Qu’est-ce que le « saint baiser » dont parle Paul dans ses lettres ? (Rom 16.16 ; 1Co 16.20 ; 1Thess 5.26) [Jean-Luc]

Quand j’essaye de claquer une bise aux américaines de mon assemblée le dimanche matin, je suis rapidement ramené au fait que ma culture n’est pas universelle… On s’effleure vite fait les joues et on attend que la gêne passe.

Le baiser de salutation semble par contre très bien passer dans la culture des gens du Nouveau Testament. Les évangiles évoquent des hommes qui s’embrassent tout naturellement et sans l’expliquer (Mc 14, 45 et parallèles). De la même manière, dans les actes des apôtres, les responsables de l’Église d’Ephèse « se jettent au cou de Paul pour l’embrasser » (Ac 20, 37).

Cependant, chez Paul (Rm 16, 16 entre autres) ou chez Pierre (1 Pierre 5, 14), le baiser est qualifié de « saint » ou adjoint du qualificatif relatif à l’amour fraternel (agapè). La salutation culturelle normale est spiritualisée dans la communauté chrétienne. Ça veut dire que la salutation culturelle normale va être utilisée pour donner du sens aux relations entre chrétiens. Les conséquences pour la communauté vont être que des esclaves et des maîtres, des hommes et des femmes, des juifs et des grecs vont se saluer d’une même manière sans aucunes distinctions.

Chez des auteurs très anciens, par exemple Justin Martyr dès le 2e siècle, on lit que ce « baiser » faisait parti de la célébration de la sainte Cène (Première Apologie ch LXV). Cela n’offre pas non plus la certitude que Paul ou Pierre en faisait déjà une recommandation cultuelle mais c’est bien dans l’esprit.

Plus proche de nous (ou pas), au 19e siècle, on trouve une traduction anglaise où le verset a été transformé par « serrez-vous la main » (traduction J.B. Philips) pour des raisons évidemment culturelles.

Pour aujourd’hui, je n’ai pas pour ma part de prescriptions légalistes, mais je pense qu’il est essentiel de comprendre que l’accueil et la salutation que nous nous adressons entre chrétiens doit dépasser et sublimer la culture et la politesse. Cela fait pleinement parti de notre soumission au commandement du Seigneur pour ses disciples : « Aimez-vous les uns es autres » ou ailleurs sous la plume de Paul « accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueilli, pour la gloire de Dieu » (Romains 15). 

« Aime ton prochain comme toi-même ». Quelle est l’étymologie exacte de ce verbe « aimer » ? Agapè- philae ? Comment cette demande est-elle possible ? [Carole]

Ce verset qu’on trouve en Matthieu 19/19 est une citation de l’Ancien Testament (Lévitique 19/18). Le mot employé ici vient du mot grec « agapè. Ce mot qui désigne l’amour en le distinguant à la fois de l’amitié, du bien-être ensemble et du désir amoureux.

L’amour biblique n’est en effet pas un sentiment mais un engagement pour l’autre (1 Corinthiens 13). Le modèle de cet amour se trouve en Jésus mort et ressuscité pour que les hommes vivent (Jean 3/16). C’est cet amour de Dieu, qui en Christ  rend l’amour des autres possible (1 Jean 4/8-11).

Comment aimer notre prochain comme nous-mêmes ? En nous laissant premièrement aimer par Dieu, en accueillant son amour, en le laissant changer nos cœurs pour nous rendre capables d’aimer (Ezéchiel 36/25-27).

Devenir chrétien ! pour quoi faire ??? [Daniel]

Et bien… Pour rien. Non, objectivement, je n’ai pas de bonne raison à vous soumettre pour vous convaincre de de venir chrétien. J’en aurais plutôt plein de mauvaises… Mais que vous connaissez sans doute déjà si j’en juge par la ponctuation de votre question.

En fait on ne devient pas chrétien « pour faire quelque chose »; on devient chrétien parce qu’à un moment on ne peut pas faire autrement. C’est un peu comme si je vous demandais : « Tomber amoureux ! Pour quoi faire ??? » Là aussi nous sommes tous capables de lister les conséquences désastreuses de ce genre de chute, tout en connaissance la puissance de ce sentiment… Mais sérieusement, qui décide qu’il(elle) va tomber amoureux ??? Ce genre de choses vous arrive, et puis après on voit ce que l’on fait avec. Dans le cas de la relation amoureuse, cela peut devenir une belle histoire ou faire souffrir. dans tous les cas, il y a un « avant » et un « après ».

En général, on devient chrétien le jour où on réalise que Dieu est tellement amoureux de nous qu’il nous a fait, à chacun, le formidable cadeau de ce qu’il avait de plus précieux : son fils. Ce jour-là ne se décrète pas, il se vit. Littéralement, il ne « sert » à rien. Cela n’a aucune fonction utilitaire, et pourtant cela change la vie. Souvent, on éprouve le besoin de répondre à cet amour en s’engageant (c’est le baptême), de le partager (c’est l’Église), de le nourrir et de lui permettre de s’épanouir (en lisant la Bible, en priant…). Et voilà : on est devenu chrétien, mais c’est surtout Dieu qui a « fait » des choses pour nous…

En lisant Ps 2 et Rom 2.5-8 je comprends que la colère de Dieu s’abattra au jour du jugement sur le non-chrétien. Qu’est ce qui doit pousser l’Homme dans les bras de Christ ? Cette colère ou son amour ? [Christophe]

Les passages que vous citez ne sont pas les seuls qui parlent de la colère et du jugement de Dieu. La Bible nous dit en effet que Dieu est juste, que l’homme ne l’est pas et que le salut du monde passera donc  nécessairement pas un jugement.
Qu’est-ce que le jugement de Dieu ? Rien d’autre que la reconnaissance et l’élimination de ce qui en nous et autour de nous déraille ( le péché, le mal et la mort). Ainsi, comme vous le voyez, l’amour de Dieu, son désir de sauver l’homme est lié à son jugement. L’un et l’autre s’accomplissent parfaitement en Jésus, venu payer notre dette en mourant pour que ceux qui l’accueillent soit sauvés du jugement qui pesait sur eux pour être conduits en une vie nouvelle.
Concernant ce qui doit nous conduire dans les bras du Christ, la réponse est simple : c’est Dieu lui-même. Nous pouvons lire cela en Jean 6/44, par exemple ou en Ephésien 2/8-10. C’est en effet le Saint-Esprit qui nous donne de reconnaître notre péché, le mal et la mort en même temps que la justice que Jésus nous offre par amour. C’est lui qui nous donne la force de nous repentir et d’entrer avec confiance, dans la vie nouvelle qu’il met devant nous.

Peut-on (prétendre) aimer ses frères en Christ sans aimer être avec eux ? Que dit la Bible à ce sujet ? [PC]

Aimer les autres sans les rencontrer, voici une bonne manière de ne faire de mal à personne, pourrait-on dire, en citant le verset de Romains 13/10 : »L’amour ne fait pas de mal au prochain ; l’amour est donc l’accomplissement de la loi. »

Il nous faut pourtant aller plus loin en cherchant ce qu’est vraiment l’amour selon Dieu. Nous trouvons sa définition clairement en 1 Jean 4/9-11. Nous apprenons dans ce passage que le modèle de l’amour est la mort de Jésus pour le salut des hommes. Ainsi, l’amour n’a rien de vagues mots ou de bons sentiments. Il implique un réel engagement pour l’autre. Or, comment veiller sur mon prochain, partager avec lui la Parole, l’aider matériellement ou en prière si je ne le rencontre pas en vrai ? Aimer « virtuellement », sans la rencontre, c’est fuir ce que la relation a de difficile, ces problèmes des autres que je me retrouve à devoir porter, ces reproches que je risque en disant la vérité…La Bible, qui nous parle de la venue de Dieu dans notre monde,  ne nous recommande pas de donner dans le  virtuel quand il s’agit d’aimer..

Galates 6/2 : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ » 

Dieu hait-il les hommes ? Comme il est infini- peut-on dire qu’il aime autant qu’il déteste comme certains versets le suggèrent ? [Chiara]

Il est possible de trouver dans la Bible des passages qui nous disent que Dieu hait ou « a en horreur » un comportement ou des humains marqué par ce comportement (le méchant, Psaume 11/5, la méchanceté, Psaume 45/8, des parties de l’homme qui font de mauvaises choses, Proverbes 6/16). Il n’est dit, en revanche nulle part, qu’il déteste l’humanité et le monde dans sa globalité. Quand la Bible dit qu’il a haï Esaü et aimé Jacob (Malachie 1/2-3, Romains 9/13), elle signifie que Jacob a été choisi. En revanche, la Bible dit clairement l’amour que Dieu porte au monde entier et ce qui en découle pour nos personnes particulières en Jean 3/16 : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique (Jésus), afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».
La Bible fait état d’un Dieu d’amour, toujours prêt à aller vers des humains qui, dans leur péché, le rejettent. La haine de Dieu nous dit sa position face au refus de son amour par les humain. Ce sont  ainsi nos comportements mauvais, nos pensées destructrices, notre manque de confiance et non nos personnes que Dieu déteste. Sa haine n’est alors rien d’autre qu’une face de cet amour qui a conduit Dieu à agir pour nous libérer de ce qui nous sépare de lui, en Jésus-Christ. Ainsi, une phrase bien connu dit que Dieu déteste le péché, tout en aimant le pécheur et même probablement parce qu’il aime infiniment le pécheur. On trouve une parabole qui parle de la puissance de l’amour de Dieu pour l’ humain en Luc 15.

Si Satan est une créature de Dieu, devons nous l’aimer comme toutes les autres ? Que serait un rapport sain à sa personne ? [Simon]

Dieu nous commande, dans le Lévitique (19,18), d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Dans l’Évangile (Jean 13,34), Jésus commande à ses disciples de s’aimer les uns les autres.

Il n’est écrit nulle part d’aimer toutes les créatures. Devrions-nous aimer les rochers, les étoiles, les plantes, les araignées, etc. ? Ça n’a pas de sens. L’amour est un attribut de Dieu, il concerne celles de ses créatures qui sont son image : les humains.

Un rapport sain au satan (est-il une personne ?) est le rapport que Dieu lui-même a désormais avec lui à notre égard : ne plus l’écouter, l’envoyer balader, et se préoccuper seulement de l’amour que Dieu nous a manifesté en Jésus-Christ, et de ce qu’il nous offre à vivre à travers sa Parole. C’est ainsi que notre liberté s’exercera à l’encontre des démons et autres puissances qui prétendent dominer sur nous alors qu’elles devraient nous être soumises, à nous comme à Christ (Colossiens 2,15 ; 1 Pierre 3,2 ; etc.).

Est-il plus avisé de fréquenter et se marier avec un croyant(e) si on l’est soi-même? [Joe]

Paul évoque cette question dans la première épître aux Corinthiens, chapitre 7. Ainsi, il affirme qu’un couple croyant-non croyant est un vrai couple, qui doit pouvoir durer. Le croyant est appelé à tout faire pour conserver l’unité de son couple ( Co 7/12-16) en le confiant à Dieu, qui peut parfaitement conduire l’un de membres du couple à la foi. Néanmoins, Paul reconnait la difficulté de ce genre de relation en évoquant la possibilité d’une séparation à l’initiative du non croyant.
Concernant les couples qui ne se sont pas encore engagés, Paul recommande le mariage avec un croyant/une croyante (1 co 7/39). Ephésiens 5/22-25 ou 2 Co 6/14-18. nous aide à comprendre qu’il est question de l’autorité du Christ, qui doit régner dans la famille, ce qui est grandement facilité lorsque les deux membres du couple sont disciples de Jésus.
Dans la pratique, nous comprenons facilement les difficultés que rencontrent les couples croyant-non croyant, quant à l’organisation de l’emploi du temps, l’éducation des enfants, ce à quoi s’ajoute l’impossibilité d’affronter ensemble, dans la prière les difficultés de la vie de couple.
Ainsi, pour conclure, si vous n’êtes pas encore marié, il est vraiment plus avisé de fréquenter et de vous marier avec un croyant/une croyante !

Pouvez-vous m’expliquer pourquoi Dieu dans le Premier Testament a tué autant de personnes (+ de 3.000) par rapport au diable (10 environ) ? [Christophe]

Je peux vous dire que Dieu a fait vivre plusieurs milliards de personnes, le diable aucune !

Car le diable ne peut faire vivre personne, ni d’ailleurs de sa propre autorité faire mourir qui que ce soit. Dans le livre de Job, le satan agit avec la permission de Dieu. Car Dieu seul est celui « qui fait mourir et qui fait vivre » (1 Samuel 2 / 6) : « Voyez que c’est moi, moi seul qui suis Dieu, et qu’il n’y a point d’autres dieux près de moi ; moi je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main. » (Deutéronome 32 / 39).

Dès lors qu’on a bien vu qu’aucun parallèle n’est possible entre Dieu et diable, le second n’étant pas une personne divine, la question se pose de ce qui fait mourir. La réponse constante de la Bible, c’est que la rupture avec Dieu équivaut à la mort et entraîne la mort. « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 6 / 23) La Bible chrétienne (les deux Testaments) pose donc ce nouveau faux parallèle, bien plus éclairant : tous ceux qui meurent (y compris vous et moi) le méritent, tandis que ceux qui vivent l’ont reçu en cadeau, à plus forte raison ceux qui vivront éternellement en Jésus-Christ !

Les textes que vous évoquez dans l’Ancien Testament sont des illustrations, sous forme de récits, de cette réalité. S’y ajoute l’amour de Dieu pour son peuple, un amour forcément partial : Dieu prend la défense de ceux qui lui appartiennent – et cela peut faire mal à leurs adversaires…

Je viens d’arriver dans une Église qui n’avance pas dans le sens qui me convient. Les gens ne font pas assez et pas assez bien… Que dois-je faire ? [Ursula]

Demandez-vous en premier si cette Église avance dans un sens qui convient… à Dieu ! Car chaque Église particulière est dans les mains du Seigneur, pas dans celles de ses membres ni même de ses ministres (pasteurs ou anciens). La direction que prend une Église dépend de beaucoup de choses, mais notamment de celui qui la dirige : le Christ. Il peut être utile de relire Romains 14 et 15, par exemple, adressé à une Église (que Paul n’ose pas même appeler de ce nom) qui sombre dans les divisions, chaque groupe déplorant que l’autre avance dans un sens qui ne lui convient pas.

Nous avons un autre exemple dans les Actes des Apôtres 15, où des avis très divergents sur la mission de l’Église s’expriment, puis s’articulent. Un(e) chrétien(ne) peut parfaitement – mais fraternellement – dire à ses frères et sœurs ce qu’il trouve de bien ou de pas bien dans la communauté dont il fait partie, par rapport à sa propre compréhension de la mission que Dieu a adressée à cette communauté-là. « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1 Jean 4 / 20) Dire, mais aussi écouter et comprendre, c’est l’exercice de la communion fraternelle.

Et puis, il faut bien reconnaître que, « les gens », j’en fais toujours partie. Pas vous ? Je dois donc bien me demander ce que moi, je fais dans l’Église, pour elle, pour sa mission, en fonction des dons que j’ai reçus de l’Esprit vivifiant. Est-ce que je fais assez ? Est-ce que je ne fais pas trop ? Est-ce que je ne suis pas à côté de la plaque ? Qu’est-ce que Dieu attend de moi, et en quoi puis-je être utile à mes frères et sœurs dans leur propre mission ? Rappelez-vous de Marthe et Marie (Luc 10 / 38-42), et aussi de ce que Paul écrivait en Romains 12 et 1 Corinthiens 12 sur le corps et ses membres.

Enfin, rendez grâce à Dieu parce que vous êtes de son Église, non pas à cause de ce que vous faites ou pas, mais à cause de ce que Jésus-Christ a fait pour vous comme pour moi.