Qu’est-ce que la prière d’autorité ? La Bible fonde-t-elle et justifie-t-elle une telle pratique ? [Peps]

Le concept de prière d’autorité n’existe pas dans la Bible.
Pas plus que le concept de chorale paroissiale, de direction spirituelle, de soaking*, de cure d’âme, d’étude biblique, etc.
Je veux dire par là que ce n’est pas parce qu’une expression n’est pas telle quelle dans la Bible que l’idée n’est pas biblique.

La prière d’autorité, c’est une façon de prendre position, par exemple face à un esprit mauvais, pour lui refuser son emprise, comme nous y invite Jésus dans Luc 10 quand il nous commande de chasser les démons.

Si nous avons revêtu Christ, nous sommes revêtus d’une autorité particulière et devons l’exercer. La prière d’autorité n’est donc pas une intercession où l’on demande à Dieu d’intervenir à notre place, mais une prière où l’on va chercher sa légitimité et son autorité pour intervenir nous-mêmes sur le réel. Parce que Jésus ne nous demande pas d’intercéder pour les malades mais bien de les guérir. Pas d’intercéder pour les lépreux mais de les purifier. Pas d’intercéder pour les morts mais de les ressusciter. Pas d’intercéder pour la délivrance, mais de chasser nous-mêmes les esprits mauvais (Matthieu 10,8).

* pratique charismatique de repos dans l’Esprit

Quel est le sens biblique de notre offrande à l’Eglise ? [Lemurien]

Paul disait dans la deuxième épitre aux Corinthiens (9,7) : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son coeur, sans tristesse ni contrainte; car Dieu aime celui qui donne avec joie. »

L’offrande fait partie de la louange. D’ailleurs il faudrait dans nos cultes la mettre dans la louange plutôt que connectée aux annonces (au business) de l’association cultuelle. Dans l’esprit de la dîme du premier testament, on donne les prémices de ce qu’on reçoit à l’Eternel, et le donner à l’Eglise est une façon d’œuvrer pour la gratuité de l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume. Donc si nous donnons c’est dans la joie. Car le seul sacrifice qui vaille, depuis que Jésus a donné sa vie, c’est le sacrifice de louange, d’offrir notre reconnaissance (Hébreux 13,15).

Comment faire la part entre ce que me souffle le Saint-Esprit et mon propre esprit face à une situation ? Comment les distinguer et obéir au bon ? [Mari]

Marie, la question que vous posez est fondamentale et préoccupe plus d’un(e) chrétien / chrétienne qui veut plaire à Dieu, ou encore marcher selon sa volonté.

En effet, il s’agit de discerner pour savoir qui parle et comment réagir. À côté des deux voix que vous avez déjà mentionnées, à savoir celle de Dieu (le Saint-Esprit) et la vôtre, il faut ajouter une troisième qui celle du diable.

L’Esprit-Saint ne peut pas contredire la volonté de Dieu que nous retrouvons dans les écritures. Dans tout ce qu’il souffle ou dit, il cherche à nous rapprocher davantage du Seigneur et à permettre l’accomplissement de ses desseins dans notre vie. En d’autres termes, l’Esprit-Saint dans ce qu’il dit et fait, renforce la relation du chrétien / de la chrétienne avec son créateur et avec le prochain.

Par contre la voix du diable essayera toujours de nous éloigner de Dieu en nous introduisant dans la désobéissance et la révolte. Voici d’ailleurs ce que dit l’apôtre Jean au sujet du discernement des esprits : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.

Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l`antéchrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. » (Jean 4, 1 à 3)

Quand il s’agit de notre propre esprit, on se pose la question de savoir en quoi l’attitude qu’on va adopter va glorifier le Seigneur. Autrement dit, quelle est la finalité de ce que j’entends faire ou dire ? Est-ce simplement pour me faire plaisir et satisfaire mon ego personnel, ou aller dans le sens de la volonté de Dieu ?

J’avoue qu’il n’y a pas de recettes toutes faites pour distinguer les voix.

Quand c’est l’Esprit-Saint, je dis comme Samuel : « Parle, ton serviteur écoute » 1 Samuel 3, 10b ;

Quand c’est le diable, je dis comme Jésus : « Va t’en satan… » Matthieu 4, 10 ;

Quand c’est mon propre esprit, je dis comme le psalmiste : « Non pas à nous, Eternel, non pas à nous, Mais à ton nom donne gloire, à cause de ta bonté, à cause de ta fidélité! » Psaume 115, 1.

Que dit la Bible de l’utilisation d’un don de sperme (ou don d’ovocyte) pour un couple stérile ? [Tony]

La notion de don d’ovocyte n’existe pas dans la Bible.

Laissez-moi d’abord vous poser une question. Pourquoi voudriez-vous que ce soit la Bible qui décide à votre place ? Dieu veut que nous décidions pour les choses de la vie. Il nous informe dans la prière en inclinant notre conscience, et il nous informe par le témoignage biblique où d’autres, qui ont vécu des situations similaires, ont fait des choix instruits par le Seigneur ; ce qui nous inspire.

Sur la question du don de sperme ou don d’ovocyte, les personnages de la Bible avaient une approche très pratique, liée aussi à leur époque. Par exemple, la Loi biblique permettait qu’on épouse la veuve de son frère, afin de lui offrir une sécurité mais aussi de prolonger sa descendance. Ce n’est pas un « don de sperme », mais c’est quand même l’idée que quelqu’un d’autre pallie à la fécondité.
Abraham, voyant que Sarah n’était pas enceinte, a été avec Agar (don d’ovocyte), afin d’avoir un fils, Ismaël. Mais ce ne fut pas forcément une réussite puisque c’était le fruit de l’impatience et la désobéissance d’Abram… qui devait attendre que la promesse s’accomplisse selon les méthodes de Dieu !

Donc on ne peut pas dire que les histoires de la Bible nous informent vraiment sur ce que l’on DOIT faire. Tout est question de relations et de motivations. Vous pouvez vous poser les questions suivantes :
– Est-ce que le désir de fécondité est insatiable au point de considérer que « tous les moyens sont bons » ?
– Est-ce que Dieu vous appelle uniquement à la fécondité biologique ?
– Est-ce que vous avez fait le deuil quant au fait que « tout ce que la technique nous offre » n’est pas forcément bon ?

Après cela, en extrapolant ce que dit Paul en Romains 14,23, j’aurais envie de conclure : « Tout ce qui n’est pas issu d’une conviction spirituelle reçue dans la prière est… une mauvaise voie ».

Je suis chrétienne et j’aime un homme qui en aime une autre. Est-ce mal de demander au Seigneur de me faire épouse de cet homme? De lui demander de tourner son cœur vers moi ? [Winnie]

Je ne suis pas à l’aise pour vous dire si c’est « bien » ou « mal ». Déjà, vous vous orientez dans la prière, et ça ça me paraît important. À partir de ce moment, je crois qu’il faut toujours se poser la même question : Pourquoi est-ce que je prie ? Est-ce que c’est pour demander à Dieu qu’Il fasse ce que je veux ou pour ouvrir mon cœur à Sa volonté, et de m’aider à ce que Sa volonté devienne la mienne ? Si le Seigneur a pour projet de vous voir en couple marié avec cet homme, il fera en sorte que cela se réalise. Mais si ce n’est pas le cas, votre prière ne fera alors que vous faire du mal, car vous vous enfermerez dans un désir qui est le vôtre, mais pas celui de Dieu. Ce n’est donc pas « mal », mais cela pourrait vous faire du mal. Pour ma part, je m’efforce de demander à Dieu qu’Il me rende conforme à ce qu’Il veut et qu’Il m’aide à accueillir Sa volonté dans ma vie. Et il arrive bien des fois que Sa volonté coïncide avec ce que je souhaite ! Dieu ne veut pas forcément me contrarier…

Peut-on croire à l’affirmation d’Angelica Zambrona d’avoir vu le Pape Jean Paul II et Michael Jackson en enfer ? [Mark]

Non. J’aurais presque envie de m’en tenir là, mais il est peut-être utile de fonder davantage ma réponse. Angelica Zambrano affirme avoir eu une vision durant un temps au cours duquel elle a été déclarée morte cliniquement. Je ne prétends pas remettre en question la sincérité de cette personne, mais en parcourant rapidement son témoignage suite à votre question (je n’en avais pas entendu parlé avant), je n’ai pu que constater qu’il s’agissait d’un énième témoignage sur l’Enfer et le Paradis, mais surtout sur l’Enfer, avec force détails dont aucun n’est biblique (des histoires de cellules pour les damnés de démons qui ressemble aux personnages de Dragon Ball Z…). Le témoignage est truffé de citations bibliques, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il soit vraiment bibliquement fondé. Il ne suffit pas de donner des citations bibliques à l’appui de ce que l’on dit pour être porteur de la Parole de Dieu. D’autre part, je me souviens de la fin du dialogue entre le riche et Abraham dans la parabole du riche et de Lazare (Luc 16. 19-31) : « Abraham lui répondit: ‘Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent.’ Le riche dit: ‘Non, père Abraham, mais si quelqu’un vient de chez les morts vers eux, ils changeront d’attitude.’ Abraham lui dit alors: ‘S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu’un ressuscite.’» En ce qui me concerne, je préfère m’en tenir à ce que la Bible m’enseigne au sujet de ce qui se passera après ma mort, et m’occuper avant tout de ma repentance personnelle, avant de m’intéresser au jugement sur les autres, même Michaël Jackson, le pape ou mon arrière grand-mère. Et dans ma repentance qui me fait découvrir le trésor de grâce et de miséricorde de Dieu, témoigner alors de cet amour autour de moi.

Les dons de Dieu dans notre vie (que je lui reconnais très humblement) ne dépendent-ils (nous concernant) que de notre foi en lui ? [Guillaume]

Les dons sont des dons. Le mot « charismata » qui est souvent traduit par charismes (dons), vient de « charis », qui veut dire grâce. Si c’est par grâce, c’est par grâce seule. La foi n’est que le réceptacle de la grâce. Et donc elle n’est pas à l’initiative des dons !

Au pire elle peut un peu les freiner si elle n’y croit pas vraiment…

Le canon biblique est l’œuvre d‘une construction humaine inspirée. Serait-il concevable aujourd’hui en 2017 d‘y ajouter un livre supplémentaire ? Si ce n‘est pas le cas pourquoi ? [Simon]

Le canon des Écritures bibliques a été clôturé dans les tous premiers siècles de l’ère chrétienne, pour faire face à une prolifération de théories s’éloignant de plus en plus de l’Évangile de Jésus-Christ. Une des plus connue est la position d’un certain Marcion, qui  proposait de supprimer purement et simplement des Écritures tout ce qui était en lien avec le judaïsme… La clôture est donc la façon qu’a eue l’Église primitive de rester fidèle au Christ, en choisissant par exemple des textes qui se rattachaient le plus directement possible aux apôtres, et en assurant dans le même mouvement que le corpus retenu était suffisant pour que les croyants puissent entendre la Parole que Dieu leur adresse.  Car on ne saurait confondre la lettre des Écritures avec la Parole vivante de Dieu, qui est révélée à chaque génération par le Saint-Esprit.

On ne peut donc pas rajouter de livre supplémentaire à la Bible, d’une part parce que des écrits contemporains ne sauraient être « apostoliques » au sens historique, mais aussi parce que tout simplement cela n’est pas nécessaire : la Bible contient déjà largement ce qui permet de nourrir la foi du croyant, et la course au « rajout » par chaque génération ne pourrait que brouiller le message.

Notre Bible contient 66 livres : 39 pour l’ancien et 27 pour le nouveau testament ce sont des livres canoniques : qui a établi le « canon » et quels sont les critères retenus pour « canoniser » un texte [M]

A la question du « qui » il n’est pas possible de répondre de façon claire et précise : le processus par lequel l’Église primitive a établi une liste de livres et décidé de la clôturer (= on n’en rajoute pas) s’est déroulé sur plusieurs siècles. On dit en général que ce sont les pères de l’Église, c’est à dire les premiers théologiens chrétiens dont beaucoup sont anonymes. En gros, la liste des livres de la Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui a été fixée autour des III° et IV° siècles de notre ère.

Pour ce qui est des critères utilisés pour retenir ou non un livre, il me semble que l’on peut en retenir au moins deux :

  • Le fait que l’écrit soit consensuel dans l’Église primitive, et que la plupart des communautés leur reconnaisse une valeur théologique et spirituelle, même si nous savons que plusieurs n’ont pas fait l’unanimité (comme le livre de l’Apocalypse ou l’épître aux hébreux par exemple).
  • Le fait que ces écrits soient apostoliques, c’est à dire rattachés directement à un apôtre du Christ, et donc puisant au plus près possible de la source.

Mais il s’agit là de critères « objectifs » et raisonnablement admis… Par lesquels je crois pour ma part que c’est le Saint-Esprit lui-même qui a opéré le tri !

Est-il bien de dire que les protestants sont des catholiques non-romains ? [Françoise]

Et bien non, car cela prête à confusion doublement.

Tout d’abord, ce terme désigne déjà des chrétiens, qui ne sont pas des protestants, mais les vieux-catholiques. Il s’agit de chrétiens d’accord en tous points avec les catholiques romains, mais qui n’acceptent pas le dogme de l’infaillibilité pontificale (qui date du XIX°s). Ils s’appellent aussi parfois les catholiques-chrétiens.

Ensuite parce que le terme catholique qui signifie universelle, est un adjectif qui qualifie l’Église. Or en protestantisme, ce n’est jamais l’Église qui est première mais la foi du chrétien. L’Église est une donnée seconde (mais pas secondaire pour autant) et il serait donc étonnant de se donner comme nom un qualificatif qui ne désigne pas le cœur de ce que l’on est.