Qu’est ce qu’un chantre ? Peut-il exercer un ministère pastoral ou autre ? [Juline]

Un chantre est, à la base, un chanteur. Ce mot est surtout employé dans les Eglises. Le chantre peut être simple choriste ou meneur d’une équipe de chantres. Il a pour rôle de mener le chant et la louange du peuple de Dieu assemblé en Eglise, d’abord dans le culte.

Ce n’est pas un ministère pastoral, c’est un ministère liturgique. Il n’a pas pour fonction de prendre soin des personnes mais de permettre le bon et beau déroulement du culte. Comme tout chrétien, et surtout tout chrétien engagé dans un ministère, il va interagir avec d’autres personnes pour être témoin du Christ vivant auprès d’elles, et pourquoi pas conseiller ses frères et soeurs. On peut considérer ça comme un tâche de type pastorale, mais en tout cas ce n’est pas un élément de son ministère.

Maintenant, quelqu’un qui a été chantre peut être appelé par le Seigneur, d’une part, et par une communauté d’Eglise, d’autre part, à changer de ministère et à devenir pasteur, mais il n’y aura pas de lien entre les deux.

« Dieu aurait pu se passer de la croix ». Que répondre à ce type de message ? [Pierre-Henry]

Dieu a choisi la croix comme une réponse à toutes nos prétendues sagesses et toutes nos tentatives de penser hors de son alliance. Je répondrais pour ma part sobrement par les réponses que la Bible elle-même nous propose :

  • Il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix. – Colossiens 1,20
  • [Christ] a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. – Colossiens 2,15
  • Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j’en parle maintenant encore en pleurant. – Philippiens 3,18
  • La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. – 1 Corinthiens 1,18
  • Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! – Galates 6,14
  • Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. – Matthieu 10,38

Satan et les démons peuvent-ils lire dans nos pensées ? [Peps]

Dieu seul a accès à notre âme et à notre esprit.
Nous pouvons donner accès à notre âme (ψυχή) par la parole échangée. Nous pouvons dévoiler aux autres ce que nous pensons par le biais de la verbalisation.
Mais Dieu connaît notre cœur : « Moi, l’Eternel, j’éprouve le coeur, je sonde les reins » (Jérémie 10,7).

Satan et les démons ne connaissent pas nos pensées. Mais ils peuvent connaître nos mauvaises habitudes et appuyer sur les bons boutons pour nous pousser dans une mauvaise voie.
Seuls les esprits de divination ont accès à nos pensées. Vous pouvez relire à cet effet l’histoire de l’esclave avec un esprit de Python en Actes 16,16-23.

Est-il vrai qu’une fois qu’une personne est sauvée, elle est sauvée pour toujours ? [Laurent]

Si nous sommes sérieux avec le fait que le salut est opéré par Dieu via Christ et par pure grâce, par le moyen de la foi, comme le dit Paul notamment en Ephésiens 2,8, alors je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait détruire un salut acquis par celui dont le nom est au-dessus de tous les autres noms (Philippiens 2,9-10), c’est-à-dire qui est l’autorité ultime.

Ce qui signifie que quelqu’un qui croit ne peut pas perdre le salut.
C’est clair et net.

Les deux réserves à cette idée sont :
– le cas de quelqu’un qui blasphémerait contre le Saint-Esprit (Luc 12,10),
– la personne franchement rétrograde qui finit par refuser explicitement le salut que Dieu lui avait donné (Hébreux 6,1-8).

« Cette parole est certaine : si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2Timothée 2,11-13)

Un enfant d’une dizaine d’années peut-il demander le baptême ? La liturgie du baptême réformé se base sur la foi des parents et non celle de l’enfant (même si l’enfant est conscient de sa démarche). [Mimi]

Il y a deux liturgies dans l’Eglise protestante unie de France, une pour le baptême de bébés et une pour le baptême d’adultes. Si l’on part du principe qu’un enfant de dix ans est conscient de sa démarche, cela fait de lui, du point de vue cognitif un adulte (conscience de soi), et donc nous sommes supposés utiliser la liturgie de baptême d’adulte.

[Chaque Eglise ayant ses règles, nous ne présentons ici que la règle de l’EPUdF puisque 1001questions est animé par des théologiens, pasteurs et non-pasteurs, qui sont membres de l’EPUdF. Pour d’autres dénominations, merci de vous renseigner directement auprès des bureaux nationaux de ces Eglises.]

J’ai été baptisée catholique mais je me sens protestante, comment me convertir ? [Britt]

L’Eglise catholique est une Eglise chrétienne.
Les Eglises protestantes sont des Eglises chrétiennes.
On ne peut pas se convertir de chrétien à chrétien.

Après, on peut incarner sa foi dans telle ou telle communauté, parce que la théologie nous convient, la prédication nous parle, le style du service nous plaît. Ou tout simplement parce que c’est pas trop trop loin de chez soi.

Donc, vous ne pouvez pas vous « convertir » en la matière, mais juste voir si dans l’Eglise protestante où vous allez, il y a éventuellement, comme c’est le cas dans l’EPUdF, une forme de liturgie d’accueil pour les nouveaux membres. Cela vous permettra de signifier cet enracinement.

Si Dieu a tout créé, pourquoi a-t-il créé des choses dangereuses comme des animaux dangereux, des maladies et des virus ? [Elodie]

Le livre de la Genèse nous parle de la création du monde par Dieu, mais pas dans une perspective scientifique comme la nôtre aujourd’hui, plutôt dans la préoccupation du « sens de la vie ». Dieu crée les choses du monde. L’écosystème terrestre inclue la vie et la mort, même pour l’humain après le chapitre 3. Le lion mange la gazelle, la gazelle mange les feuillages. La prédation fait partie du processus de la vie et de la mort. Les bactéries et autres virus permettent la régulation de certaines destructions, la limitation d’une croissance exponentielle de certaines espèces… Cet équilibre est quand même assez merveilleux, bien qu’il inclue la violence, c’est vrai.

Maintenant, puisque la perspective de la Genèse est la question du sens, il est clair que le type de création dont nous parle le premier livre de la Bible est très particulier. Il s’agit de façonnage plus que de création. Le verbe BARA utilisé en hébreu et qui est traduit par créer est un verbe de l’artisanat. Au commencement il y a surtout le TOHU BOHU (la Terre était informe et vide). Le processus de création est plus de l’ordre la mise en ordre que de la baguette magique. Il y a de la matière qui « est-là », et Dieu met de l’ordre dans toute cette confusion, il sauve le monde de l’indifférenciation et du chaos, de l’indétermination et de la vacuité.

La théologie du rédacteur de la Genèse met donc en place ce qui sera la dynamique de toute l’Ecriture : Dieu veut nous sauver, nous extraire du désordre, nous retirer du magma, pour faire quelque chose de beau, de très beau. C’est pour cela que nous continuons la dynamique créationnelle de Dieu par rapport à ces chose qui « sont-là » et nous paraissent mauvaises.

Les mauvais esprits ne sont-ils pas ce qu’aujourd’hui on appelle les maladies mentales ? [Daniel]

Les mauvais esprits sont des réalités spirituelles.
Les maladies mentales sont des réalités psychologiques.
Les premiers interagissent donc au niveau spirituel de l’humain (avec des retombées sur le corps et sur la psyché), les deuxièmes interviennent au niveau de la psyché (l’âme, du latin anima).

Le fait de qualifier telle ou telle pathologie de maladie mentale ou de démonisation par un mauvais esprit est quelque chose qui dépasse de loin le fait scientifique, c’est éminemment culturel et daté. Beaucoup de comportements jugés comme étant le fait d’un esprit mauvais à l’époque des récits bibliques pourraient être requalifiés comme des maladies de la psyché aujourd’hui. Mais a contrario, beaucoup de pathologies évaluées à la hâte comme psychiatriques devraient, dans notre société scientiste, être révisées pour y constater une action externe (« démon ») plutôt qu’interne (pulsion) à l’humain.

J’ai entendu un pasteur dire que Marthe et Marie (Lazare) étaient déjà ressuscitées ? Qu’a priori nous aussi ! Pouvez-vous m’expliquer ce qu’il a voulu dire ? [Aline]

Dire que Marthe et Marie étaient déjà ressuscitées ? J’imagine que dans le fil de son message, le pasteur qui prêchait sur Jean 11 a voulu insister sur la centralité de la Résurrection dans l’Evangile de Jean. Et le chapitre 11 étant le chapitre central de l’évangile, il est clair que Lazare y ressuscite, Jésus y est dévoilé comme celui qui peut dire « Je suis la résurrection et la vie ». Symboliquement, on peut aussi dire que Marthe et Marie sont ramenées vers la vie, alors qu’elles étaient rentrées dans le deuil et la morbidité liée à la mort récente de leur frère. Donc j’imagine que le pasteur a voulu insister sur la construction littéraire de Jean 11 qui nous incite à voir une résurrection qui « relève » tout le monde.

Maintenant… Marthe et Marie sont mortes quelques années après. Et Lazare aussi !
Seul Jésus, premier-né d’entre les morts, est déjà ressuscité aujourd’hui.

Qu’est-ce qu’un « mauvais esprit envoyé par Dieu » (1Sam 16:14) ? [Laura]

Avez-vous remarqué qu’avant que Jésus n’arrive, aucun esprit mauvais n’est chassé ?
L’esprit mauvais dans l’histoire que vous évoquez est juste calmé par la harpe de David. Et à part l’esprit mauvais (venant aussi de l’Eternel) qui était en Pharaon, on n’en parle pas beaucoup, des démons…
Tout simplement parce que seuls le nom et la présence de Jésus les fait trembler et décamper. Il est le seul à avoir la victoire sur eux.
C’est une nouveauté du Nouveau Testament dont on prend peu la mesure !
Dans les mille pages du Premier Testament, il n’y a pour ainsi dire aucune conscience de l’existence de ces puissances mauvaises, on les appelle plutôt les dieux, ou faux dieux, etc.

Dans ce récit, dire « un esprit mauvais envoyé par Dieu » évoque le fait qu’il y a une souveraineté de Dieu, et que sa loi fait que, normalement, le croyant devrait être indemne de toute forme de démonisation. Pourtant, dans sa justice, l’Eternel autorise Satan à « embêter » les humains (voir l’histoire de Job). C’est souvent à la mesure de leur iniquité. Par cette expression, en disant que l’esprit mauvais est envoyé par Dieu, il est affirmé qu’il n’est pas injuste que Saül soit embêté par cet esprit. Comme Paul avec son « écharde » qui lui valut pour réponse : « Ma grâce te suffit » (1 Corinthiens 12,9).