La médecine (notamment la psychiatrie) obtient des résultats notables avec l’hypnose thérapeutique. Des réserves sur cette pratique très encadrée, sans rapport avec l’hypnose de spectacle ou de manipulation ? [Mia]

Pour avoir étudié le sujet avec un psychiatre et un neuro-biologiste que je connais, le sujet est moins binaire que ce que vous sous-entendez. D’une part l’hypnose thérapeutique n’est pas si encadrée que cela pour l’instant, bien que tout évolue assez vite en ce moment. Les pratiques sont très différentes entre la France et la Suisse par exemple.

L’hypnose est un phénomène que Dieu a installé dans l’humain. Ainsi nous avons une capacité à l’auto-hypnose, quand nous nous « déconnectons » dans une réunion ennuyeuse par exemple. La mobilisation de notre prénom ou une insistance des autres personnes nous fait sortir de cet état. Comme toute chose créée par Dieu, c’est l’usage qu’on en fait qui peut déraper vers du mauvais.

Dans toutes les sortes d’hypnoses la question est multiple :
– quelle est l’intention profonde et la motivation du thérapeute et du soigné ? S’il y a des jeux de transferts et d’influence, cela fausse le rapport. Si c’est juste mobiliser le cerveau dans ce qui ressemble à un état de conscience modifié, pourquoi pas, si c’est bien cadré.
– le thérapeute est-il sain au niveau psychique et spirituel ? Le cas échéant, si cette personne a été praticienne de l’occultisme ou d’autres phénomènes paranormaux, elle peut devenir contaminante au niveau spirituel, comme dans toute interaction où l’on « donne des droits » à quelqu’un sur sa psychè, son système neurologique, son âme, son esprit.

Maintenant, nous pourrions nous questionner sur l’effet étrange de l’ouverture à d’autres façons de soigner : beaucoup de pratiques sont indistinctement amenées, sans discernement. En tant que chrétiens, nous devons réfléchir à qui et à quoi nous nous soumettons.

Qui est sauvé ? [Monique]

Il y a plusieurs interprétations du salut dans le christianisme, que je résumerai comme suit :

universel : tous sont sauvés parce que Dieu l’a voulu,
très large : Dieu veut sauver tout le monde, mais certains refusent, et il ne cherche pas à les sauver contre leur gré,
large : Dieu sauve selon certaines modalités, ceux qui croient en Christ étant sauvé par grâce (leur foi est le signe qu’ils ont accueilli le salut, justement), et ceux qui n’y croient pas sont sauvés selon le critère de l’obéissance à la loi, les autres ne sont pas sauvés,
restrictif : seul un petit nombre serait sauvé, soit parce que Dieu l’aurait décidé ainsi, soit parce que les humains ne voudraient pas vivre jusqu’au bout le plan de salut.

C’est à dessein que je donne ces quatre alternatives, simplifiées ; car l’ensemble de ces positions peut être étayé par des textes bibliques et de façon assez cohérente, si on veut bien être honnête intellectuellement. Il y a à l’intérieur même de la Bible plusieurs conceptions, mais une même certitude : Jésus-Christ est venu pour ouvrir le salut aux humains, et tous en ont besoin ! “C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.” (Ephésiens 2,8).

Personnellement, je pense que Dieu veut en sauver un maximum. Mais j’attends là-haut de voir… Ce dont je suis sûr c’est que la foi, c’est l’assurance du salut, la certitude d’être déjà sauvé par Dieu en Christ !

Finalement, la création est parfaite, ou pas ? D’où vient le bug ? [Steph]

Une création parfaite ? C’est vrai. Mais c’est encore plus compliqué que ça je crois…
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. » (Genèse 1,1-2).
L’expression informe et vide est le mot hébreu Tohu-(w)Bohu qu’on utilise en français pour dire un grand bazar. Donc la création telle que l’humain la découvre doit être qualifiée d’autre chose que « parfaite » à mon sens. Elle est plutôt mise en ordre. Dieu dit à la lumière de se distinguer de la ténèbre, et ça arrive (v. 3), et tout ce qui est confusion, brouillon, mélangé, est mis en ordre. Ce n’est pas la perfection au sens premier du terme, c’est-à-dire sans aucune ombre. C’est l’ombre d’un côté et la lumière de l’autre. Reste la part de l’ombre, le « mauvais côté de la force », mais il n’est plus question que ce soit mélangé, c’est soit l’ombre, soit la lumière. Et le Serpent, futur prince du mensonge, est du côté de l’ombre…

Du temple/tabernacle, des rituels sacrificiels, à Jesus, l’accès à Dieu semble s’être dématérialisé, simplifié, « déreligieusé ». Pourquoi ces débuts si complexes, alors que tout est si simple ? [Simon]

Oui, il semble que ça se dématérialise.
Mais disons que vous omettez la première étape. Avant la fixation du culte au Temple de Jérusalem, il y a quand même eu le sanctuaire mobile dans le désert, la Tente de la Rencontre ou Tente d’Assignation. C’était au moins une solution nomade.

Avez-vous noté que pour ce qui est des modalités du culte au Temple avec son système de prêtrise, il y ait au bout du compte peu d’insistance sur le fait que ce soit Dieu qui l’ait désiré de tout son cœur. C’est moins prégnant mais c’est un peu comme la Royauté : un pis-aller pour imiter d’autres peuples, en somme. L’humain a besoin de religieux, de religion, et il aime installer des systèmes légaux.

Jésus, c’est le Temple qui retourne au nomadisme (Jean 2,21), afin qu’à notre tour nous devenions des temples (1 Corinthiens 3,16). C’est vrai, c’est plus léger, c’est réjouissant. Mais ce sont de vraies responsabilités. En tout cas, merci à Dieu d’avoir eu l’idée d’envoyer Jésus !

Que signifient les 144 000 élus dont parle l’Apocalypse ? [FP]

En Apocalypse 7,14 et 14,1 on parle des élus, des sauvés, qui sont au nombre de 144.000.

Les Témoins de Jéhovah prennent ce chiffre à la lettre. Il semble que l’Apocalypse soit plutôt un livre codé. Qui aurait pu comprendre que « Les sanglots longs des violons de l’automne… » puisse être le code de lancement de la libération de la France à la fin de la deuxième guerre mondiale ? Sous l’oppression romaine, il fallait utiliser certains langages pour évoquer la lutte contre l’Empire.

144.000 c’est 12 fois 12 fois mille.
12 peut évoquer les tribus d’Israël ; mais aussi les disciples/apôtres
1000 veut traditionnellement dire la multitude.

Il est donc probable que ce chiffre veuille dire qu’Israël et l’Eglise, ainsi que la multitude (reste à savoir s’il s’agit du monde entier ou seulement d’un grand nombre…), seront sauvés par Christ à la fin des temps.

Les chrétiens parlent souvent d’immortalité de l’âme. Cette conception vient de Platon, reprise par la tradition catholique est-elle biblique ? Est-elle compatible avec la résurrection ? [Miriam]

Miriam, vous avez raison, il n’y a pas d’immortalité de l’âme dans la Bible. L’âme meurt. La meilleure preuve : « Les morts se lèvent-ils pour te louer, Eternel ? » (Psaume 88,10). Les morts sont morts. Mais voilà, ça résiste ! Beaucoup confondent la migration de l’esprit humain dans le séjour des morts avec une forme d’immortalité de l’âme.

Quand on meurt :
– le corps meurt et repart à la terre, « car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. » (Genèse 3,9),
– l’âme (psychè, le psychisme) s’éteint, comme la flamme de la bougie s’éteint quand la cire (du corps) est épuisée,
– l’esprit de l’humain retourne au séjour des morts, où il attend gentiment la Résurrection finale, au Dernier jour, après le Jugement. Et donc il est dans une attente que beaucoup de textes bibliques dont des paroles de Jésus appellent « sommeil ». Il n’est pas noctambule et ne se balade pas. Il n’est pas sous hypnose et ne parle pas. Il attend.

Si Christ n’était pas vraiment mort il ne serait pas ressuscité.
Il en va donc de même pour nous.

Jésus était-il chrétien ? Luther était-il protestant ? [SamT]

Jésus n’était pas chrétien, il était le Christ.
Le mot « chrétien » a été inventé après sa mort et sa résurrection. Sa préoccupation était d’être un bon Juif. Et il était venu pour « accomplir la Loi et non l’abolir » (Matthieu 5,17). Beaucoup de théologiens s’accordent pour dire que l’inventeur du christianisme fut plutôt l’apôtre Paul.

Luther n’était pas protestant. Il était chrétien.
Ce qui signifie qu’il était catholique, parce qu’à l’époque c’était la même chose. Il a été expulsé de l’Eglise romaine par une décision qu’il n’avait en aucun cas sollicitée. Il fut le créateur malgré lui du protestantisme, souffrant jusqu’au bout de cette séparation.

Mais on pourrait continuer la liste : Abraham n’était pas Juif, etc.

« La soumission des femmes », pourquoi tant de messages sans la fin du passage ??? [e-Za]

C’est clair ! Je veux dire : « Paul est au clair ! » et contrairement à ce qu’on dit souvent, à l’intérieur du système hyper patriarcal dans lequel il vit il n’est pas machiste, voire parfois, il est plutôt égalitariste. Souvenez-vous de 1 Corinthiens 7:4 : « La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. » Un propos totalement révolutionnaire pour l’époque.

La citation que vous évoquez est la suivante : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur […] Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle […] » (Ephésiens 5*). Et sous une autre forme quasi équivalente en Colossiens 3,18-19**.

Sincèrement, la barre est mise beaucoup plus haute pour les maris que pour les femmes si on réalise à quel point Christ a aimé l’Eglise : il est mort pour elle… Qui sont les maris prêts à mourir pour leurs femmes.

Alors oui, e-Za, si on entend 8 prédications sur la soumission des femmes aux maris, et 2 sur les devoirs des maris, c’est juste à cause du machisme… de Paul ? Non. Des prédicateurs.
Point barre. Que l’Eglise entière, mais en particulier ses enseignants, se repentent.

 

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* Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. Or, de même que l’Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses. Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la parole, après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. (Ephésiens 5,22-30)

** Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes, et ne vous aigrissez pas contre elles. (Colossiens 3,18-19)