L’expression « Dieu trois fois saint » est-elle biblique et a-t-elle un sens théologique ? D’où vient-elle en réalité et que signifie-t-elle ? [Geroges]

Le début du chapitre 6 d’Ésaïe le prophète dans le premier testament donne à voir une vision du prophète de la présence de Dieu dans le temple. Au verset 3 on peut lire qu’il y avait des séraphins (des anges en forme de lions ailés) : « Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! ».

C’est de ce verset que vient l’expression.

Les théologiens chrétiens, après avoir repris notamment la finale de Matthieu 28 dans ce qu’on appelle la doctrine de la Trinité, ont souvent voulu voir la sainteté du Dieu trois et un à la fois : il est Dieu, l’Unique, mais aussi il est Père, Fils et Saint-Esprit.

La présentation d’enfant n’est-elle-pas un baptême sec ? [CR]

La question de savoir s’il faut ou non baptiser les bébés (pédobaptisme) traverse l’Eglise ; l’enjeu est plutôt qu’elle ne la divise pas. Dans une Eglise comme l’Eglise protestante unie de France, il y a les deux conceptions.

Les partisans du baptême d’adulte pensent que :
– le baptême est complet quand il y a l’annonce de la grâce, mais aussi la repentance et la confession de la foi « Jésus-Christ est le Seigneur ». Comment un bébé pourrait-il se repentir et confesser sa foi. Les pédobaptistes défendent que c’est la foi des parents qui supplée, et que le baptême serai complété, ou plutôt confirmé, quand le jeune ou moins jeune adulte confessera sa propre foi,
– afin de donner part à l’accueil d’un bébé, les partisans du baptême adulte préconisent une présentation d’enfant. Ce n’est pas la présentation au Temple comme l’a vécue Jésus, une sorte de présentation à Dieu, mais bien une présentation à l’assemblée, afin d’inclure ce petit humain dans la communauté. Vous trouverez une liturgie sur ce site,
– la transmission linéaire de génération en génération est vraisemblablement une donnée du passé. Un christianisme d’adhésion revient désormais, d’où la nécessité de présenter les enfants, les catéchiser, et les appeler à choisir librement le baptême, pour ne pas avoir des hordes de baptisés non-croyants…

Alors attention aux diatribes en Eglise. Le risque est énorme de tomber dans ces deux formulations moqueuses :
– de la part des pédobaptistes : « La présentation est un baptême sec ».
– de la part des adeptes du baptême de confessant : « Le pédobaptisme est une présentation mouillée ».
Ce serait mortifère.

Quelle est la réponse de Dieu face aux maladies mentales telles que la schizophrénie et l’aliénation de soi ? Comment fait-on pour entretenir sa foi lorsqu’on en vient à perdre son identité ? [Mina]

Toute vie, quelle qu’elle soit, est aimée de Dieu. Spécialement dans le regard de Jésus.

Dans le rapport à la maladie en général et à la maladie mentale aussi, donc, l’Ecriture présente une multitudes de situations allant de l’acceptation de la maladie à la guérison définitive de la maladie. Le tourment intérieur d’un Paul qu’il qualifiait « d’écharde dans la chair » a trouvé pour seule réponse : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans ta faiblesse. » (2Corinthiens 12,9). A contrario, en Marc 5, un homme gravement atteint par la démonisation, et qui aujourd’hui serait classé dans des catégories psychiatrique de « trouble dissociatif indéterminé », est délivré en quelque minutes par Jésus, de tous ses tourments (y compris de ses comportements d’auto-destruction).

Ce qu’il faut donc chercher c’est la proposition de vie que Dieu propose. Et c’est forcément au cas par cas. Nous aimerions que tous guérissent, mais ce n’est pas le cas. Les guérisons des uns doivent-elles provoquer la colère des autres ou la reconnaissance ? Chacun fait comme il peut pour y réagir.

Du point de vue du malade, je vais vivre au jour le jour, oscillant de l’espérance à la désespérance. N’est-ce pas dans ces moments, en plus de tous les accompagnements, médicaux, familiaux, amicaux, qu’il faut chercher Le compagnon suprême : « Quand je traverserais la sombre vallée de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi. » (Psaume 23,4).

Comment choisir une Eglise et y rester, au milieu de toutes les Eglises protestantes, entre les tendances libérales et pharisiennes qui existent parfois au sein d’une même assemblée ? [Phanie]

Comment choisir une Eglise et y rester, au milieu de toutes les Eglises protestantes, entre les tendances libérales et pharisiennes qui existent parfois au sein d’une même assemblée ? [Phanie]

Les dénominations et différentes assemblées sont l’arc-en-ciel avec ses couleurs, qui une fois rassemblées et synthétisées, forment la lumière. Chaque couleur touche l’autre. Il y a une diversité d’Eglises pour que vous puissiez trouver un lieu où vous soyez le plus à l’aise possible. Dans certains coins de France, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de choix.

A l’intérieur de chaque Eglise, il y a toute une diversité aussi. Parce que chacun est unique, comme tout le monde. Pas évident. Mais l’Eglise est la famille que nous recevons d’en-haut. Nous avons reçu une famille par le sang et n’avons pas choisi nos parents et nos frères et sœurs. La plupart du temps on fait tout pour les supporter. L’Eglise c’est pareil ; la part du choix est minime car on va toujours trouver une communauté qui ne nous convient pas parfaitement. Mais cette imperfection et ces tendances a cela d’utile qu’elles nous permettent de nous laisser façonner et d’apprendre à aimer ceux qu’on n’aime pas naturellement. Jésus disait : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ? » (Matthieu 5,46). Nous recevons les membres de l’Eglise comme des frères et des sœurs qui sont tout aussi dignes et tout aussi indignes que nous d’avoir Dieu comme Père… Ça rend humble.

Après ça restent des critères aussi :
– est-ce que ce qui est porté par la communauté, dans la vie et le message, est bien conforme à l’Ecriture biblique et à la trajectoire de ce que Dieu a proposé ?
– est-ce que Dieu m’appelle vraiment à être dans cette assemblée au-delà de mon confort ?

En quoi nos talents respectifs doivent ils être exploités au nom de Dieu? Est-ce qu’ainsi je me fais plaisir ou est ce que je réponds à une mission divine ? [Béatrice]

Disons qu’il y a plusieurs catégories dans l’Ecriture pour dire ce que Dieu dépose en nous :

• Les talents, ce sont des aptitudes que Dieu a mises en nous et qu’il nous faut exploiter. La parabole dite des talents fustige celui qui a enterré et n’a pas valorisé ses biens (Matthieu 25,14-30).

• Les dons, ou charismes, sont des aptitudes temporaires, données par l’Esprit Saint pour l’utilité commune (1Corinthiens 12,7), parfois des aptitudes surnaturelles, qui permettent de faire des choses extraordinaires pour les autres et valorisent la seule gloire de Dieu : nous n’en étions pas capables par nous-mêmes.

• Les ministères sont des formes de reconnaissance et de valorisation par l’Eglise, d’aptitudes pour le service commun. L’appel doit être reçu par la personne, et par les autorités de l’Eglise. Ainsi, Dieu organise la valorisation des ressources de son Eglise (Ephésiens 4,11).

Après, tous sont appelés, à des choses communes : aimer, prier, guérir, libérer, etc. Mais chacun avons un appel particulier, parce que nous sommes uniques, comme tout le monde. Aussi il n’y a aucun mal à se faire plaisir dans le déploiement de nos talents, sinon à quoi servirait-il que Dieu les ait mis en nous. C’est juste que nous devons être vigilants à ce que nos talents ne nous conduisent pas au repli sur nous, en mode narcissique, mais qu’il nous mette, joyeux, en marche vers les autres.

Est-ce que trader son argent est un péché ? Laisser son argent sur un compte en banque est-il vraiment une solution meilleure quand on sait ce qui en est fait ? [Hanna]

Hannah, vous posez la question du capitalisme. Quoi qu’il arrive, l’argent est sale. Jésus disait : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Matthieu 22,21). Et il répondait à quelqu’un qui lui présentait une pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur. « L’or est à moi, et l’argent est à moi, dit le Seigneur » (Aggée 2:8), mais c’est l’humain qui l’utilise et qui le place.

Comme nous sommes dans le monde, nous sommes obligés de placer cet argent. Le placer en le tradant directement, c’est être plus conscient de ce à quoi il est utilisé. On évite ainsi d’acheter des produits financiers qui comportent des ventes d’armes, du porno, ou autres choses qu’il est compliqué de promouvoir en tant que chrétiens. Ceci dit beaucoup de banques font des placements dits éthiques qui ont pour but de cibler des investissements responsables et solidaires.

Mais… parce qu’il y a un mais. Trader, c’est aussi entrer dans la pensée spéculative : gagner plus et gagner vite. Et c’est là la racine du capitalisme, qui met l’argent comme un but au lieu d’en faire un outil. L’appât du gain est franchement condamné par les Ecritures, depuis les 10 commandements, « Tu ne convoiteras point ce qui est à ton prochain » (Deutéronome 5,21) jusqu’aux épîtres, « L’argent est la racine de tous les maux. » (1Timothée 6,10). Sans oublier la radicalité d’un Jésus : « Nul ne peut servir Dieu et l’Argent » (Luc 16,13). Ce sont des banquiers que Jésus a chassés du Temple, non ?

Bref, c’est… chaud. Autant dire que sur tous ces sujets éthiques, il n’y a pas de réponse absolue, mais peut-être, à la suite de l’apôtre Paul qui se demandait ce qu’on pouvait faire avec les viandes sacrifiées aux idoles : « Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction de foi est péché. » (Romains 14,23). Non ?

Quelle Eglise luthérienne s’est associée à l’ERF pour donner EPUF ? [Dom]

L’Eglise Evangélique Luthérienne de France s’est alliée à l’Eglise Réformée de France en 2013 pour former l’Eglise Protestante Unie de France.

L’EELF était formée de deux entités, une centrée sur le pays de Montbéliard, et l’autre sur Paris (bien qu’allant jusqu’à Nice ou Lyon). Les synodes luthérien et réformé de Montbéliard et de région Est ont une pleine unité. L’unité des synodes réformé et luthérien à Paris n’est pas encore totalement aboutie.

Que voulait dire Paul dans Colossiens 2:5 ? Pouvait-il être « en esprit » avec des personnes tout en étant absent de corps ? Ou s’agit-il d’une image ? [Jo]

 

Assurément Paul n’était pas un adepte du voyage astral ou de la sortie en esprit. Il s’agit donc d’une formule pour dire sa communion spirituelle avec ce que vivent les Colossiens. Il se sent spirituellement en accord avec eux.

Je pense qu’ici on n’est pas dans le même registre que d’autres expériences plus extatiques, comme Paul qui se demande si sa conversion a été dans son corps ou hors de son corps (2Corinthiens 12) ou encore les expériences visionnaires comme Jérémie ou Jean.

Les paroles de Jésus en Mt 10:34-36 ne sont-elles pas contradictoires à son message d’amour réciproque ? Pourquoi tant de violence de la part de Jésus dans ce passage ? [Alex]

Matthieu 10:34-36 dit ceci : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. »

Je crois que c’est un principe de lucidité de la part de Jésus. Son message est scandaleux, et fou. Qui peut accepter qu’il sauve des pécheurs sur la seule base de leur acceptation de la grâce de Dieu et leur repentance. C’est choquant pour ceux qui essayent d’avoir une vie juste.
Le fait que son message fasse scandale va créer de l’opposition, comme dans la parabole du fils prodigue où l’aîné est vraiment dans l’incompréhension par rapport au cadet dont il trouve que le retour est un peu « facile ».

De toute façon, la paix que Jésus nous donne, il ne nous la donne pas comme le monde nous la donne (Jean 14:27). Et donc, étonnamment, c’est à cause de cet amour immense qu’il donne et qui est inacceptable qu’il y aura du rejet, jusqu’à… le faire crucifier comme s’il était un criminel !

L’expression « judéo-chrétien » n’est-elle pas un pléonasme ? Quand on est chrétien, on est forcément « judéo-chrétien », n’est-ce pas ? [Antoine]

A mon sens, cette expression n’est en rien un pléonasme. On appelait « judéo-chrétien » le juif devenu chrétien par sa conversion au message de Jésus-Christ, et « pagano-chrétien » le non juif devenu chrétien également par la conversion. On peut penser que cette distinction était faite au début du christianisme pour signifier que toutes celles et tous ceux qui croyaient à l’Evangile n’étaient pas tous (toutes) d’origine juive. Bien entendu, cela n’enlève rien au fait indéniable que le christianisme a ses origines dans le judaïsme.

Mais dans l’imaginaire journalistique, judéo-chrétien est presque toujours associé au concept de « Morale judéo-chrétienne » qui est une aberration, confondant la morale puritaine de la seconde moitié du XIXème siècle avec les préceptes de l’Evangile. Quand on voit Jésus, on se demande s’il était très préoccupé par la morale de son époque, passant son temps à la transgresser…