La Bible dit que nous sommes mis à part dès le sein de notre mère, choisis par Dieu comme Israël, et d’autre part que le salut est offert à tous en J.-C. Quelle est notre part dans tout ça ? [Manu]

C’est une question qui depuis toujours divise le christianisme. Pélage, comme le judaïsme avant lui, insistait sur la part de l’être humain dans son salut. Le catholicisme souligne qu’avec l’aide de Dieu, l’être humain peut faire ce qu’il faut. Au sein-même du protestantisme, alors que les Réformateurs insistaient, eux, sur la prédestination des croyants, le méthodisme (et à sa suite la majorité du courant évangélique, notamment le pentecôtisme), a réintroduit la nécessité du choix.

Pourquoi donc faudrait-il que nous y ayons notre part, dans notre salut ? Nous en sommes indignes, et « incapables par nous-mêmes d’aucun bien » (cf. la confession des péchés de Calvin et Bèze). C’est un pur cadeau. Je ne puis qu’en être reconnaissant, dès que j’ai conscience de l’avoir reçu, et le mettre en œuvre dans ma vie et autour de moi avec l’aide du Saint-Esprit, comme témoignage rendu à Jésus-Christ.

Mais le salut n’est-il pas offert à tous en Jésus-Christ, comme vous l’écrivez ? Certes ! C’est bien pour ça que le témoignage évangélique est nécessaire, et qu’un chrétien ou une Église ne peut pas justifier n’importe quoi… Pour saisir ce salut, il faut bien que l’être humain ait d’abord une conscience aiguë de son indignité, de son péché, pour recevoir joyeusement le fait que Christ l’a pris sur lui et l’en a libéré par sa mort et sa résurrection. « Vous êtes sauvés par grâce, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éphésiens 2 / 8)

Comment les deux s’articulent-ils pour les autres ? C’est dans la main de Dieu, pas dans la mienne ! À moins que ce ne soit une question de regard. J’ai lu une fois (sous une plume pentecôtiste), que celui qui était à l’extérieur semblait avoir le choix d’entrer ou non, pour s’apercevoir une fois dedans qu’il y était attendu et qu’il n’aurait pas pu faire autrement… Quant à moi qui sais être dedans, je ne puis que rendre grâces humblement.

Il paraît que les noms hébreux ont toujours un sens. Que veut dire « Jésus » ? [Soso]

Les noms hébraïques sont effectivement souvent « théophores » (de theos : Dieu, et phoros : porteur). Ils portent quelque chose de Dieu, qui a rapport à Dieu.

Le nom de Jésus est Yéshouah en hébreu ; de Yah qui est le nom « propre » de Dieu comme dans le nom YHWH révélé à Moïse au Sinaï, et yasha qui veut dire sauver. Mais ce verbe-racine peut aussi se traduire par les verbes défendre, délivrer, secourir, venir à l’aide, retenir la main, protéger, élargir.

Jésus signifie donc « Dieu sauve ».
Et c’est ce bien ce que Dieu a fait en Jésus : sauver l’humanité.

Naître de nouveau : qu’est-ce que c’est ? Comment on procède ? [Mark]

Naître, c’est être mis au monde… par quelqu’un d’autre ! Sauf à se croire dans Matrix ou dans Kirikou, on est enfanté par quelqu’un, on ne s’enfante pas soi-même, tout comme ensuite on est élevé, on ne s’élève pas tout seul. C’est dire que le rôle principal, ce n’est pas l’homme ou la femme concerné/e qui le tient, mais c’est le Saint-Esprit. C’est lui qui nous fait naître à une nouvelle vie et qui fait de nous, par la foi, des enfants du Père, des frères et sœurs de Jésus voués à la résurrection et à la vie éternelle.

C’est bien ce que Jésus tentait d’expliquer à Nicodème dans Jean 3, notamment au début (versets 3 à 8). Cette nouvelle naissance consiste en la confiance (la foi) en Jésus crucifié, qui par sa mort nous donne la vie (cf. les versets suivants). Ainsi né de nouveau, dans une nouvelle relation avec Dieu le Père, en Jésus, par l’Esprit, je ne suis plus passible du jugement et de la condamnation (que sans cela je mérite toujours). La foi est non seulement une nouvelle qualité de vie, mais vraiment une vie nouvelle : si je suis croyant en Jésus, c’est que j’ai été changé.

Le baptême est le signe donné par Dieu de ce changement que son Esprit opère. « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit… » Mais ce baptême n’est pas œuvre humaine : la célébration religieuse n’est pas magique et n’obtient rien à personne si Dieu n’y intervient pas ; et on ne convoque pas Dieu ! Donc impossible de « procéder » de quelque manière que ce soit pour naître de nouveau, pour naître à la foi. Tous ceux qui cherchent Dieu en font l’expérience : ils se laissent toujours surprendre… « L’esprit souffle où il veut et tu en entends le bruit, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va… » C’est lorsqu’on est saisi par lui qu’on le reconnaît, et alors on se laisse faire, et c’est bien !

Un chrétien peut-il perdre son salut ? [Phil]

Une certitude : c’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. (Ephésiens 2,8). Le salut est donc souverainement l’œuvre de Dieu et il s’étend de façon opérationnelle dans notre vie dans l’expérience de la foi.
Donc si Dieu nous sauve, qui pourrait détruire ce que Dieu fait ?
Y a-t-il quelqu’un de plus puissant que Dieu, ou qui pourrait détruire l’œuvre de Dieu ?
La seule destruction possible, c’est celle que nous faisons nous-mêmes quand nous refusons le salut.

Un péché (celui contre le Saint-Esprit) est dit impardonnable en Matthieu 12,32, Marc 9,29 et Luc 12,10. Mais il n’est pas dit qu’il vaudrait un refus du salut pour autant !
Reste donc un verset, Hébreux 6,4-6 : « Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » Il s’agit bien d’une démarche de la personne chrétienne qui volontairement refuse son salut.

On ne peut donc pas « perdre son salut », sinon en choisissant de le renier.

Jésus a dit : « J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » Jean 17,12 – et vous n’êtes pas le diable, semble-t-il !

Lors d’un décès, peut-on prier en remettant l’esprit du défunt entre les mains de Dieu (puisque le corps retourne à la terre et l’esprit à Dieu) ? [JoonS]

L’esprit, c’est le souffle qui fait respirer, qui fait vivre la personne. Ce n’est pas la personne. La personne est à la fois corps (c’est en tant que corps qu’on est en relation avec soi et avec les autres, Dieu y compris), âme (c’est la personne elle-même en ce qu’elle a d’irréductible) et esprit (le souffle, donc). La mort désigne la dislocation de ces manières de considérer la personne : le corps n’est plus corps mais cadavre, l’âme n’est plus, l’esprit « retourne à Dieu ».

La promesse que nous saisissons par la foi, c’est que notre identité (notre personne) d’enfant de Dieu est vouée à cause de Christ non pas à la mort, mais à la résurrection. Si nous pouvons déjà éprouver celle-ci dans notre vie présente, elle remplira totalement notre vie future auprès du Père. Mais, bien sûr, le mot « future » est une image : Dieu n’est pas lié à l’espace ni au temps ! La certitude, c’est que nous serons donc à nouveau, par l’action libre et souveraine de Dieu, corps, âme et esprit, dans une nouvelle et autre dimension d’existence. La compréhension de ce que ce sera ne nous est pas atteignable sinon justement par des images (cf. 1 Corinthiens 15 / 35-50).

La prière pour « l’esprit du défunt » n’a donc pas de sens. Si l’esprit retourne à Dieu, c’est déjà fait : pourquoi le lui remettre ? C’est le mourant (ou pas mourant, d’ailleurs) qui peut adresser cette prière pour lui-même, comme Jésus l’a fait (Luc 23 / 46 citant le Ps. 31 / 6), et on peut l’y assister en priant de même pour le mourant… avant sa mort ! C’est une prière d’espérance en la résurrection, c’est se confier soi-même ou confier l’autre à l’amour du Père.

Dans ce sens, la prière pour les défunts a reçu un accueil variable dans les différentes traditions protestantes : les luthériens la pratiquent, les réformés non. Il n’y en a pas d’attestation biblique. Lorsqu’elle a lieu, elle manifeste notre espérance de la résurrection, de la puissance de Dieu plus forte que la mort. Mais le temps et le lieu de cette résurrection nous sont inconnaissables : ne pensons pas que Dieu va exaucer cette prière un certain jour plutôt qu’un autre. C’est, précisément, « entre ses mains » ! La prière lui dit notre confiance en lui.

Pourquoi les luthériens ont des crucifix avec Jésus présent sur la croix ? [Laurent]

La théologie luthérienne accentue l’absolue séparation entre Dieu et les humains à cause du péché originel. Cette séparation ne peut être brisée que par la souffrance et la mort du Christ sur la croix. Cet objet n’est donc pas vu comme un lieu de victoire sur la mort (la croix « vide » présente dans nombre de temple réformé ou évangélique) mais comme le support sur lequel est attaché notre propre péché.

En entrant dans une église luthérienne, il est probable que je sois pris de dégoût, de honte ou de désarroi en voyant Jésus mort sur la croix. Ce sentiment est légitime car j‘y vois accroché à côté du Seigneur tout ce que j’ai commis contre Dieu par mes pensées, mes paroles et mes actes. Confondu devant Dieu par mes fautes, je fléchis les genoux et me repens « Simul justus, simiul peccator, semper penitents » (A la fois juste et pécheur, toujours pénitent).

La Sainte Cène- sa signification : qui peut la prendre- à quelle fréquence- pourquoi est-elle si importante ? [Isabelle]

« Faites cela en mémoire de moi » dit Jésus lorsqu’il a remercié Dieu pour le pain et le vin lors du repas pascal précédant son arrestation.
L’apôtre Paul explique que chaque fois que nous prenons la Cène ainsi nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Corinthiens 11)

La Cène est importante car elle est porteuse de cette parole pour moi et pour la communauté avec laquelle je la partage. Elle vient inscrire en chacun de nous, au plus profond de notre être, la réalité de notre salut. C’est pourquoi ô combien il est important de mettre sa foi en ces paroles.
Dans son Petit Catéchisme, à la question « Qui reçoit dignement ce sacrement? » le Réformateur Martin Luther dira « Jeûner et se préparer corporellement est assurément une bonne discipline extérieure; mais celui-là est vraiment digne et bien préparé, qui ajoute foi à ces paroles: Donné et répandu pour vous en rémission des péchés. Celui qui ne croit pas à ces paroles ou qui doute est indigne et non préparé. Car ces mots: « Pour vous » exigent absolument des cœurs croyants« .

Pour la fréquence cela dépend de nombreux facteurs chère Isabelle: la règle de votre communauté et votre propre soif de ce sacrement, en étant, me semble-t-il les deux principaux.

Je vous laisse également regarder nos autres réponses sur cette question de la Cène: ici et .

Un chrétien- qui commet souvent « l’adultère dans son cœur » selon Matt 5-27-28- même après s’en être repenti- peut-il perdre son salut ? Comment peut-il s’en sortir ? [P]

Attention aux effets d’optique, les chrétiens qui viennent à l’église sont bien d’avantage encouragés à témoigner de leurs victoires sur le péché qu’à exposer leurs batailles perdues… La gentille sœur qui t’accueille à l’entrée ne te dira pas en guise de bienvenue qu’elle galère aussi avec ses pensées sexuelles ou qu’elle veut souvent tuer un de ces collègues de travail. Pécheur, ne te sens pas seul et reprends courage dans ta lutte ! La conversion ouvre un chemin à l’action de Dieu à l’intérieur du croyant pour opérer le salut. Ce salut est l’œuvre de Dieu seul, le croyant peut en être certain et rien ni personne ne pourra empêcher que ce salut produise du fruit même si le croyant doit attendre encore la plénitude de sa guérison.

Pour ce qui est de la pensée d’adultère, elle est en effet horrible au Seigneur parce qu’elle s’attaque à la confiance conjugale dans laquelle Dieu a trouvé une image de l’amour qu’Il nous porte. Les époux trompés et les enfants battus ont ceci en commun qu’ils doivent guérir d’avoir été trahis par ceux qui devaient les aimer le plus sur cette terre… Dieu a créé la sexualité pour le bonheur des hommes, le diable l’a perverti pour leur malheur… Le chrétien traqué par Satan dans ses pensées sexuelles doit donc rejeter toute complaisance et toute autojustification et s’en remettre hardiment à Dieu. Pour autant, ce n’est pas la culpabilité et l’abattement qui guérissent ces pensées mais l’ouverture de notre cœur à l’amour de Dieu ainsi que la confiance en sa grâce transformatrice.

Chrétiens qui vous battez avec la pornographie et avec les pensées sexuelles, continuez à vous repentir mais surtout suppliez Dieu de vous donnez des jouissances plus fortes que toutes ces jouissances injustes. Quand Dieu répondra à vos prières, repoussez à jamais le diable dès que vous voyez son ombre arriver et louez Dieu de tout votre cœur !

Est-on obligé d’être sanctifié pour prétendre être sauvé ? [Curtis]

« C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éph. 2 / 8)
« En ceci, Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous. À bien plus forte raison, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. » (Rom. 5 / 8-9)

Personne donc ne peut « prétendre être sauvé » et nul n’est « obligé » à quoi que ce soit pour ce faire !

Le salut consiste en la réconciliation avec Dieu, et nous vient de la mort de Jésus-Christ. On le saisit par la foi, qui est confiance en l’efficacité de cette mort pour nous. C’est l’Esprit de Dieu qui met en nous cette foi, et c’est lui aussi qui nous conforme à Jésus-Christ (c’est la sanctification) afin que nous grandissions et que notre témoignage devienne crédible dans le monde. La sanctification n’est ni une obligation ni une condition et n’a qu’un rapport indirect avec le salut : c’en est une possible conséquence. Ne veillez-vous pas vous-mêmes à ce que vos enfants grandissent bien ? Et si jamais ça n’arrivait pas comme prévu, seraient-ils moins vos enfants pour autant ? Par ailleurs, vous, en tant qu’enfant de Dieu, veillez-vous à bien grandir pour lui faire honneur et parce que vous avez compris ce qui est bon pour vous, ou bien pour acheter son amour ? Dans ce dernier cas, vous seriez bien malheureux : on n’achète pas Dieu !

Bonjour ! Dieu est-il « au contrôle », selon une formule parfois employée dans les milieux chrétiens ? [Peps]

Bonjour. C’est une bonne question, mais c’est à lui qu’il faut la poser !

Si vous entendez par là que tout ce qui arrive vient de lui, il me semble que la réponse biblique est clairement non. Le péché originel a rendu autonomes non seulement les humains, mais toute la création, qui ainsi ne fonctionne plus dans le plan de Dieu, mais dans le sien propre, de manière parfaitement suicidaire. D’où aussi la nécessité du salut en Jésus-Christ.

Si vous entendez par là que notre salut dépend de Dieu seul, et, selon l’expression, qu’il donne ce qu’il ordonne, alors même qu’en nous le « vieil homme » subsiste et se débat, alors c’est oui ! La foi, confiance en Dieu, consiste précisément à le laisser contrôler notre existence, ce qu’il fait par sa Parole, qui est Jésus-Christ, et qu’il nous adresse par son Esprit à travers les Écritures, pour que nous nous en nourrissions chaque jour dès cette vie. Il guide ainsi l’Église que sa Parole rassemble.

Mais si vous entendez qu’ainsi l’Église et ses membres vivent conformément à ce contrôle divin et n’errent plus, alors c’est non. La preuve en est l’existence-même des épîtres néotestamentaires et du culte chrétien : il faut sans cesse réaliser combien nous nous éloignons de cette Parole sans même nous en apercevoir, afin de pouvoir y être ramenés par la prédication et par les frères et sœurs chrétiens.

Bref, Dieu est certes au contrôle, mais comme le Dieu « chrétien », pas comme une divinité païenne ! Il ne correspond pas à nos idées fantasmatiques sur le divin et la toute-puissance. Il ne correspond pas à nos idées, tout court. Nous ne le connaissons qu’en Jésus-Christ, dans l’abaissement de sa mort et l’espérance/certitude de sa victoire sur la mort.