Êtes-vous d’accord avec la thèse de Max Weber sur les liens entre le protestantisme et le capitalisme ? [Lionel]

Max Weber, dans son ouvrage de 1920 intitulé ‘L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », tante d’expliquer quels facteurs spirituels et sociaux ont conduit à ce qu’il observait à son époque : les couches sociales supérieures sont protestantes en majorité. Son ouvrage met en avant deux facteurs théologiques qui selon lui, expliqueraient cet état de fait.

Le premier facteur mis en avant par le sociologue est la revalorisation par Luther du métier, comme manière de servir Dieu. Ainsi, le fait de travailler, auparavant considéré comme une simple nécessité vitale de valeur moindre par rapport à la prière des moines prend un sens devant Dieu. Calvin ira plus loin dans la valorisation du travail, en invitant les hommes à agir avec Dieu pour sa gloire.

Le second facteur mis en avant est la doctrine calviniste de la prédestination. Calvin, en affirmant que Dieu a  choisi d’avance ceux qu’il destinait au salut, a provoqué de l’angoisse, dans le cœur des croyants. Ces derniers, ne pouvant pas savoir s’ils étaient élus ou non, se sont mis à chercher dans leur manière de vivre des signes de leur salut. Le fait de vivre de manière simple sans trop chercher à profiter des biens matériels associé au désir de travailler dur pour la gloire de Dieu et d’en récolter des richesses a été perçu, par ces protestants, comme des marques rassurantes de leur élection. Il auraient ainsi été encouragés à accumuler le capital qui a rendu possible le développement du capitalisme.

Le travail sociologique de Max Weber met en avant des doctrines et des principes éthiques qui correspondent à ce que nous dit la Bible au sujet de la vocation et du salut, selon l’interprétation des réformateurs. Il nous montre aussi comment ces doctrines et ces principes ont pu être tordus par les humains angoissés et avides que nous sommes tous, au fond. Bref, Max Weber nous dit le péché qui se cache dans nos intentions, seraient-elles pieuses.  Il m’invite à tâcher aujourd’hui, de vivre avec Dieu simplement, dans  confiance et dans l’amour, pour devenir semblables à Christ, qui à priori, n’était pas un capitaliste.

« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères ». Romain 8/29

 

 

Je vous voudrais avoir des renseignements sur le don d’ovocytes- qu’en penser au niveau éthique ? [Priscille]

La science offre des possibilités toujours nouvelles aux Hommes et aux sociétés, qui se trouvent dès lors confrontés à la question de la limite : dans quelle mesure est-il légitime, bon pour l’humanité et la création, d’user des possibilités scientifiques ?

La question que vous posez est très complexe, et je ne parlerai pas des dérives possibles des dons d’ovocytes (marchandisation du vivant par exemple). Les Ecritures posent l’importance d’une sexualité vécue dans le cadre du mariage (1Corinthiens 7,2) qui implique la (quasi) indissolubilité du lien (Marc 10,7-9). Les parents légaux de l’enfant ne peuvent alors qu’être ses géniteurs. Il y a en effet dans le christianisme, dès le départ, vigilance sur le lien entre sexualité et procréation d’une part, et d’autre part entre géniteurs et parents légaux (au contraire de certaines pratiques « normales » de la société environnante).

Pour un couple, la procréation par la sexualité peut se révéler difficile. Il existe des techniques médicales pour assister la procréation (« Assistance Médicale à la Procréation », à ne pas confondre avec la « Procréation Médicalement Assistée »). Personnellement, je ne vois pas de problème éthique à un tel recours.

Le fait que des parents futurs aient recours à des ovocytes ou des spermatozoïdes de personnes extérieures me semble plus problématique, en tout cas posant la question de la limite du recours à la technique : est-ce légitime d’introduire, dans l’identité de l’enfant, une confusion quant à sa filiation et l’identité de ses parents ? Lui donne-t-on ainsi les meilleures possibilités pour « affronter » la vie ? Pour des parents, c’est une question du discernement : jusqu’où vont le « droit à l’enfant » et le devoir d’offrir à l’enfant les meilleures possibilités d’épanouissement, qui me semblent se trouver dans une identification, si possible, à ses parents biologiques ?

Quand Jésus parle de la loi dans Matthieu 5.17-19- cela signifie-t-il qu’un chrétien doit respecter toutes les lois de l’Ancien Testament ? Ou certaines ? Dans ce dernier cas- quel tri faire ? [Christophe

En Matthieu 5/17-19, Jésus dit que Jésus n’est pas venu pour abolir la Loi et les Prophètes mais pour l’accomplir. Il ajoute que la Loi ne disparaitra pas et que nous ne devons pas « abolir », « annuler » les commandements mais les ‘faire’ et les enseigner. En parlant ainsi, Jésus nous interdit de croire que les commandements de l’Ancien Testament ne méritent pas notre considération. Ces commandements expriment, en effet, la volonté de Dieu. Les considérer comme tels nous permet de savoir dans quel sens Dieu nous demande d’avancer. Ainsi, Jésus utilise des paroles de l’Ancien Testament pour encourager les couples à la fidélité à vie, en Matthieu 19/4-6 et nous dire ce que Dieu a initialement prévu pour l’humain. La loi de Dieu, lorsque nous la prenons sérieusement en compte, nous permet, de la même manière, et parce que nous ne l’appliquons jamais parfaitement, de mesurer nos insuffisances et de nous savoir pécheurs, dans la nécessité de nous tourner vers Jésus, notre sauveur.  Cela est expliqué par Paul en Romains 3/7-12.

Dire que la loi entière vaut quelque chose, qu’il faut la faire, c’est à dire en faire quelque chose dans notre vie, ne signifie pas que nous devons appliquer à la lettre tous les commandements de l’Ancien Testament. Quand notre passage dit que Jésus est venu pour « accomplir la loi », la « mener à la plénitude », il suggère que sa venue change quelque chose dans notre rapport à la loi. Ainsi, les apôtres réunis à Jérusalem, ont réfléchi, quelques années après la mort de Jésus à la question de la mise en pratique de la loi juive, pour les chrétiens qui n’étaient pas d’origine juive et n’avaient donc pas cette habitude. En Actes 15/20, ils en concluent qu’il y a des commandements importants à mettre en pratique pour le bien des humains : il s’agit des commandements qui concernant l’évitement des idoles et la sexualité. Ces commandements concernent la juste relation que Dieu désir voir se développer entre les humains et lui et entre humains, depuis la création. Les commandements qui concernent la spécificité du peuple juif telles la circoncisions, le culte du temple, les règles alimentaires ne sont plus à appliquer, puisque grâce à l’œuvre accomplie par Jésus, l’humain est maintenant libre de s’approcher de Dieu.