Une influence spirituelle négative extérieure est elle réellement à l’œuvre ? Le mal n’est-il pas uniquement dû à la faiblesse humaine ? [Guillaume]

Que le mal existe, c’est notre expérience.
Que le Mal existe, c’est notre croyance, à savoir que le mal est plus qu’accidentel, il est une question philosophique, quelque chose de l’ordre de l’être ; « c’est là ».
Que le Malin existe, c’est la foi biblique à laquelle nous adhérons quand nous sommes chrétiens. Il n’est pas que le mal expérimenté, le Mal philosophique, il est le Malin actif, en rébellion contre Dieu.

Il y a des centaines de versets bibliques pour étayer cette pensée. En voici quelques uns.
1Jean 5:19 – Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du Malin.
Matthieu 6:13 – Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Malin.
Jean 12:31 – Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde sera jeté dehors.
2Corinthiens 4:4 – Le ‘dieu’ de ce siècle a aveuglé l’intelligence des incrédules, afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu.
Ephésiens 2:2 – Le prince de la puissance de l’air, c’est l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion.
Apocalypse 12:9 – Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.

Qui doit-on prier ? Dieu, Jésus, le Saint-Esprit ? [Roland]

Le chrétien n’adore que Dieu, ne loue que Dieu, ne donne gloire qu’à Dieu, et donc… ne prie que Dieu. A partir du moment où le Dieu des chrétiens se présente comme Père, Fils et Saint-Esprit, nous pouvons prier donc aussi bien les trois qui ne sont qu’un.

Maintenant, un précision. Prier « Jésus » est un peu bizarre, parce qu’aujourd’hui, ce n’est pas vraiment « Jésus » qui est présent à nous (au sens où Jésus est l’homme présent pendant 33 ans sur les chemins autour de Nazareth), mais c’est plutôt le Christ ressuscité, l’Esprit du Christ vivant. C’est un peu du pinaillage, je l’accorde.

Au bout du compte l’autoroute de la prière, normalement, c’est de prier Dieu le Père, au nom de Jésus (le Fils), par la puissance du Saint-Esprit. Jésus nous a appris à prier le Père. Il est celui qui nous montre le chemin vers le Père, et l’Esprit est celui qui circule, nous étant donné comme esprit d’adoption pour que nous puissions crier vers le Père.

Voilà 😉

Dans l’attente de la résurrection, que devient l’esprit des croyants après la mort ? Et celui des non croyants ? [Laurent]

L’épisode de la résurrection de Lazare nous apprend bien plus que le fait que Jésus soit la Résurrection et la Vie (Jean 11,25). Par la bouche de Marthe on apprend au verset précédent que ce qu’on appelle la résurrection aura lieu au dernier jour. Dans le même registre, Paul parle en 2Timothée 2,18 de croyants problématiques qui se sont « détournés de la vérité, disant que la résurrection est déjà arrivée » — entendons-nous, il parle là de la résurrection finale, et pas de résurrections comme celle de Lazare, du fils de la veuve, ou des corps qui ressuscitent à la mort de Jésus.

Il semble donc que l’esprit des croyants aille dans le séjour des morts, qui porte des tas de noms, dont celui de Sein d’Abraham, où ils attendent gentiment la résurrection. Ils n’y sont pas actifs puisque la résurrection n’a pas encore lieu. Ils sont dans une sorte de sommeil ; c’est ce mot que Jésus a employé à plusieurs reprise pour parler de la mort. Le réveil-relèvement (les deux termes pour parler de résurrection dans le Nouveau Testament) n’aura lieu qu’à la fin des temps. Et cela vaut pour les croyants comme pour les non-croyants. C’est à ce dernier jour, jour du Jugement dernier, que la destinée finale de chacun sera fixée : vie éternelle ou mort éternelle.

Heureux les chrétiens qui savent déjà pour eux quelle est la destination finale, acquise par Christ !

Un pasteur a jeté son manteau (son costard) sur une foule en disant que sa veste allait guérir ou apporter une onction. Est-ce biblique ? [ByFaithOnly]

Dans le Nouveau Testament, on nous décrit des pratiques étranges qui sonnent comme de la superstition, et il semble que l’apôtre Paul n’ait pas énormément réprimandé ces attitudes. Notamment l’utilisation d’un support pour manifester la piété ou la guérison dans le cas présent : « Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au point qu’on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps, et les maladies les quittaient, et les esprits malins sortaient. » Actes 19,11-12

Dans le Premier Testament, la symbolique de la veste est forte. Le prophète Elie a utilisé à plusieurs reprise son manteau pour faire des actes prophétiques dans le premier livre des Rois, dans la Bible.

Le risque est multiple :
– la superstition où on aime le support plutôt que ce qu’il symbolise, la bénédiction plutôt que celui qui donne la bénédiction,
– croire que parce que quelque chose a été fait par un prophète, par Jésus ou un chrétien, on doit le faire de la même façon. C’est une grave erreur.

La première fois que Moïse a eu besoin d’eau, Dieu lui a inspiré de frapper le rocher avec un bâton et l’eau est venue. La deuxième fois, Moïse a voulu répéter le geste, et ça n’a pas marché. La foi n’est pas une affaire de technique ou d’automatismes.

Alors je ne sais pas si le Saint-Esprit avait inspiré ce geste prophétique à ce pasteur, mais je crains qu’il s’agisse juste d’une irruption de la pensée magique. Dieu n’a pas besoin de cette théatralité. La meilleure preuve, c’est que vous en ressortez assez choqué. Ce qui n’est pas utile. Ni édifiant.

Pourquoi ça rajouterait quoi que ce soit de faire bénir son couple à l’église ? Dieu nous connaît déjà… non ? [Jules]

Voyez Jules, vivre cette bénédiction à l’église a plusieurs impacts :

  1. D’abord c’est placer explicitement devant Dieu votre couple.
  2. Ensuite c’est avoir un espace plus personnel que la plupart des cérémonies civiles qui ne sont pas très denses au niveau existentiel.
  3. Mais surtout, le mariage civil est un contrat. Un contrat, c’est en général 90% d’articles pour dire ce qu’on fera quand ça se passera mal. Pour la bénédiction à l’église, c’est plutôt une alliance. Une alliance, c’est quelque chose qui ne prévoit pas de sortie, et de clauses de sortie. Et surtout dans l’alliance avec Dieu, c’est Dieu qui s’engage pour votre couple. Et c’est quand même beaucoup plus puissant, et surtout plus fiable que des engagements humains qui sont souvent fragiles.

Dans le fait de « faire ce que je ne veux pas, et ne pas faire ce que je voudrais » (malgré la prière), dois-je voir un défaut dans mon autorité en Christ ? [Rémi]

Quand l’apôtre Paul énonce ce paradoxe de ce qu’on veut et ne veut pas (Romains 7,19), il n’est pas en défaut « d’autorité en Christ » comme vous dites. Il exprime juste que, aussi spirituels que nous soyons, nous restons des êtres charnels aussi, et que notre âme, notre psychologie, a son inertie propre.

Nous restons donc pécheurs.
L’enjeu est d’être toujours « pécheur-repentant-pardonné », et pas seulement pécheur.

La médecine (notamment la psychiatrie) obtient des résultats notables avec l’hypnose thérapeutique. Des réserves sur cette pratique très encadrée, sans rapport avec l’hypnose de spectacle ou de manipulation ? [Mia]

Pour avoir étudié le sujet avec un psychiatre et un neuro-biologiste que je connais, le sujet est moins binaire que ce que vous sous-entendez. D’une part l’hypnose thérapeutique n’est pas si encadrée que cela pour l’instant, bien que tout évolue assez vite en ce moment. Les pratiques sont très différentes entre la France et la Suisse par exemple.

L’hypnose est un phénomène que Dieu a installé dans l’humain. Ainsi nous avons une capacité à l’auto-hypnose, quand nous nous « déconnectons » dans une réunion ennuyeuse par exemple. La mobilisation de notre prénom ou une insistance des autres personnes nous fait sortir de cet état. Comme toute chose créée par Dieu, c’est l’usage qu’on en fait qui peut déraper vers du mauvais.

Dans toutes les sortes d’hypnoses la question est multiple :
– quelle est l’intention profonde et la motivation du thérapeute et du soigné ? S’il y a des jeux de transferts et d’influence, cela fausse le rapport. Si c’est juste mobiliser le cerveau dans ce qui ressemble à un état de conscience modifié, pourquoi pas, si c’est bien cadré.
– le thérapeute est-il sain au niveau psychique et spirituel ? Le cas échéant, si cette personne a été praticienne de l’occultisme ou d’autres phénomènes paranormaux, elle peut devenir contaminante au niveau spirituel, comme dans toute interaction où l’on « donne des droits » à quelqu’un sur sa psychè, son système neurologique, son âme, son esprit.

Maintenant, nous pourrions nous questionner sur l’effet étrange de l’ouverture à d’autres façons de soigner : beaucoup de pratiques sont indistinctement amenées, sans discernement. En tant que chrétiens, nous devons réfléchir à qui et à quoi nous nous soumettons.

Qui est sauvé ? [Monique]

Il y a plusieurs interprétations du salut dans le christianisme, que je résumerai comme suit :

universel : tous sont sauvés parce que Dieu l’a voulu,
très large : Dieu veut sauver tout le monde, mais certains refusent, et il ne cherche pas à les sauver contre leur gré,
large : Dieu sauve selon certaines modalités, ceux qui croient en Christ étant sauvé par grâce (leur foi est le signe qu’ils ont accueilli le salut, justement), et ceux qui n’y croient pas sont sauvés selon le critère de l’obéissance à la loi, les autres ne sont pas sauvés,
restrictif : seul un petit nombre serait sauvé, soit parce que Dieu l’aurait décidé ainsi, soit parce que les humains ne voudraient pas vivre jusqu’au bout le plan de salut.

C’est à dessein que je donne ces quatre alternatives, simplifiées ; car l’ensemble de ces positions peut être étayé par des textes bibliques et de façon assez cohérente, si on veut bien être honnête intellectuellement. Il y a à l’intérieur même de la Bible plusieurs conceptions, mais une même certitude : Jésus-Christ est venu pour ouvrir le salut aux humains, et tous en ont besoin ! “C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.” (Ephésiens 2,8).

Personnellement, je pense que Dieu veut en sauver un maximum. Mais j’attends là-haut de voir… Ce dont je suis sûr c’est que la foi, c’est l’assurance du salut, la certitude d’être déjà sauvé par Dieu en Christ !

Finalement, la création est parfaite, ou pas ? D’où vient le bug ? [Steph]

Une création parfaite ? C’est vrai. Mais c’est encore plus compliqué que ça je crois…
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. » (Genèse 1,1-2).
L’expression informe et vide est le mot hébreu Tohu-(w)Bohu qu’on utilise en français pour dire un grand bazar. Donc la création telle que l’humain la découvre doit être qualifiée d’autre chose que « parfaite » à mon sens. Elle est plutôt mise en ordre. Dieu dit à la lumière de se distinguer de la ténèbre, et ça arrive (v. 3), et tout ce qui est confusion, brouillon, mélangé, est mis en ordre. Ce n’est pas la perfection au sens premier du terme, c’est-à-dire sans aucune ombre. C’est l’ombre d’un côté et la lumière de l’autre. Reste la part de l’ombre, le « mauvais côté de la force », mais il n’est plus question que ce soit mélangé, c’est soit l’ombre, soit la lumière. Et le Serpent, futur prince du mensonge, est du côté de l’ombre…