente avant le début du monde et que la Parole de Dieu c’est Jésus-Christ. Cette Parole s’est incarnée dans le monde pour nous sauver. Paul enseigne (1 Co 13.13) que trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour : Trois mots qui décrivent parfaitement Jésus.

Cela veut dire aussi, que la vie éternelle promise à ceux qui mettent leur foi en Jésus-Christ ne commence par après la mort ou à la fin des temps, mais dès aujourd’hui !

Pourquoi Dieu permet-il à certains chrétiens de mourir jeunes ? [Madeleine]

Hélas, nous n’avons pas de réponse à cette question, et c’est ce qui est le plus insupportable. Je ne sais pas quoi vous dire, si ce n’est vous poser une autre question : est-ce parce qu’une vie a été courte qu’elle a été vaine ? Je ne le pense pas, y compris pour ceux qui ont côtoyé cette personne, malgré leur peine de l’avoir perdu. Toute vie a de la valeur aux yeux de Dieu et en Christ il s’est engagé pour que la mort n’ait pas le dernier mot. Et dans la foi, nous croyons que la Vie en Dieu ne s’arrête pas avec notre mort, quelle que soit l’âge auquel celle-ci survient.

Je vous invite à lire aussi sur un sujet très proche la réponse de l’un de mes collègues sur ce même site ici : http://1001questions.fr/pourquoi-la-maladie-frappe-t-elle-certaines-personnes-anais/

Par sorcellerie la vie à ma femme a été supprimée. Pourquoi Dieu a-t-il accepté cela ? [Hervé-Frank]

Votre épouse a été une créature souhaitée par Dieu. Il l’a conçue, lui a donné son caractère, son intelligence et sa beauté. Je crois que Dieu a aimé votre épouse profondément.

Dans la vision de Dieu pour sa création, la mort est considérée comme un ennemi. Un ennemi entré très/trop vite dans le monde mais un ennemi qui va être complètement anéanti puisque Jésus a démarré la mort de la mort.

Je ne sais pas pourquoi Dieu a laissé agir Satan contre Job et les siens, je ne sais pas pourquoi Dieu a laissé Satan, par l’entremise de la sorcellerie, ôter la vie de votre épouse. Mais je sais que quelle que soit la manière dont votre épouse ou ses ascendants ou vos proches ou vous-même avez utilisé votre vie ici-bas, Dieu l’a aimée profondément et il vous aime également. Il entend votre cri et vous entoure de ses bras.

Après la nuit, le jour vient bientôt.