Dieu réprouve/rejette fermement une Eglise tiède (Apoc 3:16). La Bible aborde-t-elle jamais le problème inverse : le fanatisme/extrémisme religieux ? [Caen]

Ce qui est intéressant, c’est que le refus de la tiédeur nous incite dans le verset d’Apocalypse 3:16 à être soit froids soit bouillants, autrement dit radicaux, à défaut d’être extrémistes ou fanatiques.

Je me baserai sur un verset biblique pour la suite : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. » (Deutéronome 4:2). Il y a un reproche fait aux extrémistes dans la Bible que je regrouperais en deux catégories :
– ceux qui retranchent. C’est le fanatisme libéral souvent. Finalement quand un texte ne m’arrange pas, j’utilise la pirouette de dire que c’était contextuel, que ça ne vaut plus rien aujourd’hui, et que les radicaux sont des quelquechosephobes. Et la Bible se retrouve soumise à mes desiderata, car c’est moi qui suis la norme pour la Bible et pas la Bible qui est la norme pour moi.
– ceux qui ajoutent. C’est le fanatisme intégriste ou religieux. On pousse la logique des lois à l’extrême pour aller dans le légalisme. On met toujours la barre plus haute, la « vérité » avant ou au-dessus de la relation. On cherche à cautionner un système étroit qui nous rassure mais qui la plupart du temps exclue les autres.

Jésus était inclusif dans sa pastorale (avec les adultères, les riches, les lépreux), mais totalement radical dans sa théologie.

Actes 5: 15-16 (la silhouette de Pierre guérissant les gens) confère-t-il une validité à l’idée catholique que les reliques de saints peuvent guérir ? Que faisons-nous de cette histoire biblique ? [Pierre]

Si vous lisez de près ce récit du livre des Actes, notez que l’on plaçait les malades sur le passage de l’apôtre Pierre dans l’espoir que son ombre seule suffirait à les guérir (l’ombre représentait dans l’antiquité l’énergie vitale de la personne). Un peu comme cette femme qui voulait guérir en touchant simplement le vêtement de Jésus (év. de Luc 8,43-48). Ce qui est étonnant… c’est qu’elle a été vraiment guérie ! Mais pas par magie. Parce que Dieu a répondu à sa confiance, sa foi (même naïve et superstitieuse) en Jésus. Le Seigneur n’attend pas pour agir et répondre que notre foi soit parfaitement informée ou mâture. Un manuscrit ancien du Nouveau Testament, le codex de Bèze, ajoute même dans le texte des Actes que tous ceux que l’ombre de Pierre couvraient étaient guéris de toute maladie. Il se peut que ce soit la version du texte original des Actes. On peut faire à ce sujet la même remarque que pour le récit de l’Evangile. Ce n’est pas l’ombre de Pierre qui était porteuse en soi de puissance, pas plus que le manteau de Jésus. Tout comme son Maître qui l’a envoyé, Pierre est témoin de l’amour de Dieu qui seul relève et guérit. Les miracles des apôtres accompagnent le message qu’ils proclament.

De là à penser qu’une Eglise, en conservant des reliques (supposées authentiques) de saints ou d’apôtres, pourrait contrôler et dispenser à ses fidèles la guérison que Dieu accorde librement, par sa Grâce, il y a un grand pas… pour ne pas dire un fossé.

Si nous ne sommes plus grecs ou Juifs (Gal 3:28) et si les peuples sont réunis (Act 2:8-11)- pourquoi les protestants ont-ils des Eglises nationales séparées ? Pourquoi pas une EPU Internationale ? [Oliver]

Les chrétiens du monde entier, et pas seulement les protestants, sont répartis en une multitude de dénominations qui, souvent, se sont donné des limites territoriales correspondant à celle de leur pays, effectivement.

Pour des raisons pratiques tout d’abord. Vous imaginez un synode avec des protestants chinois, nigérians, camerounais, français, allemands, malgaches, ukrainiens, coréens, etc… ? les trois-quarts du budget d’une telle Eglise passeraient en frais d’interprètes… et de transport !). Mais pour éviter de s’ignorer et de négliger la dimension universelle du peuple de Dieu, des organismes ont été créés comme le Conseil Oecuménique des Eglises (regroupant Eglises issues de la Réforme, et Eglises orientales, notamment), l’Alliance Evangélique Universelle, l’Alliance Réformée mondiale, la Fédération Luthérienne Mondiale, etc… A noter aussi que de nombreux pasteurs d’origine étrangère (africains, malgaches, allemands, suisses, hollandais) viennent souvent exercer leur ministère dans nos Eglises en France, notamment dans l’Eglise protestante unie. Et c’est très enrichissant. N’oublions pas, enfin, que ce qui nous unit avant tout n’est pas une organisation humaine commune, mais la même foi en Jésus-Christ mort et ressuscité.

Les adventistes du septième jour sont-ils une secte ? [Oscar]

Le mot « secte » est un terme de sens très variable. Couramment, on entend par là un groupe religieux extrêmement fermé, aux doctrines bizarres, et dont les adhérents se font manipuler par un fondateur ou un maître soit illuminé, soit escroc… Je peux garantir que les Eglises adventistes ne répondent en rien à ce signalement ! J’étais encore ce matin chez un collègue, pasteur adventiste, qui m’a passé une magnifique vidéo (produite par les adventistes d’Allemagne) illustrant l’appel que Jésus nous adresse à être à sa suite lumière du monde…. (Matthieu 5,14).

Il s’agit d’une des nombreuses branches du protestantisme, née au XIXe siècle, qui met l’accent sur le retour du Christ (que tous les chrétiens attendent d’ailleurs). Leur dénomination complète est « Eglise adventiste du 7e jour » car une de leurs particularités est de célébrer le sabbat, (donc leur culte a lieu le samedi), estimant que le 4e commandement du décalogue reste applicable aux chrétiens. Les adventistes sont membres de la Fédération Protestante de France. Ils ont un fort témoignage dans le domaine de la santé (L’association adventiste Vie et Santé propose notamment depuis 1959 le fameux « plan de 5 jours » pour aider à décrocher de l’addiction au tabac).

 

 

A quoi se réfère le verset de Genèse 6v2 ? Qui sont ces habitants du ciel dont il est fait question et la suite des versets 4 les héros d’autrefois ? [Marie]

Tout d’abord, Marie, merci pour votre question qui me donne l’occasion de me pencher sérieusement sur ces quatre premiers versets mystérieux de Genèse ch.6 !

Je me suis aperçu en me documentant que plusieurs interprétations ont été proposées. Certaines paraissent farfelues (le texte évoquerait des extra-terrestres, par exemple, d’où l’expression « habitants du ciel », qui ne correspond nullement au texte biblique). Les pistes les plus sérieuses voient dans les « fils de Dieu » des êtres célestes (sortes d’anges déchus qui auraient engendré des demi-dieux, les « géants » du v.4, avec des humaines), mais on ne voit pas ce que ce mythe viendrait faire dans le déroulement du récit des origines, qui court des ch.1 à 11. Et il n’est pas dit, d’ailleurs que les « géants », nephilim, peuple de grande taille mentionné en Nombres 13,31-33, soient issus des unions décrites au v.2.

D’autres ont vu dans les « fils de Dieu » les descendants de Seth, celui qui invoquait le Seigneur (Gn 4,25), mais il vaut mieux, avec  rapprocher l’expression « fils de Dieu » de son emploi dans le Psaume 82, cité par Jésus en Jean 10,34 (voir aussi Ps 89,27): elle désigne des princes, chefs et autres rois de ce monde ; appelés ainsi à cause de l’autorité qui leur est confiée par Dieu, autorité dont ils ne se montrent guère dignes en méprisant la justice et en détournant le pouvoir à leur profit, notamment en se constituant des harems. Cette dernière interprétation cadre mieux avec le contexte du récit de la Genèse. Depuis la chute (Genèse 3), le récit nous montre la dégradation du monde consécutive au péché de l’homme et à sa volonté de pouvoir. D’où la sentence divine au v.3.

Les chrétiens rejettent-ils la peine de mort parce que Jésus a été crucifié et que les premiers martyrs étaient comme Etienne? Existe-t-il d’autres arguments bibliques contre la peine capitale ? [Pierre]

Pour les chrétiens, la mort de Jésus permet le salut. Ce sacrifice unique et parfait renverse totalement les valeurs du monde et est donc pour celui-ci une folie. C’est, du coup, la première fois que j’entends un lien entre le refus de la peine de mort pour nombre de chrétiens (et malheureusement pas tous !) et la mort de Jésus en croix.

En revanche, pour moi, la peine de mort doit être refusée pour la seule raison du 5ème (selon le décompte luthérien) – 6ème (selon le décompte réformé) commandement divin « Tu ne tueras point » (Exode 20 / Deutéronome 5) qui rappelle que toute vie provient de Dieu…

J’étais dans une mauvaise situation et j’ai été victime d’intimidation en milieu de travail. L’intimidateur était mon manager et j’étais impuissant. Quelle réponse chrétienne? [Simon]

Ma première certitude : vous êtes aimé par le Dieu et Père de Jésus-Christ qui a de beaux projets pour vous. Il en est de même de votre ancien manager. Du coup ma première « réponse chrétienne » est : pardon et réconciliation, bénédictions et non malédictions, sont les objectifs quotidiens du chrétien. Je pense, notamment, aux paroles de Jésus au début du Sermon sur la Montagne (en particulier à partir du verset 38 de Matthieu 5).

Ma seconde certitude : l’autorité qui nous est confié par le Dieu et Père de Jésus-Christ, peut être totalement détournée des objectifs qu’il nous avait fixé… en raison du péché qui nous fait croire que nous méritons cette autorité. Du coup ma seconde « réponse chrétienne » est celle concernant la reconnaissance (donc sans naïveté) des incapacités de changer de comportement, malgré nos tentatives de règlement « en esprit » de certaines personnes. Je pense, notamment, aux paroles de Jésus à propos du péché d’un frère en Christ : si un frère refuse d’être repris par toi, par deux-trois frères et par toute l’Eglise alors il doit être considéré comme un non-Juif ou un collecteur d’impôts (c’est à dire dans la bouche de Jésus comme quelqu’un totalement éloigné de Dieu). Cela ne veut pas dire de ne plus avoir de contact (quoique !) mais en tout cas reconnaître que ce n’est pas vous qui arriverez à le changer. Il y a des fois où aimer avec les yeux de Dieu c’est accepter de se détourner totalement.

Que la paix de Dieu demeure en vous et dans le service dans lequel vous étiez.

Comment un chrétien peut-il concilier le Dieu manifesté en Jésus Christ avec le Dieu décrit en Deutéronome 20:10-18 ? [Uowis]

Le passage du Deutéronome que vous citez, pris tel quel apparaît comme une autorisation à commettre pillage et autres exactions, ce qui semble en effet très éloigné de ce qu’annonce Jésus. Mais je crois important de remettre ce passage dans son contexte général qui est celui de la conquête par Israël de la « Terre Promise » par laquelle Dieu a éprouvé l’obéissance de son peuple. Il ne s’agit pas d’une conquête militaire avec toutes les vicissitudes habituelles de la guerre des hommes, mais d’une circonstance très précise où Israël devait témoigner de son obéissance au seul vrai Dieu. Je ne dis pas cela pour justifier dans l’absolu les pratiques décrites, mais pour nous aider à comprendre que le plus important demeure l’obéissance que nous devons au Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ et qui est, pour moi, le même que celui qui parle dans le Premier Testament.

Pourquoi Jésus s’appelle-t-il le bon berger ? [Lucie]

Cela fait référence au Premier Testament où à diverses reprises (Psaume 23, Ésaïe 40.11, Ezéchiel 34…) Dieu se présente ou est vu comme un berger pour le peuple de ses fidèles ; Autrement dit, en affirmant « Je suis le bon berger » Jésus dit d’une certainement manière « Je suis le Dieu ne qui vous pouvez avoir confiance ».

Un chrétien est-il invité à faire de la politique ? [Valentina]

Tout dépend de ce que l’on appelle politique. Il me semble que décider de se rassembler tous les dimanches matins avec des hommes et des femmes d’origines, de conditions sociales et économiques différentes et de s’unir dans un même groupe est déjà en soi un acte politique, très fort à notre époque. Après, s’engager dans un parti quel qu’il soit, peut aussi faire partie de la vie d’un chrétien, à partir du moment où la ligne du parti ne prend pas le pas sur la foi au Christ et si le chrétien demeure libre de témoigner de ses convictions dans son attitude au sein même du parti, par exemple en refusant les critiques injustes à l’égard des membres d’autres partis politiques.