On m’a enseigné que bénir c’est « dire le bien ». Donc maudire c’est dire du mal ? [Ludo]

L’étymologie même de bénir, c’est « dire le bien » : bénédiction vient de bene (bien) et dicere (dire).
Maintenant vue la difficulté de comprendre ce qui est vraiment bien et ce qui est vraiment mal dans pas mal de situations, parfois c’est compliqué de trancher en mode tout-blanc-tout-noir.

Le livre de la Genèse nous raconte en son troisième chapitre que l’humain a voulu manger du fruit de l’arbre qui « permet de connaître ce qui est bien et ce qui est mal ». C’était le nom de cet arbre.
Ce désir de maîtriser le bien et le mal a été stimulé par le serpent, figure diabolique, afin d’éloigner l’humain de Dieu. La Genèse nous exprime donc que la recherche obsessionnelle de ce qui est bien et mal est la condition de l’humain sans Dieu, l’humain qui s’est éloigné de Dieu, qui a voulu être intelligent avec le serpent plutôt que vigilant avec Dieu.

Maudire, c’est donc « dire du mal », mais plus précisément encore, c’est « mal dire ». Cela signifie que l’on dit les choses autrement que comme Dieu (seul capable de dire les choses de façon parfaitement juste). C’est donc plus fin que juste prononcer des paroles mauvaises, ça concerne aussi les paroles imprécises, ambiguës, ambivalentes, approximatives, au sens où elle ne sont pas ajustées avec la parole qui sort de la bouche de Dieu.

« Je ne te laisserai pas avant que tu m’ais béni » (Gen 32/26) ; qu’est ce que cette phrase veut dire surtout dans le contexte d’un combat où Jacob est attaqué ? [Alex]

Oui, Jacob est attaqué. Mais… par qui ? Quel est cet homme qui se roule dans la poussière avec lui et ne le lâche pas ? Le texte brouille les pistes à coup de « lui » et « il » et on ne sait plus qui est qui. Contre qui Jacob se bat-il ? Contre son frère, à qui il a jadis volé une bénédiction ? Avec son père, qu’il a berné aussi ? Avec Dieu, qui l’avait déjà béni dans son sommeil sans qu’il n’accepte cette bénédiction (Gen 28, 10 et s) ? Avec lui-même, afin de pouvoir regarder en face ses perpétuelles fuites ? Le texte ne répond pas à la question jusqu’à ce que Jacob lui-même, à la fin ne dise « j’ai vu Dieu face à face ». Dans ce contexte, je crois que sa demande de bénédiction sonne comme une heure de vérité : dans ce combat il reconnaît la trace de Dieu dans sa vie et l’accepte enfin. Il reçoit une nouvelle identité (il change de nom) qui fait de lui un homme nouveau; Jacob le tricheur devient Jacob le lutteur. Pour la première fois il ne fuit pas, mais il accepte de faire face et réclame une bénédiction qui soit son bien propre. Jacob, comme d’autres peut-être, avait besoin de ce combat pour que la grâce de Dieu puisse l’atteindre.

Quelle différence y a-t-il entre le baptême par immersion et le baptême  »sec » ? [Elisabeth]

[Note de l’éditeur : il semble que l’appellation « baptême sec » ne soit pas tout à fait claire pour nous. Notre répondant a écrit ici avec l’option que « baptême sec » puisse vouloir dire baptême par aspersion, le baptême effectivement sec (dans un désert par exemple), et la présentation d’enfants.]

Je n’ai pas connaissance d’un baptême « sec » ! À moins de se trouver dans un lieu manquant totalement d’eau, auquel cas le baptême peut être administré par un autre moyen (sable, etc.). Cas peu fréquent puisque le baptême n’est pas « magique », n’a donc pas besoin d’être administré dans l’urgence…

Il y a plusieurs manières d’administrer le baptême, sans que le sens en soit changé. Notamment par immersion totale du baptisé, ou bien par aspersion d’eau, ce mode-ci étant simplement plus commode que l’autre, et développé à partir du moment où l’on a commencé à baptiser les enfants en bas âge des fidèles. Il est important alors que le baptisé, en fonction de son âge, ait le sentiment d’une noyade, puisque c’est le sens du baptême en tant que geste : noyé dans la mort avec le Christ, et retiré de la noyade par sa résurrection. (Romains 6 / 4)

Dans certaines Églises (dont les Églises réformées dans l’EPUdF), une remise en cause du baptême des petits enfants dans les années 1950 a entraîné la remise à l’honneur d’une « présentation » à Dieu et à l’Église (à la fois bénédiction et prière) des petits enfants dont le baptême était reporté à l’âge adulte, les parents prenant l’engagement de témoigner de l’Évangile auprès de l’enfant. Ce n’est donc pas un « baptême sec », mais tout à fait autre chose. Le baptême reste le baptême, quel que soit l’âge du baptisé : c’est l’engagement de Dieu envers lui en Jésus-Christ, appelant une réponse de foi de la part du baptisé. Le « rôle » central n’y est pas tenu par le baptisé, même adulte, mais par le Saint-Esprit.

Pourquoi ça rajouterait quoi que ce soit de faire bénir son couple à l’église ? Dieu nous connaît déjà… non ? [Jules]

Voyez Jules, vivre cette bénédiction à l’église a plusieurs impacts :

  1. D’abord c’est placer explicitement devant Dieu votre couple.
  2. Ensuite c’est avoir un espace plus personnel que la plupart des cérémonies civiles qui ne sont pas très denses au niveau existentiel.
  3. Mais surtout, le mariage civil est un contrat. Un contrat, c’est en général 90% d’articles pour dire ce qu’on fera quand ça se passera mal. Pour la bénédiction à l’église, c’est plutôt une alliance. Une alliance, c’est quelque chose qui ne prévoit pas de sortie, et de clauses de sortie. Et surtout dans l’alliance avec Dieu, c’est Dieu qui s’engage pour votre couple. Et c’est quand même beaucoup plus puissant, et surtout plus fiable que des engagements humains qui sont souvent fragiles.