Que penser du passage d’1 Corinthiens 7:9 lorsqu’on ne peut envisager le couple homme/femme et que l’on est continent ? [AnneOnym

Il me semble que le passage auquel vous faites référence appelle les personnes qui, étant célibataires, ont peur de ne pas pouvoir s’empêcher de vivre des relations sexuelles hors mariage et vie de couple fidèle. Paul conseille à ces personnes de se marier.

Mais je ne suis pas sûr de comprendre la situation que vous évoquez. Si vous n’êtes pas en couple et que la question de la continence ne se pose pas pour vous, c’est peut-être que vous vivez alors une situation de célibat qui peut tout à fait être bénie par Dieu si elle vous invite à le servir avec joie. Vous êtes donc de ceux qui parviennent à vivre comme Paul. Mais qu’est-ce qui fait que vous ne pouvez envisager de former un couple homme-femme ? Si la personne à laquelle vous pensez est mariée, mais pas avec vous, je ne peux que vous encourager à une extrême prudence dans cette relation, quand bien même vous êtes continent, car l’adultère peut surgir sans crier gare.

Comment dois-prendre le Ps 39 en ce qui concerne mes relations et rapports pour mener une vie en Christ ? [James]

Le psaume 39 est un des plus terribles de tout le psautier. Le cri de douleur qu’il exprime est un des plus sombres de toute la Bible. La question que vous posez me semble donc tout à fait légitime : Comment recevoir en tant que chrétien un texte où, à première vue, seul le désespoir semble affirmé ? Une première remarque tient tout simplement au fait que ce texte se trouve dans la Bible… Cela à l’air bête, mais notre conviction est donc qu’il est aussi inspiré par Dieu que tout les autres. En fait, je trouve cela très consolant : Dieu est avec nous jusque dans la vallée de l’ombre de la mort, qui peut parfois prendre l’allure du désespoir. Cela ne veut pas dire qu’il approuve ou encourage ces pensées, mais que nous n’y sommes pas seuls quand nous les éprouvons. Ensuite, je crois que notre foi en Jésus-Christ constitue d’ailleurs une confirmation de cela : le psaume 39 peut-être entendu comme le psaume du samedi saint, Jésus, par sa mort, ayant pris sur lui le poids de toute cette désespérance. Enfin, je crois aussi que ce psaume vient nous encourager à parler à Dieu, à lui dire tout ce que nous avons dans le cœur, dans notre prière. C’est souvent que je me suis ouvert pleinement au Seigneur que j’aie pu me rendre compte qu’il était bien là, qu’il m’écoutait et portait ma souffrance au fond de son cœur de père aimant.

Que faut-il penser de l’accueil et de la participation des jeunes enfants à la Cène. [Abcd]

Paul, en 1 Corinthiens 11/27-34 recommande de prendre la Cène dignement, en discernant le corps du Christ. Il ajoute que celui qui boit et mange sans discerner ce qui est donné, est jugé par ce qu’il fait. Ainsi, la Cène n’est pas un petit goûter communautaire amusant. C’est le signe de ce que Christ a accompli pour nous. Recevoir la Cène, c’est accueillir le pardon et la grâce de Dieu, si bien que manger et boire sans comprendre et désirer ce qui est donné équivaut à un rejet du Christ lui-même.

C’est ainsi que je trouve relativement logique d’attendre que l’enfant-le jeune ou même l’adulte soit enseigné et ait eu l’occasion de confesser sa foi à l’occasion de son baptême pour lui proposer de prendre part au Repas du Seigneur, qui en est la suite logique. Il convient, en tous cas, de discuter avec le pasteur de l’église locale des choix qui ont été faits dans votre église.

Considérant 1Corinthiens 6:9‭-‬10- est-ce que celui qui croit aura le salut s’il est impudique- adultère- voleur…? [Gilchrist]

Dans ce passage, Paul nous rappelle que ces comportements, qui ne sont pas ce que Dieu a prévu pour l’homme ne pourrons pas être dans le Royaume. Quand Dieu régnera, quand il sera parfaitement tout en tous, le croyant sera tel que Dieu l’a prévu. Dans l’attente de cela, nous devons tâcher de laisser mourir ces choses pour accueillir ce que Dieu veut changer en nous. Paul nous encourage donc ici à accepter le processus de changement que Dieu veut engager en nous. Comment en serait-il autrement si nous lui faisons confiance, si nous avons la foi ? (Voir Colossiens 3/5-11, par exemple). Nous voyons-nous à la fin des temps, dire à Dieu « OK, je veux vivre avec toi toujours dans ce monde nouveau que tu apportes, mais je veux garder mon péché, parce que mon péché, je l’aime bien…? » si nous ne pensons pas pouvoir dire cela à la fin des temps, pourquoi dire cela à Dieu aujourd’hui ?

Je suis catholique. Que pensez-vous de la présence des statues dans nos églises et aussi sur la vénération de la vierge Marie et des saints. J’ai quelques doutes. [Wilfried]

Le protestantisme a voulu, dés ses débuts, au XVIème siècle, fonder la foi et la pratique chrétienne sur la Bible. Les réformateurs se sont ainsi opposé à la vénération des saints, pour plusieurs raisons.
La raison principal de la non vénération des saints dans le protestantisme est l’absence, dans la Bible, d’appel à demander à des personnes spécialement saintes d’intercéder pour nous. Les saints, dans les lettres de Paul, sont ceux qui demeurent attachés à Christ, par la foi. Nous en sommes donc tous, en tant que croyants. Ainsi, réconciliés avec Dieu, nous pouvons nous adresser directement au Père au nom de Jésus-Christ, par le Saint-Esprit. Nous croyons que Dieu nous écoute et que nous n’avons pas à « passer » par des saints décédés. Voir Marc 11/24, Esaïe 8/19-20, par exemple. Cela nous permet d’être confiants : Dieu s’occupe lui-même de nous, nous n’avons pas à trouver le bon saint pour cela.

Concernant Marie, la Bible ne disant pas qu’elle a été élevée au ciel, les protestants la considèrent comme une sainte, une croyante fidèle. Alors que nous ne prions pas les saints, nous ne prions donc pas Marie.

De la même manière, puisque nous ne vénérons ni ne prions aucun humain en dehors de Christ, Fils de Dieu, il n’y a aucune raison que des statues humaines se trouvent dans nos églises. La réforme du XVIème siècle a accusé ces statues de conduire à l’idolâtrie, à l’adoration des créatures au lieu du créateur (Exode 20/1-6, Romains 1/25).  Il reste que ces statues et ces images peuvent avoir un rôle pédagogique, en présentant l’histoire de ceux qui ont cru. J’apprécie, pour ma part, de visiter les églises catholiques pour cette raison.

Le Seigneur a dit : Allez et faites de ce monde des disciples. Comment procéder ? Est-ce un programme d’évangélisation ou bien une pratique quotidienne ? [Dimitri]

Eh bien Dimitri, ce mot d’ordre que Jésus ressuscité laisse à ses envoyés (tout à la fin de son ministère terrestre) est à la fois un programme d’évangélisation, et une pratique, une attitude quotidienne. Evangéliser c’est annoncer à ceux et celles que nous cotoyons une Bonne Nouvelle. On peut la formuler ainsi : quelqu’un les aime, à ses yeux ils ont une valeur immense. Ce quelqu’un -celui que Jésus nous a appris à nommer « Père »- les cherche et veut les faire vivre alors qu’ils vont vers la mort. Leur vie, dont Dieu est la source, a donc un sens, une espérance s’ouvre devant eux…

Mais comment procéder, comment le leur dire ? Tout d’abord, en les cotoyant et en prenant le temps de les rencontrer, sans vouloir répondre aux questions qu’ils ne se sont pas encore posées. En leur manifestant concrètement l’amour de Dieu par notre amitié, notre respect profond, notre écoute, notre engagement à leurs côtés si nécessaire. Comment puis-je dire à l’autre : « tu comptes aux yeux de Dieu » s’il n’est pas quelqu’un qui compte pour moi ? Je me souviens d’avoir été abordé à la gare Montparnasse par une personne inconnue qui m’a appelé à me convertir… sans me laisser le temps de lui dire que je partageais sa foi en Jésus-Christ. Au-delà du comique de la situation, j’ai ressenti sa démarche comme agressive.

Le pire contre-témoignage, c’est celui des actes ou des attitudes qui contredisent nos paroles. Même si bien entendu, le Seigneur nous envoie malgré et avec nos ambiguïtés, nos faiblesses, nos contradictions.

La Bible ne se contredit-elle pas entre Jean 5:31 et Jean 8:14 ? [Franck]

Vous relevez, Franck, deux affirmations apparemment contradictoires de Jésus dans le même évangile selon Jean. En 5,31, Jésus affirme qu’il ne pourrait se rendre lui-même témoignage (au sujet de la vérité sur sa personne). En 8,14, Jésus prétend pouvoir le faire ! Mais comme c’est le cas la plupart du temps, c’est la lecture de tout le passage dont est extrait le verset qui donne la solution de l’énigme. En Jean 5,37, Jésus précise que le Père lui rend témoignage, à travers les oeuvres qu’il lui a données à accomplir. Même chose en Jean 8,16-18, où Jésus affirme qu’il n’est pas seul, parce qu’il est l’envoyé du Père, et que le Père témoigne de lui.

Comment dépeindre le Saint-Esprit à des non-croyants ? [Manu]

« Dépeindre » le Saint-Esprit, cela est hors de portée pour quiconque, car Dieu est au-delà de toute représentation. La Bible nous parle de l’Esprit de Dieu comme du souffle, ce qui est une image très riche et suggestive. Jugez plutôt : Nous ne voyons pas le vent, mais nous en voyons et ressentons les effets. Nous ne pouvons le posséder, pas plus que l’on ne peut retenir l’air que l’on respire, mais sans lui nous ne pouvons subsister. Sans l’air qui propage les sons en vibrant, nous n’entendrions aucun son, aucune parole : de même, la Parole de Dieu annoncée et faite chair en Christ ne peut nous atteindre et nous relever si l’Esprit ne nous ouvre les oreilles et le coeur pour la recevoir. Et enfin, « Le vent souffle où il veut », dit Jésus à Nicodème (Jean 3,8). Là où est L’Esprit-Saint, là est la liberté ! Il est le Seigneur, c’est à dire Dieu à l’oeuvre dans notre vie et dans ce monde, puissance que nul ne peut limiter ni contrôler.

Jésus se servit d’un fouet pour chasser les marchands du temple. Que dois-je comprendre dans ce geste (un peu violent)- une légitimation de la violence pour combattre le mal ? [Michel]

Jésus pose cet acte en temps que Fils de Dieu. Il est le messager de Malachie 3/1-5, celui qui juge pour purifier ce qui n’est pas juste dans notre relation à Dieu. N’étant pas Dieu, n’étant pas de ceux qui jugent mais plutôt de ceux qui sont jugés, nous ne pouvons pas employer ce passage pour justifier notre violence.
Ce texte, qui nous dit qui est Jésus, nous dit aussi qui nous pouvons être en lui : des humains qui adorent en Esprit et en vérité (Jean 4/20-21, annoncé en Zacharie 14/20-21).

La polygamie est-elle interdite par la Bible ? [Vicky]

La volonté de Dieu pour le couple est dite dans la Genèse : « L’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair.’ Genèse 2/24. Ce que Dieu veut pour l’humain, ce qui est bon pour lui, c’est l’engagement fidèle, à vie avec une seule personne, que l’on appelle le mariage. Tout autre chose, la polygamie de certains personnages de l’Ancien Testament comme l’autorisation de la répudiation, viennent de la dureté du coeur humain (Matthieu 10/2-9 et passages parallèles). En Christ, notre coeur dur étant « ramolli » comme annoncé en Ezéchiel 36/26, nous croyons que nous pouvons vivre aujourd’hui le couple tel que Dieu l’a prévu (1 Corinthiens 7/1-16, Ephésiens 5/21-33).