J’ai bien connu une personne qui avait toujours été élevée dans la religion et qui a mis fin à ses jours de manière brutale. Va-t-elle ou est-elle en enfer ? [Alexandre]

Cette idée est répandue. Je me souviens qu’une famille qui m’avait appelé à célébrer les obsèques d’un de ses membres m’avait caché qu’il s’était suicidé, par peur d’essuyer un refus de ma part, et pensant probablement que la présence d’un pasteur assurerait automatiquement le départ du défunt vers le ciel.. Double erreur !

La Bible nous relate quelques suicides : celui de Judas bien sûr, pris de remords après avoir trahi Jésus. Ou d’Ahitophel, conseiller d’Absalom, parce qu’il n’avait pas été écouté et qu’il craignait sans doute de voir son maître perdre la partie contre David (2 Samuel 17,23). Celui qui met fin à ses jours ne supporte plus de vivre parce que tout ce qui fondait, justifiait à ses yeux son existence s’effondre sans recours. Ce qui distingue Judas de Pierre (qui a pourtant aussi trahi Jésus en le reniant), ce sont les larmes de repentir que ce dernier a versées. Pierre a accepté de ne pouvoir se justifier lui-même et de s’ouvrir au pardon du Seigneur.

Mais gardons-nous bien de décider du sort éternel de celui ou celle qui ne supportait plus de vivre et qui  a succombé au désespoir, même s’il a été « élevé dans la religion » (la religion ne protège de rien, ce qui sauve c’est la foi !). Gardons-nous du jugement. La Bible nous rappelle que le dernier mot sur toute vie et tout être appartient à Dieu. L’enfer, pour celui qui s’est suicidé, c’était d’abord sa vie de souffrance, ses questions sans réponse, sa solitude, sa dépression, ses impasses, que sais-je encore. Et même un croyant sincère peut succomber au désespoir. L’enfer pour ceux qui restent, les proches, c’est la culpabilisation qu’entraîne un tel geste « Si j’avais pu l’écouter, l’aider, comprendre sa souffrance »… Mais de tous ces enfers, le Seigneur peut nous sortir, comme il a fait sortir son fils du séjour des morts.

Apocalypse 14:9 parle de ceux qui ont la marque de la bête sur le front ou la main ; pourriez vous m’éclairer un peu ? [Bodo]

L’Apocalypse a un langage codé, un peu comme les messages de radio-Londres aux résistants français sous l’occupation. Parce que c’est un livre qui proclame la victoire du Christ crucifié et ressuscité sur tous les pouvoirs du mal, et nous appelle à leur résister dans l’espérance. Qui dit code dit décryptage, pas toujours facile. Notons déjà que la « bête » fait partie, avec le Dragon (ch.12) et la « 2e bête » (ch. 13,11, appelée le faux-prophète dans d’autres passages comme 16,13) d’une sorte d’anti-Trinité, et qu’il lui est donné beaucoup de pouvoirs.

La marque (ou signe) de la bête est souvent citée dans l’Apocalypse. Là aussi, c’est une contrefaçon du sceau de Dieu sur le front de ses élus, attestant qu’ils lui appartiennent et qu’il prend soin d’eux (voir Ap. 14,1). Une sorte d’anti-baptême. Le terme grec employé, Charagma, était réservé au sceau impérial ou à l’empreinte d’une monnaie. Ce qui serait donc une allusion à l’empereur Romain et à sa prétention à se faire appeler « Seigneur » et recevoir un culte en lieu et place du seul vrai Dieu. Les chrétiens auxquels Jean, l’auteur de l’Apocalpyse, écrit, en refusant ce culte-là, allaient s’exclure de la société -et donc du système économique, ce qu’annonce 13,17 : personne ne pouvait acheter ou vendre sans cette marque.

Au passage, tordons le cou à une actualisation farfelue. Certains, sur la base de ce verset, identifient la marque de la bête au code-barre servant à identifier en caisse les articles achetés dans un commerce. Ils y ont même repéré le chiffre de la bête, le fameux 666. Leurs démonstrations savantes omettent simplement que ledit code-barre n’est pas posé sur notre main ou notre front (13,16). Il y a d’autres façons d’être fidèles à Jésus-Christ que d’embêter une caissière en lui refusant de scanner notre paquet de nouilles…

Le Seigneur agrée-t-il l’union entre deux personnes ayant entretenu des relations sexuelles avant de se marier ? [Mel]

Le Dieu créateur a établi un ordre dans Sa création et des règles qui permettent d’y vivre conformément à son projet bienveillant. L’être humain est appelé à vivre sa sexualité dans le cadre de l’union fidèle entre un homme et une femme (Gn 2,18-24 ; Ex 20,14 ; Mt 19,4-5 ; 1Co 6,13-18 ; 1Co 7,2-9).

Toutefois, même si le pardon de Dieu n’est pas un visa pour le péché, Dieu est miséricordieux et pardonne ceux qui le Lui demandent d’un cœur sincère. Vivre une sexualité avant le mariage n’est pas ce à quoi nous sommes appelés. Mais si Dieu projette d’unir deux êtres par le mariage, ce qui a pu précéder cette union ne saurait amoindrir Sa bénédiction.

Comment expliquer la mort d’Ananias et Saphira (Actes 5, 1-11) ? Est-ce la conséquence d’un « blasphème contre le Saint-Esprit » (Marc 3, 29) ou d’un « pouvoir spécial » donné à Pierre (Matt 16, 19)? [Kristina]

Le rapport avec le Saint-Esprit est clair dans le récit de l’histoire d’Ananias et Saphira. Le premier a menti à l’Esprit (v. 3) et la seconde l’a provoqué, tenté ou défié (v. 9). Et comme vous le soulignez, le blasphème contre l’Esprit Saint est le seul dont on ne peut être délié.

Le mensonge est une question spirituelle… et mortelle si on s’y abandonne. La division qu’il apporte (le texte parle de Satan, celui qui divise) nous empêche d’être un. Et comme c’est contre l’Esprit que le couple s’est placé, ils se sont empêchés d’être un avec Dieu. C’est cela qui est mortel.

Et je crois donc que ce texte n’est pas là pour présenter un pouvoir spécial qui serait donné à Pierre, mais pour nous mettre en garde contre ce qui divise et nous monte contre l’Esprit et in fine nous tue.

J’ai entendu dire que des pasteurs Attestants « chasseraient l’esprit de Marie » de gens qui en seraient possédés ? Vous m’expliquez ? [Anonymous]

L’ennemi du Christ est le prince du mensonge. Evidemment, ceux qui vous ont dit cela ont fait des raccourcis et se sont glissé quelques confusions, au point que ce qu’ils vous ont dit n’a plus aucun rapport avec le réel.

Premièrement, tous les Attestants ne pratiquent pas la délivrance, et certains sont simplement confessants ou orthodoxes théologiquement, ils ne sont pas charismatiques et ne vont pas sur ce terrain-là.

Deuxièmement pas mal d’Attestants, comme beaucoup de croyants protestants ou évangéliques pensent que Marie étant la mère de Jésus, la figure de l’Israël véritable, la première chrétienne de l’histoire. Ils croient qu’elle sera, au dernier jour, la première ressuscitée (puisque nous ne croyons pas à son assomption et que nous pensons donc qu’elle attend le dernier jour dans la paix du séjour des morts). Nous avons donc grande révérence pour sa mémoire et son témoignage, mais ne nous adressons pas à elle puisque nous ne nous adressons qu’à Dieu et ne communiquons pas avec les morts.

Troisièmement, il est probable que la confusion vienne du fait suivant : les Attestants qui pratiquent la délivrance pensent que, derrière une mariologie idolâtrique (mariolâtrie) se cache une réalité spirituelle. L’entité qui « répond » à certaines prières, dans différentes expériences mystiques de par le monde, est plutôt ce que le livre de Jérémie (ch. 7 et 44)  appelle une puissance démoniaque qu’il nomme ‘Reine du Ciel » (ou Astarté, Ashera, etc.) et qu’en France on appelait dans le paganisme pré-chrétien la Dame Blanche (ou Marianne aujourd’hui 😉 !).
Alors oui, nous pratiquons la délivrance de ceux qui sont démonisés par la Reine du Ciel, mais nous savons que cette dernière n’a aucun rapport avec Marie de Nazareth ! Elle peut se déguiser pour tromper des croyants pas assez instruits des choses de l’Esprit, mais en aucun cas nous ne les assimilons !

Enfin, du fait d’une lecture trop restrictive de passages comme Apocalypse 12, certains groupes mariolâtres affublent à mauvais escient Marie du titre de Reine du Ciel, en ajoutant à la confusion.
Marie de Nazareth est admirablement nommée comme « humble servante » par les Ecritures, et c’est le plus beau nom qu’on puisse jamais lui donner.

Ce sujet est très complexe et donne lieu à beaucoup de souffrances dans le corps du Christ, alors nous demandons pardon par avance à toute personne qui serait troublée par notre réponse. Gardons ensemble les yeux tournés vers Christ afin que toute son Eglise reste unie.

Dans les cieux y a-t-il Dieu ET Jésus- ou bien une seule personne qui forme en même temps Dieu et Jésus ? [Pascale]

Le symbole des apôtres (le credo) qui résume la foi chrétienne dit effectivement que le Christ est « monté au ciel », et qu’il « siège à la droite de Dieu, le Père tout puissant », citant lui-même de nombreux passages du Nouveau Testament. Mais il ne faut pas se laisser piéger par le vocabulaire. Le ciel n’est pas un lieu particulier, mais une image, une représentation pour désigner ce qui appartient à Dieu, voire Dieu lui-même. La « montée au ciel » de Jésus-Christ signifie donc la fin de son ministère parmi nous, car Jésus, c’est Dieu qui nous a pleinement rejoints dans notre humanité en se dépouillant de sa gloire divine (Philippiens 2,6ss).  C’est ce que les chrétiens reconnaissent en confessant la Trinité : Dieu est à la fois UN et Père (Créateur), Fils (Sauveur) et Saint-Esprit (Seigneur). Le fait d’être désigné comme « assis à la droite de Dieu » (référence au Psaume 110,1) signifie que Jésus, par sa mort et sa résurrection, a reçu la place d’honneur du Messie, celle du « fondé de pouvoir », comme l’écrit un commentateur de ce Psaume (de même qu’un chef parle de son plus proche collaborateur comme de son « bras droit »). Autrement dit, comme l’écrivait Luther, si nous voulons trouver Dieu, il ne faut pas chercher à escalader le ciel (c’est-à-dire nous livrer à des spéculations philosophiques ou à des expériences mystiques), mais nous rendre à Bethléhem.

Une petite fille chrétienne parle de Dieu à son amie non chrétienne- qui lui dit « mais je ne le vois pas moi Dieu- donc il n’existe pas ». Comment la petite fille chrétienne peut-elle lui répondre ? [Sandy]

Cette amie non-chrétienne suppose que ce qui est vrai, c’est seulement ce qui peut se voir. On se souvient du premier cosmonaute,Youri Gagarine, qui affirmait, au retour de son vol orbital autour de la terre, qu’il n’avait pas vu Dieu ! Mais il y a beaucoup de choses que nous n’avons jamais vues, sans pour autant mettre en doute leur réalité. Si je vois un jardin bien taillé et entretenu, je ne doute pas un instant qu’un jardinier est passé par là. En contemplant les pyramides d’Egypte, ou la muraille de Chine, j’imagine ces milliers d’ouvriers qui ont contribué à sa construction, alors qu’il n’est resté d’eux aucune image. Et il est aussi bien des choses que l’on ne voit pas avec les yeux mais avec le coeur, comme l’a écrit l’auteur du Petit Prince.

L’Evangile de Jean nous dit que nul n’a jamais vu Dieu (et c’est normal parce que Dieu, créateur et source de tout ce qui est, est bien au-delà de notre vue) mais que le Christ nous l’a fait connaître. Et si nous écoutons sa Parole, si nous ouvrons non plus les yeux mais les oreilles, alors nous verrons les signes de la présence de Dieu dans ce monde et dans nos vies.

On me dit qu’on ne peut rien ajouter ni retrancher à la Bible. Pourquoi alors existe-il différentes bibles (catholique- protestante…)? L’une des deux serait-elle non valide/incomplète ? [Simon]

On ne peut effectivement rien retrancher ni ajouter au message de la Bible. Mais il nous est parvenu dans des langues inconnues du plus grand nombre, et il faut le traduire du grec, de l’hébreu… Ce travail n’est pas prêt d’être achevé puisque non seulement il existe encore beaucoup de peuples qui ne disposent pas de la Bible -en tout cas entière- dans leur langue, mais en plus toutes les langues évoluent, et il faut réviser les traductions existantes. Or aucune traduction n’est parfaite ! Traduire c’est toujours faire un choix, un compromis : doit-on rendre l’idée d’abord (le principe de l’équivalence dynamique, retenu pour la BIble en Français Courant), ou s’efforcer de respecter plus littéralement le texte original ? Parfois, des passages de la Bible nous paraissent obscurs. Il est bon alors de comparer les traductions pour se faire une idée plus précise de ce qu’a voulu dire l’auteur. Enfin, si nous avons du mal à comprendre ce que dit un auteur biblique, d’autres passages de la Bible sur le même sujet  pourront nous éclairer.

Mais vous évoquez sans doute le fait que les versions catholiques contiennent, pour l’Ancien Testament, des livres qui ne figurent pas dans les versions protestantes (Siracide, 1 et 2 Macchabées, Judith, Tobit, etc). Ces livres du Judaïsme, rédigés assez tardivement, se trouvaient dans le canon (c’est à dire la liste officielle) de la traduction de l’Ancien Testament dite des Septante, réalisée à Alexandrie au 3e siècle avant J.C. à l’usage des juifs de langue grecque. Mais ils n’ont pas été retenus dans le canon de la Bible hébraïque, qui, lui, a servi de référence aux Réformateurs. Les catholiques considèrent ces écrits comme « deutéro-canoniques », c’est à dire qu’ils ne sont pas reconnus d’importance aussi grande que les autres, que nous estimons -avec eux- pleinement inspirés. Les Réformateurs pour leur part les considéraient utiles pour la foi, bien qu’apocryphes (littéralement : « laissés de côté », c’est à dire pas considérés comme vraiment inspirés par l’Esprit Saint). D’ailleurs les anciennes éditions protestantes les incluaient, ils en ont été enlevés au XIXe siècle lors de la diffusion en masse de la Bible par les sociétés bibliques… par souci d’économie car à l’époque les livres coûtaient encore très cher ! Ils n’ajoutent ni n’enlèvent rien de décisif à la révélation du dessein de Dieu révélé à Israël et en Jésus-Christ.

 

 

 

 

La nouvelle traduction du Notre Père par l’Église catholique est-elle meilleure que la traduction oecuménique actuelle ? [David]

L’Eglise catholique a décidé ce changement dans la formulation commune du Notre Père : « Ne nous soumets pas à la tentation » est remplacé par « ne nous laisse pas entrer en tentation ».  Le problème est que le verbe grec eispherein, que l’on trouve aussi bien dans le texte de Matthieu que dans celui de Luc, signifie bien « transporter, mener,  induire, conduire, faire entrer dans ». Et non pas « laisser entrer ». Ce n’est pas la même chose ! Les tentatives de justifier ce changement sur la base d’une source littérale araméenne de la prière de Jésus paraissent très conjecturales, et surtout guidées par un présupposé : Dieu ne peut pas nous tenter, c’est l’oeuvre du Diable. Or Jésus lui-même a été poussé au désert par l’Esprit Saint pour y être tenté, éprouvé, le Diable lui-même étant soumis à la volonté de Dieu. Jésus a été tenté (y compris à Gethsémané et sur la croix) dans sa foi, dans sa relation au Père; La tentation est la condition de tout croyant. Dès que je crois, je suis exposé au combat -contre le doute. Et Paul précise que Dieu nous donne, avec l’épreuve-tentation, le moyen d’en sortir (1 Corinthiens 10,13). Jacques 1,13 « que personne ne dise c’est Dieu qui me tente, car Dieu ne tente personne » pourrait faire approuver le changement. Mais Jacques veut simplement rappeler que Dieu n’est pas à l’origine du mal, et qu’il ne le cautionne pas.

Bref, nous pouvons demander à Dieu de nous épargner l’épreuve que constitue la tentation, car nous sommes faibles. Mais nous n’avons pas à tenter de le « disculper » de toute responsabilité en modifiant le texte biblique, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

La dot est-ce biblique ? Comment en parler face à des chrétiens de culture où elle est encore exigée ? Spirituellement que risque t-on ? [Jin]

Il y a cinq mentions de la dot dans le premier testament.
C’est une pratique culturelle. Cela ne fait pas partie des choses centrales de la foi.
La dot n’est pas un élément de la Bonne Nouvelle du Royaume puisqu’il n’y aura plus ni homme ni femme (Galates 3,28), et qu’on n’aura pas la préoccupation de la sexualité ou de la reproduction.

Donc il s’agit d’un élément totalement culturel. Qui a pour fonction de signifier que les familles « perdent » beaucoup quand elles lâchent un de leur membre pour qu’il intègre une autre famille. D’où la compensation symbolique qui s’y joue, et qui dans certains contextes n’est pas que symbolique, mais une vraie fortune.

Il ne faut pas mépriser ce qui se joue dans la culture ; souvent ce sont des intuitions justes pour marquer des grands moments de la vie, des rites de passage.
Maintenant si on a le sentiment d’être vendu(e) ou acheté(e) il faut prendre position spirituellement et signifier sa liberté, et le fait que nous sommes sous la seule autorité de Christ.