Que penser de la thérapie EMDR, au-delà de la dénomination scientifique qui lui est associée ? Est-il sans risque de dissocier le souvenir d’un évènement de la douleur qui en découle ? [Déborah]

EMDR signifie Eye Movement Desensitization and Reprocessing soit, en français : désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires. En tant que pasteur et accompagnateur j’ai étudié cette technique et ai assisté à des séances (pour comprendre, et pas pour pratiquer !). Il est clair qu’il s’agit d’une forme douce de l’hypnose.
Vous pourrez chercher « hypnose » dans le moteur de recherche de 1001questions.fr car nous en avons déjà parlé.
En revanche, l’intérêt par rapport à une hypnose médicale classique, c’est que le thérapeute n’injecte rien, il n’intervient pas pour suggérer. Dit dans des termes bibliques, l’âme se détend, la psyché est sécurisée pour pouvoir réaborder le souvenir traumatique en faisant décroître le traumatisme par la seule verbalisation du patient, petit à petit, par associations d’idées.
Dans ce que j’en ai vu, il ne s’agissait pas vraiment de déconnecter l’événement et les émotions, mais plutôt de revisiter le traumatisme pour faire évoluer les perceptions, avec le recul, et à force de micro-déplacements que le patient lui-même enclenche, à son propre rythme (et, je le redis, sans suggestion du thérapeute et sans injonction hypnotique).
La séance que j’ai observée ne m’a pas parue dangereuse bien que j’émette de très vives réserves sur la pratique de l’hypnose pour un chrétien, du fait qu’il doive mettre son âme en pause pour que l’âme du thérapeute s’y substitue par ses décisions et injonctions. Ce qui me paraît une emprise terrible.
Maintenant, comme dans toutes ces thérapies cognitives, les qualités et défauts du thérapeute peuvent faire changer la thérapie du tout au tout.

La médecine (notamment la psychiatrie) obtient des résultats notables avec l’hypnose thérapeutique. Des réserves sur cette pratique très encadrée, sans rapport avec l’hypnose de spectacle ou de manipulation ? [Mia]

Pour avoir étudié le sujet avec un psychiatre et un neuro-biologiste que je connais, le sujet est moins binaire que ce que vous sous-entendez. D’une part l’hypnose thérapeutique n’est pas si encadrée que cela pour l’instant, bien que tout évolue assez vite en ce moment. Les pratiques sont très différentes entre la France et la Suisse par exemple.

L’hypnose est un phénomène que Dieu a installé dans l’humain. Ainsi nous avons une capacité à l’auto-hypnose, quand nous nous « déconnectons » dans une réunion ennuyeuse par exemple. La mobilisation de notre prénom ou une insistance des autres personnes nous fait sortir de cet état. Comme toute chose créée par Dieu, c’est l’usage qu’on en fait qui peut déraper vers du mauvais.

Dans toutes les sortes d’hypnoses la question est multiple :
– quelle est l’intention profonde et la motivation du thérapeute et du soigné ? S’il y a des jeux de transferts et d’influence, cela fausse le rapport. Si c’est juste mobiliser le cerveau dans ce qui ressemble à un état de conscience modifié, pourquoi pas, si c’est bien cadré.
– le thérapeute est-il sain au niveau psychique et spirituel ? Le cas échéant, si cette personne a été praticienne de l’occultisme ou d’autres phénomènes paranormaux, elle peut devenir contaminante au niveau spirituel, comme dans toute interaction où l’on « donne des droits » à quelqu’un sur sa psychè, son système neurologique, son âme, son esprit.

Maintenant, nous pourrions nous questionner sur l’effet étrange de l’ouverture à d’autres façons de soigner : beaucoup de pratiques sont indistinctement amenées, sans discernement. En tant que chrétiens, nous devons réfléchir à qui et à quoi nous nous soumettons.