Est-ce vrai que tous les théologiens pensent que Noël est mythique ? [Frédéric]

Non.

Mais plusieurs pensent, et pas sans raison, que le récit composé dans les Evangiles peut, à défaut d’être mythique, avoir des éléments d’un discours mythologique. C’est-à-dire que le récit, quand bien même il serait basé sur des faits réels, est « enveloppé » par le rédacteur spécialement pour l’occasion. C’est un grand classique de l’Histoire. Voyez comment on raconte même des événements récents en brodant sérieusement pour faire l’apologie de telle ou telle idée… Et puis, il est vrai que Noël n’est raconté que dans 50% des Evangiles avec le récit de la Nativité. Jean choisit un récit plus philosophique et spirituel sur la Parole créatrice. Quant à Marc, il ne parle que du baptême de Jésus (à trente ans !) comme récit de démarrage. Matthieu nous parle des rois (riches) et Luc des bergers (pauvres) et des anges.

Tout ça pour dire que Jésus est certainement né dans une étable à Bethléem, mais que pour le reste, il ne faut pas s’attendre à ce que ce qui est raconté soit parfaitement exact scientifiquement.
Qu’importe en fait !

Que dit le protestantisme par rapport à la prostituée de Babylone ? Est-ce l’Eglise catholique ? [Philippe]

La Grande Prostituée est cette femme évoquée dans le livre de l’Apocalypse qui domine une bête à 7 têtes (représentant à la fois 7 montagnes sur lesquelles elle est assise et 7 rois). Jean, qui reçoit cette révélation biblique de Jésus, s’adresse aux chrétiens pour leur montrer ce qui doit arriver bientôt. Cela lui permet de les encourager ou de les mettre en garde contre eux mêmes et contre le reste de la création.

Cette Grande Prostituée qui porte le nom de Babylone, est la mère de toutes les abominations de la Terre, boit le sang des martyrs chrétiens, brille par ses vêtements (pourpre et écarlate) et ses bijoux (en or, pierres précieuses et perles), exerce une domination sur des peuples et nations. Cette Grande Prostituée sera vaincue par dix rois et la Bête.

Nous voyons ici qu’il s’agit d’images et que les interprétations peuvent être nombreuses et contradictoires. Le protestantisme ne porte donc pas une seule compréhension de ce qu’est cette Grande Prostituée.

Il est vrai que certains protestants (après avoir entendu -plus que lu- que le Réformateur Martin Luther avait publié un ouvrage intitulé « Prélude sur la captivité babylonienne de l’Eglise ») ont pu considéré qu’il s’agisse de l’Eglise catholique romaine. Cependant, cette interprétation est extrêmement minoritaire comme en témoigne les nombreux dialogues et rencontres fraternels entre catholiques et protestants et évangéliques.
D’autres protestants, beaucoup plus nombreux, plaçant ce livre de l’Apocalypse dans son contexte d’écriture, estime que cette Grande Prostituée est l’Empire Romain.
Pour ma part, je demande au Seigneur de m’éclairer sur ce qui en moi, dans mes pensées, mes paroles et mes gestes sont des compromissions avec la Grande Prostituée, au détriment de sa volonté à Lui, Mon Créateur.

Pourriez-vous m’expliquer davantage la notion de l’unicité de Dieu ? [Christ-Joa]

C’est vraiment un immense sujet ! D’autres pasteurs vous donneront sans doute des réponses complémentaires et aidantes pour vous, mais voilà ce que je peux vous partager en quelques mots : L’unicité de Dieu n’est pas un monolithisme. Quand la Bible dit que Dieu est un (Deutéronome 6. 4) elle emploie le même mot que pour désigner l’unité de chair entre l’homme et la femme au sein du couple (Genèse 2. 24). Le couple humain n’est pas une entité dans laquelle la personnalité de l’homme et de la femme disparaissent ! C’est pareil, manifestement, pour Dieu. Le récit de l’apparition de Dieu à Abraham aux chênes de Mamré (Genèse 18) nous montre aussi que tout en étant un seul, il peut être… trois ! Je vous invite à relire ce texte. L’unicité de Dieu a un caractère éminemment relationnel, car Dieu est relation (je pense que c’est une des choses que Jean dit quand il dit que Dieu est amour). Jésus n’a pas remis cette unité en question quand il a dit « Moi et le Père nous sommes un ».

Dieu qui est Dieu- n’est pas humain- alors comment pourrait-il avoir un Fils ? Et nous qui appelons Dieu notre Père- comment sommes-nous devenus enfants (fils et filles) de Dieu ? [Peps]

Voilà une question proprement théo-logique. La première règle quand on parle de Dieu, c’est de se rappeler que paradoxalement, Dieu est connu comme inconnaissable, compris comme incompréhensible. Parce que nos raisonnements et nos mots humains ne sauraient « l’enclôre », comme disait Jean Calvin, le définir, le délimiter donc symboliquement. Nous n’avons pour parler de lui que l’analogie, la comparaison avec ce que nous pouvons connaître en tant qu’humains, et ce que Dieu surtout veut bien nous révéler de lui. La Bible nous dit que Jésus est homme, mais qu’il est aussi Dieu, le verbe éternel (voir le prologue de l’év. selon Jean, entre autres et nombreux textes). Donc pas une simple créature. D’où – l’image -car c’en est une de la relation Père-Fils, puisqu’un père ne « crée » pas son fils, il l’engendre. Nous recevons à notre tour, par notre union à Jésus-Christ, ce statut filial, mais nous ne sommes pas divins bien sûr ! Dieu nous « adopte » comme ses enfants, pour reprendre là aussi une image biblique.

Faut-il être baptisé pour prendre la Sainte-Cène ? Si oui, de quel baptême (immersion/aspersion) précisément ? [Frank]

La logique veut que le baptême soit l’obéissance au commandement de Christ (que les Eglises protestantes classiques appellent sacrement) pour signifier qu’on rentre dans l’Eglise pour faire partie du corps du Christ. Et la Sainte-Cène sera le sacrement de l’appartenance.
Il est donc logique que le baptême précède la participation à la Cène de mon point de vue.
Pour autant la discipline de l’Eglise protestante unie de France depuis un synode récent ne pose pas l’obligation d’être baptisé pour prendre la Cène, ce qui me semble assez illogique pour être sincère.

Quel baptême ? Immersion ou aspersion ?
Franchement pour moi la question n’est pas dans la quantité d’eau. Ni dans des querelles sans fin sur l’âge du baptisé. Même ceux qui s’accordent à la faveur d’un baptême d’une personne consciente n’arrivent pas à dire quand un enfant/adolescent est conscient de ce qu’il fait en demandant le baptême. Toutes ces histoires sont donc des affaires de dénominations, des préoccupations humaines et charnelles.
Pour autant :
– je préfère le baptême par immersion au baptême par aspersion parce que le grec baptizein veut dire « être plongé entièrement » ; mais j’ai été baptisé par aspersion,
– je préfère avec les chrétiens du premier siècle un baptême en rivière qu’un baptême dans une piscine ou un baptistère, car le premier évoque une eau vive, et le second une eau morte ; mais j’ai été baptisé dans un baptistère,
– je préfère un baptême d’adulte à un baptême d’enfant parce que je ne vois pas comment on peut se repentir en étant bébé, or la repentance me semble être un élément fort du baptême, avec la confession de la foi et l’accueil premier et supérieur de la grâce ; mais j’ai été baptisé bébé.
– je préfère un baptême d’adule aussi parce que nous ne sommes plus en régime de chrétienté où l’appartenance à l’Eglise serait linéaire. Comme aux temps bibliques, elle redevient un choix personnel et c’est tant mieux !
– je préfère un baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit parce que Jésus le demande en Matthieu 28, mais je ne suis pas choqué qu’on soit baptisé au nom du Seigneur Jésus comme en Actes 2,8 et d’autres références…
Et on pourrait continuer sur toutes les facettes que seul un esprit de division essaye de nous faire prendre comme essentielles alors qu’elles ne le sont pas.

Le baptême est simplement le signe visible de la Grâce invisible, et il est là pour dire que nous sommes sauvés, mis à part pour Christ, marqués du sceau de l’Agneau.

Comment comprendre l’enlèvement de l’Eglise évoqué dans 1 Thessaloniciens 4-17 ? [Henri]

L’idée d’un « enlèvement » de l’Eglise, des croyants, est effectivement surtout évoquée en 1Thessaloniciens 4,13-18 (voir aussi Matthieu 24,40-41, même si ce n’est pas le même mot grec qui est utilisé pour décrire cette sorte d’ « enlèvement »).

Dans ce passage, Paul souhaite encourager (1Thessaloniciens 4, 13 et 18) les croyants quant à la destinée de ceux qui sont morts dans la foi, leur attestant qu’ils ne seront pas lésés par rapport à ceux encore vivants lors de l’avènement du Christ (1Thessaloniciens 4,15).

Il s’agit très clairement d’un événement prévu lors du retour du Christ (comparer avec Matthieu 24,30-31), au moment de la résurrection des morts pour le jugement. Paul affirme que les croyants vivants lors de la résurrection seront « enlevés », « pris » avec les morts tout juste ressuscités pour rencontrer le Seigneur (1Thessaloniciens 4,17).

On peut comparer ce passage avec 1Corinthiens 15,51-52. Ce que Paul souligne, ce n’est pas tant la description d’une réalité physique, que l’idée fondamentale d’une union et d’une transformation du croyant pour être avec Christ loin des difficultés du temps présent. Ce pour quoi le croyant lutte (1Thessaloniciens 4,1-12) dans ce temps et ce corps encore marqués par le péché et la mort sera alors pleinement accompli (voir Philippiens 3,12 ; 1Corinthiens 9, 24-25).

«Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants» (Matthieu 27-25). Comment interpréter cette sentence ? Cette condamnation criée par la foule juive est-elle malédiction définitive ? [Ernest]

Cette formule (littéralement dans le texte grec : « son sang, sur nous et sur nos enfants ») se retrouve par ailleurs dans l’Ancien Testament, elle signifie : « nous assumons la responsabilité de cette condamnation à mort », pour nous et nos descendants. Il n’est pas exclu, comme c’est parfois le cas dans les récits de la passion de Jésus, que l’Evangéliste prête un double-sens à cette déclaration (comparer avec Jean 11,50-51; 18,37; 19,21-22) : elle pourrait être aussi une prophétie involontaire, attestant que le sang versé par Jésus, comme celui de l’animal sacrifié lors de la fête du Yom Kippour, est offert en rémission des péchés du peuple.

Quoi qu’il en soit, cette sentence marque le refus par le peuple et ses chefs religieux de reconnaître que Jésus est le Messie, et leur volonté de voir mis à mort celui qu’ils considèrent comme un blasphémateur. Elle ne peut servir à justifier l’antisémitisme et la persécution des juifs, comme ce fut, hélas, si souvent le cas au cours des siècles.

La Bible nous dit que Jésus-Christ n’a jamais commis de péché ; le fait de jeter les marchandises exposées dans le temple n’est il pas un péché ? [Tchilang]

La réponse à votre question tient dans la définition même du mot péché : dans la Bible celui-ci désigne d’abord et surtout la propension de l’humain à vivre séparé de Dieu, à refuser de se tourner vers Lui. C’est ce que l’on appelle LE péché. En ce sens, Jésus-Christ est effectivement sans péché puisque étant lui-même Dieu incarné, c’est à dire à la fois pleinement Dieu et pleinement humain.

Mais il se trouve que LE péché produit en nous des comportements qui sont contraires aux projets de Dieu pour nous, c’est ce que l’Église (en particulier catholique) a appelé LES péchés. Sans doute que pour les prêtres et les juifs de Jérusalem au temps de Jésus le fait de renverser les tables dans l’enceinte du temple était sacrilège, mais Jésus montre justement dans ce récit (Jean 2) que le vrai péché est bien plus de transformer la maison de Dieu en lieu de commerce !

Un pasteur d’une église de réveil, m’a dit que lorsqu’on écrit des hiéroglyphes quand on est en transe- c’est pas de Dieu. Pour lui- il n’y a que le parler en langue qui existe. Ça peut se traduire. [Jean-Paul]

La question que vous posez est celle de la gestion du « surnaturel ». Dans les communautés dites charismatiques, on gère ces questions sur une base biblique. Et en particulier en s’appuyant sur 1 Corinthiens 12-14.

Les phénomènes de transe n’ont pas leur place dans l’Eglise de Jésus-Christ. Au pire ce sont des manifestations démoniaques et ces esprits doivent être chassés. Donc, comme le dira Paul dans le passage que je viens d’évoquer, tout doit se faire dans l’ordre, ou, pour l’utilité commune. Ecrire en hiéroglyphe est plus de l’ordre d’un surnaturel occulte que d’un surnaturel divin. On est bien d’accord.

Attention aussi car si nous sommes d’une culture afro-caribéenne par exemple, il ne faut jamais oublié que la « mémoire » de l’animisme n’est pas si lointaine dans la culture et la société. Alors il peut y avoir des phénomènes qui s’opèrent et qui effectivement, ne viennent pas de Dieu, mais plutôt de résidus de la sorcellerie et autres pratiques occultes. La sobriété s’impose donc dans ces contextes. Pour que ce soit clair : qui est le Seigneur dans ces lieux, Christ ou les puissances mauvaises ?

Que penser de la pratique spirituelle de la coupure des liens générationnels en vogue dans certains milieux charismatiques ? [Jack]

L’idée qui se trouve derrière cette pratique c’est de mettre en œuvre, d’activer une réalité spirituelle décrite par Ezéchiel et Jérémie : quand les temps messianiques seront accomplis, il n’y aura plus la fatalité de subir les conséquences de ce qu’on fait les générations précédentes. Dans leur langage : on ne dira plus que les parents ont mangé des raisins verts et que ce sont les enfants qui ont eu mal aux dents (Jérémie 31,29 et Ezéchiel 18,2).

Dans le même sens, Jésus lui-même a pris le temps de couper avec Joseph dans l’expérience au Temple à douze ans (Luc 2,49) et avec Marie pareillement à trente ans (Jean 2,4).
Il s’agit que la malédiction évoquée dans les dix commandements (Exode 20 et Deutéronome 5), puisse être levée par le Seigneur : on ne sera plus maudit jusqu’à la troisième et quatrième génération de ceux qui haïssent Dieu.

Pour autant, quand cela devient une théologie à part entière à l’intérieur de la théologie biblique, il faut se questionner. Ce n’est pas parce qu’on prononce des phrases tous azimuts qu’on est libre des problématiques ancestrales. C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la mobilisation des ces réalités devient pertinente.