Peut-on « faire du business » dans l’Eglise ? (monnayer ses dons et talents pour en tirer un profit personnel) [Nico]

Non. L’épisode dit de la purification du temple nous donne à voir ce que pense Jésus de pratiques visant à profiter d’une situation offerte par les lois du temple pour en tirer un avantage financier. Cela est d’autant plus clair que ce passage se trouve dans les quatre évangiles (Matthieu 21 ; Marc 11 ; Luc 19 ; Jean 2). En réalité, à travers toute la bible la course au profit est dénoncée, en particulier quand elle touche à l’exploitation de l’humain (Actes 16), où quand elle éloigne les cœurs de Dieu (Ps 48 ; Mt 6,24) 

Maintenant, certaines personnes sont amenées à mettre leurs dons au service de L’Église contre une rémunération, à commencer par les pasteurs. Qu’une Église embauche une personne qu’elle a sollicitée pour assurer le bon déroulement de tel ou telle activité qui demande du temps et de l’investissement, ça a du sens. Ce procédé est alors publiquement reconnu et béni par les autorités de l’Église. Dans ce cas, l’argent reste un moyen par lequel des activités sont réalisables. Et non une fin, que des activités permettraient d’atteindre. 

La bonne nouvelle, c’est que Christ donne fidèlement les moyens de réaliser ses projets.

Est-il vrai que les méthodistes n’acceptent pas les personnes LGBT ? [Isabelle]

C’est faux. Le 26 février 2019, les instances synodales de l’Eglise méthodiste unie des USA, deuxième dénomination protestante en nombre, ont pris une position équivalente à celle qu’en 2004 les Eglises réformées et luthériennes de France avaient prises. C’est-à-dire :
– refuser la bénédiction des coupes homosexuels à l’église,
– refuser qu’une personne dont l’identité homosexuelle est revendiquée et exposée accède au ministère pastoral.

Notez qu’en 2015 l’EPUdF est revenue sur cette décision, pour permettre la bénédiction de couples homosexuels, si le pasteur et le conseil presbytéral de la paroisse où se fait la bénédiction sont d’accord (ce qui signifie a contrario que si le pasteur et/ou le conseil presbytéral refusent, cela ne peut pas se faire). Le synode national de l’EPUdF n’a pas annulé la décision de 2004 quant à l’impossibilité d’exercer le ministère pastoral tout en revendiquant haut et fort une identité homosexuelle pour le futur pasteur ou la future pasteure.

Enfin, plusieurs communautés ou synodes régionaux méthodistes ont décidé de s’opposer à cette récente décision.

Quoi qu’il en soit, toute personne homosexuelle est bienvenue dans toutes les communautés ecclésiales dont nous avons fait mention dans cet article.

Tous les chrétiens devraient-ils aller à l’église ? Pensez-vous qu’il est préférable que les personnes qui préfèrent la solitude lisent la Bible/prient seules (Mat 6.6) et dans la nature (Luc 5.16) ? [Raphaël]

Avant d’être un bâtiment ou une assemblée de croyants, l’Eglise est la réalité qui rassemble tous les chrétiens du monde entier, c’est Jésus-Christ qui l’a fondée par le Saint-Esprit (Voir le livre des Actes des apôtres). Chaque personne qui reconnaît Jésus-Christ comme Seigneur est donc membre de l’Eglise, il fait alors partie d’une immense famille de frères et de sœurs dans la foi !

Si je refuse de créer des liens avec mes frères et sœurs en Christ qui vivent près de chez moi, peut-on vraiment dire que je fais partie de cette famille ? Et donc que j’appartiens à Jésus-Christ ?

Jésus appelle ceux qui le suivent à aller vers les autres, à les aimer et à prendre part à la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle au monde entier. Rejoindre une communauté de croyants permet de se soutenir entre frères et sœurs, de grandir dans la foi grâce à l’enseignement de la Parole de Dieu et de prendre part à la mission d’évangélisation et d’aide aux plus démunis.

Dans le passage que vous citez (Matthieu 6.6), Jésus souligne en effet l’importance de prier seul, en cœur à cœur avec Dieu. C’est un aspect très important de la vie chrétienne ! Jésus met pourtant l’Eglise au coeur de son enseignement sur la prière car deux versets plus loin, Jésus enseigne une prière entièrement à la deuxième personne du pluriel : le Notre-Père. Lorsqu’un chrétien prie, même seul dans sa chambre, il s’associe à ses frères et sœurs dans la foi.

Qu’est-ce que le Royaume de Dieu, un état spirituel ? L’Evangile ? L’Eglise ? Le paradis/vie après le mort ? [Agathe]

Votre question Agathe aborde un sujet très important. L’expression traduite dans le Nouveau Testament par « Royaume de Dieu » pourrait être également traduite par « Règne de Dieu ». Cette autre traduction possible de la même expression est moins abstraite que « Royaume ». Le règne de Dieu, c’est quand l’autorité de Dieu s’exerce sur notre vie, quand sa Parole nous guide et nous conduit à la place d’autres souverainetés mauvaises et destructrices. Le plus important dans un royaume ou un règne, c’est le roi. Les Evangiles que tu mentionnes nous montre par la vie de Jésus, quel genre de roi est Dieu. Ni un tyran, Ni un roi qui fait payer des impôts comme les rois humains, mais au contraire un roi qui libère qui donne et se donne. Le royaume de Dieu ou son règne, c’est le règne du pardon, de l’amour, de la justice et de la paix. Sur la croix, Jésus porte une couronne d’épines et l’écriteau annonce le motif de sa condamnation : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». En Hébreu le mot « roi » et le mot « berger » sont un seul et même mot. Le règne de Dieu, c’est chaque fois que nous nous laissons, comme des brebis, conduire, nourrir, défendre par notre berger. Je vous suggère de lire attentivement le Psaume 23 puis la parabole de Jean 10. Le Royaume de Dieu, pour reprendre Agathe vos expressions, est donc une réalité spirituelle et très concrète en même temps. L’église n’est pas le Royaume de Dieu, mais elle existe pour l’annoncer et en témoigner. C’est pendant notre vie sur terre que le règne de Dieu doit être recherché, car c’est sur cette terre que ce règne est contesté et caché par toutes sortes de mensonges et de convoitises qui veulent nous gouverner. Au delà de cette vie, ce Royaume sera incontesté. Je vous rappelle que Jésus nous a demandé de prier : « que ton règne vienne sur la terre comme au ciel »

Que signifie éviter d’étudier la généalogie (Tit 3:9) ? La Bible regorge de généalogies alors qu’est-ce que cela signifie dans son contexte ? Devrions-nous éviter d’étudier la philosophie (Col 2:8) ? [Louis]

Dans le passage que vous citez, Paul exhorte Tite, celui-ci qui chargé d’organiser l’église de Crète, d’établir des anciens et de lutter contre ceux qui enseignent de fausses doctrines.

Tite est invité à encourager l’Eglise et à éviter les disputes inutiles.

Le terme généalogie est cité entre d’autres termes négatifs : discussions folles, généalogies, querelles, disputes. Il semble donc qu’il s’agisse plutôt de disputes autour des généalogies.

La philosophie, d’un terme grec ancien signifie « amour de la sagesse ». Elle est une démarche de réflexion critique et de questionnement sur le monde, la connaissance et l’existence humaine.( Wikipédia)
La philosophie nous permet de structurer nos réflexions, mais elle ne peut pas prétendre apporter « la réponse » pour nos vies. Elle est un outil à utiliser à bon escient. La Vérité c’est Jésus !

Pourquoi Dieu ne parlerait-il que dans la Bible ? Il a bien parlé aux personnes de la Bible en direct ? Pourquoi aurait-il changé ? [Esteban]

Dieu a parlé à l’humanité depuis le commencement du monde. Et il continue à parler. Ce qui va créer une ligne de séparation à l’intérieur du monde chrétien, c’est ce qu’on appelle le cessationnisme. Vous reconnaîtrez le verbe cesser dans ce terme en -isme… Cela signifie donc que pour une partie des chrétiens, dès lors que le canon des Écritures sa été clos, c’est-à-dire dès que la liste des textes de la Bible a été fixée telle que nous la recevons aujourd’hui, Dieu a cesser de se manifester de façon surnaturelle, et notamment dans les paroles dites prophétiques, ou de sagesse, ou de connaissance, décrites dans le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens.

Les cessationnistes pensent donc que le le Saint-Esprit se fait uniquement interprète des Écritures depuis que nous avons la Bible. Dieu nous parle, pour eux, à travers le textes biblique, que le Saint-Esprit transforme en une parole vivante pour venir témoigner des œuvres de Dieu jusque dans notre cœur.

Pour les autres, Christ étant le même hier, aujourd’hui, toujours (Hébreux 13,8), son Esprit peut tout à fait parler même hors des Écritures, afin que les croyants entendent la voix du Père céleste. Il est vrai que ces paroles ne doivent pas être contradictoires avec celles des Écritures, et que pour le monde protestant et évangélique en général, il n’y a aucun point de doctrine nouvelle qui puisse être ajouté à ce qui a déjà été mis en dépôt dans la Bible.

Je suis chrétien catholique, mais je fréquente une demoiselle Témoin de Jéhovah, tout en sachant que les Témoins de Jéhovah ne se marient qu’entre les personnes de même religion qu’eux, que dois-je faire ? [Emmanuel]

Ce que vous devez faire, c’est vous préparer à ce que les choses ne soient pas simples.

Mais l’amour est puissant, surtout quand le sentiment amoureux est porté par l’Amour plus grand encore qui est celui de Dieu le Père pour ce monde, manifesté en Jésus-Christ (relire Jean 3:16 et 1 Corinthiens 13).

Alors si le Seigneur vous donne le top départ, aimez celle qui deviendra votre épouse, en sachant que ça ne sera pas facile, que vous aurez beaucoup de choses à lâcher, à perdre, mais que c’est la condition du serviteur après Christ. Cela n’ira pas de soi vis-à-vis des familles, vis-à-vis des amis.
Mais ça, vous le savez.

L’Amour ne périt jamais

Les protestants ont-ils une liberté de conscience leur permettant d’être en désaccord avec un pasteur ? [Daniel]

Voici ce que Dieu nous dit par la bouche de Jérémie « Les pasteurs sont abrutis, ils ne cherchent pas le Seigneur, c’est pourquoi, ils sont sans compétence et le troupeau est à l’abandon » (Jérémie 10/21).

Jérémie désigne ici les chefs du peuple d’Israël et non ceux que nous appelons pasteur dans les églises, aujourd’hui, certes. Mais il dit quelque chose de fort : bien conduire les autres, c’est les conduire selon le Seigneur, en le cherchant Lui et sa Parole.

Ainsi, les pasteurs, comme les autres peuvent déraper. Ils dérapent quand ils s’éloignent de la Parole de Dieu. C’est ainsi que  ceux qui ne sont pas pasteurs sont invités à les reprendre. C’est cet attachement à la Parole qui a permis à Martin Luther de refuser de se soumettre au pape en acceptant une théologie qui n’avait pas ses racines dans la Bible. Il a alors prononcé cette parole célèbre qui illustre ce qui est souvent appelé la « liberté de conscience protestante » :  Ainsi a-t-il déclaré : « Ma conscience est captive de la Parole de Dieu ».

Considérons cependant avec reconnaissance le travail de ceux qui ont été formés et appelés au ministère de pasteur. Prenons garde de ne pas les reprendre par pure rébellion, sur nos propres idées et principes mais bien sur la base de la Parole, dans la recherche du Seigneur, l’écoute de l’Esprit et la suivance de Jésus, le seul Bon Berger (Psaume 23, Jean 10). Ainsi, la Bible, quand elle met à jour l’infidélité des conducteurs du peuple, met aussi à jour l’infidélité du peuple  qui est tout aussi soumis au péché et à l’erreur que ses pasteurs. Ainsi, Ézéchiel 34/1-15 parle de l’infidélité des bergers et Ézéchiel 34/17-30 de celle des brebis, en concluant par « Vous êtes mon troupeau, le troupeau de mon pâturage, vous les hommes, moi, je suis votre Dieu ».

Bref, pasteur ou non, conscients de nos limites, nous devons nous aider les uns les autres à chercher notre Bon Berger et sa volonté.

Dieu réprouve/rejette fermement une Eglise tiède (Apoc 3:16). La Bible aborde-t-elle jamais le problème inverse : le fanatisme/extrémisme religieux ? [Caen]

Ce qui est intéressant, c’est que le refus de la tiédeur nous incite dans le verset d’Apocalypse 3:16 à être soit froids soit bouillants, autrement dit radicaux, à défaut d’être extrémistes ou fanatiques.

Je me baserai sur un verset biblique pour la suite : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. » (Deutéronome 4:2). Il y a un reproche fait aux extrémistes dans la Bible que je regrouperais en deux catégories :
– ceux qui retranchent. C’est le fanatisme libéral souvent. Finalement quand un texte ne m’arrange pas, j’utilise la pirouette de dire que c’était contextuel, que ça ne vaut plus rien aujourd’hui, et que les radicaux sont des quelquechosephobes. Et la Bible se retrouve soumise à mes desiderata, car c’est moi qui suis la norme pour la Bible et pas la Bible qui est la norme pour moi.
– ceux qui ajoutent. C’est le fanatisme intégriste ou religieux. On pousse la logique des lois à l’extrême pour aller dans le légalisme. On met toujours la barre plus haute, la « vérité » avant ou au-dessus de la relation. On cherche à cautionner un système étroit qui nous rassure mais qui la plupart du temps exclue les autres.

Jésus était inclusif dans sa pastorale (avec les adultères, les riches, les lépreux), mais totalement radical dans sa théologie.

Si nous ne sommes plus grecs ou Juifs (Gal 3:28) et si les peuples sont réunis (Act 2:8-11)- pourquoi les protestants ont-ils des Eglises nationales séparées ? Pourquoi pas une EPU Internationale ? [Oliver]

Les chrétiens du monde entier, et pas seulement les protestants, sont répartis en une multitude de dénominations qui, souvent, se sont donné des limites territoriales correspondant à celle de leur pays, effectivement.

Pour des raisons pratiques tout d’abord. Vous imaginez un synode avec des protestants chinois, nigérians, camerounais, français, allemands, malgaches, ukrainiens, coréens, etc… ? les trois-quarts du budget d’une telle Eglise passeraient en frais d’interprètes… et de transport !). Mais pour éviter de s’ignorer et de négliger la dimension universelle du peuple de Dieu, des organismes ont été créés comme le Conseil Oecuménique des Eglises (regroupant Eglises issues de la Réforme, et Eglises orientales, notamment), l’Alliance Evangélique Universelle, l’Alliance Réformée mondiale, la Fédération Luthérienne Mondiale, etc… A noter aussi que de nombreux pasteurs d’origine étrangère (africains, malgaches, allemands, suisses, hollandais) viennent souvent exercer leur ministère dans nos Eglises en France, notamment dans l’Eglise protestante unie. Et c’est très enrichissant. N’oublions pas, enfin, que ce qui nous unit avant tout n’est pas une organisation humaine commune, mais la même foi en Jésus-Christ mort et ressuscité.